Après New York, j’ai décidé d’aller passer le nouvel an à Boston, en bus. Ou plutôt je me suis laissé convaincre par tous ces gens qui m’ont vanté des prix dérisoires et une durée « presque pareille que le train ». Aïe aïe aïe, terrible erreur: je l’ai vite regetté.Le prix, c’est vrai, 28$ contre 103$ minimum en train, donc 3 fois moins cher quand même, mais c’est bien le seul avantage, et on en a pour son argent. Le trajet a duré 7 heures au lieu des 5 annoncées, on est partis en retard, il fallait attendre debout, et même une fois assis, et bien c’est plus petit qu’un Flix bus. Pas de cale-pieds, mon genou gauche tape dans un porte gobelet, et mon genou droit sans une poignée bien inutile et surtout bien dure. Un régal ! Il n’y a pas de doutes, je me fais vieux, arf.
Ah et parlons de la gare des bus de New York aussi. Elle est digne des meilleurs albums de « Où est Charlie », avec Charlie déguisé en porte d’embarquement numéro 86. Il faut parcourir les multiples étages, couloirs et escalators pour réussir à le trouver.
C’est un peu comme en Bolivie d’ailleurs, avec un espace d’attente central cerné par tous les guichets des compagnies de bus. Il y en a plein, et beaucoup de compagnies ne desservent que quelques destinations. En fait je dis que c’est comme en Bolivie, mais en réalité, la gare routière est beaucoup, beaucoup plus grande que toutes celles que j’ai pu voir jusqu’ici, avec sa centaine de portes d’embarquement par étage et des six étages. J’ai même failli me perdre et rater mon bus juste parce que je suis entré du mauvais côté du bâtiment, mais heureusement, il était en retard ! Ouf !
Me voilà donc à Boston, ancien haut lieu de l’industrie baleinière, pour un complet changement d’ambiance !
La ville est construite autour d’un port, il y a des parcs, des bâtiments historiques, le centre ville est grande partie piéton, ça change et c’est très agréable. Pour le nouvel an, la ville organise des feux d’artifices, un défilé et un concert et de nombreuses petites animations. Il y a largement de quoi faire, et j’en profite avec les gens de l’auberge de jeunesse. Celle-ci est intéressante: le petit déjeuner est inclus avec la nuit, pour tout le monde, de 8 à 10h. Résultat : tout le monde se croise au petit dej ! C’est super pour faire connaissance et sortir ensuite à plusieurs.
Quelques éléments mémorables:
Institutions
La visite de la State House of Massachussets (chaque état des États-Unis possède son propre parlement). C’était la prestation de serment de nouveaux élus au Governor’s Council du Massachusettsn, séance publique.
Assister aux audiences du tribunal, c’est comme dans les films, avec les officiers de police en chemise blanche, les drapeaux américains, les serments sur la bible etc… Mais c’est ici que le fun s’arrête, dans la salle tout est calme, sérieux. Le témoignage de cette femme qui s’est faite tirer dessus par cet homme est glaçant. Était-ce son mari ? Peut être… Ce pays est violent, la plupart des audiences impliquaient des armes à feu, à part un prévenu, plus terrible encore. Un pédophile costard cravate et bien propre sur lui, super flippant. À noter aussi: il y a 5-6 fois plus de faits divers aux USA qu’en France. Dans mon entourage au boulot, tout le monde connait au moins une personne qui a été victime d’un fait divers fatal: violence avec arme ou drogue par exemple. »le fils d’untel a fait une overdose », « une de mes ex de l’université vient d’être tuée par son mari », « j’ai grandi chez ma tente car mon père a assassiné ma mère quand j’étais petit » ou encore « une de mes connaissances a été tuée sur le parking d’une station essence et les gars ont volé sa caisse ». Toutes ces phrases m’ont été dites par des collègues au travail, et c’est frappant comme ces faits divers sont considérés comme sinon normaux habituels. Est-ce que vous connaissez beaucoup d’histoires de faits divers dans le genre en France ? Moi pas personnellement, on en entend dans les journaux, mais leur nombre est bien moindre.
En tout cas, que ce soit au tribunal ou à la state house, les gens étaient heureux de montrer leurs institutions et d’expliquer leur fonctionnement, un élu à côté de qui j’étais assis au parlement, et puis l’officier de police du tribunal qui venait nous expliquer les détails des audiences.
Gangsters ?
L’affaire Sacco et Vanzetti: deux anarchistes arrêtés à Boston dans les années 20 pour un crime qu’ils n’avaient pas commis puis exécutés sept ans plus tard au terme d’un procès au retentissement internationnal. Il n’y avait pas vraiment de preuves claires, mais leurs origines et leurs idées politiques faisaient d’eux des coupables idéaux. Au final, ni culpabilité ni innocence n’ont été établies officiellement et ils seront finalement réhabilités 50 ans après leur mort par le gouverneur du Massachusetts.
Chaises roulantes
L’hopital: un spectacle terrible. Je suis passé à pied à proximité d’un hopital, et en fait, tout autour, des gens en fauteuil ou blessés, qui attendent. Manifestement très pauvres, il font la queue dans le froid à l’extérieur des bâtiments avant de recevoir des soins. Ils sont laissés pour compte.
Coquille de noix
L’USS Constitution : une frégate de la marine à voile américaine, lancée en 1797 et qui fait toujours patie de la flotte de l’armée américaine. En montant dedans, je repense à l’univers de la marine à voile, qui m’est quand même bien familier, alors que je n’ai jamais mis les pieds sur un grand voilier ancien. Il y a tellement de bouquins, de chansons, de films, jeux vidéos etc.. En fait tous les arts représentent ou ont représenté la marine, qui était en ces temps là d’une importance cruciale pour la société.
Tas de ferraille
Le métro de Boston: c’est un mélange entre un bus et un métro: plusieurs voitures eont attachées ensembles, mais on chacune un conducteur indépendant, et puis il n’y a pas de quai, on monte depuis le niveau des rails, comme en bus. Une drôle de curiosité.
Infiltration
La Custom House tower: un grand clocher avec une jolie vue sur le centre ville. En théorie c’est un hotêl, mais en pratique on peut se faufiler jusqu’en haut pour profiter de la vue ! Un œil avisé saura distinguer le reflet brouillé du clocher dans le gratte-ciel d’en face. !
Gobakôm
Pour le retour, j’ai pris un train direct vers Washington, l’Acela, TGV américain fabriqué par Alstom, et j’ai ensuite récupéré ma voiture pour rentrer à Hickory !
