Je me réveille tranquilou, je voulais partir à 8h, je me réveille à 8h20, on est bien partis. Bon, tant pis. Départ 9h. Bon, le temps de tout ranger, démarrer la moto, partir, il est 10h20. Je deviens très ponctuel moi dis donc ! J’avoue que ces derniers jours je suis pas trop trop dans mon assiette. Je suis pas super motivé. Mais c’est pas grave, ça va passer, c’est le voyage, normal. Je passe chez un autre mécano voir si on peut regarder le filtre et régler le carburateur pour l’altitude. Le gars est occupé et il m’indique la vis de réglage du carburateur mais de ne pas la tourner de plus d’un tour. J’essaie dans un sens puis dans l’autre … aucune modification de la réaction de la moto. Cette vis est sous le carburateur, contre le pot d’échappement, ce qui fait qu’elle est difficile d’accès et que je me brule en la tournant … Ca me gave, je continue comme ca.
Je pars et refait la route d’hier, reprend de l’essence au même endroit, révise tous les bords de route sans succès. Je monte. Je fais une pause pour que la moto se refroidisse un peu. Je repars et termine la montée. Le souci c’est que je dois garder mon moteur avec un nombre de rotation élevé pour garder le couple. Du coup dans les virages je repasse la première. Je ne sais pas à quel point ça passerait en gardant la vitesse en seconde, je sens que c’est limite alors je n’ose pas. Bon, cette fois j’ose, faut bien tenter, ça passe sûrement, seulement que je n’ose pas. Je m’engage, ça va vite, j’élargis le virage car j’ai peur de perdre en adhérence. Grave erreur. À l’extérieur du virage se retrouvent tous les gravillons et la poussière. Je glisse, essaie de rattraper, n’y arrive pas, tombe. Et ben parfait. Je n’ai rien, à voir la moto. Je la relève et remarque que le guidon n’est plus tout à fait droit. Et meeeeerde putaiiiiin. Je repense au fait qu’en Colombie je n’avais pas acheté de barre avant pour éviter ce genre de choses parceque je ne voulais pas dépenser plus. J’avais sorti 1300€ ça m’avait fait mal au cul et les 25€ de la barre que je ne trouvait pas si utile me gavaient. En y repensant, peut être que l’accident avec Jules aurait nécessité moins de réparations. Ouai, bref, restons concentrés sur la route, así es. J’ai peur d’avoir tordu la fourche, et la j’ai le seum. Bon en fait en roulant plus tard je vérifie, elle ne guidonne pas, ce qui veut dire que c’est juste le guidon, on s’en fou, ouf.
J’arrive au sommet de la journée à plus de 4300m, sur une lagune. La moto n’est pas si mal montée au final ! Tant que je reste avec du couple suffisant, que je conserve au moins mes 5000tr/min en première, c’est bon. Par contre au moindre arrêt, si je n’arrive pas à rependre 5000 en 1ere c’est terminé. Je suis condamné à rouler à 10km/h, au moins jusqu’à du plat. Autant dire il faut avoir de la chance, il y en a rarement en montagne. Un truc que je faisais à ce moment là en pensant aider mais qui me déservait c’était de passer les vitesses à la volée. Ca permet de les passer beaucoup plus vite qu’en débrayant, mais on perd toujours en tour/min. J’aurais du débrayer, accélérer et rembrayer, ca m’aurait permis de garder voir même d’améliorer le nombre de tr/min auquel je peux aller.
La lagune est sublime, je m’arrête là une bonne heure à admirer le paysage. C’est quand même assez fou d’être ici ! C’est le genre d’endroits accessibles uniquement en moto, et ça c’est un régal, je me sens super privilégié. On peut venir en collectivo aussi mais l’aventure n’a rien à voir et le collectivo ne fait pas de pause. Il faut descendre et en prendre un autre si on veut s’arrêter. Quand je suis stimulé comme ça avec la route, la moto à gérer, les trous et les virages, j’ai du mal à être calme. Ça bouillonne dans ma tête et même si le paysage est vraiment beau j’ai du mal à juste l’apprécier, pleins de choses se bousculent dans ma tête.
Les paysages comme ça ça fait parti des choses qui m’apaisent, mais pas si j’ai été stimulé autant avant. Il n’y a pas grand chose qui me calme vraiment, les étoiles, les coucher de soleil, les paysages comme ça, un câlin, faire de la moto mais sur route et avec de la musique dans les oreilles, ou marcher en montagne. Du reste, il y a toujours beaucoup de choses qui fusent dans ma tête. De ce côté, on est vraiment opposés avec Leo. Il aime et arrive super bien à couper sa réflexion en une fraction de seconde, j’en suis incapable et je me saoule/frustre très vite si je ne suis pas stimulé. Parfois c’est super cool, je peux être très vif, même fatigué, mais parfois comme là, j’aimerai bien être plus calme et apaisé.
