6 mars 2025
Hier soir, on s’est prit une nuit dans un motel pour se laver, nous et nos chaussettes. C’est très important de prendre soin de nos pieds en voyage. Il faut se laver les pieds autant que possible et changer de chaussettes tous les jours, quelle que soit l’endroit ou la situation de merde dans laquelle on se trouve.
On se réveille au motel. On prend un peu de temps pour planifier la suite et prendre un gros ptit dej. Notre programme pour les jours à venir : marcher dans la montagne et profiter un peu de la nature. On l’aurait bien fait dans un parc en Californie, mais il y fait fort froid en cette saison alors on préfère rester en Arizona au soleil.
Comme les transports en commun sont quasiment inexistants à Tucson, on prend un Uber pour aller au départ de la rando. Notre objectif, c’est de traverser le Mont Lemon, une belle montagne désertique au nord de la ville.
On passe l’aprèm à marcher dans les cactus et on arrive à un campement vers 18h. Ici, les aires de campement sont super bien aménagées. Il y a des armoires pour protéger sa nourriture des ours, des barbec en acier pour faire son feu sans cramer toute la montagne, des beau parkings pour garer son RV sans écraser les écureuils. Les sentiers sont également très bien entretenus, on voit qu’il y a des moyens.


Au campement, il n’y a pas foule. Pour autant, on mec vient vers nous pour discuter. Il est chauve avec une barbiche, un air curieux et malin, un peu m’enfoutiste, pas très expressif. J’entends vite un bon accent allemand. C’est Rolph, notre ami pour la soirée !
Le bonhomme a passé 20 ans en Chine, il est bilingue. Il est vendeur aux US pour une société chinoise. Il est tranquille, il ne croule pas sous le travail et il aime profiter de la vie. Il est assez perfectionniste aussi. Le soir, il nous offre des burgers. Il les façonne de façon parfaitement méthodique et on doit bien dire que c’était vraiment délicieux. Il nous file un peu d’herbe aussi, bien assez pour être contents pour la soirée. On discute beaucoup. Finalement, il nous offre de nous emmener au sommet de la montagne le lendemain matin.
7 mars 2025
On dort bien. Le matin, on plie la tente vers 9h. Et il se met à neiger. Heureusement, c’est du grésil et ça fait pas vraiment d’épaisseur. Alors on va se réfugier dans le camion de Rolph. Il nous offre le café en attendant que la neige se calme pour monter la route. On discute encore. Le bonhomme est étonnant, il n’a pas l’air d’avoir tellement d’attaches, ni de croyance. Pour autant, il est assez matérialiste. Il a plein de gadgets, ppur faire le meilleur café, pour faire le meilleur burger, etc. Je crois qu’il nous aide parce qu’on le fait marrer avec notre façon de voyager et aussi parce qu’on brise sa solitude.
Finalement, il nous dépose vers midi sur la route, sans nous avancer tellement. La route est très verglassée et il n’est pas à l’aise pour conduire dessus. Alors on continue à pied. On avance tranquillement en profitant de la vue. À un point de vue, un pickup s’arrête et le conducteur prend une photo. On lui demande si on peut monter dans la benne et il accepte. Et c’est comme ça qu’on fait les quelques km qui nous séparent de la fin de la route : le village de Summerhaven. C’est une petite station de ski avec des lodges en bois et une ambiance cosy. On y fait quelques courses et on mange avant d’entamer la descente.


La descente se fait sur un sentier enneigé sur la trentaine de km qui nous sépare de la petite ville d’Oracle. Peut avant la nuit, dans un vallon enneigé, on tombe sur une petite cabane de chercheur d’or. Elle est crade et pas entretenue, il manque une fenêtre. Mais tout le matériel du petit chercheur d’or est là : pelle, pan, tamis, même une masse et une barre a mine !
Bien décidés à dormir dans ce fourbis, on passe une bonne heure à nettoyers, balayer, réparer. Alexis trouve une taule pour fermer la fenêtre manquante, je fais un loquet pour la porte avec du file de fer. Enfin, on va chercher du bois pour passer une nuit presque au chaud dans notre cabane presque propre.
Et on passe la soirée comme ça, tranquilles. On avait prévu de faire plein de choses pensant nos soirées de voyage. Progresser en musique, écrire ou apprendre des chansons, lire des bouquins, écrire des articles. Mais au final, on passe l’essentiel de notre temps à discuter. On parle de la suite du voyage, de ce qu’on a vu et vécu jusque là, on parle de livres, de nos amis, de filles, de notre vie, de ce qu’on veut faire dans les années à venir. Et quand on est fatigués, on va dormir. En voyage, je m’endors toujours très vite et je dors souvent très bien, avec ou sans matelas, avec ou sans lumière, avec ou sans bruit. C’est mon don, je trouve ça bien pratique.

8 mars 2025
On part vers 8h et on marche jusqu’au village de Oracle, on arrive à 15h. Pendant la descente, je découvre une façon de marcher qui semble supprimer ma douleur au genou. J’ai l’espoir d’avoir vaincu ma tendinite.



Oracle est un village étalé sur une colline au milieu du désert. C’est une ancienne région minière, sans grand intérêt. On s’enfile une pizza chacun dans le commerce local et on fait du stop pour redescendre vers Tucson.
Après une petite heure d’attente, on est prit par deux filles : Sofie et Sofia. Elles ont notre âge et viennent du Minnesota. Elles ont un bon niveau d’éducation et viennent de familles aisée. Sofie est carrément bilingue en Français ! On discute pas mal et finalement, non seulement elles nous ramènent à Tucson mais en plus, on va au bar pour goûter un fameux cocktail local à base de cactus.
Les deux filles viennent d’un milieu aisé, ont beaucoup voyagé et travaillent maintenant dans la santé. Le business de la santé aux states, c’est très spécial. C’est plein de consultants et de vendeurs, de gens qui ne soignent pas mais qui optimisent les profits. C’est ça leur job. Au fond, c’est ces filles sympas et ouvertes sur le monde aui participent à rendre ce pays puant. Ça me brûle les lèvres d’avoir leur avis là dessus, mais je me retiens pour simplement profiter du moment. À la place, on les fait voyager à travers leur pays avec nos histoires de voyages.
Vers 21h, on les laisse en plan parce que l’aventure nous appelle : on veut reprendre le train pour continuer vers l’Ouest, vers la Californie !