Le voyage de Marty, Les Lacs #jour64

Sans vouloir trop teaser, cette article raconte le jour le plus intense de ma vie pour l’instant. Sans vouloir trop teaser bien sûr.

Tout commence un vendredi 5 novembre 2021, par un réveil à 5h. Vu que je me suis couché à 19h30 hier (et oui, changement d’heure ici aussi ! Le soleil se couche désormais à 18h) je ne dors plus. J’écris un article une heure avant de sortir voir le lever de soleil à 6h.

Le lac est beau. Encore dans la brume mais sympa. Bon après on me l’avait vendu mieux que ça : comme un truc de fou. Là c’est juste un grand lac avec des sapin. Joli mais pas incroyable non plus. Je me met à poil et vais me baigner/me laver. L’eau est bonne, peut être 22°C. C’est ultra agréable de se baigner ici le matin à 6h pour se réveiller. J’adore.

Peu importe où je suis, pas de réseau. Bon, ça va être chaud de dire aux filles où s’arrêter. Je peux compter sur la chance mais ça va être chaud haha. Et je ne sais pas où avoir un tour non plus. Je prend un combi pour la ville la plus proche : Tziscao

Toujours pas d’internet. Merde. Bon, je vois une maison qui propose des tours, le mec me dit de prendre une moto taxi pour 500 pesos le tour. Le gars de la moto taxi me propose 350. Cool ! Mais je veux d’abord contacter les potes haha !

Je me dirige vers le « centre ville » quand un touk touk s’arrête et me demande où je vais. Je répond que je cherche de l’internet. Il me dit qu’ici il n’y en a pas. J’ai vu qu’on peut s’abonner à la WiFi. Il y a de la WiFi dans toute la ville mais pas de réseau. Il me propose d’aller en touk touk chez son pote pour 10 pesos avec de la WiFi, vámonos.

Là j’appelle Juliette : elles partent tout juste de Comitán. Heureusement qu’elles sont en retard au final ! Je propose au gars de nous faire faire le tour pour 300 pesos, il accepte, parfait. Les filles arrivent dans 1h15. Le mec veut me faire faire un tour du lac mais je ne veux pas en faire une partie sans elles. Il y a une bande de terre qui avance dans le lac, je vais me poser la bas 30min et y médite 15 minutes. Le lac est fou, ultra reposant. Il y a des cabanes à louer sur les berges. Vraiment un cadre incroyable pour y passer quelques jours coupés de tout.

Le gars me ramène au carrefour avec la route principale et je fais des courses pour midi. Avec les filles on s’est dit qu’on ne mangeait rien pour prendre les champignons qu’il me reste ce matin pour le tour. Je commence à avoir faim !

Le collectivo a laissé les filles avant le village. Je ne sais pas pourquoi. Elles me cherchent mais évidement je ne suis pas là. Elles montre ma photo WhatsApp à un touktouk. Visiblement ils se connaissent et ont une radio, mon touk-touk me dit de venir. On les retrouve.

On commence le tour par un petit lac très sympa et encaissé (lago el caracol). Pas d’accès à pied. L’eau est turquoise, c’est très joli !

On va à un premier point de vue du lac de « cinco lagos ». Vraiment beau ça aussi ! On regarde le lac. Le gars nous dit qu’on peut faire un tour de radeau mais que le mieux pour ça c’est Pojol.

On continue et on se pose sur le mirador de ce lac. C’est magnifique. Je divise en 3 et on mange les champignons. Amélie n’aime pas le miel. Juliette en mange 1 tiers et moi le reste. On reste ici un moment, peut être 20min, le temps que ça monte.

On part pour le lago Montebello, celui où j’ai dormi ce matin. Le gars nous dit qu’on peut se promener, on pose la serviette et on s’assoit. Bizarrement là il est beaucoup plus beau ! Avec des arbres magnifiques qui se mettent à bouger ! Il est beaucoup plus drôle aussi. On se tape des énormes fou rire à en avoir mal au ventre. Au début Amélie ne ressent rien. Puis elle regarde les nuages et c’est bon ! En fait son truc à elle c’est les nuages. Elle y voit pleins de formes. On reste sur cette plage 1 heure. On a énormément rigolé. Chaque prétexte était bon, chaque instant de divertissement était suffisant. J’y ai dormi ce matin donc j’ai une photo, mais nous n’avons pas pris de photos de quand nous y étions morts de rire. Ce sera un peu notre lieu secret au fin fond du Mexique. La seule photo est celle-ci, on y voit pas grand chose si on qu’on y est heureux haha !

On se demande bien ce que le chauffeur de touk touk peut penser de nous, morts de rire depuis 1h sur la plage.

On repart pour le lac de Pojol. On se tape des barres dans le touk-touk pendant les 10minutes de trajet. C’est cramé qu’on est défoncés. Je crois même que le chauffeur en a un peu marre, il descend rapidement quand on arrive.

Ce lac aussi est sublime. J’essaie de le regarder mais je n’y arrive même pas, les arbres bougent haha ! On se pose sur le petit espace au milieu de la descente. En bas des tour du lac en bateau pour 100 pesos/personne. En temps normal ouai, mais là non, c’est mort haha, on a pas trop envie.

Le gars du touk touk me dit qu’il revient dans 20min. Pas de souci ! On rigole, on regarde les arbres, on fait des blagues, on dit de la merde, on rigole, on recommence. Amélie fait remarquer qu’on se croirait vraiment au Canada avec le paysage grâce au dialogue suivant :

Elle : « ça y ressemble beaucoup t’es déjà allé au Canada ? » Moi : « Non » Elle « moi non plus » évidemment, fou rire.

