Japon #1 : Oh yes, here we go again

Jusqu’en 2015, je n’avais jamais mis les pieds à l’étranger. Je partais en vacances en France uniquement, surtout en Bretagne et en Normandie. Une ou deux fois dans les Alpes.

Et puis ma mère a décroché un job dans une certaine banque d’origine lyonnaise, et j’ai découvert les joies des Comités d’Entreprise. A moi (et mes frères et sœurs) les colonies de vacances pas chères. J’ai découvert Londres, puis Athènes et les Baléares. C’était chouette. Et puis je me suis retrouvé à avoir déjà 17 ans. Les colos du CE, ça termine à 18. J’allais faire mes toutes dernières colos. Dans le catalogue, il y avait le Japon. Ma mère me l’a montrée, en disant un truc du genre « tu aimes bien le Japon, non ? ». J’aimais bien Naruto surtout. Mais j’avais aussi une bonne image du pays. Ça me semblait dépaysant. Alors j’ai dit oui.

C’était une colo de 10 jours. Je partais uniquement avec d’autres jeunes que je ne connaissais pas. Ce ne sont que des enfants d’employés du LCL, donc des jeunes ma foi plus ou moins normaux, surtout de région parisienne. Il y avait deux trois otakus très assumés mais la plupart n’avait pas d’attrait particulier pour le Japon. Je me suis peu lié d’amitié avec eux, je ne me sentais pas trop en phase avec la plupart des gens, même s’il y en avait plusieurs de très sympathiques en soi.

Comme on était grands, on avait beaucoup de moments de quartiers libres. Plusieurs fois, j’ai traîné seul et j’étais assez ouverts aux inconnus. J’ai adoré les gens que j’ai rencontré par-ci par-là. Je me souviens d’une fois où je cherchais un dorayaki pour ma mère. On m’avait aidé comme jamais.

Les collégiens/lycéens en particulier étaient vachement contents de nous croiser/rencontrer. Peut-être parce qu’on avait à peu près leurs âges. Peut-être parce qu’on était une bande de turbo bg

J’ai donc bien kiffé l’expérience, et puis je suis rentré en France. Y avait le bac à passer.

Trois ans plus tard, je suis à l’INSA et je dois choisir une seconde langue à étudier. Ce qui est cool dans cette école, c’est qu’il y a beaucoup de choix. J’ai hésité entre reprendre l’allemand et tenter un truc nouveau. Avec le souvenir du Japon en tête, je me suis dit que j’allais tenter un truc nouveau : le japonais.

Je m’y suis bien tenu. Dans la classe, j’étais peut-être même le plus motivé. Je me battais pour avoir de meilleures notes que les deux chinois du cours. Ils ont débuté la langue avec un bonus de départ outrageux.

J’ai eu des cours pendant un an et demi, puis je me suis incrusté dans un cours pendant un semestre de plus.

J’ai eu la chance de retourner au Japon grâce à un concours de la Maison de la Culture du Japon à Paris. Il fallait présenter un projet qui lie la France au Japon. Les lauréats gagnaient un séjour de 10 jours où des entreprises devaient les aider à développer le projet.

Pour le concours, mon écrit a été retenu parmi une vingtaine d’autres. Au deuxième round, j’ai raconté des trucs à l’oral dans un grand amphi devant un jury. Y avait un peu de tout niveau projets : une meuf d’école de commerce en tailleur qui voulait faire un hackathon sur le vieillissement, une meuf complètement perchée qui enduisait son corps nu d’encre avant de rouler sur de grandes toiles, un gars qui photographiait des vieux dans la rue, une meuf qui voulait faire de l’architecture avec du papier, un gars qui voulait faire apprendre les maths avec des bouliers (soroban). Moi je parlais d’urbanisme.

On est une petite dizaine à être partis au Japon gratos, avion, bouffe et activités. C’était une folie, moi-même je n’en revenais pas. On a quasiment tous décalés notre billet d’avion retour pour rester plus longtemps. Perso, je suis resté deux mois. J’ai visité les grandes villes du pays en allant vers le sud : Tokyo, Nagoya, Osaka, Hiroshima. Près d’Hiroshima, je suis resté quelques semaines en Workaway chez des mecs un peu excentriques qui nous faisaient retaper par petits bouts la vieille baraque qu’ils avaient rachetés.

Quand à mon projet, il n’a pas beaucoup avancé grâce au séjour. Les entreprises ne nous aidaient pas vraiment à les développer. En fait, c’étaient les mécènes de la Maison de la Culture du Japon (MCJP) à Paris qui nous présentaient leurs boites. On a visité par exemple une usine d’embouteillage d’eau de source. Généralement, la visite était suivie d’une présentation PowerPoint, d’un temps d’échange plutôt formel, puis d’un moment plus informel autour d’un repas.

Pendant la présentation, suite à la visite de l’usine d’embouteillage. Il fallait être bien habillé, et essayer de poser des questions intelligentes.

Rien qui ne permette vraiment de développer nos projets. Il fallait écrire un rapport sur nos avancements chaque jour. Comme je parlais d’urbanisme, j’arrivais à broder, par exemple sur l’insertion paysagère de l’usine. Mon camarade qui voulait enseigner le boulier aux français en chiait un petit peu plus…

On mangeait bien bordel. Ici c’était la visite de Shiseido, un boite de cosmétique.

