La selva, c’est la jungle. Dans ce trek, on parcourt de la forêt subamazonienne, la limite sud de la forêt Amazonienne. La faune et la flore sont différentes, sans doute un peu moins impressionnantes. Mais l’avantage, c’est qu’il y a peu de moustiques ici.
Mardi 16 août. On arrive à Rurrenabaque vers 7h avec le bus. Il fait chaud et humide, mais ce c’est pas étouffant pour autant, c’est plutôt agréable même. On mange un bon petit déj sur le bord du rio Beni. Pour moi, c’est du poisson en sauce, un régal. Rurrenabaque est une petite ville de la jungle, à la frontière entre la province du Beni et celle de La Paz. Le rio Beni est une grosse rivière qui se jète dans l’Amazone dans plus de mille kilomètres. On y trouve des poissons énormes, des alligators et même des dauphins roses.
À l’ouest et au sud de Rurrenabaque, on trouve le parc Madidi dans lequel il y a la Selva, une jungle épaisse et collineuse avec une des biodiversité les plus riches de la Terre. Côté nord et est de la ville, il y a la Pampa, une sorte de dédale de rivières, de lacs et de marais plus ouverts que la jungle où on peut observer facilement la faune du coin : alligators, capibaras, singes, etc.
Après le petit déj, on se met à la recherche d’une agence ou d’un guide. On aimerait bien faire un tour dans ces milieux sauvages. Les agences sont un peu différentes les unes des autres. Beaucoup proposent les mêmes choses, avec des tours courts qui permettent de tout voir rapidement. Les touristes sont souvent logés dans des lodges tout aménagés construites dans des zones facilement accessible du parc naturel. Mais on finit par tomber sur Amazonica Travel, qui nous propose des treks plus longs et seulement dans la jungle. On prend un tour de 7 jours dans la selva avec un guide local pour apprendre à pêcher, à connaître les plantes, à construire des abris, etc. La promesse est alléchante.
On arrange tout pour partir le lendemain. Au total, on paie 1950bs/pers pour 7 jours, soit un peu moins de 300€. C’est très cher par rapport à ce qu’on a fait jusqu’à présent (120€/semaine environ) mais c’est un prix très correct pour ce type d’expédition.
On passe le reste de la journée à se reposer de nos dernières courtes nuits et on profite de la gastronomie du coin, beaucoup plus riche et savoureuse que celle de l’altiplano !
Mercredi 17 août, jour 1. Ça y est, c’est le départ. Rdv 9h30 à l’agence, ce qui nous laisse encore bien le temps de manger.
On fait une petite heure de voiture jusqu’au départ et bam, on commence à marcher. D’abord dans les lits de rivières, puis dans des minuscules sentiers dans la selva. On voit des singes araignées, pleins d’oiseaux, mais surtout énormément d’insectes. Tout ce petit monde fait un boucan fou et il suffit de se baisser ou de lever les yeux pour découvrir des nouvelles bébêtes. Les papillons notamment sont variés et magnifique, j’ai jamais rien vu de tel. Le guide nous montre aussi un arbre au tronc biscornu d’où est extrait la quinine, un traitement contre la malaria. Ici, il n’y a pas de malaria ni de palu d’ailleurs. En fait, il n’y a même pas tellement de moustiques dans le coin. Par contre c’est plus tendu à l’extrême nord est de la Bolivie, dans la région du Pando. Mais bon on s’en fout on y va pas.
Dans notre paquetage, on a chacun beaucoup de bouffe, un tapis de sol en mousse, une couverture en polaire, une mousticaire individuelle et une machette. On a aussi deux grandes casseroles pour tout le monde, des couverts et plein d’autres petits trucs utiles comme notre PQ. Au niveau des habits, c’est chapeau, manches longues, pantalon et bottes en caoutchouc.