Bref, je remonte sur la moto et repars, je laisse cette sublime laguna là où elle est : à 4200m d’altitude perdue au fin fond du Pérou, reliée uniquement par une piste en terre plus ou moins entretenue.
La descente se passe super bien, c’est un régal après les moments parfois un peu galère de la montée. Ça déroule tout seul, c’est top. Avec les vibrations tout part en couille, je m’arrête sur un terrain de basket et remet tout bien. J’en suis à réparer un sac en plastique avec du scotch haha; au passage, j’oublie mon couteau par terre, je serai bien deg quand je m’en apercevrai. Je descend jusqu’à Huari.
À Huari petite pause repas, je me prend un lechón al cilindro, du cochon de lait rôti au « cylindre ». On prend un barril en acier, on fait un feu dedans, on attend que les flemmes soient éteintes et on suspend au dessus du cochon de lait. Il roti et se fume légèrement pendant quelques heures.
C’est uuuuultra bon franchement c’est un régal de fou ! Excellent. Prix du plat : 25 soles soit 6€. En fait c’est le prix français mais dans la monnaie d’ici, 4 fois moins forte. Je me rempli donc bien la panse, fait le plein et repars. J’arrive à Chavin de Huantar à 17h30, soit 7h après être parti. Bon, il y a 1h de passe Laguna et 1h de pause repas quasiment. Soit 5h de route pure. Ça reste bien plus que les 3h annoncées par le GPS haha ! Le tout pour faire 120km, ce qui donne 20km/h de moyenne. Bon à savoir.
Je me pose dans un hôtel sur la place et entend une fanfare, je demande, c’est la fête patronale ! Super cool ! C’est la Saint Carmen aujourd’hui, et Carmen c’est le Saint qui bénit le village. Ce week end c’est donc la fête ! Je suis refait parceque je devais faire celle de Chota avec Kévin de Cajamarca mais je n’avais pas pu, et c’est vraiment leur fête de l’année, c’est un truc super typique d’ici.
Je me douche, fait une sieste puis sort. Je prend un petit truc à manger (poulet frite en barquette) et une bière. Il y a une fanfare devant l’église sur la place principale et les gens dansent à la Péruvienne. C’est sympa mais moins grand que ce que je pensais. Je me trouve un groupe de jeunes de plus ou moins mon âge, 3 mecs 3 filles. J’ai eu un doute sur le fait qu’ils soient entre couple au début mais non c’est bon. Je vais les voir et on sympathise rapidement. L’un des mecs (Angel) est cuisinier et a fait 6 mois de stage à Chamonix dans un bon restaurant ! Je ne m’y attendais pas du tout là haha ! Un autre est ingénieur environnement (Miguel) et le 3 ème est mécano soudeur (Marcelo). On discute bien, on rigole, on parle de France, de Pérou, de nourriture, évidemment. C’est super cool. Je leur apprend que je voyage en moto et ils m’invitent à faire une sortie moto avec eux demain ! Nice ! Franchement ça pourrait être génial ! Ils rentrent chez eux à San Marcos, ils sont venus ici pour la soirée et la fête mais ça se termine à minuit.
Il y a un truc que je trouve assez drôle en Amérique latine, c’est ce genre de fêtes, où finalement les jeunes viennent mais sont tranquilles, par contre les « adultes », j’entends par là plus de 40 ans, sont complètement torchés à la bière bon marché. Certains au point de ne plus savoir marcher. Ils se mettent vraiment des énormes caisses pour certains et se font ramener par leurs potes ou leurs femmes. Plus c’est un coin reculé et plus ils sont torchés, et plus c’est souvent leur femme qui les ramène titubants. Franchement ça me fait de la peine pour elles parfois. C’est assez drôle d’ailleurs, parceque les femmes ne boivent pas du tout, et ne comprennent pas. On m’a souvent fait la remarque « ouai ce soir il y aura pleins de mecs bourrés, ils sont pas méchants mais fait gaffe à la moto » en soupirant. Enfin les mecs aussi hein me font de la peine, torchés à plus savoir marcher faut le faire. Ça ne m’est jamais arrivé ça, et j’ai jamais vu personne dans cet état en France. (bon sauf une fois dans le village a Huayhuash, mais l’altitude, le LSD, les 5jours de Trek et les ascensions à 5000m que j’avais dans les jambes n’y sont pas pour rien). Là les mecs tu les lâche ils tombent direct. Bon, l’âge n’y est peut être pas pour rien non plus, on a pas la même vivacité ni force mentale à 23 ans qu’à 50.
Bref, je rentre dans mon hôtel tranquilou et me couche.
Bilan : 165 soles soit 41€