USA#26: Derniers jours en stop, Chicago to Hickory, trajet direct sans escales avec 15 000 correspondances

Chicago ! J’y arrive à midi, mais je n’ai pas trop le temps de m’y attarder. J’ai envie de commencer le stop le plus vite possible, si ça marche mal, j’aurai besoin de ce temps là. Je mange un bout et fais un tour sommaire de la ville, avant de prendre un train de banlieue qui m’amène plus en périphérie, plus propice pour poucer.

Quelques photos de Chicago, ville industrielle où il y a parfois plus de voies ferrées que de routes :

J’attends 30min sur la bretelle d’autoroute de Gary quand j’ai mon premier « ride »: Doni, un sudaf hispanique un peu perdu, très gentil, qui m’offre des tamales et qui veut me donner un vélo, m’assurant que j’arriverai à destination plus vite en vélo qu’en stop,puisqu’ici personne ne va me prendre. Il ne m’emmène pas bien loin mais c’est déjà ça.

Il me suffit de 20 minutes pour faire mentir Doni, puisqu’un livreur s’arrête et me prends pour une centaine de km, pas mal. Il faut nuit quand il me pose au niveau d’une sortie d’autoroute vraiment paumée au milieu des champs. Je plante la tente dans un taillis au bord de l’autoroute, c’est pas terrible mais pas le choix, je veux repartir vite le lendemain, il me faudra de la chance pour être pris.

Ça ne loupe pas: le lendemain, il n’y a que très peu de voitures qui s’engagent sur l’autoroute. J’attends, j’attends, et j’attends encore… Je mettrai 2h30 à être pris, et encore pour un trajet pas très long. J’ai même essayé de me mettre directement sur l’interstate pendant 30 minutes, mais c’était vraiment pas terrible alors je suis revenu sur la bretelle où j’ai finalement été pris. Il s’appelle Mark, et fait des machines spéciales pour l’agriculture. Il est super cool. D’ailleurs c’est marrant, il achètent des disques agricoles aux Forges de Niaux, dans les Pyrénées Ariégeoises. Französische Qualität !

La journée se termine après un total de 5 rides, pour un trajet total de 150 km, soit une moyenne de 30km par trajet. J’ai l’impression d’avancer autant qu’un hamster dans une cage à écureuil.

Depuis Chicago, j’ai trois américains qui m’ont pris, dont un qui a grandi en Europe. Les autres ont grandi en Inde, en Espagne, en Mauritanie, en Afrique du sud. Je regarde frénétiquement toutes les options de bus, parce qu’à ce rythme là, je n’arriverai pas à destination à temps. En plus, les bus ne traversent pas les Appalaches et font un détour par Atlanta, c’est long et cher, je commence à me dire que c’était une mauvaise idée de faire du stop.

Troisième jour: j’ai passé la nuit à l’Hotel à Greenwood, juste au sud d’Indianapolis. En fin de compte c’est de ça que j’avais besoin, une bonne nuit de sommeil, c’est la première depuis San Francisco, il y a 5 jours. Mérité. Je pars et ça va mieux, malgré la pluie, je suis pris pour un trajet décent assez vite, et un deuxième trajet en fin de matinée m’emmène directement à Louisville (125km) ! La routourne commence à tourner, et tel Ribery menant 5-1 à 2 minutes de la fin, je commence peu à peu à retrouver espoir !
Je traverse Louisville en bus, et après quelques sauts de puce au départ de la ville, je suis pris directement pour Richmond, par un gars sympa qui voulait se changer les idées en rentrant d’un enterrement. Enfin il faut quand même que je mentionne le trajet précédent avec ce gars qui ne parlait qu’espagnol, qui a grimpé sur e trottoir avec sa caisse pour me prendre et qui, ratant la sortie pour me déposer, s’est arrêté au milieu de l’échangeur, sur le bas côté ! Je suis bien arrivé à mon spot de stop, mais le gars se soucie des règles avec tant de soin, il est aussi efficace qu’un américain qui essaie de manger équilibré. C’est ça l’aventure !
J’arrive à Richmond (150km) et j’ai encore deux petits trajets super courts avant la nuit, dont un en Camaro, et puis plus rien. Soit dit en passant, la Camaro, c’est stylé de loin mais en réalité, c’est pas incroyable: on est assis trop bas, le pare brise est minuscule donc on n’y voit rien, c’est lourd et ça consomme, bref, c’est plus stylé à voir qu’à conduire, et encore (encore un coup dur pour le rêve américain)

Le lendemain, je me lève après une nuit de pluie d’orage et de légères fuites dans la tente pour ce qui sera – je ne le sais pas encore – ma dernière journée de stop ! J’attends quelque chose comme 3h le matin (c’est infini et horrible: il n’y a pas trop trop de trafic et tout le monde s’en fout) et puis ensuite tout s’enchaine. J’arrive à Hickory en 3 gros trajets: Berea-Knoxville : 215km, Knoxville-Asheville : 185km et Asheville-Hickory : 125km ! 525km ! On n’est très proche du Atlanta-Mobile (530km) qu’on a eu avec Léo au début du voyage, et un peu en dessous de notre meilleure journée, Mojave-South Lake Tahoe avec 560km !

Bim bam bou, je suis là en avance et j’ai même le temps d’aller faire un billard au bar avec un collègue ! C’est génial !

Il me restera ensuite trois jours et demi avant le départ, qui seront bien nécessaires pour les démarches administratives, des repas où je racontes mes aventures aux collègues qui m’écoutent avec un mélange d’intérêt et de peur (ils me prennent pour un fou!), les adieux, et le bouclage de mes valises.

Cette année aux États-Unis s’achève en beauté et je suis bien content de rentrer ! Ce dernier voyage a été magnifique, et je suis bien content de l’avoir fait, malgré tous les avis qui ont essayé de m’en dissuader. C’est une folie Léo ait pu venir aussi, ça a été quand même beaucoup plus rigolo à deux, et j’en avais franchement assez de faire des trucs solo. En plus, solo, je suis pas sûr que j’aurais finalement sauté sur un train !

Hasta la vista baby ! ✈

2 commentaires

  1. Merci pour ces articles c’était passionnant de suivre les aventures des 2 moustachus au pays des ricains

  2. Quelle régalade !
    Merci camarade pour le beau voyage.

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