Le Bolivouhack au Pérou : un trek chez les Incas et les Moustiques – Partie 1

ce genre de ruelle pour sortir de la ville…

Il est 7h… Cuzco s’éveille, et nous aussi ! Courses faites, plus qu’à trouver un transport ! Une fois la note de l’auberge réglée, nous nous élançons dans les rues pavées du centre ville, entre les vielles maisons coloniales courbées sous le poids du temps.

Enfin, ça c’est dans le centre ville. Au delà, ça part dans tous les sens: un trafic super dense, des vendeurs ambulants partout, on klaxonne, on appate le chaland… l’Amérique du Sud quoi !
Quelques agences de bus, une pincée de négociation, un peu d’attente, 2h39 de route et nous arrivons à Curahuasi où nous quittons la grand route.


Dès notre sortie du van, on se fait halpaguer par une nuée de taxis qui nous vendent à prix d’or le trajet vers le début de notre rando :  » 140 soles hasta Capuliyoc, vamos ahorita » c’est à dire: « 35€ jusqu’à Capuliyoc (35km, dont la moitié de piste) allez montez on part tout de suite ». Mais foutez nous la paix merde ! On veut juste aller manger nous ! Pour ça, direction le cimetière, les habitants n’y sont pas bruyants, ouf! enfin un endroit tranquille pour casser la croûte (et accessoirement le seul parc de la ville).

Après manger, direction le marché couvert pour faire nos provisions pour le trek, puis départ en collectivo pour Cachora, en deux étapes pour un total de 42km et 15 sols chacun (3€50). Le collectivo, c’est ici une Toyota Corolla break 5 places qui transporte 8 personnes: 2 dans le coffre et un bébé sur des genoux ! On est chargés !

Cachora, c’est un petit village très rustique. En arrivant, on croise des voiture bien sûr, mais aussi des mulets bien chargées ou des gens à cheval, de quoi nous mettre dans l’ambiance ! Le village est à 10km du départ officiel de la rando mais on fera la route à pied. La Lune éclaire le chemin et on est en forme, même si pour l’heure, on va plutôt suivre notre estomac !

La traversée de Cochara sous les aboiements des chiens érants

On se retrouve dans l’unique auberge du village qui nous sert un superbe poulet rôti au feu de bois et très bien accompagné. On se régale et on en profite pour goûter le Inca Kola, le soda péruvien qui fait de l’ombre à Coca-Cola.

Une fois repus, nous partons sous une lune presque pleine vers Capuliyoc. C’est un chemin assez plat avec 300m de montée et autant de descente, autant dire que ça va nous faire une jolie promenade. Ça fait du bien de marcher après tous ces trajets en bus et en voiture.
Derrière nous, le petit village est en pleine fête électorale organisée par les différents partis politiques. Et pour cause: les municipales sont prévues dans quelques semaines.

Arrêt sur image sur le chemin (mais sans photo parce qu’il fait nuit !) : On est au milieu des montagnes sur ce large chemin gris (la nuit, tous les chemins sont gris), et puis en regardant autour de nous on se rend compte qu’il y a un énorme ravin à droite du chemin, d’environ 1000m de profondeur avec au fond le Río Apurímac, presque à-pic. Il est si loin qu’on l’entend à peine alors qu’il a un débit énorme. Ensuite en levant les yeux, on aperçoit les neiges éternelles du mont Kiswar (5771m) du massif Padreyoc. On a donc 1000m en bas et 3000m au dessus de nous c’est délirant, je n’ai jamais vu des montagnes aussi massives. En France on n’a jamais de telles différences d’altitude, ça fait se sentir tout petit ! Le plus hypnotisant c’est le sommet enneigé qui semble floter dans le ciel car la brume et l’obscurité brouillent le reste.

Arrivés à Capuliyoc après un peu plus de 2h de marche, on tombe sur un panneau descriptif de la rando :

C’est là qu’on remarque le mirador de Huayhuacalle, 400m plus haut sur un pic qui surplombe le col. On y grimpe pour planter la tente ! Une fois la haut, il y a beaucoup de vent mais on finir par repérer un petit coin plat au calme pour nous installer. En prime, il y a un bon matelas d’herbe touffue, c’est tiptop !

Réveil à 7h30, des bruits de pas lourds autour de la tente. Je me demande bien ce que ça peut être, une personne ou un animal ? Je sors timidement la tête de la tente et je vois une vache et son veau qui broutent tranquillement la pelouse sur laquelle on a dormi, avec en arrière-plan les immenses montagnes apperçues hier soir. C’est magnifique !

