Je me réveille et vais à l’atelier à la première heure. Ils ne sont pas là, tient, surprenant. Je pose les pièces et rentre. J’écris en attendant. 1h30 plus tard il m’appelle : le mec qui m’a vendu les joints de la moto pour la remonter m’a donné les mauvais. Putain j’en ai marre des colombiens. Le mec avait UN travail à faire, me donner les bons joints. Bref, on retourne à la boutique et on prend les bons.
Je rentre, il me dit qu’il m’appellera quand ça sera bon. J’attend, j’écris, avec Alexis on s’appelle. Il me parle des billets d’avion pour la Bolivie et bientôt de la vraie raison pour laquelle il m’appelle : il veut monter sa boîte avec moi.
L’idée c’est des bateau monocoque en bio-composite. En fait à l’heure actuelle les monocoques sont en composite classique dont non recyclable et très instables même si bons techniquement. En fait c’est des bateaux super bons pour la compétition mais pas adaptés du tout à l’apprentissage, du coup pas grand monde les utilise et c’est dommage. Il y a un vrai marché là dessus et ça intéresse grandement les centres de voile pour apprendre aux débutants. En fait à l’heure actuelle les gens apprennent sur catamaran car c’est plus simple et plus stable, cependant la progression s’arrête rapidement dûe au bateau. Sur les monocoques c’est l’inverse, super dur au début mais après tu peux faire des trucs super ouf. Du coup l’idée c’est de faire un monocoque simple d’utilisation.
Pourquoi ça n’a jamais été fait ? Parce qu’en compétition il n’y a qu’un seul type de bateau accepté, que c’est un marché de niche et que personne ne s’y est penché de manière sérieuse (à priori).
Plusieurs questions se posent : pourquoi le fabriquant du monocoque déjà existant n’a pas créé ce bateau ? Est ce qu’il n’y a vraiment personne qui a sorti un proto ou un truc déjà ? Est ce que c’est pas juste compliqué et donc personne n’a vraiment réussis ?
Ce qui fait croire à Alexis qu’il y a du potentiel sont les éléments suivants : il est en contact avec des ingénieurs dans le naval qui ont déjà fait une CAO de ce bateau et ils vont voir comment ils font pour les droits, mais la Cao est impec. Les ingénieurs sont pas allés plus loin parce qu’ils se sont intéressé à faire fonctionner l’entreprise et donc faire des travaux rémunérateurs plutôt que se lancer dans ce projet : manque d’audace et d’engagement. Mais du coup la Cao c’est des mecs dont c’est le travail qui l’ont fait. Après, ils ont appelés pleins de clubs qui se sont dit super intéressés par ce bateau pour combler un manque. Finalement ce qu’il fait actuellement c’est la filière entreprenariat de l’insa et avec son équipe ils sont suivi de près par le directeur de la filière qui croit grandement en ce projet. Le proto de cet été va coûter 20 000€, le directeur lui a dit avec beaucoup d’assurance « t’inquiète, je vais te trouver 10 000€ de subventions et 10 000€ d’investisseurs, les sous c’est pas un problème ».
Bref, un nouvel échantillon de tapisserie dans les mains. Ils est pas mal celui là, il me parle, il a quelques paillettes. Cependant, il est assez contraire avec mes idées de ces derniers temps, mes idées de liberté. C’est génial l’entreprenariat et de travailler pour soit même sur un sujet passionnant. Mais c’est un truc dans lequel il faut se mettre à fond. Et je me connaît, je connais Alexis, on sera à fond, travailler le temps qu’il faudra, 50-60h/semaine sans souci et avec plaisir. Mais du coup c’est s’enfermer, c’est dire adieu à la liberté de parcourir le monde. Si ça ne marche pas, ça aura été intéressant mais énergivore. Si ça marche, ça veut dire continuer de travailler à fond pendant un moment avant que l’entreprise n’ai un rythme de croisière, qu’elle soit vendable ou mieux gérable par quelqu’un d’autre pour nous dégager du temps à nous.
Alexis sait très bien pourquoi il m’en a parlé, en plus de s’entendre super bien (c’est sûrement la personne avec laquelle on se comprend le mieux sans se parler et quand on se met dans un truc c’est à fond) on avait déjà parlé de ça : monter une entreprise. Il y a un moment je voulais faire mon diplôme en école de commerce pour ça d’ailleurs, j’ai beaucoup hésité entre management de projet (que j’ai pris) et entreprenariat.
