Mardi 6 juin
Le matin, alors que je somnole encore, Rémi et papa discutent : ils pensent que le meilleurs itinéraire sera de passer par la vallée de Bartang. Youpi ! Cette vallée à l’air super mais on hésitait jusque là à y aller parce qu’elle est réputée difficile d’accès en cette saison à cause de la fonte des neiges. Mais comme la frontière est fermée, beaucoup de cyclos se rabattent sur cet itinéraire qui permet de faire une belle boucle.
D’ailleurs, c’est quelque chose que je ne soupçonnais pas : les touristes du coin (cyclos, motards) forment une sorte de communauté tacite. On se rencontre des fois sur la route ou dans un homestay et on discute longuement, on échange les conseils et les numéros WhatsApp pour se tenir au courant des bons plans. C’est comme ça qu’on apprends qu’un couple d’italiens s’est engagé dans la vallée de Bartang avec quelques jours d’avance. Si la route est impraticable, nous les croiseront forcément sur notre route.
Le petit dej se passe bien à part le fait que Patrice se coince le dos. Heureusement, la crème pour chevaux de Rémi semble efficace contre les maux de dos.
Un dernier truc à faire avant de se lancer dans la Bartang : faire des courses pour au moins 3 jours en autonomie (facile) et changer de l’argent parce qu’on ne va pas croiser de ville digne de ce nom avant un bon moment. Pour changer de l’argent, on nous dit d’aller dans la banque A. Dans la ba’que A, on nous dit d’aller dans la banque B. Dans la banque B, on nous dit d’aller au bazar. Au bazar, on nous dit d’aller à la banque (évidemment !). On apprendra plus tard qu’il était possible de changer de l’argent à l’hôtel de Mourghab…
On part vers 9h. Il ne fait pas très beau, et surtout il fait froid. Et il y a du vent. De mon côté, je n’ai plus mal au genou (youpi !), mais j’ai mal aux cuisses, je n’arrive pas à evacuer l’acide lactique des derniers jours et j’ai l’impression de marcher avec des jambes de bois. Cette journée de vélo est la plus dure pour moi.
Le paysage en revanche est magnifique, mais dans un style Mordor. Des montagnes noires et pointues, des gros nuages sombres et très peu de végétation.
Sur la route, on rencontre un couple d’anglais. Ils ont entendu parler de nous par les motards allemands à Mourghab.
Et enfin, on trouve un genre de grosse cabane au pied du col. C’est la maison du cantonier. C’est un Kirghize qui vit là avec sa femme et ses deux jeunes enfants. Ils sont super sympas. On passe un excellent après midi avec eux. On joue avec les enfants et on mange bien.
Par contre, c’est vrai que c’est la misère ici. La famille n’a pas de voiture, elle est donc coupée du monde. Il y a quand même une radio avec une grande antenne, sans doute pour compenser l’absence totale de réseau téléphonique.
Ils mangent des patates, du pain et des beignets fabriqués sur place. Les chiens ont droit à une immonde bouillie de farine et d’eau.
Max elevation: 4407 m
Min elevation: 3581 m
Total climbing: 1135 m
Total descent: -315 m
La famille reste en haut l’hiver? parce que déjà en juin, c’est rude…
Oui, ils vivent là à l’année apparemment