Le voyage de Marty, Rincón #jour214

Réveil au calme, Manue m’envoi un message pour la rejoindre et aller se promener. Tranquille, j’émerge et décale, il est 14h. Bon en fait juste le fait d’être dans la rue je sens le soleil taper fort sur mon dos alors même que j’ai un T Shirt. J’arrive mais ne repartirai pas, c’est mort.

Le Basque qui tient le restau à côté est rentré de week end : on prend un pastis et a manger avec Manue. On discute avec le gars : il est arrivé il y a 3 ans et compte rester 2 de plus puis vendre, il en a marre il n’y a rien à faire ici. Il vendra son restau/maison 350 000€. Ici les gens se plaignent qu’ils n’ont pas d’argent mais ne veulent pas pour autant travailler. Une femme lui a demandé du travail, il allait lui en donner mais lui a dit de faire un entretien. Elle ne venait pas, il l’appelle elle dit qu’elle vient dans 20minutes mais elle ne viendra jamais. Idem avec une ancienne employée, il l’a libérait plus tôt que prévu quand il y avait peu de monde mais lui demandait d’arriver à l’heure le midi. Elle s’est énervée en disant qu’il la maltraite. Alors même que quelques jours plus tôt il lui a prêté de l’argent pour s’acheter une moto. Bref.

On apprend qu’à Rincon il y a une tradition géniale : lorsque les garçons ont 13-14 ans, ils font leur première fois avec une ânesse. Oui oui, vous m’avez bien compris. Mais d’abord, et pourquoi pas ? Haha, en vrai nous ça nous paraît trop bizarre mais quand c’est ta culture et qu’on te l’apprend des que t’es enfant c’est normal 🤷‍♂️ je ne sais pas d’où vient cette idée par contre. Il y en a forcément un ou deux qui a fini zoophile d’ailleurs dans l’histoire.

La nourriture n’est pas ouf mais le Ricard fait plaisir. On discute, on chill puis chacun vaque à ses occupations. J’écris 2 articles tandis que Manue regarde son travail. Elle est en freelance et elle pense chercher un peu de travail pour le prochain mois quand elle sera ici en volontariat pour faire quelques sous. Je me suis posé à l’écart pour être plus tranquille et face à l’océan. J’ai besoin de me poser pour écrire, pour être concentré et surtout pour me plonger l’esprit dans mes émotions du moment, sinon mes articles ne seraient qu’une liste de choses faite à l’arrache.

Manue me rejoins avec un ricard. Adorable, même si ça me faisait du bien d’être un peu solo depuis 10j. Mais bon, qui peut dire non à un ricard ? Enfin en tout cas, pas moi. On discute un peu puis Romane nous rejoins, adieu la tranquillité 😢 en plus elle me demande des infos sur le Guatemala, alors la c’est bon, j’arrête d’écrire et on discute un peu. Ça se sent a ma façon de raconter, à mes yeux qui brillent et aux photos que je leur montre que j’ai adoré parce qu’elles me disent que ça leur donne grave envie d’y aller maintenant.

Après s’être douchés, on se retrouve au bord de plage pour manger au restau du Basque. Planche de charcuterie et verre de vin rouge. Franchement ça fait plaisir même si la charcut est grasse et le vin chilien de basse qualité. En allant au supermarché ensuite, je verrais qu’en fait c’est juste de la charcut du supermarché. Génial haha 😢 Jeremy revoit la Colombienne avec qui il a dansé hier et ils se posent à l’écart sur les transat de la plage. On ne tarde pas à faire pareil avec Manue.