Mais voilà, l’entreprenariat c’est une aventure incroyable, je le sais, et c’est pour ça que ça m’intéresse. Mais ça n’est pas compatible avec l’aventure du voyage. Il faudra faire des choix. Avant de partir j’aurais sûrement priorisé l’entreprenariat. Maintenant je priorise de plus en plus le voyage. Maintenant qui sait ?
Je ne suis pas quelqu’un qui vit les choses à moitié, j’ai besoin d’intensité, de vie, d’engagement. Ce sont deux chemins diamétralements opposés mais qui me plaisent tous les deux pour ces raisons.
J’ai vu des voyageurs se sentir seuls, j’ai vu des entrepreneurs regretter de ne pas avoir pris plus de temps pour eux. J’ai vu des voyageurs où des entrepreneurs heureux comme jamais. Comme j’en parlais ces derniers jours : il n’y a pas un chemin meilleur que l’autre. Il faudra choisir un échantillon et faire tapisser ma vie avec.
Bref, j’écris, je publie, j’attend le mécano. Au bout d’un moment ça me gave, je vais le voir. Quand j’arrive il est parti essayer la moto, je discute donc avec les mecs de l’atelier qui sont super cools. Ils prennent mon insta pour suivre mon voyage. Après 30min, Arley (le mécano) revient. Il me dit que tout est bon. Je paie et rentre bien content : ça va être un peu juste mais je vais pouvoir arriver avant la pluie.
En roulant je me rend compte d’un souci : la seconde ne passe pas. Enfin du moins, pas correctement. Des fois elle passe, quand j’y vais vraiment en douceur, mais si je la passe un poil fort (même normalement en fait) elle ne passe pas. Je retourne à l’atelier, il m’a dit que tout était bon, il a bien vu que ça passait pas en la testant ! Putain ! Il repart faire un tour 20min (jsp pq il a eu besoin de 20min d’ailleurs hein…) et rentre. Il me dit qu’en effet, il a oublié de changer une pièce. MAIS PUTAIN, Y’A 10 PIÈCES DANS CETTE MOTO COMMENT T’AS PU EN OUBLIER UNE ? Bref, il re-desarme la moto… On va voir pour les pièces mais le magasin les a pas. Bordel. J’ai l’impression qu’ils disent que dans le paquet de marque AKT il y a tout mais qu’ils m’ont vendu une copie ces cons, et dans ce cas il manquait cette pièce qui n’est théoriquement pas obligatoire à changer mais ultra recommandé. Bref… C’est la merde. On passe chez AKT, ils ont des pièces mais pas tout… Le mécano me dit qu’on verra demain matin, ce soir il finit de désarmer la moto.
J’en ai ras le cul. Ça suffit quoi… En plus il m’avait parlé d’une pièce une fois, en vérifiant je vois que c’était elle. Mais comme il avait traduit en anglais approximatif, qu’il n’en a jamais reparlé même si j’avais bien insisté avant de partir à Medellín pour savoir s’il n’oubliait rien, ben j’ai un peu oublié ça, c’est lui le mécano, pas moi putain. Il faut tout vérifier ici c’est un enfer. Ils font un travail il faut le refaire derrière c’est fou… Alors que Arley en vrai il est carré pour un Colombien… J’imagine même pas avec un mécano pas ouf… Laisse tomber, la moto est à l’arrêt 1 mois pour des vis jsuis sûr. Ils savent pas travailler ici.
Le pire c’est que ça le fait chier aussi, il a tout démonter et va remonter gratos vu que c’est son erreur et qu’il l’a reconnu.
Je rentre, ça m’a vraiment gavé je suis nerveux là, j’ai besoin de bouger : je vais dans la piscine et nage un bon moment. Je me prend ensuite un burger, écrit puis regarde le film « carnets de voyage » : l’histoire du voyage de Ernesto Guevara de Buenos Aires jusque Leticia en Colombie. Mais la aussi, galère : canal à les droits de diffusion en Europe mais pas ici donc il faut que j’utilise un VPN pour qu’ils pensent que je suis en Europe. C’est un film en espagnol, avec des acteurs Argentins. Canal disait qu’il était en VO, parfait ! Sauf qu’en vrai pas du tout, il est en français et en anglais mais pas en espagnol. Putain ça me gave ça aussi, je voulais le regarder en espagnol moi ! Pas à une vieille traduction en français !
Bilan : 70 500 pesos soit 17€20 + 240 000 pesos soit 58€ de moto
sympa le film carnets de voyages !