Le voyage de Marty, Huaquillo #jour259

Réveil et petit dej, les amis partent à la récolte et on fait autre chose. Tant mieux, c’est marrant la récolte mais c’est assez vite répétitif quoi. Bon, nous on fait des trucs plus marrants, on ajoute de l’eau aux grains de café dépulpés hier. Avec l’eau ajoutée, ça lave le café et ça permet de séparer les grains bons, plus lourds et plus humides, des grains secs, plus légers. Ces derniers flottent. La pulpe qui s’est retrouvée ici malencontreusement aussi. Du coup on sort tout ce grain plus sec et la pulpe en trop. On mélange, on refait, on enlève l’eau, on refait, on mélange, on refait. Il ne nous reste casiment plus que le grain « pur » dans le bassin. L’eau de rinçage est très azotée due à la fermentation de la nuit. Cela serait un super bon engrais mais c’est compliqué à récupérer et surtout à acheminer jusqu’au plants en haut de la colline. Avec la fermentation… L’alcool. Victor me dit que quand il a le temps il utilise ce liquide et en fait de l’alcool.

Le grain bien propre on va l’étaler sur une grande bâche dehors pour qu’il sèche. Le grain petit avec la pulpe on le met sur des tamis au grenier de la maison pour qu’il sèche aussi. Ce dernier va sécher et on pourra enlever la pulpe sans souci après.

Le grain peut être à sécher pendant 3jours comme pendant 6 mois, tout dépend de l’humidité ambiante. Il faut qu’il y ai une humidité de 10 à 12% sinon l’acheteur va l’acheter moins cher parcequ’il doit le remettre à niveau. Le souci c’est que quand il y a beaucoup de grain à sécher… Il ne faut pas mélanger les récoltes sinon c’est la merde ! Dans les coopératives ils ont des séchoirs pour sécher en 4h le grain de manière uniforme mais comme le prix est le même qu’à l’entrepôt et que Victor ne veut pas engraisser le patron il le fait lui même.

J’apprend qu’à Bagua, là où le grain est trié, ils arrivent à trier chaque petit grain en fonction de sa forme, de son poid, de s’il a été mangé par un insecte, etc… Assez ouf! Les bons grains partent aux USA et en Europe, le mauvais au Chili, pour être torréfié puis moulu, mais vendu moins cher. Et les grains vraiment mauvais ainsi que la pulpe va pour faire du café instantané. Le pire du pire du café c’est l’instantané : c’est le pire du grain moulu super finement avec des ajouts chimiques pour qu’il se dissolve dans l’eau chaude. C’est un peu les nuggets Mac Do du café. À l’inverse, la crème de la crème, le Ritz du café c’est celui fait à partir de la fleur. Oui, on peut faire du café à partir juste de la fleur ! C’est le meilleur café possible, mais aussi le plus cher et de loin : il faut énormément de récolte pour peu de produit. Je testerai ça à Jaén.

Après s’être cassé le dos à monter des sacs de 30-40kg au premier étage puis dans le « grenier » (entendre par la 4 planches et les tamis), on monte le lit des prochains volontaires. Ça me fait de la peine qu’il monte tout ce grain sur son dos ! Je lui dit de mettre une poulie ! Il me répond qu’il n’y a jamais pensé. Ça serait teeeeeeellmeent plus simple et meilleur pour sa santé !

Apparté : le grain qu’on traite actuellement est celui de la sœur de Victor et c’est du 100% Colombien, il se garde mal (6mois max) et n’est pas très bon, mais c’est celui avec le meilleur rendement. Le café que fait Victor c’est un bien meilleur mélange, bien plus qualitatif et qui peut se garder 2 ans sans souci.

On moud du grain (du bon grain, un bon mélange) et on en fait du café. C’est du café filtre. Víctor me fait un tableau avec les 5 composantes importantes du café et me fait goûter et apprendre. L’arôme correspond à l’odeur, la saveur correspond au goût, l’acidité dépend de si le café est organique (bio) ou non (le traité chimiquement est plus acide), le poid c’est si on le sens descendre le long de la trachée jusqu’à l’estomac et enfin le corps c’est le temps qu’il dure en bouche après l’avoir avalé. Le bonus, le fruit, c’est si on sent le café avec un petit goût bonus, plus rond, plus fruité. Pour qu’un café soit fruité deux solutions : mettre des arbres fruitiers ou autre dans le champs et y laisser le compost de fruit (la mailler qualité mais aussi le plus dur à faire) ou alors mettre des fruits lors de la courte fermentation du café, entre le moment où on enlève la pulpe et celui où on le lave.

On fait la notation du café ensemble, chaque critère est sur 10 points et on ajoute 50 à la somme. S’il y a un goût de fruit, on ajoute 2 points bonus. Cela nous donne une note sur 100. Un café est considéré d’excellence quand il dépasse les 83 points et part en concours quand il atteins les 90 points. Celui de Victor est vers les 88 points. Il lui manque de l’arôme (l’odeur pour ceux qui suivent) ou il a une note de 5/10.

Je lui parle de l’arabica, qui pour beaucoup est reconnu comme le meilleur café. Il me confirme qu’en effet c’est le mieux et que c’est l’un des seuls qui n’a pas besoin de mélange s’il est vraiment bon. Le souci c’est qu’il produit beaucoup moins et se vend pas beaucoup plus cher. Du coup c’est vraiment pas rentable pour lui. Il en a mais ça fait parti du mélange.

