Ça fait au moins deux jours que je me dit que la prochaine étape sera Oruro. Et cela simplement parce que j’ai vu sur maps.me une route secondaire qui semble aller dans la bonne direction. La route fait autour de 180km, dont au moins les 3/4 sont de la piste.
Vendredi 22 juillet
On a passé une bonne nuit dans la residencia, même si elle était un peu moins propre que la précédente. Même prix : 35bs (5€) la nuit. Le matin, je vais faire quelques courses dans la petite ville. Il y a plein de boutiques, c’est la seule ville du coin alors je suppose que tous les gens à des dizaines de km à la ronde viennent ici faire leurs courses. Cependant, c’est assez difficile de trouver ce qu’on cherche : ce sont plein de petites boutiques qui ont presque tout le temps les même choses mais pas forcément. Du coup, il faut faire toutes les boutiques pour demander les mêmes choses : est ce que vous avez un couteau pliant ? Des fruits secs ? De la viande séchée ? Du papier alu ? Du pain ? La réponse est souvent non mais je trouve quand même de quoi manger pour deux ou trois jours. On ne sait pas trop où on s’engage alors il faut anticiper un peu.
On quitte la ville vers 9h et on marche. On monte doucement sur la piste. En fait, la route qu’on va suivre est sur une arrête énorme. Comme les vallées sont très raides, les gens vivent en hauteur et l’axe principal est au plus haut, sur l’arrête du coup. À 11h30, un employé communal (déso, j’oublie tout le temps les noms) nous prend en stop dans un vieux pickup de fonction explosé les portières sont mortes, elles ferment à peine. Le mec est super cool. On discute pas mal. Ici en été, c’est la saison des pluies. Les pistes, pleines de poussières et perchées sur des terrains très escarpés, deviennent très dangereuses et souvent impraticables. Il y a pas mal d’accidents mortels, d’ailleurs on voit régulièrement des oratoirs à la mémoire des morts sur le bord de la route. Ambiance !
Il nous pose au sommet de l’arrête après une heure de route. On est vers 3700m et on ne montera presque plus jusqu’à l’altiplano (autour de 4000m). On est super bien, on se fait un bon picnic dans l’herbe sèche au soleil. De chaque côté de l’arrête, les vallées sont extrêmement profondes et raides, c’est vertigineux. Au loin, on voit des chaînes de montagnes gigantesques, elles semblent faire des centaines de km de long. Tout est démesuré ici.
Vers 14h, on reprend la marche tranquilou. Au bout de trente minutes, un camion nous prend. Les camions sont presque tous les mêmes ici, tracteur volvo avec une benne en bois très haute dans laquelle on peut tout mettre. Celui-ci est chargé presque à ras bord de bois. Du coup, on est perchés à 3m du sol, ce qui rend la route encore plus impressionnante. Impressionnante, oui parce qu’elle passe de part et d’autre de l’arrête étroite, au dessus du précipice. C’est mieux que Disneyland. Le camion s’arrête dans un patelin pour prendre à manger. On prend une portion aussi pour goûter. Bien sur, j’ai oublié le nom, comme d’hab, mais c’est des gros grains de maïs blanc avec des morceaux de gras de porc rôtis. C’est très gras et salé. Et donc c’est assez bon.
Au bout de trois heures de routes, il nous pose à Villa Hermosa, un pueblo minuscule. On recharge l’eau et on continue en direction de Villa Pereira. Il parait qu’il y a des ruines Aymara à côté de Villa Pereira ! Mais la nuit s’approche et on trouve un endroit sympa pour bivouaquer. Tant pis, on ira voir les ruines demain.
Au final, on a fait une soixantaine de km aujourd’hui.
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Samedi 23 juillet.
Je me lève vers 7h. Le coin qu’on a choisi pour poser la tente est plein ouest. Du coup, pas de soleil le matin. Il fait froid !!! Je sors le réchaud à alcool (j’adore ce réchaud) et je nous prépare une grande casserole de gruau d’avoine avec seulement une peau de mandarine pour parfumer. On va pas se mentir, c’est fade. Mais étonnamment, ça passe assez bien. Enfin je parle pour moi parce que Guillaume a l’air d’avoir du mal avec l’avoine. Dommage, on a rien trouvé de mieux. Un mec qui habite dans le coin passe nous voir. Il est très curieux. Ça se comprend, il doit pas voir des touristes camper ici tous les jours. Je sais plus si je l’ai dit, mais notre espagnol s’améliore de jour en jour. On est encore un peu approximatifs sur la conjugaison, mais on arrive à tenir des conversations de base. Mon truc, c’est d’écouter des podcasts en espagnol. Je comprends rien, mais ça habitue mon oreille : il y a encore deux semaines, j’étais presque incapable de faire la différence entre de l’italien et de l’espagnol, c’est dire.