J’ai décalé mon vol retour et suis resté deux mois au pays. C’était une chouette expérience. J’avais juste plus trop de fric à la fin.

Le niveau de schlagisme a progressivement augmenté. A la fin, rien à voir avec la débauche de luxe du début.

Après ces aventures, je compte retourner au Japon, mais encore mieux, en échange universitaire. Ça tombe bien, à l’INSA on est carrément obligés d’en faire un pour avoir son diplôme. J’avais mal compris que le Japon n’était faisable en échange qu’en quatrième année. Arrivé en cinquième année, j’ai compris que je devais trouver moi-même un labo et un prof au Japon à même de m’accepter. Autant dire que c’est difficile. Surtout en urbanisme.

Mais j’avais espoir. J’avais mes contacts glanés pendant les dix jours de la MCJP, et j’avais été bénévole à un programme de partenariat entre l’INSA et l’université de Sendai. J’avais accueilli des étudiants Japonais à Lyon, réalisé des activités et des petits projets de groupe avec eux. Pour cela, j’avais ma place dans le programme retour, à Sendai. C’aurait été un second voyage à peu de frais dans une université pleine de chercheurs.

Le Covid est passé par là.

Tous les échanges, les projets, les machins ont été annulés. Le Japon est resté fermé pendant peut-être deux ans. Je connais des gens qui ont « fait » plusieurs mois de leur échange ou de leur double-diplôme chez eux en France, en distanciel. Ils devaient se lever pour faire cours à distance à 2h du matin.

Alors après tout ça, je me suis promis que le jour où j’aurai le fric pour préparer un voyage un peu long au Japon, je le ferai. Après mes études, j’ai décroché un CDD de 1 an. Si je n’avais pas envie de renouveler le poste, ce serait parfait. C’est ce qui s’est produit.

Il y a globalement deux possibilités pour faire un long séjour au Japon : le VIE/VIA ou le PVT. J’exclus de suite le visa travail avec une entreprise qui sponsorise le visa. Ça ne se trouve pas sans contacts.

Le VIE consiste à partir pour une entreprise (VIA pour une administration). Globalement les offres que j’ai trouvées étaient toutes liées à l’automobile ou à l’informatique. Rien pour moi. J’ai vite renoncé.

Le PVT, c’est un visa de 1 an maximum, pour les jeunes, qui donne droit de bosser légalement dans le pays d’accueil. A charge pour soi de trouver un taf, plutôt dans des petits boulots, souvent à temps partiel.

Ça tombe bien, la culture du travail au Japon ne m’attire pas spécialement, et la perspective d’y être ingénieur m’aurait stressé plus qu’autre chose. Y faire des jobs moins qualifiés ne me fait pas peur, surtout à temps partiel. Le PVT permet aussi une grande liberté. Au moment de demander le visa, il faut expliquer en détail son projet, mais doit-on le respecter ensuite ? Personne ne vous contrôlera.

Je suis donc parti ce 25 janvier de Roissy. Mon retour est prévu entre septembre et novembre, mais qui vivra verra !

En vrac, ce que j’ai fait pour préparer mon voyage, dans un ordre à peu près chronologique :

  • Quitter mon taf (facile, c’était une fin de CDD)
  • Faire la demande de visa
  • Me renseigner sur comment font les gens en PVT au Japon
  • Prendre les billets d’avion
  • Faire un CV en anglais et un en japonais
  • Chercher un job en amont (sur Workaway et GaijinPot notamment)
  • Aller voir mon médecin pour qu’il me blinde de prescriptions de médocs
  • Prendre les bagages qui vont bien : j’ai choisi de partir sur mon gros sac de rando + mon sac à dos + une valise cabine
  • M’acheter une liseuse et la blinder de livres
  • Prendre une assurance PVT. J’ai choisi Chapka.
  • Changer de forfait téléphone, pour garder mon numéro pour pas cher : j’ai pris le forfait free à 2€
  • Contacter les gens que je connais sur place

Mes objectifs pour ce voyage, encore en vrac car j’ai envie de finir cet article :

  • Lire beaucoup et plein de trucs
  • Vivre ailleurs. Bosser, me faire des amis, faire des sorties et manger des trucs. Si je vais au Japon pour y passer au moins 6 mois, c’est pour y être en immersion, et pour ne pas avoir envie d’y retourner tous les quatre matins, avec l’empreinte carbone que ça implique.
  • Devenir bilingue en japonais
  • Être ouvert sur le monde et les gens. Faire des rencontres qui dureront ou non.
  • Ecrire, beaucoup et plein de trucs
  • Visiter plutôt le nord du pays. On y trouve des régions moins peuplées, moins touristiques, mais plus natures. Si les gens parlent moins anglais, tant mieux. On a beau apprendre une langue locale, quand on reste malgré tout plus à l’aise avec l’anglais on va être très tenté de l’utiliser, et donc de ne pas progresser dans la langue locale.
Sur la route du soleil levant

2 commentaires

  1. Oh yeah ! Hate de lire tes aventures cette année !!!

  2. « Peut-être parce qu’on était une bande de turbo bg »
    Oui ça doit être ça vu la photo 😅

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