Réveil pas trop tard, je vais prendre un café au centre ville. Je rentre et vais avec le guide pour visiter une fabrique de cigares.
On discute un peu sur le chemin. Le cigare c’est la spécialité d’Estelí. Ici 50% de la population travaille pour l’industrie du cigare. Les locaux ne fument pas : 95% est destiné à l’exportation, principalement aux USA. D’ailleurs les USA changent le packaging et vendent un peu en indirect en Europe. Il n’y a pas beaucoup de grosse fabrique ici, ce sont des dizaines de fabriqués artisanales. Dans celle que je visite, ils fabriquent 8000 cigares/jours. Le cœur du cigare est du tabac de la région mais la « capa » (couche qui enroule le cigare) vient d’autres pays : Équateur ou Mexique principalement.
Pour préparer le tabac il faut ramasser les feuilles, les faire sécher à 90%. Une fois quasi sèches on en fait une grosse balle qu’on entoure de cellophane. Le tabac fermente. Une fois par semaine il faut mélanger le tout pour que tout fermente correctement à une température de 60°C à cœur. La fermentation dure 1 an. Ça sent fort et ça pique le nez. Pour la « capa » on prend des feuilles plus fines et on les fait sécher encore plus. C’est pour ça que le tabac à l’intérieur et à l’extérieur ne vient pas du même endroit.
Ensuite 2 qualités de cigare : feuilles broyées ou feuilles entières. On trie les feuilles pour mettre celles de même qualité ensemble. Les feuilles complètes d’un côté, celles abîmée de l’autre pour les broyer. On a ensuite un homme qui vient rouler le cigare (plus physique) et une femme qui vient mettre la « capa » et fermer un côté du cigare (plus précis). L’homme à une machine dans laquelle il met une feuille quasi complète et des feuilles broyées. Il met ensuite le cigare dans un moule, coupe les bords et met dans une presse 20 minutes. On a ensuite la femme qui prend une « capa », l’étale bien et y met un peu de colle. Pour fermer le cigare ils utilisent de la colle à base de plante qui n’a pas d’odeur ni de goût. Tous travaillent en binôme. Dans la fabrique une vingtaine de binômes. Tout va vite, c’est du travail à la chaîne, ça sent fort le tabac. Le travail est un peu dur surtout vu la cadence mais le salaire est très bon : 350$/mois, le double du salaire minimum. C’est le salaire d’un ingénieur débutant ici.
Une fois le cigare fait : double contrôle qualité : à la main pour tous en les tapotant pour voir s’ils n’ont pas de nœuds. Ensuite contrôle en échantillon : 10%. Ils les passent dans une machine voir si la pression est bonne pour voir si l’air y passera bien.
Direction la salle d’emballage. Certains par lots dans des papiers journaux, d’autres à l’unité dans des plastiques, avec des étiquettes de couleur. Ce sont les mêmes cigares, juste le packaging change. Finalement la salle de stockage à température constante 16°C. En fait j’ai l’impression que les cigares c’est 50% tabac 50% marketing. Pleins de formes, de couleurs, d’emballages différents. Ca ne change rien mais ils ont une esthétique différente. La seule chose qui influe sur un cigare c’est le tabac mi dedans et la surface de braise.
Dans tout le processus de production, les échecs se font broyer et mélanger avec les cigares de seconde classe. Les cigares de première classe avec juste la « capa » foirée sont refait (enfin juste la capa).
Les cigares avec des feuilles complètes se consument mieux, de manière plus régulière et avec un goût plus homogène. Ça peut se voir lorsqu’on les fume : la cendre ne tombe pas mais reste sur le cigare longtemps. Autre point : si un cigare sent de loin c’est pas bon. L’odeur n’est pas forte normalement, ou alors il est de basse qualité.
Les travailleurs ont le droit de fumer les cigares autant qu’ils veulent. Le chef de la logistique a toujours un gros cigare en bouche, toute la journée. J’en fume un avec le guide, j’en prend un long mais surtout fin : moins de tabac simultanément donc moins fort. J’en achète deux petits de la taille de grosses cigarettes pour 0,5€ l’un. Les plus gros coûtent environ 3€.
La visite était vraiment intéressante. J’aurais dû demander au guide de me prendre en train de fumer haha mais je n’y ai pas pensé. C’est assez drôle à fumer. Ne pas avaler la fumer il faut juste crapoter. Je trouve que ça a un intérêt limité honnêtement. Après peut être que certains ont un goût plus fort. Par contre ça fait tourner la tête haha ! Comme une cigarette mais en plus fort. C’est pas spécialement agréable. Pas désagréable non plus.
Je rentre, déjeune (oui à midi haha) et je vais en bus à La Garnacha. C’est un village dans les montagnes, dans la réserve naturelle de Tikey. Le bus me pose, je marche et arrive. Je pose mon sac dans un coin et part marcher. La forêt ressemble beaucoup à une forêt de chez nous dans une région un peu sèche : beaucoup de pins. La balade est sympa. Je rentre au village et trouve une autre balade sur Maps.me avec une mare au bout, pourquoi pas ? Je marche 30min et je me dit, je marche pour une marre là c’est pas ouf 😂 et je me dit que « peor es nada » comme on dit en espagnol (c’est mieux que rien, littéralement (pire c’est rien)). Je marche et j’arrive devant un portail disant propriété privée. Bon, finalement, ce n’est pas mieux que rien puisque c’est rien…
Tant pis, je rentre, choppe mon sac et direction le mirador et le coucher de soleil 😍😍 je tombe sur 4 Nicaraguyen d’Estelí. Ils viennent ici tous les soirs après le travail fumer un joint devant le coucher de soleil. Et quel coucher de soleil encore 😮
On parle un peu, je dis que je voyage. L’un d’eux dit qu’il aimerait mais n’a pas les sous. L’autre rigole et répond que c’est une mentalité, un état d’esprit, plus qu’une question d’argent. Et que s’il dépensait moins en alcool, beuh et prostitution il aurait sûrement les moyens. Bon, je ne suis pas sûr d’avoir envie d’en savoir plus sur le dernier de ses postes de dépenses les plus importants. Ils partent et 3 familles d’américains arrivent. Ils se sont installés à Rivas une fois à la retraite pour être au soleil et au chaud.
Je retourne au village, mange un gallopinto, revient, monte la tente au calme. Une fois la tente bien montée et prêt à dormir : GROS VENT QUI SE LÈVE. Putain j’en ai marre de ce vent de merde. Je fait les 300m jusqu’au village avec la tente montée et le matos dedans et me pose dans un garage avec 3 murs et un toit. Pas de vent ici, impec. Je me couche enfin !
Bilan : 665 córdobas soit 17€