Marque en commentaire combien de fautes d’orthographes (laissées par intérêt ludique) tu trouves.
Pour cet article, la chronologie explose. Eh oui, le temps est relatif. Eh oui, j’ai pas tenu les articles. Du coup je vais raconter mes souvenirs.
I) Découverte de Mayapur, ville sainte de taille moyenne.
Les premiers jours je fais du tourisme accompagné par Jeff.
On va se baigner dans le Ganges, c’est top. Il fait chaud, l’eau est bonne. Y en a beaucoup, ça me paraît difficile de sérieusement la polluer et comme dit Léo ça relativise notre Hidalgo qui se baigne dans la Seine. On a quand même trop râlé avant les JO.
En pratique, y a des marches qui descendent dans l’eau, ça permet aux indiens qui ne savent pas forcément nager de se tremper. Certains s’enduisent de boue, certains récupèrent l’eau (ça se vend en boutique aussi). Y a des bambous qui délimitent la baignade, on s’y accroche, c’est rigolo. Plus tard j’y rencontre 2 russes. En fait y en a partout. Ils m’expliquent que si la conscience de Krishna marche si bien en Russie, c’est que la vie y est dur. Ils se rendent très vite compte que cette philosophie de vie traditionnelle les rends plus heureux. Et quand t’as rien c’est plus simple de changer.
En Inde je m’appelle Arjun, c’est un héros hyper badass de la mythologie hindou. Enfaîte c’est mon quatrième prénom, ma mère me l’a donné en souvenir d’une histoire d’amour. C’est la classe pour visiter l’Inde, ça plaît beaucoup. Je porte aussi les vêtements traditionnels, dhoti et kurta. C’est aéré et agréable.
Compétence : superstar débloqué
Condition : être en Inde
Effet : locaux sympa
Malus : les selfies ça va 5 minutes
On me fait aussi remarquer que je ressemble à Jésus qui visite des temples hindous.
J’apprends à manger avec mes mains. À 26 ans, c’est caucasse. J’imagine mon ancêtre sapiens me dire « tu sais couper 1 million de volts mais pas manger avec tes mains ?! Intelligente la descendance ». Les indiens disent qu’ils goûtent d’abord avec les doigts. Ça évite aussi de se brûler la langue. Ça développe la dextérité, pratique pour le piano. Eh pis juste j’aime bien manger avec mains. On est pied nu souvent aussi, j’adore. Je remarque que les orteils des indiens ne sont pas atrophiés par les chaussures.
J’ai eu 2 massages Ayurvedic de 10 minutes, une séance de torture, mais qui soulage mon bassin. La joie du médecin quand je lui ai dit que je voulais un massage « chouette un nouveau jouet ». Le gars fait tourner le business : on entre pour quelque chose, il te prend le poul, te dit t’es malade, te refile des médocs ou te fait un massage de 10 minutes et faut que tu reviennes 10 fois. Faut négocier ici.
La nuit il y a des lucioles, ça créé des étoiles dans les arbres, c’est magique. Ça me rappelle les planctons luminescents à Porquerolle. Avec Léo, on créait des étoiles dans la mer.
Dans la première semaine je fais mon programme pour les 3 : 2 semaines de tourisme spirituelle à Mayapur dans le Nord Est. 3 semaines de cure Ayurvedic (médecine védique) dans le Sud, 1 mois de yoga dans l’himalaya. Et je vais essayer de caler 10 jours de méditation vipassana (10 jours de silence, c’est du lourd). Programme solide. C’est bon, je me sens à l’aise dans mon voyage.
II) L’ashram (traduction abri)
Dans la campagne je m’incruste dans un projet de village de culture védique. Y a des cours de culture védique, un guru et ses disciples, des travailleurs indiens, de très jolies petites cérémonies. Ça me permet d’observer un guru et la relation disciple-guru.
