Le voyage de Marty, Garage? #jour246

Je me réveille tranquillement chez Angélica, fait mes affaires et sort faire un tour. Je tourne dans la ville, revoit tout de jour c’est sympa. Je me prend un petit dej au marché (du porc frit, la spécialité equatorienne, juste du porc dans de l’huile bouillante, ouai, comme d’hab, il y a beaucoup de recherche, j’aurai du prendre du cochon d’inde plutôt !) et discute 2 min avec une française et un anglais. Je rentre, arrime mon sac sur la moto et part en disant au revoir.

Je part sur les routes de montagnes, ou plutôt la piste de montagne au début, vu son état. Le paysage est magnifique et je fais une pause à la plus vieille église d’Équateur. Ça devait être un sacré évènement à l’époque, les mecs ont finis l’église et se sont dit « okay, c’est la première du pays » ça devait être un moment historique. Je continue la route et m’arrête devant la vue magnifique de la Laguna Colta. Une vallée avec une lagune à 3000m d’altitude. Je monte ensuite dans la montagne, toujours plus haut, je sens que la moto est asthmatique, je monte jusque 4000m de haut sur la route ! Je passe le col et redescend de l’autre côté.

Alors qu’avant c’était sec et qu’il faisait beau, maintenant je suis en plein dans les nuages et il pleut, changement d’ambiance. Je roule, je fais le pleins avec un mec émerveillé par le fait que je voyage en moto et que je soit français (il doit pas en voir beaucoup des touristes sur cette petite route). Je continue.

Les mains fermement attachées au guidon, l’accélérateur, le frein et ma vie dans la main droite, je roule. Sur cette petite route de montagne, à gauche, la falaise, à droite, le vide. Il pleut à verses et je suis trempé jusqu’aux os. Sur cette voie de béton qui se transforme parfois en piste de terre, j’évite les trous, me penche dans les virages, devine parfois la suite du chemin dans le brouillard, rattrape ma roue arrière lissé par les 3500kms que j’ai fait sur la selle déchirée de cette moto capricieuse ou encore me met de côté lorsqu’un camion arrivant en face prend son virage avec largeur.

Ces camionneurs, parlons en un peu. Sur leurs camions est annoncé « El Jefe », « El Patrón » ou encore plus sobrement leurs prénoms. Ces hommes avec des couilles d’acier transportent du maïs, des bananes et toutes sortes de choses sur ces petites routes de montagne défoncées. Ici et là on peut voir des rails de sécurité détruits, menant directement dans le vide. L’un des leur ayant rejoint le paradis de la montagne.

Pourtant, malgré tous ces éléments qui se déchaînent, sous ce casque, derrière cette visière rayée et donnant une vision floutée par la pluie, deux yeux. Deux yeux vert clair pétillants, humides, brillants, émus et déterminés. En dessous, un sourire en coin, l’un de ceux qui aimerait être un immense sourire qui va d’une oreille à une autre, mais qui sait qu’il faut rester concentré sur cette route mortelle.

M’y voilà, enfin, les Andes. Ces montagnes dont j’ai tant rêvé, que j’attendais depuis des années, enfin, j’y suis. Ces montagnes mythiques, légendaires, qui ont fait rêver et font rêver explorateurs et aventuriers depuis des siècles. Des premiers conquistadors aux derniers alpinistes en passant par les pilotes de l’aéropostale. Elles m’entourent à présent et je me sens si petit par rapport à elles, par rapport à ces paysages grandioses et ces pics qui montent à 4000 mètres. Et non seulement je suis dans ces Andes mais je parcours leurs flancs en moto. J’en ai tant rêvé, et m’y voilà enfin, bienvenu dans mes rêves.

Tout ça, c’est 30 minutes avant que la moto refuse d’avancer, qu’une épaisse fumée blanche sorte du compteur et que je ne doive m’arrêter d’urgence. Après avoir démonté le carter de devant avec les quelques outils que je transporte, je réalise que des fils sont fondus, pas les plus importants, ça devrait aller mais j’espère que rien n’est grillé. Ceci étant, je suis toujours au milieu de la montagne…

Un homme arrive en moto, regarde avec moi, et me dit avec un sourire qu’il va m’aider. Il revient avec son camion 20minutes plus tard, on embarque la moto dans son camion de bananes et on part pour le prochain village. On dépose la moto. Le mécano m’annonce qu’il n’y en a que pour 2h pas plus. Ouf! J’avais peur d’être là 3jours.

Il se prépare, enfile ses meilleures tong de sécurité, prend sa meilleure chaise en plastique cassée et commence à démonter. Il révise tous les fils puis répare. Ça prend 3h et le gars est toujours avec moi.

Il est 20h et mon sauveur me propose de dormir chez lui. Vamos. C’est ainsi que je me retrouve à dormir dans la maison de ce camionneur Équatorien qui habite en bord de route de montagne.

Je prend ma douche froide du jour et le père me sert un jus de mûre. Ce voyage, que dis-je cette aventure, est loin d’être de tout repos mais je n’en changerai pour rien au monde. Ces montagnes sont comme mes émotions, du plus haut au plus bas, du plus beau au plus compliqué.

Je suis parti en voyage non pas pour aller d’hôtel en hôtel mais pour vivre une aventure, et ça dieu l’a bien compris. La voilà ton aventure, ptit con.

Les deux fils rentrent et on mange du porc fris ensemble. Ils ont « l’habitude » d’aider les gens ici. Bon du moins, ils sont content de le faire quand ils peuvent et l’ont déjà fait 2 fois avant moi. Les deux sont camionneurs. L’un dans le pays, ils ne part pas super loin et au pire 2 jours. L’autre a un camión plus grand et sillón le pays et va parfois jusqu’à Lima au Pérou. Il part le lundi et rentre le vendredi. Demain il part à 4h du matin pour Guayaquil retrouver son camion et partir pour la mission qu’on lui donne.

Ils me donnent une chambre avec un lit, impec. Je met mon sac de couchage, les boules quies pour le bruit de la route et dors.

Bilan : 53$ soit 48€

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