Le voyage de Marty, Sapzurro #jour218

Réveil sous la pluie. J’ai grave la flemme de sortir de mon abris Haha ! Je me lève quand même, me douche et me pose à l’entrée de l’hostel pour écrire. Je passe 2h à écrire et à discuter avec Manue en même temps. En vrai c’est pas possible, le fait de parler ensemble j’avance pas et j’ai pas l’impression d’être à Sapzurro mais d’être encore à moitié à Rincon. Ça me dérange pas de parler un peu mais la c’est trop. Je lui dit et elle comprend sans souci, cool.

Je mange et me pose pendant 2h de plus au bord de l’eau pour écrire. Je vais voir deux hommes qui jouent à un jeu : les petits chevaux. Ils prennent ça super au sérieux, ça rigole pas du tout les petits chevaux ici ! Je me promène et retourne sur la jolie plage du début, me pose et réfléchis.

Un hôtel stylé !

Je vais essayer de rendre la réflexion la plus claire possible mais c’est pas facile haha. En fait faire les principaux choix de sa vie c’est comme aller chez le tapissier pour choisir son papier peint. Un papier peint qu’on va voir tous les jours donc ça met un peu la pression. Le tapissier il a 10 papiers peints, on en choisi un et on est content, c’est celui qui nous plaît. Puis ensuite on nous dit d’aller voir à Mondial Tissu. On voyage et on se rend compte qu’en face de nous il n’y a plus 10 papiers peints parmi lesquels choisir mais un mur de 4 m de haut et 30 de long. Mais il faut toujours en choisir un. Et il faut faire un choix de vie en connaissant maintenant tout ça. Alors on prend des échantillons de tous ceux qui plaisent et il reste 100 échantillons. On se force à en choisir 10 parmi les 100, parfois avec des pseudo vrais raisons (on se convainc qu’elles en sont), parfois complètement arbitrairement. Et on se force encore à en choisir juste un. Mais la réalité c’est que les 100 nous plaisent et que les raisons évoqués ne sont dépendantes que de notre état émotionnel et notre envie au moment présent. On cherche à répondre à une question qui n’a pas de réponse.

Une fois cette décision, en réalité temporaire, prise, on rencontre une nouvelle personne, une nouvelle possibilité de vie, un nouveau papier peint. On l’ajoute alors dans notre groupe d’échantillon. Au bout de 2-3 personnes de plus rencontrées, on se dit qu’il faudrait peut être revoir la sélection des 10 meilleurs papiers peints. Et là, la sélection change, en fonction de l’envie et de l’état émotionnel du moment. Certains sont identiques, d’autres sont différents. On cherche juste des réponses rassurantes à des questions irrésolvables. Et ce petit jeu dure, à chaque nouvelle rencontre, un nouvel échantillon de papier peint. En réalité, il faut choisir un des 100, des 110 ou des 120. Choisir c’est renoncer mais ne pas choisir c’est renoncer à tout et finir avec un mur en béton dans sa chambre, pas mieux au final.

En plus, un papier peint ça se change, si le choix d’aujourd’hui est vraiment différent de celui de dans 10 ans ce n’est pas si grave. Cependant, quand il faudra le changer, lequel prendre pour remplacer ? Les mêmes questions sans réponse se reposeront.

Mais au final, le papier peint, une fois mis dans la chambre, on s’y habitue et on l’oublie. La vraie richesse de la vie c’est un tout, c’est le papier peint, mais aussi toutes les décorations annexes, les tableaux, les habitants, le bureau, la lampe. Ainsi, peut importe le papier peint choisi parmi les 100 qui nous plaisent, en réalité il y a très peu de chance qu’un soit mieux qu’un autre, chacun aura ses réussites et ses échecs. Le papier peint sera surtout entouré par tout le reste qui est pas mal indépendant de ce dernier au final de l’éternelle question « Qu’est ce que je fais de ma vie ? ».

Les filles m’ont fait grave me reposer des questions, j’avais appris à pas me poser de questions et accepter mais là c’est bon c’est reparti haha !

Ça me fait penser que plusieurs personnes dans plusieurs pays d’Amérique centrale m’ont dit la même chose : les gens les plus heureux sont les pêcheurs. Ils n’ont qu’un seul papier peint dès le début, pas de choix à faire, pas de casse tête. Avec le poisson qu’ils pêchent ils peuvent vivre sans se poser de question, sans stress, tranquillement, au rythme des vagues. La seule chose qu’ils ont à payer en plus c’est leur bière. Tant qu’ils ont l’argent de se payer leurs bières ils sont content et voilà. Et un bonheur super simple et sans question, puisque de toute façon la réponse cette fois ci est évidente, il n’y a pas d’options.

Avec Estelle et Manue, je pense qu’on y a tous réfléchis, on sait ce qu’il faut faire (prendre une décision arbitraire parfois et accepter) mais on est incapable de le faire, donc on retourne le problème dans tous les sens pour essayer d’y trouver une autre option.

Finalement, on dit que le voyage ouvre l’esprit et je suis parti aussi en me disant que je vais me trouver et que ça va m’aider à savoir ce que je veux vraiment faire de ma vie. Terrible erreur. En voyage on rencontre des gens super intéressants, et pleins, on ajoute pleins d’échantillons de papier peints à notre sélection qui devient de plus en plus grande et le choix de plus en plus dur.

Pour une fois, pas besoin de fumer pour réfléchir haha ! Ça me fait quand même plaisir de voir toutes ces âmes perdues avec moi comme c’était le cas à Rincón avec Jérémie aussi. Vraiment un bon groupe haha 😂

Je rentre, mange de la bouffe rapide : saucisse et patate sur le ponton avec une bière ou deux. 2-3 jeunes mais toujours pas avenants, les vieux toujours sur leur table avec leur musique trop forte, je rentre.

Je prend mon sac et part en direction du chemin pour Capurgana. Dans la construction en bois il y a des toilettes et 3 pièces. Je me met dans l’une des trois pièces, pose la tente et me couche. Il n’y a pas trop trop de bruit ça va. Par contre mon subconscient ne me laisse pas vraiment tranquille et me rappelle les paroles de peur des gens à propos du camping sauvage en Colombie, alors que je sais qu’en vrai il ne se passera absolument jamais rien.

Bilan : 72 500 pesos soit 17€70

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