Le voyage de Marty, Route Colombienne #jour204

Après un réveil pas ouf a cause de l’eau de la salle de bain qui a coulé dans la chambre et mouillé des habits, je petit déjeune et enfourche mon fidèle destrier, qui démarre niquel cette fois. C’est parti pour au moins 6h40 de route.

Je roule, fait le plein, roule, fait le plein, roule, fait le plein. La route est très droite et pas très drôle. On est dans la vallée ici, la température est plus élevée et l’air plus sec. Les villes traversées n’ont l’air que très peu intéressantes, villes de passages pour routiers et voyageurs.

Calamar j’avais prévu d’y dormir mais ça craint et c’est cher

Je vais profiter de cette journée où je n’ai que conduit pour parler un peu de la route en Colombie.

Je remarque que je consomme 4,4L/100kms lorsque je suis en fond de 6, vers les 110km/h j’imagine. Oui, j’imagine, parceque le compteur ici, il me dit que je respecte les limitations, et même très bien : je roule à 0km/h. Impec, pas de souci avec les flics au moins. En temps normal je m’en fou un peu même si je suis curieux de savoir à combien je roule, mais en fait en Colombie j’ai vu 2 radars ! Et souvent des panneaux « contrôle électronique ». J’imagine que ces derniers sont uniquement pour les flics parceque je n’ai pas vu de radar, mais les gens freinent bien. Du coup je ne sais pas. Plusieurs fois je suis passé sans y prêter trop attention, peut être un peu vite, on verra bien. Les limitations ici c’est 80km/h, il n’y a que de la nationale, pas d’autoroute.

Au fait, ils paient la nationale, c’est une compagnie d’autoroute qui l’entretien, sauf que c’est une nationale. Coup de chance : pas de péage en moto : je passe sur un petit couloir sur la droite. J’ai l’impression que les motos ont une certaine immunité ici : pas de péage, si pas de papiers pas grave, pas de contrôle par les flics. Lorsque j’étais à Jardín il y avait un barrage de flics qui contrôlaient toutes les voitures (enfin les papiers, contrôle de routine) et les motos sont passés sur le côté sans s’arrêter, évidemment j’ai suivi.

Bref, la nationale c’est 80km/h et c’est un peu large, de quoi perfectionner mes talents de pilote : j’apprends à doubler en double file. C’est à dire que je double un camion, il se sert un peu à droite (ou pas) et une voiture vient en face en se serrant un peu à sa droite. Et voilà comment doubler en toute sérénité, avec 50cm de chaque côté. J’apprends à doubler en virage, et attention, à doubler en double file en virage, un peu plus compliqué ça, un peu plus risqué, mais vachement plus drôle aussi. Bon ça, on évite quand même. Un truc que je n’ai pas fait c’est doubler en double file avec un camion en face. Je ne suis pas assez téméraire pour ça. Le problème ? L’appel d’air. Quand un gros camion vient en face ça crée une dépression dans son sillage et même quand on est sur la voie opposée on se sent vraiment aspiré. Lorsqu’il y a un peu de vent en bonus cette dépression est accentuée. Ainsi, si je double en double file et suis très proche de cet appel d’air, il suffit qu’il y ai un peu de vent bonus et j’ai peur de perdre l’équilibre. Normalement non, mais franchement c’est chaud, l’aspiration peut être vraiment violente.

Jusque là je parlais de moi qui double, mais parlons des autres aussi un peu : une voiture qui en double une autre en double file. Sauf que moi je suis en moto, donc c’est à moi de faire de la place. C’est à dire que quand moi je double, je me colle au camion à doubler. Par contre quand c’est une voiture en face qui double un camion, c’est aussi à moi de me coller sur mon côté droit. Enfin j’ai le choix, je peux aussi rester sur ma ligne, mais dans ce cas là c’est vol plané assuré : la voiture est pleine gauche et ne va pas se décaler. Une fois c’est un bus qui m’a fait ça. Oui : le bus double un camion, j’arrive en face, j’avais intérêt à me mettre sur la bande d’arrêt d’urgence ! Bon en vrai, le bus était grave sympa, il m’a quand même fait des appels de phares : « dégage tu vas crever », trop gentil.

