Le voyage de Marty, Sorata-Tacacoma #jour344

On se réveille, on remballe tout et on va se promener en ville. On prend le petit dej dans un comedor, petit dej de champion : un vrai repas. Le concept de petit déjeuner n’existe pas ici, c’est un repas comme un autre. Même si le petit déjeuner sucré est typiquement francais, dans la majorité des pays le petit dej est quand même différent des autres repas. Ici non. A voir si c’est en raison du lieu un peu perdu dans les montagnes ou si c’est partout en Bolivie. Bref. Je remet de l’huile dans la moto, juste ce qu’il manquait et me permet de terminer le bidon, on arnache les sacs … oui, LES sacs, aujourd’hui j’embarque Alexis avec moi ! J’y ai pensé hier mais ce trajet de Sorata jusque Mapiri c’est un des plus beaux à faire en Bolivie et ce sera un des seuls ou je pourrait emmener qqun avec moi : pas de police et des pistes en terre où je roule à 25km/h : une chute à cette vitesse c’est comme tomber en courant, dans le pire des cas. Bien souvent on arrive à freiner avant la chute. Bref, on démarre en retard par rapport aux autres le temps de tout mettre correctement et de tout caler mais au final on double les autres à l’intersection pour la grotte 8kms plus loin. NB : sur cette photo j’ai le casque mais je l’ai rapidement enlevé après 10 kms : c’est vraiment désagréable à deux.

Sorata était la dernière ville, maintenant on est vraiment perdus dans les montagnes jusqu’à Mapiri. La route en terre n’existe pas sur google maps.

J’avais un peu d’appréhension quant au fait de reprendre quelqu’un derrière moi mais au final c’est vite parti. On galère un peu sur la piste en terre défoncée par endroit mais on s’en sort. Je fais bien attention à gérer la moto, la moteur et son régime et ca le fait bien. Il y a quand même une montée ou deux pendant laquelle on prie de ne pas rencontrer de camion, ce qui nous obligerai à nous arrêter et donc à tout redescendre pour reprendre de l’élan. Au début de l’aprem, on croise un camion dans la montée en S. Je le repère en avance et ralentit donc pour le laisser passer et m’engager à l’extérieur du virage après lui. Je ne le vois pas déboucher … bizarre … bon, je m’engage, je gère mon régime moteur … et là … le camion ! en fait le chauffeur m’avait lui aussi repéré et s’était arrêté au début du virage à l’intérieur pour me laisser (nous laisser) prendre le virage tranquillement ! A-do-ra-ble ! je n’en crois pas mes yeux ! En même temps j’ai un peu trop été habitué au Pérou où le camion serait passé comme un gros bourrin quitte à renverser ce qui est sur sa route. Franchement ca m’a grave donné le sourire c’était super sympa de sa part. On se fait signe en passant, le sourire aux lèvres.

Bon et puis petit souci technique en route : je remarque que la poignée d’embrayage est tout à coup beaucoup trop souple, je descend et regarde : le câble est presque mort. Pour imager, sur ces motos, ce sont des câbles identiques aux câbles de vélo, sauf que c’est soumis à plus d’effort et surtout en contact avec d’autres pièces métalliques. Bref, des 15 brins qui constituent le câble en acier, ils n’en reste que 5, les autres se sont coupés. Alors en soit, ca n’est pas uuuultra grave, ca m’étais arrivé au Pérou on peut passer les vitesses à la volée mais là sur ces pistes, je sens que le câble ne va pas tenir les 30kms qu’il nous reste à parcourir et avec les pentes et le fait d’être à deux sur la moto, les vitesses à la volée ca me semble trèèèès compliqué. Heureusement que tout ne s’est pas rompu d’un seul coup. On s’arrête donc au prochain hameau et on demande un mécano. Il est occupé à démonter/remonter le tableau de bord d’une voiture : une toyota ipsum. Cette Toyota, c’est la voiture de tout le monde ici : un monospace 4*4 qui passe partout, ultra fiable (du toyota quoi) avec une mécanique simple et facile à réparer. Ces voitures datent de fin 1990 début 2000, elles ont donc 20 ans et sont réparées jusqu’à l’infini. Ci dessous une photo. Je met sur la droite la fameuse Toyota Corolla qu’utilisent quant à eux les péruviens. Même marque mais deux voitures 4*4 iconiques que tout le monde possède, respectueusement à son pays. NB : la ipsum est souvent bleu nuit et la corolla toujours blanche.

Ainsi donc, on s’arrête, le mécano s’en contre fou mais nous faut bien qu’on reparte. Je parle mais c’est dur d’avoir des réponses, même avec les enfants et une femme présente, ils ne veulent pas parler. Bon, on insiste et on demande s’ils ne pourraient pas nous dépanner d’un câble au moins ! Et là : ha ben oui oui je vais vous le chercher ! Elle aurait pu nous le dire tout de suite plutôt que nous voir galérer haha ! Bref, on emprunte des outils avec les enfants et on répare tout ca. On fait ca propre, c’est niquel, le câble est parfaitement réglé du premier coup et il n’aura plus de souci jusqu’à la fin du voyage. Preuve de plus s’il en fallait que le travail est toujours mieux fait par soit même : même au fond du trou du cul du monde, avec un câble pas fait pour et des outils approximatifs, le résultat est bien meilleur que par un mécano dont c’est censé être le métier et qui a de bons outils dans une grande ville (cf ayacucho). Le mécano est en fait le fils de la femme, il doit avoir 15 ans. Je prend un câble de secours en bonus et on repart. Je n’ai pas (plus) d’outils avec moi s’il casse mais je pourrai toujours me débrouiller en faisant un nœud et en tirant dessus si jamais celui qu’on vient de monter pète en route. C’est mieux d’avoir un embrayage à tirer un câble que pas d’embrayage du tout.

On roule donc jusqu’à presque Tacacoma quand il y a une montée un peu trop haute vers les 3700m d’altitude. Je laisse Alexis vers les 3500m et on se rejoins en haut : la moto n’en pouvait plus là, à partir de 3500 il n’était plus possible de rouler convenablement. Bref, on arrive à Tacacoma. On est morts de faim donc on se prend du poulet frit avec des frites. On repart en faisant le plein (5L) au passage. On a pas tant roulé que ca (70kms) mais ca prend beaucoup de temps sur ces pistes (3-4h avec l’arrêt au stand).

Les autres se sont fait prendre en stop par une ambulance et sont arrivés depuis une heure déjà. On les rejoins pile pour le coucher de soleil, on met les tentes et on se raconte nos journées respectives. Le paysage est spectaculaire. On mange bien et au dodo !

Bilan : 100Bs soit 14€

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