Le lac. Il est très drôle mais rigole moins !

Le lac change de couleur quand il y a du soleil, l’eau devient plus claire, c’est encore plus beau.

Au bout de 20 minutes on remonte au touk touk. Le mec n’est pas là. On l’attend. Ça fait 30min. Maintenant 40. La je commence salement à flipper. J’ai laissé mon sac dans le touk-touk. Je me souviens que les mexicains m’ont TOUS dit de faire attention au niveau de la frontière avec le Guatemala parce que c’est dangereux, qu’on peut se faire dépouiller en pleine journée dans la rue. Et moi j’ai laissé mon sac dans ce touk touk ? Il y a tout dedans. Là je me met à paniquer. Je suis dans la merde. Il s’est barré avec c’est sûr. Dans le meilleur des cas je le retrouve en ville et je l’échange contre les pesos que j’ai dans mon portefeuille. Je psychote grave. C’est clairement à cause des champignons aussi. C’est pas anodin, ça peut vite rendre parano. Je fais l’état des lieux : je suis au fin fond d’un village au fin fond du Mexique à 10kms de la frontière avec le Guatemala une frontière réputée dangereuse, complètement défoncé, avec un gars en touk touk qui a mon sac et qui devait rentrer il y a 20 minutes. J’ai la peur de ma vie. On est les clients idéals pour lui : un sac complet d’affaire, des clients défoncés, il est juste parti avec le tout et ne reviendra jamais.

Et là, on voit un touk touk rouge qui revient, 50min plus tard. Bordel. De. Merde. C’est lui. Mon sac, mes papiers, tout. Putain. Je suis complètement déboussolé par tout ça. Les fameuses 20 minutes mexicaines.

On se rend ensuite au dernier lac, le plus grand, celui qui a le même nom que la ville : Tziscao. On file tout au bout. Amélie à faim, je ne dit pas non non plus, je demande et on s’arrête à un restau.

Les filles prennent des escalopes milanaises, je prend un truc au nom imprononçable. C’est un plat d’ici. De petites gorditas fourrée avec des haricots, du fromage, du chorizo et des champignons. C’est ultra bourratif. Les tortillas ici sont super bonnes, pas du tout sèches. Je me prend un verre de Jamaica qu’elle fait en direct. L’infusion. Elle me le sert donc chaud. Ça me rappelle le Peyotl, la seule fois où j’ai bu une infusion de Jamaica chaude. Il y a une belle vue sur le lac.

On termine le tour sur le bout du lac, avec d’un côté le grand lac et de l’autre un petit lac rond, où il y a la frontière qui passe au milieu. Autant les frontières naturelles je les comprend, genre les Alpes ou les Pyrénées. Autant les frontière où c’est juste une ligne tracée, je trouve ça dingue. Comme si la nature s’arrêtait à un endroit et pas un autre. Ça n’a aucun sens.

Je suis redescendu. Complètement vidé. Le touk touk nous ramène à la route principale. Les filles prennent le collectivo pour Comitán. On se fait la bise. À plus. À bientôt, à dans longtemps, je ne sais pas quand, mais on se reverra, c’est sûr. Merci d’avoir passé cette journée de folie avec moi !

Épuisés mais heureux !

Ceci étant dit, je ne sais toujours pas où je vais dormir moi. Je retourne là ou j’étais ce matin, sur le caillou au milieu du lac. Sur le chemin, je croise des gens entrain de faire un foot dans ce cadre idyllique.

Je me retrouve sur ce rocher, là où j’ai commencé la journée et où je vais la finir. Je suis complètement exténué. J’ai toujours de la force pour faire des choses et repousser mes limites, mais là non. Ici, aujourd’hui, je ne peux plus. M’imaginer perdre mon sac m’a complètement épuisé moralement. Je ne sais pas ce que je ressent, ce que je pense. Si je suis triste, heureux, si le paysage est incroyable, si j’ai faillit perdre toutes mes affaires, tellement de choses se bousculent dans ma tête.

En temps normal j’aurais juste posé la tente et me serais lavé dans le lac. Mais là je prend un camping, pour avoir une douche chaude. C’est dire. Cette douche me fait énormément de bien d’ailleurs. Je me pose dans la salle à manger, profite du Wi-Fi et écoute Pomme. Je ne l’avais pas écoutée depuis longtemps. J’y ai repensé parce que beaucoup de mexicains la connaissent, c’est fou. J’avais oublié la qualité de mes écouteurs et le régal de la réduction de bruit. Ça fait plus de 2 mois que je n’avais pas écouté de musique comme ça, ça fait super plaisir.

Je traîne un peu. Bonne nouvelle du jour, l’action Safran a pris 5% aujourd’hui et je suis repassé en positif alors que j’étais en négatif depuis 3 mois ! +900€ actuellement. Ça va me payer un mois de voyage tout ça ! Je me décide à monter la tente et dormir. Enfin. Un repos bien mérité après une journée dingue : c’est la première fois de ma vie que je rigole autant, j’ai aussi peur, trouve des lacs aussi magnifiques, me réveille et me couche à leur côté. Ça fait beaucoup pour une journée.

Je me glisse dans mon sac de couchage tout doux, bonne nuit.

Bilan : 300 pesos soit 12€

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