Bref, je suis allée en teuf

Je vous entend déjà raler, les articles sur la voile ont du mal a être pondus, je l’avoue. Mais celui là il vaut le détour.

Teuf, rave party, free party, teknival, drums …milles noms pour un micmac qui va vous faire saliver. Je définirai la teuf comme un moment, né d’une envie d’êtres humains étrangement stylés (et de canidés) de se réunir pour quelques jours autour d’un mur de son au milieu de la nature pour vivre une expérience qui sort du quotidien métro-boulot-dodo. Mon ami wikipedia ajoutera « réunion festive organisée par un collectif de bénévoles appelé Sound System, durant laquelle sont diffusées des musiques électroniques . Au delà de la composante musicale qui est essentielle et tout à fait caractéristique, ces fêtes promeuvent une idéologie et des valeurs de liberté, de partage et d’autogestion ».

Remettons les choses dans leur contexte.

Un des gars avec qui je travaille baigne dans le milieu depuis qu’il est tombé dans la marmité et nous a proposé, avec 3 potes, de nous emmener découvrir un peu cet univers. Je flippe, mais je signe. En partie parce que le mec m’intrigue et que je veux découvrir son monde, en partie parce que faut que j’apprenne à tenter des trucs sans trop réfléchir au lendemain. Mais surtout parce que ça fait trop longtemps que je n’ai pas gouté au délice de la musique en plein air.

En termes d’organisation, avant une teuf, tu connais une zone et une date. C’est tout. Par exemple «  le premier weekend de mars, dans la région Sud-Ouest », et jusqu’au jour J, pas d’autres infos, c’est un principe de base par sécurité. (On demande pas vraiment l’autorisation pour une teuf, mais c’est toleré). J’étais en vacances chez les grands parents, à mille lieux de ça, entrain de me prendre tranquillement les dysfonctionnements familiaux dans la gueule quand j’ai craqué, et me voilà parachuté sur un parking d’Albi dans le Sud-Ouest effectivement où mon pote me récupère. Le jeu de piste pour trouver la teuf démarre à ce moment là, en plein brouillard. Samedi . 22h. dans la campagne toulousaine. Donc bien sûr, j’ai pas pris de photo.

C’est au détour d’une petite route, à l’orée d’un hameaux de 20 habitants à peine que l’on tombe sur une ribambelle de voitures qui attendent patiemment. Devant, des flics fouillent les voitures. Pas de doute, on est tout proche du trésor. Le contrôle est bref : carte d’identité, carte grise et fouille rapide du véhicule. Non monsieur l’agent, on n’a pas de substance illicites sur nous. On déconne tranquille, rien à signaler. Je sens Oscar sur de lui, habitué. C’est partiiii

Il est 23h, on s’engouffre dans une route de terre, il pleut et on ne voit rien à part un rayon de lumière rouge au loin. Par contre on entend des bonnes basses. Et là, une plaine accueille des centaines de phare de voitures et de camions, en pleine Gadoue Party. Derrière, un mur de son avec plein des gens qui dansent sous la pluie, habillés en polaire, pantalon léopard, kway…. En fait on s’en contre fiche de ce à quoi il ressemble, il fait nuit. Toute la nuit, des sets s’enchainent pour ne s’arrêter que le lendemain soir. Au total, plus de 48 h de son non-stop.

La teuf est organisée par des membres d’un sound system, qui gère la sécurité, quelques stand de bouffe, le placement des voitures, et l’organisation des sets. Si ils sont comme mon pote, je présume qu’ils sont tous très stylé, avec une vision plutôt antisystème, pour la liberté du son et des êtres. Fait interessant, les gens viennent de tout les milieux, je suis même tombé face à un jeune ingénieur agronome à 8h du mat pour partager une bière. Comme quoi, ton travail ne doit pas te cloisonner.

Recette pour créer une teuf :

– Un lieu perdu au milieu de nul part (montagne, forêt, campagne etc.)

– Beaaaaucoup de place pour accueillir les camions et les voitures

– Un ou plusieurs soundsystem qui organise la teuf

– Quelques flics à l’entrée pour faire acte de présence

– De l’alcool et autres substances illicites à faire pâlir Mamie

– ET surtout du SON :

Alors là il y a l’embarras du son, soit un gars mix, soit il y a un set (un peu plus quali) et le style va varier selon l’heure qu’il est : acid, techno, jungle, hardcore, tribecore, indé … et beaucoup d’autres dont je ne connais même pas le nom. De ce que j’ai compris, les rythmes les plus rapide sont mis pendant la nuit et on a une ambiance plus chill au matin, qui augmente en intensité progressivement avec l’avancée de la journée. J’y suis resté que 24h, où on est passé de la hardcore à 240 bpm pendant 4h (j’ai saturé je suis allé dormir au bout d’1h30 …faible de moi), à un mix chelou de raggae, y a surement eu de la trans mais je siestais, et des tempos beaucoup plus lent à 8h du mat, de la dub avec d’autres sons incompréhensibles, et l’après midi y a même, petite séance nostalgie avec des vieux sont remixés pour le rangement.

Le spot, fin d’après midi
Owiiii de la gadoue , j’ai eneleve 2 kg de terre de mes vêtements

Y a plein de mythes autour des teufs, allant de l’assommante liste de drogue qui y circulent aux récits glauques. Alors oui, si tu veux consommer c’est probablement l’un des endroits les plus facile pour acheter à domicile. Coke, ket, taz 3MMC, et j’en passe. Mais si tu n’en as aucune envie, personne va te pousser. En gros, c’est un peu l’endroit où tu peux faire ce que tu veux, te mettre minable ou juste profiter du son, te détruire les oreilles devant le caisson ou rester sur la colline pour contempler le spectacle de haut, danser en agitant les bras comme un dégénéré ou juste approuver le son avec un léger hochement de tête, rester autour d’un feu de camp, dormir dans ta caisse.

Quelques part, ca ressemble à un immense camping  mélangé à un bon vieux drive-in: tu viens avec de quoi dormir, manger, boire, te faire un café, y a même des tentes entre les voitures. On est même parti faire une petite balade, et en hauteur, le son se décompose ! On entendait les basses d’un côté, les middles en bas, les infra sous les pieds, et les aïgues de l’autre côté …. c’était encore mieux qu’FL studio.

Petit son chill de fin d’après midi, quand tout le monde est parti (oui j’ai pas pensé à filmer avant) On dirait un camp hippie à cette heure-ci

Ce que j’en retiens : le réveil au petit matin, où tu découvres que t’es au milieu des arbres c’est quand même vachement chouette. Le brouillard, c’est stylé, mais ça transforme le lieu en gadoue party… et là bon courage pour décoller les pieds du sols pour taper du pied (et bonjour le karsher sur la voiture). Toujours avoir du café et un bon réchaud. Si t’es une meuf, avec un air assez clean et que les flics sont désorganisés, tu passes même pas d’éthylotest en sortant. La poubelle reste le meilleur endroit pour cacher la beuh ou autres quand tu sors de la teuf : si les flics la trouve, t’as qu’à dire que tu l’avais laissée ouverte pendant le we et que ce qui a dedans n’est pas de ta responsabilité. Ce que tu considère comme un déguisement, c’est la tenue classique là-bas, à coté du gros pull bien chaud. J’ai plus de tympans. Le son résonne vraiment différement dans un grand espace. Hâte de recommencer.

Un commentaire

  1. Attention au rhum ! euh non, au rhume je veux dire

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