En fin d’aprèm, on arrive au camp au sommet d’une colline. On coupe du bois pour cuisiner, on tend la bache, on accroche les mousticaires. Notre guide, Erlan aka Mowglie, nous donne les instructions. C’est simple et claire et efficace. On mange du riz avec une sauce de légumes, c’est délicieux et très copieux. Chapeau. En tout, 1,5kg de riz et au moins 2 ou 3kg de légumes pour 6 personnes.
Jour 2. Au levé du soleil, la jungle se réveil et fait un tapage du diable ! Impressionnant. Sinon, il pleut. On traine un peu au lit en espérant une accalmie. On finit par partir vers 10h, sous la pluie. On marche dans la « montagne ». C’est raide, c’est boueux et glissant. Marty se coupe avec sa machette en descendant un raidillon de boue. On goute un fruit bizarre, l’amarillo si je me souviens bien. Le guide nous montre quelques arbres aussi. Mais principalement, on marche.
Plus tard, la pluie se calme et il fait même beau. Dans la forêt, on s’arrête sur le bord du petit sentier à peine visible pour couper notre petit déj, un coeur de palmier. À la machette, on abat l’arbre puis on lui coupe la « tête » et le « cou ». C’est le cou qu’on épluche et dont on mange le cœur. Malgré la belle taille du palmier, il n’y a pas grand chose à manger. Du coup, on recommence avec un autre palmier. On peut manger le cœur avec un peu de sel ou du miel pour le rendre un peu moins fade.
On finit de descendre de l’autre côté de la montagne et on arrive à un ruisseau. Au fur et à mesure qu’on descend, le ruisseau grossit tranquillement. Dans le milieu de l’après-midi, on s’arrête sur le bord du torrent à un endroit plein de genre de grands roseaux. On y cherche des « merdes jaunes » qui marquent la présence de grands vers blancs dans le tronc du roseau. On galère, je ne trouve rien. Le guide a un peu pitié, il en trouve assez facilement quelques-uns.
En cherchant un ver, je me fait piquer par des abeilles. Expérience désagréable. Je me refais piquer 30 minutes après en repassant dans le même coin sans faire gaffe, c’est horrible mais heureusement les piqûres s’attenuent vite.
Dans une petite mare juste à côté, le guide pèche deux petits poissons en deux minutes avec les vers. Ceux-ci serviront eux même d’appât pour en choper de plus grands.
Le guide débite un des petits poissons pour commencer la pêche, mais un orage pointe le bout de son nez au loin. Des gros nuages noirs arrivent sur nous et on commence à entendre du tonnerre. En plus, la nuit va bientôt tomber. L’attitude du guide change aussi vite que la météo : il faut se dépêcher, vite vite vite vite. Entre l’orage et la nuit, l’obscurité tombe très vite. Le guide nous arrête net au milieu du lit de la rivière : on doit au plus vite enfiler nos poncho, remplir nos bouteilles avant que l’eau dégueulasse de l’orage arrive, enfiler nos machettes dans le dos pour ne pas se faire foudroyer et surtout continuer de marcher vite pour atteindre le camps avant que l’eau ne commence à monter. Et ben oui, on utilise les rivières comme chemin parce que c’est vachement plus dégagé et facile à suivre, mais avec l’orage ça va monter dru.
On arrive au camp sous la pluie battante. Il est dans la forêt, sur la berge, à quelques mètres de la rivière. L’espace est dégagé mais la structure de l’abri n’est pas là, il faut tout construire. On s’abrite tous sous la bache et on jète nos sac et surtout nos machettes par terre. L’orage est trop fort pour faire quoi que ce soit pour l’instant. La foudre s’abat à quelques dizaines de mètres de nous, c’est apocalyptique.
