Le voyage de Marty, Léon #jour153

Réveil tranquille, je déjeune avec Jeremias l’allemand et j’écris. Je met pas mal de temps à écrire haha. À midi je mange à l’auberge. Je vais au cours d’espagnol/Nicaragua à 16h.

On voit un peu d’espagnol, les questions que je me pose, un peu d’impératif, puis on discute. Enfin elle me raconte plutôt. Le système politique, c’est un peu ce que m’avais dit Jeremias.

Elle me dit que tous les gens qui ont de l’argent ici travaillent pour le gouvernement. Ceux qui font de bonnes études et ne travaillent pas pour le gouvernement partent dans d’autres pays et envoi de l’argent à leur famille. C’est un peu binaire je pense mais les tendances doivent être fortes. Elle me dit que les disparitions de gens ici c’est vraiment souvent. Il suffit d’une délation et hop. Les gens ont des cartes de « bonne tenue ». Pour l’avoir, il faut renseigner les amis, la famille. Pas de carte pas de travail, pas de soins, pas de droits. Avant elle travaillait en tant que prof mais du coup elle n’était pas libre. Toujours surveillée, toujours constamment « à l’affût ». Elle est partie il y a 3-4 ans et vit désormais sous les radars. Elle n’a plus de carte mais se débrouille sans, en donnant des cours aux gens de la main à la main. D’ailleurs je ne lui donne pas d’argent directement, je le glisse dans son carnet.

Elle me parle beaucoup de liberté. C’est pas forcément ce qui m’intéresse le plus parceque la liberté physique c’est quelque chose auquel j’ai déjà beaucoup réfléchi mais c’est toujours intéressant de l’écouter. Elle est très fière d’être libre et de suivre ses convictions, de ne pas être restée dans sa zone de confort avec ses élèves et un salaire correct. Abandonner l’argent pour la liberté. Ses anciens collègues lui disait d’accepter la situation et de se taire. Puis quand elle est partie de ne pas prendre de risque et de ne rien dire. Elle ne voulait pas et elle est fière d’être en face de moi, comme de Jeremias ou de Sara pour parler de la situation économique, politique et culturelle de son pays.

L’état met des impôts, environ 25% du salaire. 25% sont directement pour le gouvernement et 75% pour la sécurité. Lors des manifestations de 2018, l’état avait coupé l’électricité et l’eau du pays, réduit les denrées vitales. Le peuple se soulevait en portant fièrement le drapeau du pays. Depuis, il est interdit de se montrer avec le drapeau ou même d’en porter les couleurs sur soit. Elle m’explique que c’est bleu et blanc pour les océans et la terre au milieu. Dans le triangle, 5 montagnes pour l’union des 5 pays d’Amérique centrale : Guatemala/Honduras/Salavador/Nicaragua/Costa Rica. Les traits arrondis au dessus signifient la paix, le bonnet phrygien vient directement de la révolution française et est ici pour la liberté. Union, paix et liberté. 3 choses que le gouvernement ne veut pas.

Elle aime bien parler avec moi parceque contrairement aux autre je parle déjà espagnol, du coup elle peut me parler et mettre de côté les cours. À un moment une Nicaraguyenne vient brancher un truc pas loin, elle change de sujet et me parle du subjonctif. La fille repart, on reprend la discussion. On se dit au revoir et je lui laisse l’équivalent de 24€ au lieu des 5 normaux.

Je rentre, mange un morceaux, prend une douche et reçois un message de la prof me souhaitant bon voyage et me disant que je lui ai trop donné, qu’on se retrouve pour qu’elle me rende le surplus. Je lui répond ce message :

« Dí lo que quería dar. La libertad cuesta mucho y no hay tantos que son listos para ella o para ayudarla. Entonces, si las almas libres no se ayudan entre sí, quien lo hará ? « 

« J’ai donné ce que je voulais donner. La liberté coûte cher et il n’y a pas tant de gens qui sont prêts pour elle ou pour l’aider. Alors, si les âmes libres ne s’aident pas entre elles, qui le fera ? »

Je retrouve Fátima au centre ville. Elle est vraiment belle dans sa robe rouge. Elle a un anniversaire ce soir mais elle n’a pas voulu manger avec eux et leur a dit qu’elle irait boire un verre après le repas. Elle peut sortir jusque minuit. On discute un peu, l’un contre l’autre sur un banc. On attend le message de ses potes pour aller boire un coup avec eux avant d’aller à l’auberge. Voilà le plan. Sauf que ses potes répondent pas. Bon, le temps file, on va à l’hostel à 21h30, on ira boire un coup après.

Au final on passera toute la soirée ensemble. Comme je disais la dernière fois l’espagnol c’est aussi romantique que le français ! Et même plus en terme de culture car ils sont plus romantiques (enfin reste à voir quand/comment) « embrasse-moi »-> « bésame », « mon cœur »-> « mi corazón », « mon amour »-> »mi amor ». « Embrasse moi mon cœur »-> « bésame mi corazón ». Et en anglais ? « kiss me my heart » mdrrrrr c’est vraiment nul bordel.

Je la raccompagne au centre ville, proche de là où son frère va la récupérer en voiture. On s’embrasse une dernière fois et je regarde sa belle silhouette s’éloigner dans son élégante robe rouge sur cette place de León arborée et sublimée par sa cathédrale. Je n’oublierai pas la douceur de nos baisers de si tôt ❤️

Je reçois un message de la femme du lac Atitlán qui fait du tissage qui m’envoie un bonjour avec toutes ses copines :

Bilan : 1740 córdobas soit 43€

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