Vendredi 21 février (suite)
Et Mary nous laissa dans le centre de Mobile, Alabama. Les américains adorent dire le nom de l’état après le nom de la ville.


En marchant 3 minutes, on arrive devant un joli café: le Bob’s Diner. Là, on pose nos sacs et on prend un thé glacé à moitié sucré. C’est Alexis qui me recommande ça, c’est un truc typique ici et c’est vrai que c’est bien bon et pas trop sucré. On en profite pour discuter avec les tauliers. Il y a là le mayor des bikers de la ville, une serveuse un peu speed, un serveur gentil et qui tremble beaucoup et une autre serveuse qui a l’air un peu endormie mais gentille. J’ai oublié tous les noms, déso.
Nos objectifs sont simples: se débarrasser de nos sacs et trouver un plan pour cette nuit.
Pour le sac c’est simple: on peut les laisser dans le diner jusqu’à la fermeture à 20h. Après, on verra. On papillonne un peu dans le centre, on repère des endroits où on pourrait dormir. Finalement, on va poser nos sacs à l’abris des regards dans le jardin d’une maison abandonnée et on va en ville pour la soirée. On va se mettre en place pour voir la parade de mardi gras. Honnêtement, je suis vraiment fatigué et la fraicheur de la soirée m’atteind, je m’endors debout. Et puis finalement, la parade est sympa et puis je suis Alexis au bar.

Il y a de la musique live dans quelques bars en ville. C’est de la country ou du blues, c’est sympa. Et puis petit à petit on commence à discuter avec des gens du bar et à vraiment sympathiser. Il y a Shea, un archéologue de haute voltige, sa copine qui est artiste, le fils de sa copine qui est étudiant et la copine du fils de sa copine qui est bourrée. Il y a une sœur et son frère qui jouent au billard en se lançant des piques. Il y a le videur noir qui me décrit un peu son enfance pendant la ségrégation et il y a Christina et son copain. Christina, elle adore le vin français et en fait elle adore picoler j’ai l’impression. En discutant, Alexis nous fait inviter chez elle pour la nuit. Banco ! Bon, c’est pas gagné, Christina est bourrée et elle nous demande toutes les 5 minutes si on va lui voler des trucs. Au final, on laisse les sacs dans le jardin et on va se coucher à 4h du mat’ dans un lit chaud chez Christina et son copain.
Samedi 22 février
Le matin, on se lève tranquillement à 9:30 et je file prendre une douche. C’est marrant quand même que l’appartement soit si calme, Christina insistait hier soir sur le fait qu’elle devait se lever à 8h pour aller au boulot.
Et quand je sors de la douche, tout s’explique: Christina et son copain brassent l’air en s’excusant platement de nous mettre à la porte et juste le temps de m’habiller, nous sortons de l’appartement. Alexis à oublié sa veste dans un bar. Alors on mange un bout et on traine en ville le temps que le bar ré-ouvre.
Finalement, on va se poster au bord d’une interstate qui traverse la ville pour reprendre la route. Là, nous sommes pris pour trois petits trajets jusqu’à notre destination : Bayou la Battre (prononcez Bayou la Battry). Les derniers qui nous prennent en stop sont des scrapper. Ce sont des américains pauvres qui vivent en ramassant la ferraille sur le bord de la route pour la revendre à des centres de recyclage. Donny dit qu’il arrive bien à en vivre. C’est un grand gars maigrichon avec une mauvaise mine et des grandes mains rendues noires et caleuses par le travail. Il bricole tout. Son pickup est une vrai poubelle. Par exemple, son capot et cabossé et il utilise une sangle pour le tenir fermé. En parlant de pickup, nous on est dans la benne évidemment.
Et ils nous déposent à Bayou La Battre. C’est une petite ville de la côte au sud ouest de l’Alabama, spécialisée dans la pêche à la crevette dans le golf du Mexique. On marche le long du quai, c’est sympa. Et puis la nuit tombe et on se trouve un terrain tranquille où planter la tente pour notre première soirée de camping. Il fait frais mais ça va, et il y a quelques moustiques mais ça va.


Dimanche 23 février
À la fin de la nuit, il commence à pleuvoir. Rien de méchant, mais on va se coltiner une petite pluie hivernale toute la journée. On arrive quand même à aller voir la mer, à discuter avec quelques locaux. Les locaux vivent dans leur pickup et n’en sortent quasiment jamais, c’est étonnant. On dirait des genres de Bernard L’Hermite.



La ville est petite mais comme partout aux Etats Unis, elle est assez étalée et c’est pas si simple que ça d’en sortir. On fait du stop en marchant au bord de la petite route mais personne ne s’arrête sauf… Un policier ! Il prend nos papiers puis nous explique gentiment qu’il ne nous colle pas d’amende maintenant mais qu’on devrait prendre un Uber pour quitter la commune au plus vite. Sympa comme accueil. Alors on continue à marcher, sous la pluie. On en profite pour manger un po’boy (un genre de sandwich local) à la crevette. On fait des courses aussi. On trouve un kit de couture pour réparer deux trois trucs abîmés, une bombe pour étanchéifier nos sapes, un peu de bouffe.
Et puis comme le stop ne fonctionne pas et qu’il continue encore et toujours de pleuvoir, on finit par trouver un squat où passer la nuit. C’est un petit entrepôt abandonné pas loin de la route. Dedans, tout est sale et délabré et au mur se tient une grande croix ornée de tissu coloré. Le tout donne une ambiance un peu glauque style mauvais film d’horreur américain. Mais il en faut plus pour nous dissuader et finalement, je tombe de fatigue à 19h sans même avoir mangé.