Je tease un peu, mais cette ascension est la plus dur et la plus belle que j’ai faite. Une journée assez incroyable qui restera gravée dans ma mémoire.
Réveil à 0h30, une très longue journée qui s’annonce : 300m de dénivelé positif de 4700m à 4900m (montée, descente, montée) dans la roche puis 850m de dénivelé positif de 4900 à 5750m. On se lève tôt, on nous a dit que l’ascension est assez longue. On monte les 100m de dénivelé pour arriver d’un coté de la moraine. pour descendre dans la moraine, une chaine qui descend presque à la verticale sur 10m. On attend que les états-uniens passent. Mais ils mettent une plombe, ils sont lents et nombreux. On attend poliment pendant une heure. En vrai on aurait du demander à passer devant. Tant pis.
Une fois arrivés dans la moraine, c’est un dédale. Des grosses pierres partout, pas de vrai chemin, on passe de rocher en rocher, c’est casse gueule et les rocher sont anguleux. On se perd 2/3 fois. Ceci dit, en deux heures, même en se perdant 3 fois, on passe devant tous les états-uniens et on entame le glacier avant eux. Allez zou. La concu dans le rétro. Bon, cette moraine c’était vraiment pas agréable.
On commence donc le glacier et la partie de la montée la plus compliqué. On s’encorde, on se motive, et on démarre. On prend le rythme d’Emilien puisque c’est le plus lent et on avance pas après pas. A partir de la moitié, Emilien est essoufflé, en galère. J’essaie de le motiver, je lui dit que ca va le faire, qu’on va y arriver tous ensemble, à son rythme, qu’il gère. Il s’énerve et nous dit de pas lui mettre la pression. Okay okay, j’essayais juste d’aider. Avec Oscar on est un peu saoulé, il marche vraiment deux fois moins vite que nous. Il fait ce qu’il peut, mais c’est vrai que c’est pas facile pour nous d’être sur les freins et marcher lentement alors qu’il fait -5°C. On a juste envie de tracer et que la montée se termine le plus vite possible. C’est plus fatiguant d’attendre que de monter vite des fois. Mais on est une cordée, on est la pour monter ensemble, alors on prend notre mal en patience et on ne dit plus rien. Emilien nous dit h24 que c’est dur, on fait nombre de pauses.
Sur le chemin, on passe sur un pont de glace au dessus d’une crevasse, c’est assez impressionnant. Le paysage est hyper beau. au fur et à mesure que le jour se lève et qu’on monte en altitude, cela devient de plus en plus incroyable.
A 7h du matin, après 5h30 de marche continue, il ne nous reste que 200m de dénivelé mais on est en galère. On est à plus de 5500m et Emilien parle de rebrousser chemin. Oscar le motive en disant qu’on va « juste sur ce promontoir », puis « juste sur ce promontoir » et enfin « juste sur ce promontoir ». C’est un peu frustrant parceque le Pisco c’est des marches de 50m, une à une, pendant 300m de dénivelé et on a l’impression que ca ne termine jamais, il y en a toujours une autre derrière. Au final, on arrive à monter jusqu’en haut. Ceci dit, on arrive un peu limite niveau horaire : dès que le soleil se lève, la neige fond et cela devient plus compliqué d’avancer et surtout c’est plus dangereux : on risque l’avalanche. C’est pour ca que les ascensions se font toujours de nuit. L’idée est d’arriver juste avant le lever du soleil, le regarder puis repartir sans perdre de temps.
On arrive un peu tard par rapport au moment prévu, du coup on ne reste pas trop longtemps. Je suis hyper heureux et un peu frustré à la fois : 7h d’ascension pour rester 15minutes devant le plus beau paysage qu’il m’ait été donné de voir. En effet, le Pisco offre l’un des plus beaux panoramas des Andes et le plus beau de la région. C’est absolument incroyable. On a pas envie de déclencher une avalanche ou de faire de connerie. On redescend donc.
Passons sur le fait que les états-uniens montent jusque 9h30 contre l’avis des guides, en plein soleil, avant de descendre en flèche à 10h en ski/snowboard. Faire ca à 10h du matin c’est juste de l’inconscience : les risques de lancer une avalanche sont présents et ils mettent tout le monde en danger. Mais je le disais déjà hier : ils ne s’arrêtent jamais de nous surprendre par leur connerie.
La descente se passe hyper bien, le paysage est sublime, le glacier est totalement immaculé et c’est magnifique. Emilien n’en peux plus, il titube, mais il est hyper content d’être arrivé au sommet. C’était pas toujours facile de monter avec lui, mais il faut reconnaitre qu’il est motivé et qu’il lâche rien.
On arrive dans la moraine, on se perd beaucoup moins de jour, puis on rentre au camp. On plie bagage en 30min et on fait 30min de pause. Emilien râle un peu parceque c’était intense et Oscar craque un coup, on ne lui doit rien et on est quand même partis tous les 3, on a passé 12h à l’attendre, alors ca va. Il avait pas le niveau, il a forcé pour le faire quand même, c’est pas notre faute. On descend en courant les 600m de dénivelé qui nous séparent de la route. Souvent le Pisco est fait en 3j en campant de nouveau avant de redescendre les 600m de dénivelés mais nous on trace, on voit pas trop l’intérêt de rester beaucoup plus longtemps, on a plus trop de bouffe et puis la compagnie des américains ne nous intéresse guère. Aujourd’hui on aura fait 1000m de dénivelé positif et 1600m de négatif, 14h de marche en haute montagne à 5000m. On arrive pour prendre le dernier collectivo à 17h avec seulement 15min d’avance. Une journée rondement menée.
On rentre à Huaraz harassés mais heureux. On prend une douche puis on se retrouve pour manger un burger avec jus d’ananas bien mérité.
C’était l’une des journées la plus longues, les plus fatigantes, les plus gratifiantes et avec le plus beau panorama ma vie. Malgré les moments de tensions, c’était une journée incroyable. Je dors comme un bébé.
Bilan : 210 soles soit 52.5€