Dehors, il faut beau et chaud. On apperçoit une caravance de mulets sur le chemin en  contrebas, ils ont l’air à l’aise !
Et c’est parti pour 2000m de descente depuis notre perchoir ! Quelle idée d’avoir dormi si haut … C’était pour tant agréable, et la vue aussi !
On n’a plus beaucoup d’eau, heureusement, il y a plusieurs ruisseaux sur le chemin qui nous permettent de faire le plein. Souvent proche des ruisseaux, il y a des campements aménagés avec douches et WC, ils servent à manger et certains proposent même du wifi grâce à une antenne satellite.
Bref, tout ce qu’il faut pour faire une balade tout confort, l’inverse de ce que l’on recherche. On n’est pas venus ici pour nous reposer nous ! À ce sujet, on croisera aussi des groupes de touristes, souvent par deux et accompagnés d’un guide et d’une ou deux mules, pour porter les affaires, ou même les gens. Franchement ils abusent. C’est même conseillé par le routard « Cette dernière solution [les mules et les agences] est –certes– plus chère, mais vous voyagerez dans de meilleures conditions (pas de repas à préparer, pas de tente à monter) »

Téma la gueule du routard quoi, c’est vraiment le guide du touriste huppé à ce stade là ! D’autant plus que ce n’est pas le seul paragraphe où ils insistent, en disant que les mules c’est quand même vachement pratique.

Quelques photos de la descente:

Après 4 heures de marche et 2000m de descente, nous arrivons enfin  au pont suspendu sur le Rio Apurímac, un des affluents de l’Amazone, le plus grand fleuve du monde. Son nom Apurímac signifie en Quechua Grand Orateur à cause de son fort débit et du tumulte qu’il engendre. Le tableau est vraiment impressionnant, avec cette eau très bleue et très sombre, on a l’impression d’être dans un film ou dans un jeu vidéo !

Au pont, il y a un lieu d’accueil pour touristes qui semble à l’abandon. On s’installe sur la plage de l’autre côté pour faire notre tambouille. Ce midi (il est 15h) c’est poivron, oignon, riz et bouillon. On fait bouillir l’eau avec les légumes et on rajoute le riz. C’est bon, et encore mieux avec un peu de fromage. Premier test de notre réchaud improvisé en boîtes de conserves : validé !

Ah, il faut que je vous parle d’un truc que j’ai passé sous silence depuis un moment: LES MOUSTIQUES, ou plutôt des petits moucherons-prédateurs qu’on appelle les SUNFLIES (ils sont pires, et en plus il y a les deux !)
On en rencontre depuis le début de la descente, et c’est à cause d’eux que j’ai remis un pantalon 5 minutes après être passé en short ! J’ai l’impression que ça mord plus que ça ne pique: il y a toujours une petite goutte de sang au milieu du bouton. Ensuite le bouton rougit, ça gratte évidemment, et ça chauffe, surtout quand t’as des dizaines de piqûres au même endroit (au coude par exemple).
Et bien sûr, on n’a pas pris d’anti moustique. Il n’y a pas de parasites dans les montagnes normalement, mais là, on perd tellement d’altitude qu’il y en a ! Le seul moyen de s’en protéger, c’est le vent et les habits. On était bien contents au pied du pont, le vent était bien fort.

Il est 17h, et le jour commence à baisser. On a bien mangé et bien siesté, on décide d’entamer une partie de la montée ce soir ! Bon évidemment.. après seulement 20m les bestioles sont de retour, mais pas le choix, il faudra faire avec. Au moins, on a une superbe vue sur le pont et le convoi de mules qui le traverse.

Au final, on marche encore 2h temps (500 m de montée) avant d’arriver à un ruisseau digne de ce nom pour pouvoir cuisiner, avec une petite chute d’eau. En fait il s’agit d’un petit canal artificiel qui prends de l’eau dans une cascade pour l’amener vers un campement aménagé pour les touristes.

Notre réchaud fonctionne, mais il est quand même bien lent, surtout pour faire du riz. Ce soir, c’est feu de bois, légumes et riz version risotto. On a de la puissance de feu, autant en profiter ! Je ne sais pas si c’est vraiment bon ou si c’est juste parce qu’on a marché toute la journée, mais une fois de plus, on se régale !
C’est seulement quand on se met à chercher un coin plat pour dormir que les ennuis commencent : il n’y en a pas. Après exploration de la zone, il apparaît que les seuls endroits plats sont dans les fourrés le long du petit canal qui nous a fourni de l’eau, mais il n’y a pas de place pour la tente. Ce sera à la belle étoile l’un derrière l’autre.
Notre pire nuit.
On c’est fait manger par les bestioles, cette fois de vrais moustiques, j’ai du m’improviser une moustiquaire avec ma corde et mon drap de sac (en tissus fin), pour me couvrir la tête sans m’étouffer. PY lui, a dormi la tête dans un T-shirt, je ne sais pas comment il a fait pour respirer…

Vont-ils réussir à atteindre le sommet, déjouer les pièges des anciens Incas et revenir à la civilisation malgré les prédateurs volants de ce monde hostile ?

Suite de l’aventure dans un prochain épisode !

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Total distance: 11.26 km
Max elevation: 3395 m
Min elevation: 2764 m
Total climbing: 1456 m
Total descent: -833 m
Total distance: 12.42 km
Max elevation: 3382 m
Min elevation: 1494 m
Total climbing: 1853 m
Total descent: -2917 m

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