Le guru est un canadien qui est devenu moine y a 50 ans. Il a perdu une jambe en défendant un temple lors d’une attaque de pilleurs. Un moine qui attaque avec des pierres des bandits armés. Courageux le bonhomme. Il a 78 ans, il fait beaucoup de blagues, il rit beaucoup, il trouve toujours une manière non blessante pour corriger ses disciples, très humble. Il a renoncé aux plaisirs de la vie. Il a un projet : développer un mode de vie rural suivant le varnashram dharma (l’idée est que l’on doit faire la tâche propre à notre nature, la difficulté est de découvrir notre nature, y a eu pas mal de cours sur le sujet). Il me donne l’impression d’un chef de village sage. Ses disciples l’aiment, adhérent au projet. C’est pour ça qu’ils l’aident, et aussi pour apprendre de sa sagesse.
Je vais passer 9 jours avec eux. Je suis très bien accueilli, nourri, logé et on me prête une bicyclette. En échange je donne un coup de main. En réalité pas grand chose, ça doit tourner autour de 2h par jour (vaisselle, nettoyage, peindre des tuiles). C’est top je bosse avec des indiens, des moines et des pas moines. Y a aussi un kazakh, très sympa, on devient ami. Et deux togolais. L’ambiance est paisible.
Elle va me permettre de visiter les villages alentours. Y a des vaches, des chèvres, des poules partout. Quand je rentre dans les rues, toutes les femmes sortent des maisons et me suivent, curieuses mais à distance. Les hommes sont au champ j’imagine.
Samedi 9/11 je rencontre un sage français de 80 ans spécialisé dans la médecine. Il ne mange plus que des jus de pastèque. Le papi est plus souple et plus dynamique que moi.
Mercredi 12/11 je fais un jeun sec. J’ai pas mangé, pas bu pendant 34h. C’est pas si dur d’un point de vue physiologique. Je ne souffre pas de la faim ni de la soif. Mon rythme diminue. Ça me rappelle l’ascension des 6 000m avec Léo, il suffit d’adopter le bon rythme et ça avance sans efforts. J’ai trouvé ce rythme, stable et paisible, je suis plus confiant, je m’affirme plus qu’à l’ordinaire. Va falloir renouveler l’expérience pour creuser l’étude. En revanche, du point de vue émotionnel c’est plus difficile. Il y a le manque de satisfaction qu’apporte un bon repas. Le déroulement de la journée est perturbé par le manque de pause repas. Le lendemain en revanche je suis moins avenant que d’habitude, une partie colérique de moi ressort, il faut que je peigne des tuiles mais ça me plaît pas.
Samedi 16/11
Il y a un yagya (cérémonie du feu). Le rituel fait naître des émotions particulières. Ça me rappelle les feux de camp avec les copains mais codifié. Impressionnant, magnifique.
Conclusion sur Mayapur :
Depuis 1 an et demi je fréquente L’ISKCON. J’ai pas mal été sur la défensive, est-ce une dérive sectaire ? Est-ce fanatique ? Toute cette culture est très loin de moi. Est-ce que Dieu existe ? Je ne suis pas compétent pour parler de Dieu dans cet article. Je n’ai pas vu de dérive sectaire, j’ai vu quelques choses de très proche du christianisme de chez nous. J’ai vu énormément de profils de pratiquant différents, c’est à notre volonté. Ils mettent en garde contre le fanatisme. Individuellement, il peut y avoir des comportements fanatiques. Ce mouvement regroupe énormément de nationalité. Y a un pouvoir de conciliation des peuples en faisant peindre des tuiles à des indiens, des togolais, un français et un kazakh. Le mouvement est très ouverts mais l’ouverture dépend des personnes. J’ai entendu une personne justifier des propos homophobes et pourtant le temple le plus important est dirigé par un couple homosexuel. Finalement comme toute institution y a du bon et du mauvais. Ce que j’y trouve est une philosophie qui donne un processus pour être heureux à l’intérieur. J’ai vu les résultats sur plusieurs pratiquants. Ils sont beaux d’une certaine pureté. Et surprenament, j’y retrouve mes envies de vivre simplement, en communauté, proche de la nature, de faire de la musique dans la rue, de voyager. Le peu que j’ai pratiqué me procure déjà des résultats satisfaisant sur ma connaissance de moi.
20 exactement !
Wouhouu ça a l’air si riche et inspirant ! Après tout ce temps finalement, l’indéla. T’as l’air sacrément heureux 😀
Et que de belles images !
Par contre cette vache a l’air quand même bien famélique…
Et, et, dis, pourquoi le maître d’école est assis par terre à coté de la chaise ?