En terme d’arôme voilà les meilleurs cafés : Arabica (10/10), caturra (9,5/10), Chanchamayo (9/10), pache (9/10), pakamara (9/10).

J’apprend que Victor envoyait du café à une ancienne volontaire autrichienne pour 50 soles le kg (12€) plus les frais de port de 30 soles (7€). Pour un total de 20€/kg elle avait un café génial. Le souci c’est que depuis les élections ça coûte cher d’envoyer. C’est la mafia, bienvenu au Pérou. En fait le seul transporteur qui accepte les aliments à quintuplé ses prix. Idem pour la seule entreprise du pays qui vend de l’huile. Pourquoi ? Pour que le peuple vote pour l’autre parti (libéral). Le souci c’est que le président ne peux rien y faire : pour faire passer une lois il faut l’accord du congrès. Le congrès appartient à l’opposition et donc ils ne vont clairement pas accepter une loi qui interdit cette montée des prix. Ici pas de 49.3, le président est bloqué. Seule solution : dissoudre le congrès. Sauf que les entreprises sont puissantes et remettent l’opposition dans le congrès par la corruption, en plus de ça ils ont des sanctions de la part des USA (libéraux évidemment) quand ils font ça. Et ceux qui subissent les sanctions économiques le plus fort… Ben c’est les pauvres, c’est les paysans, comme d’hab.

Bref, pour envoyer du café maintenant c’est 150 soles le kg (37€). Autant dire que c’est pas rentable. Par paquet de 10kgs c’est 12€/kg. Ça va déjà mieux mais ça fait quand même le kilo final à 24€. Enfin, 24€… Auquel il faut ajouter la TVA et la douane… Ce qui fait que c’est pas si rentable, pour beaucoup de travail.

Les travailleurs rentrent et on mange. Soupe de pâtes. Je vois par la porte ouverte un oiseau rouge vif : pecho rojo il s’appelle, superbe. Petite pause et on part faire la récolte o toute l’aprem. Ha oui, j’ai pas parlé d’un truc : les insectes d’ici. Putain ils sont insupportables : ils volent, ils piquent, ils laissent une marque rouge de piqûre avec un point de sang au milieu et ça gratte fort. Je me fait défoncer sur les avant bras. Maria et Oscar ont des manches longues, perso j’ai pas, tant pis.

Après la récolte je me pose un peu et observe le paysage. Je vois les perroquets vert voler, toujours en couple. C’est assez drôle, je vois un groupe de 14 avec 7 couples. Chaque couple est espacé de 4-5m et dans le couple de 50cms pas plus. Vraiment des grands romantiques ces perroquets. On mange du poisson, ça change et c’est bon ! Pas de café pour moi le soir, après je ne dors pas Haha 🤣

Je me pose à l’étage et regarde le paysage s’obscurcir. Je discute brièvement avec Fiorella. C’est vraiment drôle comment les latinos parlent beaucoup pour rien dire parfois, ont toujours pleins de questions, tu te fait pote avec eux super rapidement par contre t’es juste pote, alors que les français c’est beaucoup plus dur de parler, ils répondent juste de manière rapide et sèche sans plus, c’est dur de se faire des potes par contre tu peux compter sur eux. Différences de mentalité. En vrai j’aime bien a quel point ils sont sociables même si c’est parfois trop pour moi, j’ai besoin de mon espace perso. Elle me demande comment draguer un français parce qu’elle n’y est jamais parvenue, je lui répond qu’elle se débrouille très bien (hahaha 🤣) et que je n’ai pas vraiment de conseil à lui donner, j’en sais trop rien. Perso ça me gave trop justement, l’impression de toujours marcher sur des œufs, ça me gave. Déso Fio 😅

Je discute encore plus brièvement avec Zoé, la fille croisée à Baños puis Mancora, elle m’aime (vraiment) bien et veut qu’on se revoit à Lima. Je lui donne 2-3 conseils pour Couchsurfing et on parle 5min. Ça vient extrêmement vite à « Qu’est ce que tu fais dans la vie ». Vas y laisse tomber je lui dit que je suis occupé ça me gave. On a vraiment un problème avec ça dans les pays développés, et putain je trouve ça chiant comme la mort ces discutions. Avant je m’en foutait mais c’est vrai que là je suis vraiment en rupture avec tout ça. En vrai c’est pas contre elle, et c’est vrai que perso je sais pas trop quoi dire d’autre non plus, mais là j’ai pas envie de faire l’effort.

C’est cool de discuter avec les deux filles l’une après l’autre, ça permet vraiment de prendre du recul sur les façons de faire des nationalités. Je pense qu’il y a vraiment un juste milieu à trouver : ne pas parler pour rien comme les latinos sans en venir tout de suite au discussions sérieuses de travail ou autre.

J’écris posé sur la « terrasse ». Demain on toast mon café et je pars pour Jaén. En fait j’en sais rien. Je me sens bien ici mais en même temps c’est cool de voir autre chose. Et puis il faut rentrer pour la moto et passer à Chachapoyas avant il y a des trucs de fou en terme de nature la bas. Et retourner à Chachapoyas en moto ça me rajoute 1jour de voyage pour rien. J’en sais rien.

Bilan : 0€ ma gueule, je vis de flirt par WhatsApp et d’eau de source plutôt fraiche mais à faire bouillir quand même, on sait jamais.

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