Quelques instants plus tard (on perd toute notion du temps qui passe dans la tempête), la pluie est toujours aussi forte mais le tonnerre s’éloigne. Le guide me prend avec lui pour aller couper les tiges de bois pour l’abris. On part torse nu pour ne pas mouiller le t-shirt. Il fait chaud de toutes façons, on s’en fout. Petit à petit, il plante les piliers principaux de l’abris et agences les longs bâtons pour tenir la bâche. Les abris d’ici sont toujours de la même forme : un grand toit à double pente de 2m / 2m50 au plus haut. Notre bâche est assez grande pour faire un abri de 15m² à vue de pif. Petit à petit, tout le monde se met au boulot. On nettoie le sol, on creuse des rigoles contre l’inondation. On s’asperge de repulsif aussi, parce qu’ici il y a des papillons de nuit qui pondent dans la peau des gens (pas très sympa!).
Mais pendant ce temps, l’un d’entre nous trame quelque chose. Si vous auriez croisé son regard à ce moment là, vous n’auriez perçu que malice et détermination. En effet, le Pivot à décidé qu’on mangerait des pâtes et s’est mis en tête de faire du feu. Malgré le fait que chaque centimètre carré de cette forêt soit trempé jusqu’aux os, il arrive à trouver du bois sec. Et avec l’aide des bougies fourrées dans nos provisions par l’agence, on arrive à allumer un vrai bon feu sous l’abri. On cuisine et on mange chaud, le tout au sec sous un abri. Victoire !
En parallèle, on constate le niveau de la petite rivière. Il a augmenté de plus d’un mètre, c’est devenu un énorme torrent en furie, très impressionnant.
La journée à été épuisante, on dort vite.
Jour 3. Je me réveille super tard, mais je ne suis pas le seul. On se lève progressivement. Le guide rallume le feu à partir d’une braise de la veille et prépare des beignets. Un kilo de farine, de l’eau, un peu de sucre et de sel et bam, dans l’huile bouillante pendant 5 minutes. C’est simple à faire et délicieux, il faudrait refaire ça en France !!
On plie doucement et on part vers 14h. Le reste de la journée est bofbof. On marche un peu, on essaie de pêcher un peu. Le guide sort un poisson, mais sinon rien. On se pause sur un étang et pendant plus de 3h, rien. Peut-être à cause de l’orage de la veille ? En tout cas rien.
Sauf que ! Guillaume sort un super poisson de l’eau. Il l’assome et fait la tournée des copains pour montrer sa victoire. Le problème c’est que les copains sont au bord de l’eau. Le poisson n’est pas mort, il se réveil et saute à l’eau. Fin de l’aventure.
Pendant l’attente longue et morne qui caractérise la pêche, il se passe quelque chose de surprenant : une bestiole (dont j’ai oublié le nom) sort des fourrés derrière Guillaume en direction de l’eau. Elle avance à la moitié de la plage sans faire attention à nous, puis nous remarque et se fige d’un coup. La situation est très bizarre, on a l’impression de l’avoir surprise sur le chemin de la salle de bain, tout le monde est très embarrassé. Et puis après quelques minutes, le guide la fait fuir en lui jetant des pierres. Improbable.
En montant le camps le soir, on apprend à faire des cordes avec des lianes pour réparer la vieille installation du camp bouffée par les termites. Comme d’habitude quand le guide nous montre, ça parait simple mais ça ne l’est pas du tout. On mange du riz aux légumes avec l’unique poisson du jour. Le guide cuit le poisson à la vapeur dans de grandes feuilles. C’est un peu bizarre, mais pas trop mal.
Le soir, l’humeur est bofbof sur le camp. On sort tenter de voir les animaux mais le guide ne nous suit pas et reste dormir au camp. Ça râle, ça se plaint. Finalement on se couche tard, de mauvaise humeur et en plus il fait froid, vraiment plus froid que tout ce dont on pourrait s’attendre d’une jungle. Erlan dit que c’est à cause de l’orage. D’ailleurs, il dit qu’un orage de cette ampleur est très rare voir inexistant en cette période normalement : la faute à pas de chance je suppose.
En 3 jours on a traversé la petite chaine de montagne et on descend tranquillement la rivière. Après une cinquentaine de kilomètres de marche, la deuxième partie de la descente va se faire sur un radeau. Affaire à suivre …
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