Je passe une journée à Asheville le lundi, avec mon hôte couchsurfing. Il est très gentil et plein d’idéaux, mais je vais petit à petit me rendre compte que ça ne le mène très loin, et c’est assez triste.
Il s’est installé à Asheville il y a 30 ans pour y créer une communauté, basée sur des valeurs anticonsuméristes, écolo, etc… Hippie quoi ! Il a acheté d’anciennes maisons proches les unes des autres, et propose des locations communautaires. C’est un contrat de location spécial dans lequel le locataire s’engage à participer à la communauté selon des règles listées sur une double page. Il s’engage notamment à essayer de participer aux repas communautaires deux fois par semaine et à laisser le logement en bon état. Aussi, pour quelqu’un qui n’aurait pas les moyens de s’offrir un tel logement, on lui propose de travailler pour la communauté en échange d’un hébergement gratuit.
En théorie, toutes ces regles permettent de créer faire communauté ensemble avec les résidents des différentes maisons. Mais en pratique, elles sont imprimées dans document qui ne contient enfait que des contraintes très terre à terre (ne pas faire de bruit, ne pas ceci, ne pas celà), franchement barbantes. La tournure générale est très négative, elle ne traite que des problèmes de la vie en communauté et pas de ses aspects positifs. Vous l’aurez compris, je suis bien déçu par ces « règles » de la communauté, moi qui m’attendais à y trouver des trucs beaucoup plus cools !
En fin de compte, les logements sont loués à des gens intéressés uniquement par le prix, qui suivent les règles car ils y sont obligés mais qui ne sont pas vraiment intéressés par la communauté. C’est dommage.


Dans un autre registre, la communauté –ou plutôt son instigateur– possède un bâtiment commercial dans une rue sympathique du quartier, qui pourrait accueillir des activités intéressantes. Il y a eu des cours de danse et il y a quelques artistes résidents, mais l’essentiel de ce grand bâtiment est rempli de bordel, d’objets, de matériaux, d’antiquités. De quoi faire beaucoup de systèmes certes, mais c’est surtout un gros bordel difficile à gérer et qui ne risque pas trop d’attirer des gens pour qu’ils fassent communauté. En me faisant visiter, mon hôte me montre les différents espaces et ce qu’ils seront dans la futur quand les travaux/l’aménagement sera fini. Le problème c’est qu’il a acheté ce bâtiment il y a 30 ans… Donc honnêtement j’y crois pas trop.
On de retrouve avec un problème que j’avais rencontré aussi au Fab lab: certains ont des projets assez idéalistes peu développés et pensent que d’autres personnes vont pouvoir s’emparer de leur idée géniale et la développer, y apportant du temps et des compétences. Le problème, c’est que ce n’est pas difficile d’avoir des idées, le plus dur c’est de les réaliser, et bien souvent, ces projets sont difficilement réalisables…
Donc voilà notre ami qui s’èchine seul, travaille à préparer son lieu et ses espaces, pour que d’autres personnes s’en emparent et le développent, sans vraiment être sûr que ça intéresse vraiment du monde. Il travaille beaucoup, seul, pour des projets qui tombent souvent à l’eau…
À mon avis, il vaut mieux trouver une équipe motivée, un groupe de gens motivés pour un projet donné, quite à faire évoluer le projet et ses objectifs. Ensuite, une fois qu’on a une équipe solide et un début de projet, on peut leur donner les clés pour qu’ils s’emparent du lieu.
Et aussi, il faut que le lieu ait de la visibilité, qu’il attire du monde, et que les gens se rencontrent. Pour ça, quoi de mieux qu’un bar, un café, un salon de thé ou une salle de concert (ou tout à la fois) pour que le lieu ait de la visibilité et que des personnes se rencontrent.
C’est un sujet à discuter, mais des différentes expériences associatives que j’ai eu, il me semble qu’un lieu dont la vocation première est de simplement rassembler les gens, sans but particulier est très important. Par exemple un coin canap/apéro dans un Fab lab ou un atelier de réparation, un bar dans une maison d’artistes, un salon de thé dans une maison d’éducation populaire, etc…

Mardi matin, on me dépose sur une entrée d’autoroute, et je sors ma pancarte ATL (Atlanta).
J’ai un premier trajet de 2h30 avec un genre de fanatique religieux: le gars est pas méchant mais il a carrément un grain: il a été témoin de manifestations divines, dieu l’a fait léviter etc… Je suis bien content d’arriver à destination !
Ensuite je fais du stop devant un typique magasin de rednecks (cf wiki pedia)

Le magasin vend des animaux empaillés, des fourrures, des antiquités, des fruits et légumes et des drapeaux trump il sont super gentils.


À la fin, c’est le proprio qui me prend en stop après une quinzaine de minutes infructueuses. Il a: un énorme 4×4 rutilant, une carrure d’armoire à glaces, fait le Vietnam, et un accent de tous les diables. Même si j’ai du mal à comprendre comment il s’appelle, il est très gentil et le donne même un conseil précieux, la clé du succès : aimer Trump.
Il me dépose à un meilleur endroit, d’où je vais choper une derniere voiture qui m’emmènera jusque devant chez Landon à Atlanta ! Ce gars avait les pieds sur terre et ça m’a fait du bien. J’ai beaucoup discuté avec lui. Il était persuadé que j’étais soit flic, soit bisexuel.
J’arrive ensuite chez Landon, c’est un gars du même âge que nous que j’ai rencontré en couchsurfing l’éte dernier, et avec qui j’ai gardé contact. Il a pas mal voyagé en Asie, très ouvert d’esprit, cultivé, des cartes accrochées sur ses murs. Bref, c’est un bon gars, et c’est suffisamment rare dans ce pays pour le signaler.
Landon a déménagé depuis la dernière fois, et il est en déplacement, j’arrive donc à une adresse que je ne connais pas, avec un code à taper sur la porte, et magie, ça s’ouvre, c’est quand même génial quand on y pense.
Léo me rejoint le lendemain soir et on se prépare pour l’aventure ! En plus il a ramené de la bière chinoise, ça prépare encore mieux !
Ça faisait plus d’un an ! Ça fait super plaisir ! On fait de la musique, on regarde la carte… Ça y est, le voyage est lancé !