Mardi 19 juillet. Finalement la nuit se passe plutôt bien. On a pas super bien dormis mais au moins on a pas eu froid, notre équipement a tenu ses promesses avec brio !
On se lève, on plie la tente et on marche 15 minutes avant de se poser pour le petit déj. On se met au bord d’un petit lac. Je sais plus si je l’ai déjà dit, mais je me suis acheté un chapeau noir bien large, ça fait un peu Zorro et un peu cowboy en même temps. Mais là, dans cette prairie sèche au bord d’un petit lac encore à moitié gelé par la nuit, je me coupe les ongles en attendant que l’eau boue pour y mettre de l’avoine. J’ai vraiment l’impression d’être un cowboy, c’est TROP COOL.
Le reste de la journée peut se résumer assez facilement : on a marché. On a suivi le chemin et on est arrivés au sommet du pico Tunari, autour de 5030m.
Hermano nous avait pourtant bien dit de prendre un guide. Il m’avait exposé pensant de longues minutes l’intérêt de faire cette ascension avec un guide. Parce que les chemins sont mal indiqués, parce qu’on ne peut pas prévoir les effets de l’altitude, parce que on sait jamais. Heureusement, aucun de ces arguments falacieux ne passèrent l’implacable barrière de mon esprit critique. Avec un guide, on aurait pas fait de camion, on aurait pas dormit à Tawa Cruz et on aurait raté encore plein d’aventures qui nous attendent.
L’effort est quand même assez intense, on souffle bien pour arriver au sommet. On prend un peu de coca, il parait que ça aide à moins sentir les effets de l’altitude. Difficile de dire si c’est vraiment le cas.
On a trouvé des tortillas et du fromage boliviens, c’est idéal pour la marche. Quand on se pose, on mange plutôt de l’avoine avec ce qui traine (bananes, boite de sardines, etc.) J’aime bien le goût et c’est simple à préparer.
On revient au col (notre point de départ) vers 16h, il y a du vent, il fait froid, on est cuits. Un local nous rattrape en marchant. On dit bonjour, il répond avec le sourire. On lui pose deux trois questions, il répond avec entrain, mais sans raconter sa vie pour autant. C’est simple, c’est Bolivien. On passe une jolie petite montagne sur la droite et là paf, des énormes falaises noires apparaissent. Le mec me dit que c’est le « Cerro ». D’après la carte, c’est le Cerro Pirhuana, et il est au moins aussi haut que le pico Tunari qu’on a fait aujourd’hui. Je pense même qu’il est plus haut, mais qu’on préfère dire que le pico Tunari est le plus haut sommet de la région parce qu’il est facilement accessible et que ça en fait une belle attraction touristique. Le Cerro Pirhuana, c’est une toute autre ambiance. C’est des pierriers et des falaises noires, le sommet à l’air totalement inaccessible.
Au pied des falaises, il y a un vallon en prairie mais plein de rochers. Pour autant, ça me donne vraiment envie de tenter d’y monter le camps. On monte dans le vallon en galérant un peu. On croise un petit troupeau de lamas qu’on pousse sans le vouloir vers le haut et d’un autre côté, on voit le berger qui appelle ses bêtes depuis l’autre côté du torrent. Je suis emmerdé, j’ai l’impression qu’on pousse ses bêtes dans le mauvais sens. Mais bon, on est crevé et le berger ne nous engueule pas alors on continue notre chemin. Arrivés dans le vallon, on voit le berger passer super vite avec ses chiens et son grand poncho, on dirait un fantôme. Il ne nous adresse pas la parole.
On monte le camps pas loin de rochers énormes. J’ai faim !! Je fais une énorme bouillie d’avoine parfumée avec le contenu d’une boite de sardines. C’est pas mauvais, on mange bien et on se couche tôt.
