Japon #3 : Asakusa vs Shinjuku

La première auberge de jeunesse que j’ai réservée, c’est celle où j’ai dormi pour la première fois au Japon en 2017. Je m’imaginais le moment émotion où j’allais parler en japonais au tenancier de l’hôtel « Je suis déjà venu il y a 8 ans. »

Je suis arrivé, il m’a dit « check-in ? » j’ai dit oui. En japonais. C’est déjà ça.

L’auberge est à Tokyo, dans le quartier d’Asakusa. C’est un endroit relativement célèbre, avec une partie très touristique tout autour d’un gros temple. Je l’avais bien sûr visité lors de mon premier séjour.

Cette fois, je n’y ai pas trop traîné. En revanche, je suis allé découvrir le reste du quartier. En fait, la majeure partie d’Asakusa c’est du résidentiel calme et familial truffé de toutes petites rues avec des immeubles assez bas, voire des maisons de ville. Par-ci par-là, on trouve beaucoup de petits restaurants, cafés et boutiques. C’est assez mignon. Y a quasiment pas de touriste, et je suis pas sûr qu’il y ait de japonais venant d’autres quartiers non plus. La clientèle est très locale.

N’est-ce pas mignon ?

J’ai fait des tours dans le quartier en journée pour repérer les endroits sympas.  Le soir, je mange dans mon auberge de jeunesse. Tout le monde me dit tout le temps que c’est là qu’on rencontre d’autres voyageurs à la recherche de travel buddies. C’était pas trop ça. Le hall est resté assez vide toute la soirée. J’ai passé mon temps à écrire sur mon ordi. Vers 21h, je planifie mon lendemain, puis je pense aller me coucher. En checkant sur Maps aux établissements repérés dans l’après-midi, je vois des avis très positifs sur un bar. Y a même un norvégien qui y est allé y a un an et qui dit « Nous les norvégiens on est assez introvertis normalement mais impossible de passer une mauvaise soirée ici tellement le staff est sympa ».

C’est pas loin de mon auberge. Sur un coup de tête, je range mon ordi, j’enfile ma veste et j’y vais. Je passe devant le bar sans m’y arrêter. Il est minuscule, peut-être trois mètres de large. Y a un comptoir face à peut-être six tabourets. Y a un barman face à trois clients. Ils n’ont pas l’air de s’ambiancer, voire de pas trop parler du tout. J’ose pas entrer. J’hésite. Puis je me dis que je dois me mettre des coups de pied au cul de temps en temps sinon je resterai tout le temps dans mon coin. J’entre.

Le fameux bar, de jour

J’ai passé une très bonne soirée. Le fait que je parle japonais permet de briser la glace assez vite. Je tape la discut avec les trois clients et le barman. Il y a un gars qui fait pâtissier dans le quartier touristique, un chef cuistot dans un resto de bouffe française, et un j’ai pas compris. Le chef cuistot parlait un peu français, il avait bossé 4 mois à Montpellier dans un restaurant étoilé. Il avait aussi bossé comme cuisinier sur la base japonaise en Antarctique. Hyper stylé ! J’ai envie de lui poser plein de questions mais avec mon niveau de japonais je me restreins à « Tu as vu des pingouins ? » Réponse : oui et des phoques aussi.

Le lendemain, je fais un peu la même chose. Je mange à midi dans un tout petit resto du quartier, puis je prends le dessert dans un petit café tenu par une famille. C’est beaucoup plus sympa qu’un Starbucks – juste plus dur à trouver ! Puis je retourne au sentô, une troisième fois, parce que j’y avais oublié mon gel douche. Vu comme c’est rare ici, je veux le récupérer.

Hélas j’ai prévu mes prochaines nuits d’hôtel dans un tout autre quartier. Je suis quand même là pour visiter, pas juste pour boire des cafés et prendre des bains.

Mon nouvel hôtel est à Shinjuku, et c’est un changement d’ambiance radical. Ici, tout est plus intense. Les immeubles sont plus hauts, il y a des commerces partout, même dans tous les étages. Les rues sont bondées jour et nuit.

Ca, c’est la version avec voiture mais il y aussi des rues plutôt piétionnes et tout aussi bondées
« Bonjour M. l’architecte, vous le voulez géant comment votre écran géant ? J’ai aussi des géants haut-parleurs »

En fait, c’est le quartier de la gare la plus fréquentée du monde. C’est aussi le quartier n°1 de Tokyo pour la nightlife. Beaucoup de boites de nuit et de bars. Et mon hôtel est en plein de le secteur de Kabukicho. C’est le coin avec le plus de trucs chelous. Jusque-là, c’est le coin le plus craignos et sale du Japon qui m’ait été donné de voir. On est régulièrement abordé par des gens bizarres pour des trucs sexuels. La plupart je leur réponds même pas. Y en a un qui me semblait moins louche que les autres qui m’a proposé un « sekushii shoppu »

Petit coin sympa au sous-sol

Dans un petit coin entre les énormes immeubles et les avenues en 3×2 voies, il y a le Shinjuku gai. Un repère à bars minuscules. Mais vraiment minuscules : souvent il y a pas plus de 6 tabourets devant un barman.

