En fait, je crois que j’en ai jamais parlé ici, mais je me suis fait pote avec un gars du nord qui est bien branché bateau. Mais attention, pas branché bateau parce que « c’est cool le bateau, on peut aller faire un barbec avec Gilbert de la compta le samedi après-midi sur l’île ronde, les enfant adorent ahah ». Non : bateau, parce que le bateau ça flotte et ça permet de pêcher. Il va sur le lagon depuis qu’il est petit pour pêcher les poissons, les poulpes, les calmars et les homards. Il connait les courants et les récifs et preuve que c’est un homme de la mer : il m’assure préférer le poisson à la viande.
Aujourd’hui, le bonhomme est un skipper : il trimbale des touristes sur l’océan ou des plongeurs en bouteille jusqu’aux spots. J’ai passé mon week end avec lui. Je garde son anonymat parce que certaines des activité de la mer ne sont pas légales et que Maurice est un petit pays où tout le monde se connait.
Samedi 29 janvier, mon frère et sa copine nous on rejoint à Péreybère. Ils sont arrivés d’Allemagne il y a quelques jours et ils sont très blancs et un peu rouge. On a rendez-vous à 9h avec le skipper sur la plage. Il nous a concocté un joli tour sur mesure juste pour nous quatre. On commence par une mangrove, avec ses palétuviers et ses poissons lunes. En plongeant, on remarques des coquillages qui poussent sur les racines des palétuviers, marrant ! On remonte dans le bateau direction l’île d’Ambre. Un parc national protège l’île. Un large sentier permet de traverser la forêt qui recouvre l’île facilement. Mais la forêt nous coupe également le vente de la mer : la chaleur est étouffante.
Prochaine étape : l’île Bernache. Le bateau zigzag entre les récifs pour arrive sur une petite plage paradisiaque qui semble perdue au milieu de l’océan. Dommage, la petite île est en fait jonchée de détritus ! Bouteilles en plastiques, gobelets, cannettes… Des Mauriciens viennent pique niquer ici et laissent tout sur place. On a vu des campagnes de sensibilisation et de pénalisation contre ce genre de comportement, mais les gens s’en foutent et la mise en application est trop molle, rien ne change.
Bon, notre skipper et sont acolyte profitent de l’escale pour nous faire à manger. Poisson, poulet et saucisses marinées et grillées avec salade de chou et pain beure d’ail. C’est un régal.
Enfin, il nous emmène à un « aquarium », un spot pour plonger où la faune et la flore sous-marine sont particulièrement abondants et protégés. C’est un régale et on reste à faire des âneries dans l’eau jusqu’à 16h bien sonnées.
Dimanche 30 janvier, le skipper me propose de le rejoindre pour voir une séance de pêche au fusil. Génial ! Bon. Alors déjà, c’est un fusil mais plutôt un genre d’arbalète : un harpon est projeté grâce à deux gros élastiques. Ensuite, ladite pêche au fusil est interdite à Maurice. Pas pour une raison écologique, mais parce que le fusil marin est considéré comme une arbalète, que l’arbalète est considérée comme une arme et que la détention et l’usage d’armes sont interdits à Maurice. Il n’existe pas de permis pour faire de la pêche au fusil. Mais bon, des passionnés la pratique quand même depuis longtemps à Maurice, sans pour autant parler de tolérance, les pêcheurs font très attention à ne pas se faire choper avec les fusils.
7h du matin, rendez-vous à un petit embarcadère naturel perdu dans le nord. Nous embarquons à quatre dans un barque à moteur : deux pêcheurs, mon pote skipper et moi. On s’éloigne rapidement de la côte en traversant le lagon. Les pêcheurs font ça depuis 20 ans, c’est leur passion et aussi une bonne source de revenus. En tant normal, ils peuvent sortir 15 à 20 kg de poisson en 2 ou 3 heures à 200Rs le kilo (environ 4€). Au bout du lagon, on doit passer les récifs. La mer est très piégeuse ici et même en connaissant les passages à prendre, on passe très proche de « démons », des rochers qui arrivent juste en dessous de la surface plate du lagon. Enfin, la couleur de l’eau devient plus sombre et les vagues sont larges et plus grosses, on est en pleine mer. On coupe le moteur et les plongeurs commencent à s’équiper. Ils enfilent des combinaisons néoprènes usées jusqu’à l’os des grandes palmes, un masque soigneusement lavé au produit vaisselle pour éviter la buée, un tuba, une ceinture de plomb pour aider à la plongée, un gant en laine pour attraper les poissons sans se couper, un couteau. Ils utilisent aussi une cordelette d’une quinzaine de mètres avec un flotteur d’un côté et un pic en métal de l’autre. Ils jettent le flotteur à l’eau et passent le pic en métal dans leur ceinture. Quand ils tuent un poisson, ils passent le pic acéré dans leur gueule et le font ressortir par une ouïe pour enfiler le poisson sur la cordelette. Le résultat est une sorte de guirlande de poissons et permet d’en tuer plein avant de retourner au bateau. Enfin, ils prennent leurs fusils. Ils sont bricolés et en partie fabriqués sur place : l’importation de fusils marins est interdite.
Les plongeurs partent faire leur office et je reste à bord avec le skipper. Il m’offre de la papaye du jardin. Trop cool !
Mais la mer est agitée à cause du cyclone qui arrive. L’eau est trouble et les courants sont forts et apportent des méduses apparemment dangereuses. On rentre après 2h et seulement 5 kg de poisson, mais tout le monde est content et ils me promettent de me réinviter après le passage du cyclone.