Marty au Guyana

Hop hop hop bonjour tout le monde ! Comme certains d’entre vous le savent, j’aime bien l’aventure. Du coup, quand on m’a proposé d’aller travailler Offshore sur un bateau de construction pour poser des pipelines à 1800m de fond, je n’ai pas hésité longtemps. Et j’ai même ramené le poto Fletan avec moi ! Bon, on n’est pas sur le même bateau, mais nos expériences sont similaires. J’écrirai peut-être un de ces quatre sur ma vie de marin d’eau salée. En attendant, ma mission actuelle est au Guyana !

Mais Jamy, c’est où le Guyana ? (vous pouvez passer cette partie si les infos sur le Guyana ne vous intéressent pas).

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Le Guyana, c’est un petit pays de 800 000 habitants au nord de l’Amérique du Sud, fait de 99% de forêt primaire et de 1% de la ville principale du pays : Georgetown (250 000 habitants). Le Guyana, c’est d’abord une région qui s’étend de l’Est du Venezuela jusqu’en Guyane Française, en passant par le Guyana, le Suriname et comprenant un morceau du Brésil. D’où viennent ces pays composés presque uniquement de forêt primaire ? C’est simple : de nulle part. Le Guyana vient de la colonisation Anglaise, le Suriname de la colonisation Néerlandaise et la Guyane Française … de la colonisation française.

Aparté : Seule la partie française n’a pas pris son indépendance et est devenu un département à part entière du pays. Les Guyanais de France ont bien été traités par le pays et ont vu le Suriname et le Guyana sombrer dans la pauvreté dès la colonisation terminée, ils veulent donc rester français, avec les millions d’euros d’aides qui vont avec et le salaire minimum qui est 4 fois supérieur au salaire moyen des pays voisins.

Ainsi donc, le Guyana a été créé de toute pièce par les Pays Bas puis l’Angleterre comme une colonie, pour y cultiver la canne à sucre de 1616 à 1838 avec des esclaves noirs, puis de 1838 à 1966 avec des travailleurs pas chers importés d’Inde. L’abolition de l’esclavage a été en 1938 mais en réalité les indiens avaient des conditions presque aussi mauvaises : comme partout, on est passé de l’esclavage nourri logé au travail payé 20euros, ou l’on propose le gite et le couvert .. pour 20 euros. En 1966, le Guyana proclame son indépendance. Actuellement, il y a 40% de descendants d’indiens (plutôt dans les petites villes/campagnes), 30% de descendants d’Africains (plutôt à Georgetown), 10% d’autochtones et 20% de métisses (principalement Inde/Europe). On y parle anglais.

L’économie du Guyana est … inexistante. Le PIB par habitant en 2020 était de 6 000$, contre 45 000$ pour la France (7,5 fois plus). Cependant, en 2020, les USA découvrent des champs de pétrole immenses (partout où il y a du pétrole, il y a les USA) et sont signés des accord diplomatiques et économiques. Depuis 2022 et les premiers champs pétroliers, la croissance du pays est de 50% par an et le PIB est passé à 20 000$ en 2023. Bref : Le Guyana c’est le Qatar d’Amérique du Sud. Pour l’instant, le gouvernement à l’air assez bon : on voit le pays se développer à vue d’œil, le taux de pauvreté a grandement diminué, des constructions apparaissent partout et la croissance réelle (celle à côté du pétrole) est à plus de 10%. Le gouvernement œuvre pour le développement de son pays et pas ses intérêts personnels.

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Tout ça pour dire …

Qu’avant de profiter de mes 3 semaines de repos bien mérités en Corée du Sud avec ma copine, je suis resté 3 jours pour découvrir le pays. Pour être honnête, j’étais vraiment crevé de mes dernières semaines et surtout du fait d’avoir changé d’horaires de travail (nuit, puis jour, puis nuit, puis retour à terre donc jour …). Du coup je suis certainement un peu moins ouvert au monde qui m’entoure. Ceci dit, j’ai quand même trouvé Georgetown vraiment nul. Je vous laisse avec la vidéo et les photos :