Comme c’est écrit « It’s not a strange bar » j’y suis allé

Je me dis que ça peut être convivial et je me sens trop fatigué pour faire une soirée plus véner que ça. Je vais donc dans un de ces bars chelous. Je me dis que s’il n’y a aucun client, je parlerai au barman.

Le barman a pas trop envie de parler. Je lui ai parlé en japonais, il m’a répondu en anglais, j’ai switché à l’anglais, il m’a dit « I don’t speak english ».

Un groupe de quatre anglais est arrivé. Ils étaient même pas encore assis que le barman leur a dit aussi « I don’t speak english ». Ils ont pas compris pourquoi il lâchait ça. L’un des gars a répondu « Yeah, me neither… ».

J’ai engagé la conversation avec eux. Ils étaient un peu sympas mais un peu trop cool kids à mon goût. Ils me parlent de musique française, on se connait depuis cinq minutes, et y en a un qui me fait « I love Stromaë, I fuck on him every week ». okayyy. En revanche, c’est un gros clubbeur qui prétend avoir fait toutes les boites de Tokyo donc je prends ses recommandations. Je lui demande aussi où est-ce que les gars chelous t’emmènent si tu leurs dis oui. Apparemment, dans un bar où tu te fais entourer de filles qui te demandent de leur payer beaucoup de boissons. Puis on te demande de payer 100.000 Yens (60€) en partant, sinon, on te menace de te frapper. « But it’s bullshit » me dit l’anglais, qui dit qu’il ne faut pas avoir peur et qu’il faut refuser, que lui il le ferait parce qu’il se laisse pas faire mais que son ami à qui c’était arrivé était un peu naze. Okay.

Bref, je finis mon verre et je pars me coucher à mon nouvel hôtel. C’est un hôtel capsule. Ça ressemble à ça :

Je pensais pas forcément en faire un. Je trouvais que ça faisait vraiment attrape-touriste et que dans l’expérience, ce serait pas très différent d’une auberge de jeunesse. J’avais à moitié raison.

Oui, c’est quasiment comme une auberge de jeunesse. Sauf qu’au lieu d’avoir des chambres de 6-8 personnes, il y a un étage entier de couloirs avec des capsules.

L’intérieur d’une capsule est comme ça :

J’aurais mieux fait de prendre la photo depuis l’extérieur

Il y a un réveille-matin, la lumière, une prise et un miroir. Et avant y avait une télé.

On a une meilleure intimité que dans une auberge de jeunesse. On a globalement moins de bruits de la part des voisins. Voilà pour les avantages.

Les inconvénients :

Niveau bruit, quand il y a un ronfleur de type moteur d’Airbus long-courrier, on est beaucoup plus nombreux à en profiter que dans des dortoirs de 6-8 personnes. C’est un simple rideau qui ferme la capsule pour la nuit.

Niveau lumière, les couloirs restent allumés toute la nuit. Le rideau laisse passer un peu de lumière.

Et c’est l’usine.

L’hôtel est réparti sur 5 étages. Les douches sont au 3ème et ma capsule est au 6ème. Même si on a pris plusieurs nuits, il faut faire le check out tous les jours à 10h puis re-check-in à partir de 14h. Concrètement on rend les clés de son locker et on ne peut plus utiliser les services de l’hôtel jusqu’à 14h, genre la douche, ce qui m’a bien pété les couilles. Je suis encore un peu en jetlag et je dors entre 1h30-2h et 11h moi…

L’auberge est répartie sur 5 étages : du 3ème au 8ème, à l’exception du 5ème qui est… un karaoke ouvert 24h/24. Moi, je dormais au 6ème . La petite aération de ma capsule m’apportait toutes les nuits un bruit, faible et lointain, mais bien présent, de musique et de gens qui chantent mal.

En revanche, c’est pas tant un attrape-touriste. Les prix sont assez bas. Le public est pas uniquement international, il y a beaucoup de japonais. Et il y a plusieurs trucs très spécifiques au Japon qu’il n’y avait pas dans ma précédente auberge :

  • Douches communes. Il faut être à l’aise avec la nudité (séparé par sexe).
J’ai pu prendre une photo en allant me doucher en pleine nuit. On ne voit pas la partie douche (derrière le mur). Il y a un sauna aussi.
  • A l’entrée de l’hôtel, on retire ses chaussures et on les range dans un petit casier.
  • On nous prête un charmant petit pyjama pour la nuit.

Le quartier est à voir, mais c’est intense, je ne pense pas y trainer plus longtemps que mes 3 jours d’hôtel. Ça tombe bien, j’ai des visites d’appartement de prévues rapidement.

2 commentaires

  1. Curieux batard

    Qualitatif ! Soit un journaliste total et fait un reportage sur ces bars à fille où tu te fais raquetter ça serait super intéressant

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