Ce week end du 19-20 mars était consacré à la remise des diplômes de ma promo à Lyon. Alors que la plupart de mes potes se rassemblaient pour fêter la fin de l’école, j’ai décidé de ne pas me laisser abattre et de passer un bon week-end aussi.
La pêche
Vendredi 18 mars, j’ai acheté une boite de petits hameçons pour tenter la pêche à la mauricienne. Le soir même, j’étais à Anse-La-Raie, dans le nord, pour cette première expérimentation.
Niveau matos, je pars avec une bobine de fil de pêche, mes hameçons et une bouteille en plastique vide. J’ai aussi des ciseaux et ma machette pour le fun.
Ensuite, dans le principe, cette technique de pêche est très simple. Comme le montre la figure scientifique ci-dessus, le fil est entouré autour de la bouteille. Au bout de la ligne, un bout de corail sert de plomb et l’hameçon est fixé sur un petit bout de fil, lui-même attaché à la ligne.
Comme on le voit sur la photo, après avoir lancé la ligne dans l’eau, je place la bouteille sur un bâton. Si un poisson mord, le fil se déroule. Je dois alors attraper le fil brutalement pour ferrer le poisson, puis tirer la ligne pour le remonter.
Comme appât, comme je n’avais rien prévu, j’ai simplement pris des genres de bigorneaux qui pullulent dans les rochers. Il suffit de les éclater avec une pierre et de mettre la petite bête sur la ligne.
Pour apprendre cette technique, j’ai simplement observé et interrogé les nombreux pêcheurs qui la pratiquent sur les rochers et les plages le soir. Je n’ai fait qu’une petite prise, mais c’est déjà une belle réussite pour une première fois ! En fait, mon principal problème était que les poissons arrivaient presque tout le temps à bouffer l’appât sans mordre. D’ailleurs, c’est impressionnant comme l’endroit grouille de vie. Je sentais la ligne bouger seulement 2 ou 3 secondes après l’avoir lancé !
Mett la faya, pas gagn traca
J’avais vaguement vu passer sur un groupe whatsapp une affiche pour une « beach party » sur l’îlot Bernache, dans le nord-est de l’île. Anna ne pouvait pas venir à cause du travail. J’ai longuement hésité, mais quand j’ai appris que de vagues connaissances y allaient, je me suis décidé : ça fait trop longtemps que je n’ai pas fait la fête.
Le jour même, j’appelle vite fait l’organisateur. Il me dit que trajet en bateau est inclut dans le ticket (beh oui, c’est une île) et me donne le point d’embarcation.
Comme je suis en retard sur plein de trucs, je ne pars de Port-Louis qu’à 16h. Je m’embarque dans un périple de presque trois heures de bus en bus. Je ne suis pas sûr d’arriver à temps ou de trouver un transport pour aller jusqu’au point d’embarcation, je stresse un peu. J’arrive finalement à Grand Gaube, un charmant village assez proche du lieu d’embarcation. Je demande à un gars s’il y a un arrêt de taxi dans le coin. Il appelle un pote à lui qui semble pratiquer le métier et me parle presque directement de drogue. Deux mecs arrivent dans une caisse minable. Après pas mal de difficultés, ils comprennent finalement où je veux aller. Ils parlent aussi pas mal de drogue. D’ailleurs, je remarque qu’ils ont certains ongles très longs. J’ose pas leur demander, mais il paraît que c’est très utile pour sniffer des trucs. D’ailleurs, assez vite, le passager sort une poudre grise qu’il met dans un petit bout de papier alu. Il met le feu et inhale la fumée. Ils appellent ça « la drogue », ou « la frappe ». Ils me disent que c’est de l’héroïne et m’en proposent. C’est très sympa de leur part, mais je refuse poliment. Juste après, ils confessent qu’ici, il y a pas mal de drogue mais que c’est de la très mauvaise qualité, coupéz avec tout ce qu’on peut imaginer.
Le cocasse de la situation continue de grandir quand le chauffeur s’arrête au milieu de la route pour consommer à son tour. En fait, ils se préparent pour la soirée : ils m’expliquent que la frappe permet de bien baiser et du coup ils vont passer la soirée à baiser, ils semblent ravis mais tellement défoncés et le gars conduit même mieux que la plupart des taxis que j’ai pu fréquenter. On arrive finalement au point d’embarcation, qui est un endroit hautement paumé.
Enfin, je vois des traces de la fête. L’organisateur est là, il vérifie mon ticket. On est clairement pas sur de la grosse organisation, mais ça a l’air de bien marcher quand même. Un bateau de pêcheur vient nous chercher pour aller sur l’île : c’est parti !
Bon. Pour la suite, je n’ai aucune photo. Une beach party, c’est du sable et de l’eau salée, j’ai donc préféré tenir mon portable loin de tout ça.
Arrivé sur l’île, je préviens mes vagues connaissances de mon arrivée. Il s’agit d’une mexicaine, Leyla, et d’une polonaise, Aleksandra, que j’ai vaguement rencontré une fois. Il est 19h et elles sont déjà très entamées par l’alcool. Mais elles sont super cool et me mettent tout de suite dans l’ambiance. La musique est pas incroyable mais il y a facilement 150 personnes qui se trémoussent devant la petite scène posée à même la plage. Ambiance plage, tropiques, chemise à fleur et collé-serré, je vous fait pas un dessin.
On dance presque sans interruption jusqu’à 23h. C’est alors que les gens qui ont trop bu commencent à vomir. La soirée prend alors une tournure de biture de lycéens qui boivent pour la première fois. Je prête mon unique bouteille d’eau à une des victimes de l’alcool, qui se barre avec, me condamnant à une sérieuse gueule de bois.
Ayant été missionné par Leyla d’aller chercher Aleksandra qui semble avoir disparu, je sympathise avec des pêcheurs qui passent leur soirée tranquillement à 200m de la fête. Non seulement ils sont accueillants, mais en plus ils ont de la conversation, adorent le fait que je parle créole et me filent à manger. Ils sont là depuis 14h et ils ont pêché au moins 10kg de poissons dans l’après midi. Maintenant, ils font frire le fruit de leur pêche dans une caraille, sur un petit feu de camp. Le poisson est succulent, mais le top, le top of the top, c’est le poulpe. Le poulpe frais frit dans l’huile avec un peu de piment, c’est. trop. bon.
Bon, quand je retourne à la fête, je m’aperçois tristement que mes amies se sont barrées. A partir de minuit, de plus en plus de monde quitte l’île (le bateau continue de faire des rotations) et les gens semblent bien planifier de conduire bourrés jusqu’à chez eux. Moi, je m’en fous, j’ai mon hamac. Alors je retourne passer du bon temps avec les pêcheurs jusqu’à ce que je tende mon hamac pour une courte nuit.
Au final, je préfère ça à la remise de diplômes, au gala et aux discussions avec d’anciens amis devenus jeunes cadres dynamiques où on se ressasse nos premières années à l’INSA, blablabla c’était bien, blablabla tu fais quoi maintenant ?