Jeudi 22 juin
Hier soir, on est arrivé au même point que l’avant veille : je ne me sens pas de suivre Rémi et papa.
Ils partent tôt, je les entends à peine. Je suis fatigué, alors je profite un peu du bon lit de notre hôtel.
On va pas se mentir, c’est pas la grosse forme. Mais je me dis que je tiens encore le coup, alors je vais continuer le vélo et suivre le même itinéraire que les autres.
La première étape est de passer un col assez vénère pour rejoindre la petite ville de Kazarman. Ça va prendre quelques jours, alors je fais des provisions et je pars vers 14h.
J’arrive à faire 50km dans l’après midi. Il fait chaud mais c’est gérable, on sent qu’on s’approche des montagnes.
Je m’arrête proche d’une rivière pour la nuit. Mon tapis de sol est percé (et j’ai rien pris pour le réparer, évidemment). Mais finalement ca ne me gène pas tellement.
Ce qui me gène, c’est encore mon genou droit. En fait, il y a quelques jours, Rémi m’a fait remarquer que ma selle était trop basse (selon ses standards). Du coup, je l’ai monté. Sauf que voilà : comme ca fait plusieurs semaines que je pédale, mon corps s’est « fait » au vélo. Monter sa selle de 5cm d’un coup, c’est beaucoup trop brutal et ça m’a fait un genre d’inflammation au genou. Voici l’apprentissage du jour : quand on change le réglage d’une selle, il faut aller par pas de 0,5cm à la fois. Merci François !
Bon, du coup j’ai rebaissé ma selle, mais maintenant j’ai mal au genoux. En fait j’ai même tellement mal que ca m’empêche de bien dormir. J’espère que ça va vite passer.
Max elevation: 1289 m
Min elevation: 711 m
Total climbing: 1223 m
Total descent: -785 m
Vendredi 23 juin
Je pars vers 7h. Les premières heures vont bien et puis de nouveau, la fatigue et les maux de têtes arrivent. Je prend un Doliprane et j’essaie de dormir à l’ombre d’un arbre, mais ça ne passe pas.
Mais d’un autre côté, je n’ai plus mal au genou ! C’est un perdu pour un gagné.
Je suis en train de remonter la jolie petite vallée qui mène au col. La piste est bonne et la montée n’est pas trop raide pour l’instant. Sur la route, je double des troupeaux de moutons qui montent en alpage. L’ambiance y est bien différente du Tadjikistan avec ses vieux bergers à pied. Ici, ce sont des cavaliers qui hurlent et qui jouent du fouet pour guider des troupeaux assez balèzes. Quand je traverse les troupeaux sur la petite piste, j’ai l’impression de foutre le bordel, les moutons courent dans tous les sens en soulevant de la poussière. Mais bon, les bergers ne m’engueulent pas donc ça doit être normal.
Vers 13h, je m’arrête à un camp d’apiculteurs pour leur acheter du miel. Ils n’ont pas de miel, la récolte est en juillet/août. Par contre, les gars sont super sympas et me montrent les ruches puis m’invitent à manger avec eux ! Ça tombe bien, j’ai pas grand chose à manger dans mes sacoches.
D’après la carte, je suis proche de la montée finale du col (=1000m de deniv d’un coup). Alors vu l’heure et ma fatigue du matin je décide de rester tranquille avec les apiculteurs et de me faire le col demain matin.
Le chef des apiculteurs s’appelle Roman. Il a 400 ruches ici, qui peuvent produire chacune 50kg de miel d’après lui. Sacré production ! Il veut mon WhatsApp pour envoyer un container en France ahah.
Dans l’équipe, ils sont 5. Il y a Slavic qui reste là tout l’été pour s’occuper des ruches, et les autres sont là seulement quelques jours de temps en temps pour les travaux importants. Ce sont Roman et ses potes d’enfance, donc l’ambiance est bien sûr au travail mais aussi largement à la galéjade. En ce moment, ils montent les rehausses parce que les colonies prospèrent bien.
Heureusement, Rémi m’avait expliqué quelques bases d’apiculture donc j’ai pu comprendre a peu près ce qui se passait. Dans une ruche, il y a des rayons. Dans les rayons, il y a parfois du miel et parfois des larves. Ici, ils prennent des larves des colonies trop prospères pour les mettre dans des colonies moins prospères. Aussi, ils ajoutent de nouveaux rayons vierges dans les colonies qui ont besoin de plus de place. Comme ça, ça a l’air simple, mais il faut vraiment le coup d’œil pour voir comment va la colonie et décider ce qu’il faut faire.
Roman me montre les reines. Il les achète en Allemagne, je trouve ça étonnant. Il me fait goûter le miel aussi : il suffit d’enfoncer son doigt dans les rayons et pouf, il ressort plein de délicieuse bave sucrée d’insecte. Il y a aussi les bébé abeilles qui sortent des alvéoles, trop meugnon !
Vers 18h, je monte la tente à côté de leur campement. De nouveau écrasé par la fièvre, je m’endors rapidement.
Max elevation: 1819 m
Min elevation: 1310 m
Total climbing: 1132 m
Total descent: -632 m
Ping :CCCP #26 : la version P+R - BivouHack Live