Vive le vent, vive la Normandie

Tout à commencé de la manière la plus simple qui soit. Un jeudi soir, jouant de la musique, un blaireau me parle du weekend à venir. Il doit aller faire de la voile avec des amis, et il y a peut être de la place… A ce stade, c’est encore lointain, mais je sais que le blaireau est un animal qui a le pouvoir de transformer les rêves en réalité.

Vendredi matin, somnolant devant mon bureau, je reçoit LE coup de fil, LE ordre de mission : ce soir, tu prends le train pour venir faire de la voile en Normandie avec nous.

J’aime quand les choses vont trop vite, quand on doit trouver des solutions de dernière minute. Il se trouve que le Blaireau a posé sa journée et qu’il va à décath’ pour acheter de quoi ne pas mourir de froid sur le bateau. Je lui demande de m’équiper aussi. D’ailleurs, je crois que je lui doit encore des sous.

Et vendredi à 19h40, je prend le dernier train pour Granville, au bord de la manche.

La manche, on pourrait croire que c’est une petite mer un peu mollassonne, mais en fait pas du tout. De vendredi soir à samedi soir, c’est la tempête. La pluie tombe à l’horizontale et il y a des grosses vagues qui s’écrasent sur la pointe, en dessous du phare. On se croirait en Bretagne au mois d’août (je rigole, ne me frappez pas).

Dans l’équipe, on est cinq. Il y a Thomas, qui est quand même moniteur de voile et ici simplement capitaine. Il y a Louise, qui est aussi une bonne navigatrice et passionnée de trucs qui flottent dans le vent. Après, c’est Romain, il a les bases et c’est un grand cuisinier. Puis Alexis, qui est déjà monté une fois sur un bateau et enfin moi, qui aime bien les randonnées et le ski.

Vendredi soir, on fait un petit apéro et on dort dans le bateau, c’est cosy, c’est confortable. C’est un Dufour 35, c’est à dire que c’est un bateau de la marque Dufour et qu’il mesure 35 pieds, soit environ 10m. Pourquoi diable les marins ne connaissent-ils pas le système métrique ?

Samedi, on ne peut pas sortir du port à cause de la météo. On en profite donc pour visiter une peu, faire des courses. Le soir, Romain nous cuisine des bars en croûte de sel avec une cause à l’échalotte, c’est un pur régal. On enchaine sur un solide apéro et on s’amuse à se jeter des cacahuètes dans la bouche. J’imagine que c’est comme ça que se divertissaient nos ancêtres, avant l’invention des smartphones.

Dimanche matin, conformément aux prévisions météos et aux marées, nous pouvons sortir du port à 9h30. Tout le monde est prêt. Avec le Blaireau, nous avons dormit presque 3h et nous avons presque cuvé : nous sommes donc en pleine forme pour partir en mer.

Dès la sortie du port, nous faisons face aux vagues. Il doit y avoir un bon mètre de creux, ça secoue bien ! On doit s’accrocher pour ne pas finir au bouillon, mais les sensations sont bonnes. SAUF QUE. Après plus ou moins 15 minutes, une autre sensation apparait. Cette sensation familière, quand je bouquine à l’arrière d’une voiture ou quand je regarde CNews. Encore 15 minutes et me voilà par dessus bord à rendre tout ce que je peux. Il y a là du riz, de la sauce aux échalottes de cette nuit et un peu de brioche du matin. C’est bizarre, je pensais que le riz serait mieux digéré à cette heure ci.

Romain, dans un grand élan de générosité, se joint à moi dans la galère. Ensemble, nous passons toute la matinée à nourrir les poissons, blêmes comme des urinoirs. A midi, on se met au mouillage dans le « port » de Chausey, un magnifique et tout petit archipel. On piquenique sur le bateau et puis demi-tour : on rentre à Grandville.

La mer est plus calme et comme je ne suis plus en train de comater, je participer aux manœuvres. Sur le bateau, on barre, on hisse la grand voile, on affale le génois (la voile d’avant), on sort le spi (voile d’encore plus avant, accrochée seulement en trois points), on serre des bouTs, on tire des drisses, on largue des amarres, on vire de bord, on se met au vent, on faseye, etc. Autant dire que même si je n’ai plus le mal de mer, pour tout comprendre c’est galère. Mais les acolytes sont très pédagogues, patients et passionnés et je passe un excellent moment.

En fin d’après-midi, on rentre au port, on plie nos affaires et retour à Paris en train !

Conclusion

A un mois d’un grand départ en bateau, j’apprend sans vraiment de surprise que je suis sujet au mal de mer.

Ca coûte pas si cher de louer un voilier hors saison (~175€ le weekend pour 5 personnes, avec une solide ristourne pour mauvais temps)

La voile est un sport complet : il faut être intello, fort, agile, résilient, pas frileux, riche, parler fort.