Pour indiquer si on peut doubler, les camions ont souvent des feux supplémentaires, rouge pour ne pas doubler. Bon, une fois j’entame, il allume le rouge, personne en face, je termine, j’ai pas compris pourquoi il voulait pas. Une fois je double, un peu short mais même pas en double file, la voiture en face me fait des appels de phare. Une fois je reste tranquille car on arrive en virage, le mec de derrière me klaxonne pour que je double. Faut pas trop chercher à comprendre des fois.

Bon et sinon ici le prioritaire c’est le plus gros. Pour le code de la route en ville c’est intéressant aussi : les stops sont des priorités et les priorités sont… subjectives. La personne sur la voie principale est prioritaire. Si la voie qui est la principale n’est pas évidente, alors c’est le premier arrivé, le plus gros, ou celui qui a les couilles de s’engager en premier. Bref, j’ai quelque fois laisser passé la priorité… Et me suis fait klaxonner. Maintenant j’ai plus l’œil et arrive à savoir à peu près si je peux y aller.

Ça peut paraître super dangereux comme ça mais perso je trouve que ça va, ça rajoute un peu de piment à la route, au moins on ne s’ennuie pas ! C’est vachement plus divertissant qu’en France !

Les petits bonus de mon escapade : depuis que j’ai fait changer l’huile et retendre la chaîne la moto a vraiment gagné en puissance, alors que la 5eme était une vitesse de croisière et la 6 ème une vitesse inutile, j’ai gagné plus de 1000 tr/min sur ces deux dernières vitesses, ça qui fait de la 5eme une vraie vitesse avec laquelle j’accélère et la 6eme une vitesse de croisière. Vraiment cool ! Quand j’y pense, c’est dingue ce genre de moteur : 180cm3 soit 18cL de chambre de combustion donc un verre d’eau, un seul cylindre, 15cv, et la moto monte à 110 km/h et a du répondant.

Quand j’étais dans une ville sur la route je cherchais un adaptateur pour mes écouteurs. Bref, je voulais faire passer le temps plus vite dans les lignes droites. Malheureusement impossible à trouver. J’ai le seum, je vais devoir me taper toute la journée sans musique. Une demoiselle (genre 35 ans) me voyant en recherche m’indique gentillement de la suivre au centre, elle m’emmène dans un magasin pour trouver ce que je cherche. Impossible de trouver, on a fait 3-4 magasins ensemble. Je pensais qu’elle avait son propre magasin et ramenait donc un client mais non, elle l’a fait par pure gentillesse. Elle a vraiment passé 30min avec moi à chercher.

Je devais dormir le long du fleuve à « Calamar » mais le village à vraiment pas l’air safe et surtout l’auberge est en fait un hôtel à 17€ la nuit. Bon, direction Barranquilla. 2h de route en plus de nuit mais tant pis, flemme de payer 17€ au lieu de 8 et faire la route demain, autant arriver ce soir.

Bon avec tous mes pleins j’en ai pour 54 000 pesos soit 12€85. L’essence coûte 0,60€ le litre. Il y a l’essence « courante » à 60 centimes ou l’essence « premium » qui est de SP98, à 1€20 le litre. Mais du coup je me demande l’indice d’octane du « courant ». Aujourd’hui j’ai roulé 480kms, 8h30 en moto, vitesse moyenne 56km/h, départ 9h arrivée 20h.

Une fois sur Barranquilla, je trouve l’hôtel de Steven et son pote, les retrouve et on part manger. Le quartier à l’air de craindre un max, alors que c’est un quartier tranquille à priori. Je rentre la moto dans le garage de l’hôtel, super cool, ça évitera de me réveiller sans moto demain. On me prévient : dans certains quartiers, ne pas s’arrêter en moto sinon c’est braquage. Ha, d’accord, merci du conseil. J’ai l’impression que la Colombie c’est une campagne magnifique avec des gens super et des villes infernales. Le paradis et l’enfer dans un même pays.

Les 2 compèrent sortent mais perso je reste ici, écrit et vais dormir, je suis fatigué de ma journée. Ils vont rentrer vers 4h du matin.

Bilan : 128 000 pesos soit 30€50

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