Et voilà, après demain on prend l’avion avec Anna pour notre retour en France. Au total, on aura passé 7 mois et demi, soit 229 jours à Maurice.
Ces derniers jours, on essaie de dire convenablement au revoir à tout le monde. Vendredi 3, nous passions notre dernière nuit à Péreybère, l’occasion d’offrir du fromage français à mes amis hindous du nord, qui adorent le fromage un peu costaud (faut dire que quand tu manges indien, t’as pas peur du goût).
Samedi, nous étions sur un bateau du côté de l’île au Cerf avec des amis d’Anna de Décathlon. C’est des jeunes et surtout des nations (autre nom qu’on donne aux créoles). Ambiance sega, ravanne (tambour Mauricien), danse et plage, c’était top.
Il y a de l’activité du côté de la famille d’Anna aussi. D’abord, sa cousine a accouché il y a deux semaines, donc tout le monde porte beaucoup d’attention au nouvel arrivé. La semaine dernière, François et Jennifer nous ont emmené voir la vierge de Velankanni de l’église de Quartier Militaire. Je suis pas sûr, mais je crois que c’est pour nous bénir pour notre voyage et notre retour au pays.
D’ailleurs, niveau bénédiction, on est plutôt bien puisque Watee, la voisine, nous bénit presque tous les jours depuis notre arrivée et a notamment beaucoup prié pour qu’on trouve du travail et qu’on passe un bon moment sur l’île. Une vraie chance !
Bon, mais ceci à part, je voulais profiter de cet article pour revenir sur les différentes étapes de notre séjour.
L’arrivée
Pendant en gros le premier mois suivant notre arrivée à Maurice, on était en mode tourisme et rencontre de la famille. D’ailleurs, je me souviens que la famille d’Anna me gonflait un peu à ce moment là, parce qu’ils sont assez étouffants quand on les fréquente beaucoup.
C’était le moment de la découverte, surtout pour moi, mais il faut reconnaitre qu’on fait vite le tour de Maurice : un mois c’est un peu trop. D’autant plus que les trajets en bus et la chaleur étaient très fatiguants. A cette période, j’ai aussi essayé de faire du couchsurfing ou du wwoofing à Maurice sans succès. C’est à ce moment là que j’ai commencé à comprendre qu’ici la plupart des choses se font grâce aux contacts et que ça n’allait pas être si facile pour nous.
Chercher une situation
Après le séjour de mes parents à Maurice (coucou maman, coucou papa !), il fallait vraiment trouver du boulot faute de quoi le séjour allait être très long. Ca a clairement été la période la moins facile pour nous. On se sentait seuls et on ne savait pas vraiment par où commencer. J’ai postulé sans vraiment de conviction sur des postes de développeurs, Anna à regardé du côté des boutiques de Port-Louis. Je n’ai jamais reçu aucune réponse et Anna a essuyé des refus.
Notre salut est venu d’une visite à Décathlon où un gars du staff à conseillé à Anna d’envoyer son CV. De mon côté, on m’a conseillé d’aller chercher sur Facebook, qui est clairement l’outil « internet » le plus utilisé ici pour trouver un job, acheter ou vendre des trucs, etc. C’est comme ça que j’ai trouvé mon premier job d’aide aux devoirs dans le nord.
Au final, c’était galère, surtout pour le moral, parce qu’on se sentait seul, qu’on aurait fait n’importe quel boulot, mais qu’on savait pas comment aborder le problème. En plus, beaucoup de questions venaient animer nos discussions : combien de temps allait-on rester à Maurice ? Si on restait longtemps, qu’est-ce qu’on ferait si on ne trouve pas de boulot ? Qu’est-ce qu’on va faire en rentrant ?
Mais début décembre, tout était réglé. On a décalé nos billets de retour au 6 juin et on a commencé notre vie de Mauriciens.
