Comment ça, vous n’avez jamais vu de flétan volant ?
Il y a deux ans et demie, j’ai fais un stage initiation pour apprendre l’usage du parapente. C’était un truc plus ou moins prévu au dernier moment, sous l’impulsion de Marty et Blaireau, avec qui on trouvait l’idée sympa. On a fait nos premiers vol solo, les sensations étaient géniales, mais l’année scolaire à repris et nous nous sommes arrêtés là.
Un an plus tard, alors que j’étais en stage, j’ai utilisé ma première paie pour acheter une aile, une sellette et un secours d’occasion pour la modique somme de 2000 balloches sur leboncoin. Mais l’investissement était un peu compulsif : balloté par mon stage et mes déménagements, je n’ai réussi à faire qu’un seul vol dans la saison… Et puis j’ai disparu du territoire français pendant presque un an.
Et finalement, il y a deux mois, en janvier 2023, ayant retrouvé une ébauche de stabilité, j’ai enfin eu du temps à consacrer au parapente. Mais avec des souvenirs plutôt flous du stage d’initiation, il était hors de question de me lancer directement dans les airs.
Ce premier article sur mes aventures aériennes reviennent donc sur ces deux mois de préparation qui m’ont permis de faire mon premier vol solo depuis un an et demi.
Etape 1 : connaitre le matériel
La première étape a été de m’approprier mon matériel. Pour comprendre quelque chose, j’utilise toujours la méthode des 3M : manipuler, manipuler, manipuler. Par exemple, je retourne l’aile dans tous les sens, je pend la sellette et teste tous les réglages, je m’entraine à déplier et à replier l’aile.
Au contact du matériel, les souvenirs du stage d’initiation remontent vites, c’est agréable et rassurant !
Etape 2 : courir dans la pente
En parallèle de ma redécouverte du matériel, j’ai fait de la pente école. C’est la première chose qu’on fait en stage : courir dans une pente pour lever l’aile au dessus de soi et arriver à la maitriser. Après plusieurs essais, les gestes et les sensations sont revenus. Séance après séance, j’ai répété les mêmes mouvements pour qu’ils deviennent des réflexes.
La pente école est également un excellent exercice pour s’intéresser aux conditions de décollage. Pendant mes longues pauses d’après-midi, j’ai sillonné les alentours de mon lieux de travail avec mon parapente sur le dos pour trouver le meilleurs endroit où gonfler. Ca permet de s’intéresser beaucoup plus à la configuration du terrain, au sens et à la force du vent, etc. Bref, ça permet de se construire des repères pour savoir si les conditions sont bonnes pour décoller.
Enfin, j’ai profité de ces entrainements dans des conditions faciles pour faire des erreurs de débutants, erreurs que j’espère ne plus faire dans des conditions plus engagées. Par exemple : tenter de gonfler l’aile avec un vent de cul, tenter de gonfler avec une clé dans les suspentes, etc. (désolé pour le vocabulaire spécifique).
Etape 3 : demander de l’aide
Je n’ai pas d’ami parapentiste. J’ai donc réintégré l’association de parapente locale. Elle est assez active et me permet de trouver des interlocuteurs avec qui discuter de la pratique et de ma situation. Au fur et à mesure des discussions, je collecte des avis et des conseils que j’ajoute à ma seule expérience de pente école.
Mais si tous ces conseils sont précieux, la conclusion est sans appel : mon vol n’engage que moi. Je décollerais donc quand je serais prêt, tout simplement (en fait c’est pas si simple, t’as compris).
Etape 4 : observer les autres
J’ai profité de mes après-midi libres pour observer les parapentistes. D’abord au décollage, en haut de la station de ski, puis à l’atterrissage, dans la vallée du Bouchet. Les parapentistes pris sur le fait sont toujours prompts à la discussion, et je trouve que c’est même là qu’ils sont le plus intéressants. Moi j’observe tous leurs faits et gestes et eux me partagent leur expérience.
J’aime beaucoup l’exercice et je pense que je devrais continuer à le faire régulièrement.
Etape 5 : décoller
Lors de ma cinquième séance de pente école, la météo exceptionnelle m’offre de jolies ascendances, tant et si bien que j’arrive à décoller et à voler sur une cinquantaine de mètres. Les gestes sont précis, j’ai l’impression de maitriser mon aile, je ne rate plus aucun décollage Ces petits décollages sont un déclic, je suis prêt pour le grand vol !
Lundi 20 février : je profite d’un jour de congés pour me lancer. Je pars le matin, avant que la masse d’air ne se réveille trop. Mon matériel est prêt puisque je l’ai utilisé récemment pour faire de la pente école. Je vais vérifier une dernière fois l’atterrissage pour prendre mes repères, puis j’emprunte les remontées mécaniques pour le grand saut. Dans la queue, des gens intrigués par mon énorme sac à dos viennent me parler. C’est sympa, ça permet de faire tomber le stress et de me changer les idées. Une fois en haut, je discute rapidement avec un parapentiste qui attend un peu pour décoller. Face au décollage, je n’ai plus peur. Les conditions sont bonnes, je me sens prêt, je sais exactement ce que je dois faire, le stress laisse place à une concentration profonde mais sereine.
Je m’habille chaudement, déploie l’aile, vérifie les suspentes, m’harnache à la sellette, dis au revoir à l’autre pilote et cours le plus vite que je peux dans la pente. En quelques secondes, l’aile est sur moi, je temporise avec un petit coup sur les freins, mes pieds quittent le sol, je m’assois dans la sellette. Ca y est je suis dans le royaume des oiseaux. Les repères s’effacent, je n’entends plus que je vent.
Au final, je n’ai aucune idée du temps qu’à duré ce premier vol, mais c’est certain que j’ai envie de recommencer dès que possible.
Ping :Comme un poisson dans l’air #02 : l’âge de la découverte - BivouHack Live