Je ne sais plus trop de quoi on discute a vrai dire. Un peu de tout et rien, un verre de vin à la main. Elle a plusieurs tatouage dont un que je trouve super cool : un petit bonhomme. En fait quand elle s’endort elle voit un bonhomme prendre pleins de formes, plus ou moins grand etc. Quand elle voit ce bonhomme elle sait qu’elle va dormir dans les 15 secondes, absolument génial ! Sam vient parler à Manue alors qu’on est tranquille tous les deux. Il dit que c’est terminé avec sa copine française et lui raconte sa vie, mais c’est pas ta psy mdrrrr. Bon, elle tourne la tête vers moi en me disant « si je le regarde pas il devrait partir en vrai » ça me fait rire évidemment, mais ça marche. De nouveaux tous les deux. Et non. Angie et son copain viennent nous parler. Mais laissez les gens tranquille non ? Je trouve ça ouf mdr. Bon au moins Angie me propose de laisser ma moto chez elle si je viens à Cali, c’est ça de pris.

Bref, une fois débarrassé des deux nouveaux on s’en va plus loin sur la plage. On discute de la vie et de comment on la voit. Elle me demande pourquoi je veux faire un an d’études de plus. J’ai pas vraiment envie de parler d’études maintenant, et surtout, s’il y a 2 mois j’aurais répondu sans hésitation aujourd’hui je me pose la question aussi. Mais pour faire quoi d’autre ? Je lui répond donc évasivement « et pourquoi pas ? » d’habitude ça suffit pour que les gens se disent « oui j’avoue » et restent sur leurs idées ou ne creusent pas plus. Soit qu’en réalité ça ne les intéresse pas soit qu’ils ne veulent pas déranger. Mais Manue elle s’en fou de ça, ça l’intéresse et ça ne la dérange pas de pousser la réflexion, alors elle insiste, en me disant avec son sourire espiègle que c’est une façon de fuir le travail finalement. Pour ça, elle n’a pas tord. Je n’ai vraiment pas envie de travailler. Mais ce n’est pas que ça, travailler pour faire quoi ? Ingénieur dans un bureau de 9h à 18h sans parler à personne, entouré uniquement d’hommes qui viennent tous des mêmes écoles d’ingénieurs ? Non merci. Le Master c’est une façon de rencontrer d’autres gens, d’autres horizons, et d’avoir des compétences transversales applicables à d’autres métiers. Pour faire quoi ? Je ne sais pas encore, on verra ce que la vie me réserve.

Je regarde les lumières de Rincon au loin. Elle me demande « pourquoi ». « Pourquoi pas ? » « Qu’est ce que ça t’évoque ? » putain elle est forte 😂. La vérité c’est qu’elle me voit mais pas moi, vu qu’on est d’un côté de la ville et de nuit, la lumière m’éclaire mais pas elle.

Elle me raconte comment elle n’a jamais été solitaire et a appris à apprécier la solitude. C’est super intéressant en vrai. Elle a toujours été avec sa famille ou ses amis et jamais seule. Idem, depuis qu’elle a 16 ans elle a toujours été en couple. Ça fait 1an et demi qu’elle y travaille à priori. Elle s’est rendue compte seule qu’il fallait qu’elle soit plus autonome et indépendante et c’est top. Elle y a donc travaillé dur, en s’obligeant à rester seule au départ et en s’occupant de diverses activité : de la peinture par exemple. Alors qu’au début elle trouvait ça compliqué elle a persévéré jusqu’au jour où elle s’est vraiment dit « okay, j’ai envie d’être seule avec moi même aujourd’hui ». Et ça c’est la victoire de tout ce travail et ça valait le coup.

On se ressemble pas mal avec Manue, du coup la discussion qui s’en suit est intéressante, on échanges nos points de vues. Je ne me rappelle pas forcément de ce que je lui ai dit puisque c’est moins notifiable pour moi mais je me souviens bien de ce qu’elle m’a dit.

On discute de la façon dont on pourrait partager notre voyage et ce qu’on y a appris. Enfin du moins, on se dit qu’on y a réfléchis et qu’on en arrive à la même conclusion : de toute façon impossible de faire vivre aux gens ce qu’on a vécu, le meilleur moyen c’est par l’exemple, en rayonnant par nos façon de faire. Ceci étant, quand j’étais en prépa j’avais suivi la conférence d’un mec de l’insa qui avait fait un tour du monde après l’insa et ça m’avais grave donné envie et inspiré. Je ferais donc sûrement la même chose, pour donner envie aux gens de voyager et en apprendre plus sur eux mêmes et sur le monde.

