Les autrichiens ont un concept de tourisme étrange. Certains col de montagnes sont payants. Ils les transforment en « routes panoramiques », avec des points où s’arrêter pour voir la vue, des histoires sur la géologie, la faune & la flore , des boutiques souvenirs, des musées sur les marmottes… Celle du Grossglockner est la plus célèbre, la plus belle paraît-il. Et je voulais prendre de la hauteur.
Pour défier la météo, démarrage du camion à 6h, 40 km d’asphalte soignée qui monte sur 36 virages en épingle jusqu’à 2700 de dénivelé. Ici, chaque épingle à un numéro. Personne. Enfin si, quelques décapotables qui roulent comme des formules 1 pour impressionner madame. Je deteste cette façon de consommer les paysages à 3000 km/h. Mais je me dis que la limite est fine, finalement moi aussi j’ai pris cette route. Alors on va prendre le temps d’admirer les détails.
La montagne est belle. Très verte, avec des cascades vertigineuses. Le nuage annoncé reste pour l’instant bien sagement dans le fond de la vallée, nous donnant l’impression d’être au dessus du monde civilisé. Je suis surprise par la diversité des paysages qui défilent en quelques km. On monte à un point de vue sur une vingtaine de pics à 3000 – derrière, le Grossglockner, le plus haut massif des Alpes Autrichienne. La route mène à son pied, devant un énorme glacier. Alors que les touristes commencent à affluer sur la route, on s’échappe jusque’à lui, sous un ciel bien couvert. Plus d’une heure de marche et de la pluie annoncé, on devrait être plutôt tranquille. Je croise des bouquetins à 20 m, pas peureux pour un sous… à se demander s’ils n’ont pas été semidomestiqués. On longe le lac ( 4F ++++ celui ci). C’est saisissant, ce bleu glacé, qui se transforme en un lac gris plus bas. Aucune plante, les marmottes et les bouquetins sont restés derrière. Juste un bon vieux géant en face de nous. C’est la plus grande réserve d’eau potable d’Autriche, et le 9e glacier des, Alpes en volumes. Alors le voir fondre, se transformer en rivière (avec un sacré débit), ça fait quelque chose. Tout le monde le sait, que les glaciers fondent. Mais en voir un, avec des panneaux montrant son recul depuis 1965, ça glace le sang. Il a perdu 50 % de son volume. A 3000 m d’altitude bordel, dans un pays où il fait globalement froid. Je me dis que les hommes sont vraiment des abrutis.
Je vous laisse quelques images plus parlantes sur ces montagnes. 12h il pleut, comme prévu. On est plongé dans un énorme nuage. Je rentre me réfugier, et finir ma nuit.