Réveil et j’apprend une nouvelle un poil déconcertante : mon prof de parachute, Hugues Orlianges, est décédé cette semaine. Je ne sais pas où ni les circonstances exactes. C’est David (un autre prof) qui m’a donné la nouvelle. La seule chose qu’il sait c’est que dernièrement Hugues faisait beaucoup de proximity flying. Le proximity flying c’est voler en wingsuit (la combinaison d’écureuil volant) le plus proche possible des rochers. Dans cette discipline, pas d’influence particulière des éléments naturels, seul le pilote fixe ses limites. À priori, dernièrement Hugues poussait ses limites de plus en plus, David me dit qu’il volait « très très près du sol ». Pour que David dise ça, c’est qu’il jouait vraiment à quelques centimètres de la montagne, lancé à quelques 200 km/h.
Hugues, c’était un type génial, c’est lui qui nous a fait faire nos premiers sauts avec Jules, lui qui nous a lâché. Toujours en short/T-shirt, pas de combinaison, pas de chaussures non plus, mais toujours un énorme sourire accroché aux lèvres. Tu peux avoir la peur de ta vie quand tu es dans l’avion à 4000m du sol et que c’est le moment de sauter, tu le regarde avec son sourire et ses yeux joueurs, tu oublie tout et tu saute comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Un mec passionné comme jamais j’en avais vu, qui à 35 ans vivait dans son van avec sa copine de spot en spot de base jump et wingsuit et qui faisait prof pour gagner l’argent dont il avait besoin pour vivre l’année. Je ne l’ai pas connu beaucoup mais je ne l’oublierai jamais c’est certain. C’est fou parceque techniquement on n’a pas fait grand chose ensemble, mais les émotions vécues sont tellement fortes que ça me touche beaucoup.
Selon David « un des derniers sauvages de notre sport, un Flyer naturel de génie avec un caractère bien à lui, il va nous manquer ».
J’en discute avec Jules et il a les mêmes sensations que moi. Hugues a vécu sa vie à fond, comme il la rêvait, il connaissait les risques et a terminé en faisant ce qui le faisait vibrer. C’est une mort noble et la plus belle qu’on pouvait lui souhaiter, remplie de passion et d’un peu de folie. Je terminerai sur cette citation de Lorage que j’aime beaucoup :
« Je me fais la promesse de vivre à fond mes rêves, même si ça implique que ma vie soit brève »
Lorage
Je me pose dans un café et écrit ces quelques lignes, les larmes aux yeux, ça me coûte. Une des serveuses voyant une ou deux perles dévaler mes joues m’offre un chocolat, adorable.
Je ressort, visite l’église et vais à l’auberge. Le gars me demande de bouger à l’autre auberge, je fais mon sac, monte sur la moto et c’est parti. En fait j’ai du changer pour cette nuit car tout est plein au centre ville. Jardin c’est un peu là où vont les gens de Medellín pour le week end. Je pose mes affaires et repart pour le centre, pose la moto puis marche pour la « cascade del amor ». Un peu déçu, elle est pas ouf, il y en a une pas loin non plus, je continue.
La porte est fermée et cela indique que c’est une propriété privée mais je vois 3 touristes à l’intérieur. Je leur demande comment ils sont entrés et m’ont dit que je pouvais sauter le portillon. Bon, on m’a souvent dit ça au Guatemala, de la part même des propriétaires, donc je le fais et me pose devant la cascade et mange.
Un vieux arrive avec 2 touristes colombiens et me dit que c’est une propriété privée. En fait les 3 touristes ont sauté le portillon sans rien demander alors qu’il y a un gros panneau « propriété privée ». Le gars me dit qu’il peut nous faire faire un tour pour 10 000 pesos, j’accepte évidemment. Les 3 autres eux s’en vont dans demander leur reste et sans chercher à comprendre. Franchement quel irrespect. Je fais donc le tour avec le gars, c’est surtout un long tunnel. Je lui demande d’où vient ce tunnel « il a été creusé pour en faire une attraction touristique ». Ah ! Beaucoup moins intéressant d’un coup. Le tour n’a pas d’intérêt.
Je rentre et regarde pour prendre les fameuses cabines sur câble pour traverser la vallée, malheureusement il faut être plusieurs, tant pis. Je retrouve la moto et part voir 2 cascades. Après 20min de moto sur pistes puis sur chemin je décide de m’arrêter et continuer à pied. Je suis tellement content d’avoir une enduro par contre, ça change tout. Dans la boue et les cailloux c’est bien mieux qu’une routière, aussi légère soit elle.
Ces deux cascades sont sur maps.me mais pas du tout touristiques, si bien que je termine au bout d’un petit chemin sur un prés de vaches, enfin de taureaux, enfin de bœufs je crois. Bref, je suis au bout du chemin, dans une vallée entourée de montagnes. La cascade est sympa, je m’y pose un peu et y boit de l’eau. Elle s’appelle « La France » d’après le GPS. Un oiseau construit son nid sur une branche.
Je vais dans le prés et regarde le paysage, c’est vraiment époustouflant. Les montagnes, le relief, la verdure, les vaches sur les pentes raides, les vachers à cheval. Pittoresque.
Je fais demi tour et repart en moto. Un berger allemand me course et m’aboie dessus. Franchement il me fait flipper, s’il me choppe un mollet je tombe et non seulement je me fait mal en tombant mais il me croque un mollet. Il court plus vite que la vitesse à laquelle je peux aller en plus. Bon, ça passe.
Je m’arrête sur un nouveau point de vue :
Je termine par le mirador « Christo Rey ». Je pensais à un simple mirador mais c’est un bar restaurant, je prend à boire un truc inconnu et pas mal. On a une vue superbe sur toute la vallée, le village et les montagnes environnantes. Je me prend à manger aussi du coup : poulet avec sauce aux fruits rouges. C’est vraiment super bon ! Le vue sur Jardin est vraiment belle, de nuit également.
Il se met à pleuvoir un tout petit peu et des éclairs fendent le ciel à l’horizon, je rentre au centre ville. Je fais le tour de la place et des bars pour trouver qqun avec qui faire connaissance. Le problème c’est qu’un tiers des gens sont des familles, la moitié des couples et le reste des groupes d’amis de tous âges. Ça me laisse donc environ 1 groupe sur 10 avec lequel je peut discuter. En plus ici c’est tout en terrasse, bien installé. Je me vois mal ramener une chaise et m’incruster dans un groupe assis. Dans les bars de León c’était plus simple : les gens étaient debouts, si ça marche c’est bon, si ça marche pas tu vas voir un autre groupe c’est pas gênant. Bref, après avoir fait 3 fois le tour de la place je rentre.
Je discute avec les gens de l’hostel. Pas grand chose à dire. J’apprend que je n’ai aucun accent espagnol, à priori impossible de savoir que je suis français. Ce me fait plaisir j’avoue! On me l’avait déjà dit mais c’est cool. Par contre en anglais on me capte beaucoup plus haha ! Mais normal, je n’ai jamais pratiqué plus que ça mon anglais.
PS : j’ai fait le plein et la moto consomme 3,5L/100, ce qui est très raisonnable. J’ai une autonomie de 220kms. Avec ma Z650 je consommais 4,2L/100 et avait 350kms d’autonomie. Mais je roulait à 100-130 au lieu de 60-70, normal de consommer plus.
Bilan : 105 000 soit 25€