Jeudi 15 juin
Il y a des matin où l’on ne soupçonne pas ou finira la journée.
Pendant la nuit, on a bien pris la flotte. Un orage n’est pas passé loin. J’ai du me lever pour replanter les piquets de la tente et Rémi a été bien malade.
Le matin, on finit l’ascension du col et on passe de l’autre côté. Il y a quelques bergers qui habitent ici, dans des tentes ou de petites maisons : ça a l’air d’être la misère profonde.
Et puis c’est la descente. C’est super et la piste n’est pas trop pourrie. En descendant, on passe d’un climat alpin à un climat plus chaud, style méditerranéen avec les cigalles et tout (enfin il ne faut pas généraliser, il fait quand même très froid en hiver ici).
Je vais beaucoup mieux, je me sens revivre après ces trois jours au fond du trou. Par contre Rémi galère. Il ne se plaint jamais (contrairement à moi), mais bon ça se voit que ça ne va pas fort.
Sur la route, la pluie de la nuit nous a laissé des surprises : de grandes coulées de boue rouges, liquides et visqueuses comme du miel. Du genre où tu avances, tu te plantes, tu poses un pied et quand tu lèves le pied la godasse reste engluée.
Un tadjik avec un âne m’aide à sortir. C’est super sympa ! D’ailleurs un autre (encore à dos d’âne) nous invite à aller pêcher avec lui et ses amis. J’y serais bien allé, mais les autres ne sont pas chauds.
Il fait chaud, mais on est bien, loin du haut Pamir si inhospitalier. Quand il fait trop chaud, on fait une sieste à l’ombre et on repart.
Patrice a des problèmes mécaniques : il déraille tout le temps. On galère un peu, ça l’énerve (original) et puis on finit par constater que son petit plateau est totalement hors service, peut-être à cause d’une dente cassée, peut être aussi qu’il est trop usé. Dommage, ça va pas être facile dans les cotes !
Avec toutes ces pauses, on n’avance pas des masses. On arrive dans la petite ville de Tavildara vers 16h. On décide d’y passer la nuit dans un hôtel pour que Rémi puisse se reposer et mieux repartir demain.
Tavildara, c’est étonnant. C’est une ville, avec des routes, des feux de signalisation, des magasins, etc. Mais c’est minuscule et très calme, comme n’importe quel village vu jusque là.
Le soir, on décide d’aller manger au resto. Sauf que en fait : ya pas de resto. Alors on tourne un peu. On goûte le pire hot-dog du monde (sans déconner, la saucisse est limite encore congelée) et puis on prend une bière dans le bar du village (une cave remplie d’alcool).
Et puis on rentre bredouilles à l’hôtel. Mais à l’hôtel, il font à bouffer, youpi !
Mieux : dans la salle à manger, il n’y a aussi un gars qui parle anglais. Il est procureur ici et il habite dans l’hôtel avec toute l’équipe juridique de la ville. Mieux : ils nous invitent à manger avec eux !
C’est comme ça qu’on se retrouve dans une salle à manger privée, avec une table débordante de bouffe et 5 procureurs qui prennent leur repas du soir. L’ambiance est étonnante : c’est vraiment l’orgie de bouffe. Il y a des tonnes de fruits et on nous apporte plusieurs plats chacuns, ce qui n’est jamais le cas dans les restaurants classiques. En fait, on a vraiment l’impression d’être avec une classe sociale supérieure, qui est mieux traitée que la norme.
Chez les procureurs, il y a un patriarche, deux trentenaires et deux jeunes (notre interlocuteur est l’un d’eux). Le chef est très respecté ; tout le monde se lève quand il entre dans la pièce. Néanmoins, ils savent rire et on passe un excellente soirée avec eux.
A la fin du repas, l'ancien prend une chique, ce qui réduit nettement sa capacité à articuler correctement. Amusé, le Papou l'imite en parlant de manière incompréhensible. Nos amis procureurs sont écrasés de rire.
Max elevation: 3229 m
Min elevation: 1549 m
Total climbing: 1005 m
Total descent: -2230 m