Pouls à 4500m au repos : 77 Leo, 86 Guigui
Pouls à 5000m au repos : 84 Leo, 81 Guigui
Jeudi 20 juillet. La montagne nous cache le soleil du matin alors on ne sort de la tente que à 8h. L’endroit est magnifique, je suis pas pressé de bouger. Le berger de la veille passe et s’approche. On discute un peu. Il doit avoir au moins 50 ans et il a toujours son poncho gris qui lui donne un air fantomatique. Il n’a pas trop l’air de situer la France, il garde des lamas et il a une sorte de grosse pioche qui lui sert à s’occuper de son champ de patates. Il n’y a pas de champs de patates ici, il doit descendre pas mal pour y aller. Il se meut dans la pente avec une facilité déconcertante, il faut dire qu’il passe la journée à bouger dans la montagne en sandales. J’ai l’impression que les locaux travaillent énormément. Enfin, on remarque qu’il habite 500m plus haut dans le vallon : on a littéralement dormit dans son jardin ! Il a 5 minuscules abris ronds en pierre avec des toits de chaume. C’est fou d’habiter ici, c’est le bout du monde. Pourtant, on est pas si loin de Cochabamba et juste à côté d’une zone relativement touristique. Qu’est ce que ça doit être dans les zones vraiment paumées de Bolivie !
On plie le camp, on bouge. Aucun véhicule sur la route, sauf un camion qui nous prend sur deux bornes. J’adore le stop camion, c’est la sensation de liberté ultime. Peut avant 13h, on arrive à San Isidor. C’est un village en pente mais quand même beaucoup plus bucolique que tout ce qu’on trouve plus haut. Sur l’autre versant de la vallée, il y a une multitude de petites parcelles en pentes de toutes les couleurs. En haut, on ne peut faire pousser que des patates. Ici, il y a de tout : patates, maïs, pommes, orge, avoine et d’autres trucs dont j’ai oublié le nom. En ce moment, ils récoltent l’avoine. Ils la chargent sur des camions telle quelle et je suppose qu’elle est battue et transformée plus bas. Ici, tout est fait à la main. On croise même plus de chevaux que de voitures sur la route.
Arrivés à San Isidor, on se met en quête d’une tienda (une supérette) parce qu’on a plus rien à bouffer. On en trouve une chouette et je demande si ils ont de quoi manger. La gérante à l’air un peu circonspecte et nous demande d’attendre. J’ai dit une connerie ? Son mari arrive et nous demande si on veut manger de la truite. Wah mais trop bien, en fait j’ai pas demandé de la nourriture mais un repas! Cette erreur est providentielle, voyons où elle nous mène… Après 3/4 coups de fil, il prend deux assiettes, quelques légumes et une bouteille de gaz et il nous invite à monter dans sa voiture, une familiale Toyota plein de poussière. On fait 20 minutes de route, on s’arrête au milieu de rien (on commence à avoir l’habitude) et on descend 50 mètres vers la rivière. Là, il y a une petite maison avec des bassins à côté. C’est une pisciculture ! Pendant que la mère de famille nous fait à bouffer, on discute avec notre ami qui nous a monté jusqu’ici. Apparemment, ce truc de pisciculture c’est quelque chose de nouveau mais de florissant dans la région. Celle là existe depuis 8mois et il a l’air d’y en avoir trois autres dans les parages. Le principe est simple, ce sont 6 bassins creusés dans la terre et alimentés par l’eau du torrent. Dans chaque bassin, on trouve des poissons de tailles différentes.
Le repas arrive. On est sur une petite table devant les montagnes, avec des assiettes extrêmement bien garnies. Patates, maïs, un autre tubercule, truite frite et petite salade. C’est bon et super copieux, on en peut plus. 40bs par personne, soit un peu moins de 6€.
Puis on redescend et on dit au revoir à notre sauveur. On lui paie 20bs pour l’essence. ATTENTION, CECI EST UN AVERTISSEMENT. Si vous passez à San Isidor, commune de Morochata, province de Cochabamba, passez absolument voir Gergorio Buendia et sa femme. Il adore rencontrer du monde et faire partager les richesses de son pueblo et bien sûr, il connait tout les pisciculteurs du coin.
Après le repas, il nous reste deux heures de marche pour rejoindre Morochata. Enfin ! En descendant, la vallée s’ouvre un peu et la végétation change beaucoup. Il y a plus d’espèces de plantes et surtout beaucoup plus d’arbres. Arrivés à Morochata, on demande à la première tienda un endroit où dormir. La chance : la tenancière a une chambre à disposition. 35bs la nuit (5€) par personne et avec la douches messieurs dames ! La petite ville est très sympa, un peu entre vieilles maisons et trucs plus modernes. On fait quelques courses et basta, au lit !
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