On plie, on part et on s’arrête au bout de quelques km à villa Perreira. Il y a une halte pour les camionneurs, on en profite pour prendre un café. On demande où sont les ruines Aymara. En fait apparemment, il n’y a pas de ruines, c’est juste qu’ici on parle Aymara alors que dans la région on parle plutôt Quechua. Putain j’avais rien compris, tant pis pour les ruines. Par contre, il y a une source chaude à 4h de marche. Mouais, on est d’accord pour ne pas trop avoir la motiv pour y aller. Après coup, je me dot que c’est dommage, ça aurait été sympa de passer un jour de plus dans la région. Tant pis, on repars à pieds direction Oruro.
Au bout d’une petite demi-heure, un camion nous prend en stop. D’ailleurs, je sais pas si je l’ai déjà dit, mais quand je parle de stop, on paie la plupart du temps. C’est comme ça ici, le camion te prend en stop comme il prend les locaux, mais c’est un transport en commun. Mais un transport bon marché par rapport aux trufis, en général deux fois moins cher. En l’occurrence, ce camion là est vraiment un transport en commun. Il n’a pas de chargement si ce n’est une quinzaine de locaux. Ils sont partis d’Independancia à 6h ce matin. Il y a des hommes, des femmes, des enfants. La plupart sont emmitouflés dans des couvertures et essaient de dormir, au milieu des secousses et de la poussière.
On fait plus de 2h de camion. Petit à petit les vallées sont de plus en plus petites, de moins en moins profondes : on quitte les vallées géantes pour aller vers l’altiplano. Il y a de moins en moins de végétation aussi, et les montagnes se colorent. Elles sont jaunes, rouges, noires et parfois avec des grandes tâches blanches, oranges ou vertes, c’est booooo. À mi-chemin, on s’arrête à coté d’un troupeau de moutons. L’éleveur et les chauffeurs chargent une dizaine de bêtes dans la benne avec nous. Au devant de la benne, les humain et à l’arrière, les moutons. Les pauvres sont terrorisés. Tu m’étonnes ! À l’heure où j’écris ces lignes, ils doivent être en pièces détachés sur un marché de Cochabamba.
Finalement, on descend du camion à Pongo, sur la route La Paz – Cochabamba. C’est la première route goudronnée qu’on voit depuis presque une semaine. On est couverts de poussière. C’est classe, mais un peu chiant quand même. À Pongo, ça a l’air d’être le jour de marché (à moins que ce ne soit tous les jours). L’ambiance est assez étrange, les gens rigolent en nous voyant passer ou acheter des bonbons, j’ai l’impression qu’on se fout de notre mouille. On mange, on boit de la chicha avec des vieux qui parlent Quechua et on essaie de se remettre en route pour Oruro. Il n’est que 13h et on peut y être cet après midi sans problèmes.
On se fait prendre en stop par deux jeunes citadins. L’ambiance change encore radicalement, ça ressemble à du stop en France. Rien à voir avec le camion à bestiaux de ce matin ! J’en profite pour travailler mon espagnol.
Après ça, rien de compliqué. On arrive à Oruro et on va vers une auberge de jeunesse conseillée par le Lonely Planet. C’est utile ce guide quand tu débarque dans une grande ville les mains dans les poches.
Le soir après manger, je décide de visiter un peu pendant que Guigui va dormir. On est samedi soir, il doit se passer des choses en ville. Et bien oui, je vois un attroupement devant le Collegio Nacional Simon Bolivar. On me dit que c’est pour l’anniversaire de l’école. Cool, je le dit que je vais pouvoir voir une kermesse ou un truc du genre. Ahahah tellement pas. Pendant deux heures, les fanfares s’enchaînent sous les feux d’artifices. Et surtout, des centaines (même des milliers je pense) d’étudiants défilent au pas, dans des costumes impeccables quoique ultra kitchs. Il y a des chevaux, des sabres, des fusils, des portes drapeaux, des voitures, c’est inifini. Au bout de deux heures, le défilé officiel est terminé mais déjà certaines fanfares recommencent à jouer. Mais je suis rincé, j’ai froid, tant pis pour l’after : je vais dormir.
Alors voilà, on est arrivés à Oruro finalement.
Tu as des podcasts en espagnol à nous conseiller particulièrement ?
J’écoute les podcasts de la Radio Exterior de Espana