Bricoleuse voileuse (ou presque) #1

Premier article après 3 mois de motivation douteuse, mais premier article quand même (Champomy pour fêter ca ?).

Alors c’est partiiiii (en vrai il s’agit juste d’un bon vieux trailer à la con).

Je suis perdue au milieu d’un étang, à la fin du canal du midi juste là sur la carte. Mais pourquoi donc Sherlock ? Je suis partie pour vivre un an sur une base nautique pour (liste non exhaustive du plus facile au plus impossible):

  1. Vivre dehors, sans ordinateur ou presque
  2. Réparer des bateaux, les entretenir, faire leur carénage pendant l’hiver – apprendre à bricoler
  3. Apprendre à naviguer
  4. Éprouver une expérience de vie en collectivité
  5. Trouver ce que je veux faire de ma vie (se bat en duel avec le n°5)
  6. Avoir confiance en moi
J’habite au point rouge là grand mère

Le contrat c’est un bon vieux contrat de bénévolat avec l’association nautique Les Glénans, alors bye bye les cotisations, le salaire d’ingénieur et tout le tralala. Le deal c’est que je suis nourrie logée et formée à être monitrice de voile et en échange je ponce, je carenne, je boulonne et j’enseignerai la voile cet été. C’est plutôt honnête en apparence, même si tout le monde dit que je me fais arnaquer …mais bon j’ai un côté un peu maso à force de faire de l’associatif.

A priori je n’aurais rien à dépenser à part mes déplacements et mes bières, un ou deux cours de maths par semaine résoudrons vite cette question pécunière. Et pas de décompte de combien je dépense par jour, je réserve ce plaisir à Nathan.

La Base (c’est ainsi que l’on nomme le petit lambeau de terre qui accueil des stages de voile en tout genre) se trouve sur une avancée de terre dans l’Etang de Thau, avec un phare au bout. Le must du must, se trouve à la frontière entre terre et mer, 2 fois par jour (ou une si on est flemmard.e) : je me gave de lever et coucher de soleil incroyables (photo en preuve à l’appui).

Coucher de soleil automnal

Pour le bâtiment, c’est autre chose. Bien que classé au patrimoine, il se rapproche plutôt d’un gros bloc de béton jaune pour loger des colonies de vacances, avec des dortoirs, des grandes cuisines, des tonnelles et des sanitaires collectifs. Mais cela reste un bâtiment protégé puisqu’il est impossible de repeindre les traces de vomi de mon collègue qui, malgré beaucoup d’effort pour les effacer, continuent de décorer un joli m². De tout évidence, la Base a été conçue pour vivre à l’extérieur …

Rare photo de la cuisine au calme

L’été, des stages ont lieu toute les semaines sur des bateaux croisières, des planches à voile, des dériveurs, des petits bateaux, des catamarans. Jusqu’à fin novembre, il y a donc entre 30 et 100 personnes qui arrivent le samedi et repartent le vendredi. Étrange sentiment que de rencontrer des êtres qui quittent ta vie aussi vite qu’ils y sont rentrés. Je me demande souvent à quoi bon ? Pourquoi mettre autant d’effort dans des premières discussions souvent redondantes ? (prénom, métier, ville d’habitation, pourquoi il/elle fait de la voile, et la cloche sonne, allons manger …) Parfois j’aimerais directement démarrer par des dialogues comme « Qu’est ce que tu aimes dans la vie ? C’est quoi tes rêves ? Qu’est ce qui t’animes en ce moment ? Te révolte ? » et que ce soit réciproque. Mais l’être humain préfère y aller en douceur et se refuse souvent à cet exercice abrupte, ce qui m’a valu quelques échecs de sociabilisation cuisants ou bien des conversations dont j’ai oublié jusqu’au prénom, quelques minutes après les avoir entamé seulement (l’alcool et l’absence de mémoire sont ma seule défense).

Pour finir cet apéritif sur une note sucré, nous sommes une petite dizaine à partager mon statut, c’est à dire à vivre, travailler, rire, s’ennuyer, dormir dans un même lieu, et en ne le quittant presque jamais. Je vous présente rapidement les BOCs (un peu la nouvel secret story mais sans caméra pour filmer nos conneries) :

  • Victoire (orthophoniste marseillaise, qui s’est mis à vouloir faire de la planche depuis qu’elle a eu un « orgasme en plannant »– technique particulière de planchiste),
  • Jean Louis aka JL (maintenance navale sur des bateaux de course, quelqu’un avec de fin goûts musicaux),
  • Agathe (en césure, drôle et forte, c’est devenue ma câlineuse professionnelle quand j’ai besoin d’amour dans ce monde de brute),
  • Lucas (a travaillé dans la tuyauterie, son air innocent me plie de rire tout les jours, fan de métal et de rock – Alexis l’a rencontré à Toulouse par un heureux hasard),
  • Joachim (soudeur et baroudeur, alscacien avec un fort attachement à la bière ),
  • Romain (matelots sur une vedette touristique, brille par son sarcasme à mourir de rire et amène de la maturité et de la bienveillance sur son passage),
  • Magalie (a fini son école d’ingénieur),
  • Seb (un ovni sur la planète, drôle malgré lui – il a renommé notre conversation de groupe « BOC eau à rames », ne jamais le faire fumer sous peine d’avoir des surprises)
  • Joshua (le plus jeune, et le plus intelligent de la bande, mais qui préfère avoir la flemme de tout…aussi appelé JosuIvre),
  • Kader ( 50 ans et des poussières, ex montagnard et moniteur de voile depuis longtemps mais, pour le citer, il « commence à peine à comprendre ce qu’est la mer », un philosophe des Alpes. Termine ses phrases par « pouet pouet », y compris par message) On le voit un peu moins.
La seule photo presque au complet des BOCs, il manque Kader et JL

Globalement, nous avons tous entre 20 et 30 ans. Sorti.e.s de différents mondes, on constitue un petit noyau solide (pas le choix quand tu partages le même dortoir et les mêmes outils …. moi perso je préfère être pote avec celui qui tient le marteau et la scie). Autour gravitent des stagiaires donc, des salariés dont un chef d’atelier, Oscar, qui nous donne du travail et nous apprend à réparer les bateaux, son chien Bosco, des bénévoles qui viennent donner un coup de main et boire des coup, un homme de ménage ronchon et attachant et quelques hérons qui passent dans l’étang.

Voilà pour la brève présentation,

Inchallah la suite viendra dans moins de 3 mois

2 commentaires

  1. Un lecteur intéressé

    Hyper intéressant ! est ce que tu remplis tes objectifs ? Est ce que tu apprends à bricoler ? Est ce que tu gagnes de la confiance en toi ?

    Hâte de lire la suite !

  2. C’est génial, ça fait rêver !
    Parfois je me dis que je devrais me lancer dans un truc comme ça aussi mais je suis peut-être trop conformiste.
    J’ai eu un peu la même impression au bout d’un moment en Erasmus, on rencontrait tout le temps des nouvelles personnes et les conversations étaient toujours les mêmes. Il n’y a pas vraiment de solution je pense.

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