En me promenant et en cherchant, j’ai trouvé le seul truc à faire dans le pays : aller à la cascade de Kaiteur, qui est impressionnante. J’ai beaucoup hésité parce que c’était 300€ et que j’ai déjà vu des dizaines d’autres cascades gratos, mais pourquoi pas après tout. Le truc c’est que cette cascade elle est au milieu de la forêt primaire et qu’aucune route ne la dessert (ou alors en plusieurs jours). Du coup un aérodrome a été construit. On pourrait penser que c’est hyper touristique du coup mais pas du tout : il y a 4 avions de 6 personnes qui partent chaque jour de week end : 50 personnes par semaine. En fait, avec un salaire minimum de 150€ par mois (et 22% de chômage), il n’y a que des étrangers qui se paient le voyage. Vu que personne ne connait le Guyana et qu’il n’y a pas de tourisme … Il n’y a pas grand monde. Bref, je prends ma place puis rentre à l’hôtel. Le lendemain, direction l’aérodrome. Je me retrouve avec une famille de Guyanais expatriés aux USA depuis 20 ans qui sont venus voir la famille. Pas de chance, la météo au niveau de la cascade est mauvaise pour y aller avec un petit avion. J’insiste en demandant s’il y a une autre place de dispo dans la journée vu que je suis solo mais non. Tant pis. Du coup je demande à parler avec un pilote, juste pour discuter et voir les avions, pour le plaisir, tant qu’à être venu. Et là, avant même que je rencontre le pilote, il me propose de l’accompagner sur son prochain vol commercial en tant que copilote ! Evidement j’accepte immédiatement. Je fais la sieste dans la salle d’attente puis on part à 10h.

Je n’en reviens pas ! Je suis copilote pour un vol de 2h aller-retour au-dessus de la forêt primaire Guyanaise ! J’ai bien fait de prendre ce vol pour la cascade, même si j’hésitais vu le prix. Je vous laisse avec la vidéo :

Emile m’a raconté qu’il a passé son permis de pilote aux USA mais vu sa couleur de peau et le nationalisme ambiant de ce pays, il n’a pas pu y rester comme pilote : il était automatiquement refusé. Il me dit aussi que si je veux devenir pilote de brousse, le Guyana c’est top : on ne te demande quasiment rien : t’as ton permis ? aller hop. Vu que c’est un petit pays peu réglementé, il y a beaucoup de libertés ici. Emile pilote avec les genoux et me montre ses photos de vacances dans le Sud du Guyana en me disant que c’est incroyable. Honnêtement ça a l’air pas ouf du tout. “Nous” avons 5 passagers et nous volons en direction d’une mine d’or pour un changement d’équipe et apport de provisions. Il y a une route qui y va mais c’est 14h de camion contre 55min en avion.

On survole la foret et les exploitations aurifères de petite taille, souvent légales, parfois illégales. On arrive à notre destination : un immense trou dans la terre. La mine a été exploitée 15 ans par des canadiens, cela se passait bien. D’autres mines sont Nord-Américaines ou Ouest-Européennes et cela se passe bien. Même si le travail est intense il y a le respect de l’humain. Depuis 7 ans ce sont les Chinois qui ont rachetés la mine et depuis c’est une autre histoire : ils font moins travailler les locaux en faisant venir des chinois corvéables à merci, des horaires plus conséquent (16h/j au lieu de 12) et un salaire identique. A noter aussi la “disparition” de chinois qui meurent dans la mine à cause du travail. Dans ce cas, on l’enterre dans un coin, le passeport et les traces de passage sont effacées et ils font venir un autre chinois à la place : circulez il n’y a rien à voir. L’éthique chinoise.

On repart dans notre petit avion et Emile me fait piloter sur le retour ! Incroyable ! Alors certes, pas pour les étapes clés que sont le décollage et l’atterrissage mais j’ai fait tout le reste du vol. Absolument génial. Je vous laisse l’article Wikipédia mais en gros c’est un trimoteur de 780cv fabriqué dans le début des années 70 et dont il ne reste qu’une dizaine d’exemplaires volants (https://fr.wikipedia.org/wiki/Britten-Norman_Trislander).

Après ce vol incroyable, je reste à l’hôtel pour me reposer. Je vais voir un parc qui est pas mal, enfin c’est un parc avec un terrain de foot au milieu, vraiment rien de fou mais ça fait plaisir de se promener un peu. Je regarde pour sortir le soir (on est samedi) mais je ne trouve rien d’intéressant : il y a un bar/billard sympa et une boite à Georgetown. Ils sont dans le quartier mais j’ai trouvé les Guyanais pas très ouverts et surtout je suis vraiment crevé de ma rotation : changer d’horaires m’a complètement flingué, je n’ai pas le courage d’aller vers les gens et faire connaissance ce soir, d’autant que demain matin je dois prendre l’avion pour aller aux cascades. Pour autant, j’ai pas mal cherché où sortir, mais il y a vraiment pas grand-chose, juste ce bar et cette boite, et c’est tout. Après, c’est comme Ploiesti en Roumanie : un centre commercial et voilà. Quand j’ai demandé aux locaux où sortir, je n’ai pas eu de réponse, ou alors d’aller au centre commercial. J’ai bien vu 3 petits bars sur la cote mais c’est loin, il faut y aller en taxi et ça prend du temps. Le lendemain je vais essayer de retourner à la cascade mais c’est pareil : mauvaise météo. Tant pis. Retour à l’hôtel et repos.

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