La routine
Ca y est, on avait nos petits travail, on commençait à prendre nos marques, il suffisait de travailler et de vivre comme ça, tranquillement. Globalement à ce moment là, on vivait souvent séparé avec Anna, puisque j’avais trouvé mon job dans le nord et elle à côté de Port-Louis. De mon côté, j’ai passé pas mal de temps sur mon pc, à travailler sur des projets perso, à écrire et des trucs et à en coder d’autres.
La grande difficulté restait de s’insérer, de se faire des amis. On a passé Noël et Nouvel An avec la famille. Pendant les vacances de Noël, j’en ai profité pour passer un peu de temps à explorer l’île et aller de plus en plus loin (traversée de l’île à pied, sorties vélo, randos de l’autre côté de l’île, etc.). Je n’étais plus dans le mood touriste, mais plutôt exploration.
Puis en janvier, j’ai rencontré un peu plus de monde dans le nord, des touristes, des expatriés et des locaux avec qui je suis devenu ami.
A Port-Louis en revanche, je n’ai jamais sympathisé avec quiconque, je sais pas pourquoi.
On a passé le plus clair de l’été dans cette sorte de routine, malgré quelques événements exceptionnels parmi lesquels deux cyclones, la visite de mon frère ou encore le covid.
Et le retour progressif au chômage à la liberté
A partir de début mars, j’avais de moins en moins de travail et Anna est passée à mi-temps. On aurait pu retrouver la situation un peu chiante du début de séjour, mais pas mal de trucs avaient changé. D’abord, on avait des projets un peu plus lourds à organiser, comme le séjour à la Réunion et à Rodrigues. Ensuite, parce qu’on avait une vie sociale. Pas non plus une vie sociale bouillonnante, mais ça nous suffisait.
Je pense que c’est surtout dû au développement progressif de notre vie sociale, mais j’ai l’impression que plus le temps passait, plus j’appréciais la vie à Maurice. Ma vie à Maurice est tranquille mais bien remplie. C’est à ce moment là que j’ai décidé de défricher le sentier du rocher de l’Escargot et qu’on a commencé à planter des arbres à la citadelle avec Friends of the Environment. C’est aussi à ce moment là que j’ai commencé à pêcher le soir à la plage, à beaucoup cuisiner et qu’on m’a proposé une rémunération pour un podcast sur les métiers d’ingénieurs.
Les voyages
Le voyage à la Réunion a vraiment été une rupture. D’abord parce que c’était dur physiquement et qu’il faisait froid, deux choses qui nous semblaient alors assez éloignées. Mais aussi parce qu’à notre retour, Maurice c’était notre maison. C’est très étrange de rentrer de voyage et de réaliser qu’on se sent mieux et qu’on a plus de repères à Maurice qu’à la Réunion, qui est pourtant en France.
S’en est suivi de très près le voyage à Rodrigues, qui était peut être moins sportif mais qui m’a permis d’aller plus loin dans la culture mauricienne et de voir ce que c’est de vivre sur un petit cailloux au milieu de l’océan (l’île Maurice étant un gros cailloux disons).
La fin
Les trois dernières semaines consistaient en gros à finir ce qu’on avait commencé. Finir le sentier, finir de planter les arbres, dire au revoir aux gens. Finalement, on aura raté presuqe toutes les manifestations religieuses ou culturelles à cause des restrictions covid, qui restent encore maintenant très fortes à Maurice, malgré peu de cas.
Et voilà, je suis à la veille du départ et je ne réalise toujours pas que tout cela est fini. J’ai eu envie de rentrer à certains moments, parce que c’était dur de trouver nos repères, parce que les mauriciens font chier à tout faire à l’arrache ou à toujours être en retard. Pourtant, maintenant que je commence à avoir des repères justement, je me dis que j’aimerais bien rester assez longtemps pour me faire une place dans la société mauricienne, qui nous est si difficile d’accès.
Mais ça n’arrivera pas, on se fera une place ailleurs. Et c’est pas grave, ça me fera une bonne excuse pour me perdre dans mes pensées et imaginer ce qu’aurait été notre avenir à l’île Maurice, dans une autre réalité.