On parle d’un point intéressant, les moments de transition. Elle me dit que le cerveau n’est pas fait pour et que pendant un moment de transition il cherche des réponses. C’est pour ça qu’on se pose toujours pleins de questions, sans forcément avoir de réponses, ou alors des réponses qui peuvent changer en une semaine. Ça me fait penser à Estelle, qui est en transition de ouf, après avoir laissé tombé les cours d’avocat, elle compte changer complètement et ne pas faire de droit du tout. Et elle se pose énormément de questions, tout le temps. Mais en fait, il faut poser un mot sur ce moment et accepter de ne pas avoir de réponse. C’est compliqué car pas naturel, mais c’est le mieux à faire, accepter et attendre que ça passe.

Elle a discuté avec une naturopathe et cette dernière lui a dit après une courte discussion qu’elle se reconnaissait en elle et lui a donné des « conseils ». Cette énergie qui rend curieux, qui demande de toujours tout remettre en question, d’avoir de la liberté, elle sera toujours là. On va se poser des questions toute notre vie. Ha bas génial, ça c’est une bonne nouvelle ! Merde ! Cependant, le point positif c’est qu’on fera toujours tout au mieux possible et qu’on aura jamais aucun regret, car on aura toujours fait du mieux qu’on peut. On croisera également dans notre vie des gens similaires, parceque les énergies s’attirent. Bon, le dernier point est assez cohérent, rien de révolutionnaire. Le reste cependant est intéressant. Désolé maman, la « crise d’adolescence » que j’ai « commencé lorsqu’il est né » ne se terminera jamais, si par hasard tu n’en avais pas encore fait le deuil. À des niveaux plus ou moins forts selon les périodes bien sûr.

Cette discussion est très enrichissante en vrai, et complémentaire avec celle que j’ai eu avec Estelle l’autre soir. Il faudra que je lui en parle à Estelle, de ce qu’on vient de se dire, qu’elle accepte un peu plus la transition et se pose un peu moins de questions.

On rentre tranquillement en marchant jusqu’à l’hostel de Manue. J’étais venu en moto pour si on allait voir le plancton par nous même mais on nous a dit qu’on pouvait le voir à pied, là où on était. Spoil : c’était faux. Bref, je monte sur la moto, lui dit bonne nuit et part. Je vois bien qu’elle n’attend qu’une chose c’est que je l’invite à passer la nuit ensemble, mais perso je n’en ai pas envie. Après ces 10 derniers jours à être constamment avec des gens je suis en rupture, j’ai besoin d’être tranquille, de dormir seul et me lever seul. D’autant que notre discussion va donner bien de la matière à mon esprit pour la nuit, pas besoin de plus.

Bon, évidemment, je suis un mongol, ça je lui ai pas expliqué et je l’ai laissée là. Y’a des fois j’suis un peu con. Genre je me dis « je n’ai pas à me justifier de ne pas avoir envie » mais c’est pas de la justification, c’est juste de la communication. Enfin bon, je lui en parlerai en arrivant sur insta, ça va.

Je la remercie par message pour la soirée, elle fait de même et m’envoie « j’ai lu un livre sur la rencontre qui disait en gros que la rencontre se passait vraiment quand la personne que tu rencontres te permet de changer une perception de ta vie, merci a toi parce qu’en voyage c’est pas tous les jours que tu rencontres vraiment des gens 😘 ». Visiblement les discussions qu’on a eu ce soir ne me seront pas utiles qu’à moi, c’est super cool de se dire que c’est partagé.

Allez hop, au lit.

Bilan : 160 000 pesos soit 38€

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *