Si to envi lir tou sa bann zafer ki noun fer kot moris, mo bien conten prezente toi sa bo pays. Enn zistoir ki ti ecrite ek amour par Flétan.
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Bonne lecture !
- Maurice #01 Le commencement du début
Et pouf, mon tour est enfin venu de partir. En fait, Anna et moi ne partons pas à proprement dire en voyage. Je dirais plutôt que c’est une tentative d’émigration avec retour à moyen terme. En fait, on prévoit de rester sur l’île entre 3 mois et un an, selon comment on s’y sent. J’ai conscience que l’île est assez petite et densément peuplée et que donc on ne part pas pour de la grande aventure. Je vois ça plutôt comme une expérience de nouveau départ : j’arrive sur une île et je dois trouver un job, des amis, des habitudes et des hobbies. Pour ce faire, nous avons juste préparé le terreau, mais il faudra attendre la suite pour voir si ça prend. Bref, impossible de prévoir ce qu’il va se passer.
La préparation
- Carte SIM : Free 2€ pour garder mon numéro français et recevoir les codes (banque, google, etc.) par SMS : ça fonctionne très bien.
- Banque : CA des Savoies WoW (pas de frais à l’étranger) + Revolut en bonus. Anna a pris Boursorama, qui fait des offres très intéressantes pour les voyages.
- Assurance : CFE (Caisse des Français à l’Etranger) propose des assurances jeunes à bon tarif. Mais bon, comme je suis un peu un gland, j’ai pris une assurance privée légèrement plus chère.
Le vol
Je suis actuellement dans un B777 pour Dubai puis A380 pour Maurice. Au total, environ 15h de voyage pour faire les 9000 km de qui séparent ma yaute natale à cette île paradisiaque. Quand on y pense, c’est quasiment de la téléportation.
Au décollage, on se retrouve du mauvais côté de l’avion et on ne voit quasiment pas les Alpes, mais le Jura. Mon niveau de frustration est stratosphérique. On survole ensuite les Carpates, la Turquie, l’Irak et le golf persique, puis plein sud à travers l’Océan indien pour arriver à Maurice.
Je profite du vol pour mesurer la pression atmosphérique en cabine. La pression se stabilise au bout d’environ une heure de montée à 804hPa (1900m d’altitude).
L’arrivée
A l’arrivée à Maurice, on remplit quelques formulaires, on passe la douane et on subit de nouveau un test PCR. Après une bonne heure, on peut enfin sortir de l’aéroport. Là, on est accueillis par Marie-Claire et Eddy, la tante et l’oncle d’Anna. Ils parlent français avec un petit accent lancinent, j’aime bien. Eddy nous conduit à la maison de famille, proche du centre de Port-Louis, la capitale.
On mange des dholl puri, des galettes de lentilles fourrées avec une sauce de lentilles et de haricots épicés. Ça a bon goût, c’est très bon marché (15Rs soit 30cts) et c’est extrêmement nourrissant : j’ai la sensation d’avoir trop mangé après en avoir englouti seulement deux.
De l’île Maurice et de ceux qui l’habitent
La population locale est originaire à environ 66% du sous continent indien, à 28% d’Afrique (descendants d’esclaves), à 3% de Chine et à 2% d’Europe (anciens colons français et anglais). (source)
Les langues utilisées sont le créole pour la vie de tous les jours, l’anglais pour l’administration et le business et le français pour la presse, la culture, etc. Ce qui veut dire tous les Mauriciens parlent 3 voire 4 langues en ajoutant la langue communautaire (Hindi, Tamoul, Chinois, etc.). Le Créole est dérivé du français, mais il en est toutefois assez éloigné et je trouve qu’il est difficile de suivre un conversation en Créole. Étonnamment et contrairement à mes recherches, le français semble beaucoup plus utilisé que l’anglais dans la vie quotidienne. La conclusion est que l’on ne peut pas toujours comprendre les locaux, mais qu’eux nous comprennent toujours. Il est donc capital d’apprendre le créole pour rétablir un équilibre.
La religion est également très présente. Les catholiques, les musulmans et les hindous sont très pratiquants dans toute l’île et vivent ensemble sans problème apparent de cohabitation.
En fait, ma première impression, renforcée par la sympathie de la famille d’Anna, est que les Mauriciens sont très bienveillants et agréables.
Cependant, un certain sentiment d’insécurité plane sur l’île. On nous déconseille très fortement de sortir dans la rue de nuit et toutes les fenêtres sont équipées de grilles et de cadenas. La présence de vol dans l’île peut s’expliquer facilement par les importantes inégalités qui y règnent. Cependant, n’étant pas fan de sentiment d’insécurité, je profiterais de mon séjour pour creuser un peu le sujet…
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If you see this after your page is loaded completely, leafletJS files are missing. - Maurice #02 Premier coup de soleil
Suite à un premier jour d’accueil chaleureux et de nourriture délicieusement trop grasse, nous avons décidé de partir à la mer. Pour cela, on prend le bus direction Trou aux biches pour une heure de trajet. Le bus nous coûte environ 30 Rs par personne, soit 60 cts. Prendre le bus à Maurice est une expérience en soit : la majorité de la flotte et est encore composée de vieux bus grinçants, claquants et fumants qui conduisent toujours leurs nombreux passagers à destination malgré la conduite relativement brutale de leur chauffeur. Pour une raison qui me dépasse, j’ai réussi à dormir pendant la majeure partie du trajet.
Comme on peux s’y attendre, les plages Mauriciennes entretiennent tous les clichés : sable blanc, cocotiers, eau turquoise et toujours à la bonne température. Tout cela est vrai et entretien l’impression de se balader dans une carte postale. Mais la carte postale a des revers : premièrement, on est assailli de toute part par des vendeurs à la sauvette ou des gentilshommes qui proposent des activités (pêche au gros, wake board, bateau au fond de verre, etc.). Ils sont sympa, mais perso ça ne m’intéresse pas. Deuxièmement, il y a énormément de plages privées sur lesquelles ont peut passer mais pas s’arrêter : bof. Troisièmement, il ne faut pas regarder loin pour voir des monceaux de détritus dans tous les buissons. Et enfin, il faut tout le temps faire attention à ses affaires sur la plage pour ne pas se les faire voler, ce qui est plutôt relou.
C’est joliiii Ceci dit, on plonge avec des masques tuba et on voit rapidement des petits poissons, des concombres de mer et même une magnifique tortue de mer. Malheureusement, le courant assez fort et les bateaux de touristes nous dissuadent de nous rapprocher de la barrière de corail et donc de voir la partie la plus intéressante. Tant pis, ce sera pour une prochaine fois.
Morphologie de la côté mauricienne Finalement, après une bonne assiette de mine frit (nouilles sautées), on change de plage pour celle de Mont-Choisy à quelques kilomètres. Celle-ci est beaucoup plus agréable et également prisée par des Mauriciens.
Le soir, nous sommes invités au restaurant par une partie de la famille d’Anna. Un de nos hôtes, Thierry, se trouve être un commentateur de courses hippiques très populaire. Les courses hippiques sont un loisir historique encore très suivi à Maurice et plus particulièrement à Port-Louis, où se trouve un des plus anciens hippodrome du monde. Tous les samedi après-midi s’y jouent des courses qui rassemble des milliers de spectateurs. Il paraît que c’est très impressionnant, mais avec le Covid les courses se font à huis clos et sont seulement suivies à la télé ou sur youtube.
Photo des courses dans les années 90. Source : archives Chan. Conclusion de la journée : un beau coup de soleil dans le dos malgré la crème solaire indice 50 : vive les tropiques !
- Maurice #03 Balade sur le Pouce
Quatrième jour à Maurice, on randonne sur le Pouce en partant de la maison. Le Pouce, c’est une montagne en forme de pouce. Il culmine à 820m, ce qui veut dire qu’on doit faire à peu près 820m de dénivelé pour en atteindre le sommet.
Topo de la rando, aussi disponible ici C’est une très belle rando, pas très technique (juste un passage aérien à la toute fin). Par contre, il fait extrêmement chaud tout au long de la montée donc il faut emporter beaucoup d’eau.
On traverse d’abord une jungle très chaude et humide, puis une forêt un peu plus sèche et enfin de la prairie d’altitude, pleine de plantes succulentes gigantesques et d’arbustes. Le sentier est assez bien balisé et est présent sur les cartes.
La vue depuis le sommet Pendant cette rando, on découvre une partie de la faune Mauricienne, qui a de quoi surprendre !
Une grenouille, un scolopendre, un escargot, un champignon et une termitière… le tout à 30 minutes à pied du centre ville ! Après manger, on finit la journée sur un film bollywoodien à la télé, qui reste pour l’instant l’expérience la plus douloureuse depuis mon arrivée.
- Maurice #04 Montagne et patrimoine historique
Le corps de garde
Lundi 25/10, on retrouve Pascal, un grand cousin d’Anna, pour faire le corps de garde, une montagne assez solitaire au dessus de Rochebrune.
Trace gps ici La rando est courte mais la vue est sympa et certains passages impressionnants au dessus d’un belle falaise.
La soeur de Pascal nous accompagne aussi. Elle fait beaucoup de trail à Rodrigues, Maurice et à la Réunion. Il y a un petit trail prévu mi-Novembre à Maurice : on va sans doute y participer !
Les chocas verts en haut des falaises Au retour, on mange des faratas, de délicieuses galettes de blé agrémentées de diverses garnitures qu’on achète entre 15 et 50 Rs.
Divers trucs touristiques
Pendant le reste de la semaine, on visite les incontournables de l’île : jardin botanique de Pamplemousse, musées de l’aventure du sucre, du blue penny, d’histoire naturelle. Je ne détaillerais pas trop ces visites ici parce que ce sont les incontournables de tout bon touriste en visite à Maurice et que je voudrais pas spoiler (non, c’est pas du tout une histoire de flemme).
Petit florilège du splendide jardin botanique de Pamplemousse Ces visites nous permettent d’en apprendre plus sur le passé de l’île. En gros, l’île n’était pas habité avant l’arrivé des européens. Les hollandais se sont installés un temps mais se sont barrés à cause d’une famine. Les français en ont fait une colonie viable au 18e et ont lancé l’industrie sucrière. Au 19e, les rosbifs ont pris l’île et ont continué de développer le sucre. A l’abolition de l’esclavage, les planteurs ont engagés des centaines de milliers d’indiens pour les remplacer. Pendant toute cette période, la population de la colonie a bien galéré à causes des épidémies de malaria et de choléra, des invasions de sauterelles et de rats, des sècheresses, des incendies, des naufrages, des ouragans et des famines. Les colons (et surtout leurs esclaves) ont énormément modifié l’île pour la rendre habitable : dératisation, construction de barrages, d’aqueducs, de routes, de voies ferrés et retrait d’énormes quantités de pierre des champs pour les rendre cultivables. Au final, l’île est indépendante depuis 1968 et jouit d’une bonne stabilité politique depuis. Aujourd’hui, les principaux problèmes semblent être la corruption des élites et la pollution, mais j’y reviendrais dans un autre article.
Ces séances d’histoires m’ont permis de réaliser que l’île cache beaucoup d’autres richesses que les plages de sable blanc, les hôtels de luxe et les centres commerciaux et ça tombe bien parce que c’est exactement ce que je cherchais.
Ma première visite historique : une fabrique de poudre noire puis une prison, un orphelinat et enfin un hôpital. Les ruines se trouvent au lieu dit « moulin à poudre », à Pamplemousse. Quelques recherches me permettent de trouver des ressources en ligne concernant le patrimoine historique Mauricien :
- Maurice #05 Toussaint
Aujourd’hui c’est la Toussaint et comme la famille d’Anna est catholique, on a suivi ce jour spécial de l’intérieur.
On commence la journée en allant au cimetière de Bois Marchand. Pour le stationnement, c’est très simple, il suffit de s’arrêter sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute. Je note que l’oncle d’Anna préfère marcher sur l’autoroute que sur l’herbe : étonnant, surtout quand on sait qu’il nous met en garde contre la pluie parce qu’il y a eu des morts dans une inondation il y a plusieurs années.
Bref, revenons à nos moutons. Le cimetière est grand et très fréquenté aujourd’hui. Arrivés à la tombe, on l’orne de fleurs et d’encens et on arrose généreusement la pierre tombale pour la laver. En fait, ce n’est pas vraiment une pierre tombale mais plutôt une sorte de stèle posée à même le sol qui accueille le défunt. Dans tout ce rituel, je suis surpris par l’absence de minute de silence ou de prière. La conversation est très terre à terre et porte sur la qualité de conservation de la tombe, sur l’état des fleurs ou sur l’épineuse question de faut-il reprendre de l’eau avant la prochaine tombe ?
Parking du cimetière On part ensuite pour le mausolée du Père Laval, un saint local qui a vécu au 19e et qui aurait pas mal aidé les pauvres et même fait quelques miracles. Il y a une messe classique dans l’église et un temps de prière musical (bien plus sympa) dans le mausolée. Ce n’est pas une étape indispensable de la toussaint, mais ça fait longtemps qu’ils n’y étaient pas allés.
Enfin, nous partons pour le cimetière de l’ouest. Contrairement à Bois Marchand, ce cimetière accueille des créoles en plus des Chinois (les cimetières fonctionnent par communauté et par religion, comme le reste de la société). L’ambiance est encore plus effervescente. On voit beaucoup de monde, des stands de marchands de nourriture, de fleur et de jerricans d’eau ainsi que des gars qui proposent leurs services pour nettoyer les tombes voir carrément la remettre a neuf à la bêche.
Cimetière de l’ouest - Maurice #06 Le hasard fait bien les choses (les 7 cascades)
Mardi 2 novembre. On se lève tôt pour aller à la messe où on donne un office qui concerne la famille d’Anna. En temps normal, j’aurais refusé poliment, mais j’étais curieux d’assister à une messe catholique Mauricienne. Je peux donc maintenant confirmer que c’est chiant, comme ailleurs.
9h : on monte dans un bus direction Bord Cascade/Henrietta. On galère un peu à trouver, mais les bus sont globalement très bien organisés ici et en demandant au chef de gare, on trouve facilement notre bus. Le confort et la vitesse de voyage sont eux un peu plus aléatoires. Si certains bus sont modernes, la plupart cumulent les décennies. Il semble également que les amortisseurs soient optionnels, heureusement que les routes sont correctes !
10h30 : on arrive enfin à la gare routière d’Henrietta. En fait, il s’agit d’un spot de randonnées que j’avais trouvé un peu au pif sur maps.me. Sur la carte, il y a plein de sentiers dans la forêt et même des cascades. En fait, on se rend compte qu’on est au site des 7 cascades, une des randonnée les plus connues de l’île. Heureusement, il semble y avoir assez peu de touristes.
On discute avec des touristes malgaches. En fait, beaucoup de femmes de Madagascar viennent à Maurice pour y travailler dans les usines textiles. Elles vivent dans des dortoirs d’usines et donc ne sortent pas beaucoup : en 2 ans ici, Lydia parle à peine Créole.
Vue du vallon depuis en haute 12h : on monte, on descend, on mange, on fait la sieste, on se perd, on retrouve notre chemin, et on recommence. La vue est très sympa et les cascades sont magnifiques. Le site est un genre de canyon très large et très raide dans lequel se succèdent 7 cascades assez impressionnantes. Les sentiers sont mal indiqués et pas vraiment entretenus. C’est connu mais les autorités semble s’en battre nonchalamment les bonbons, ce qui est en fait une excellente chose puisque le site garde un vrai aspect nature/exploration dans la jungle.
Une des 7 cascades. 14h : on tombe sur une grande troupe de ch’tis (genre 10 adultes et autant de chiards). Leur insouciance et leur ouverture me fait beaucoup de bien. Il viennent tranquillement, un sandwich dans une main et une bière dans l’autre, nous dire qu’ils sont perdus. Alors que depuis dix jours tout le monde nous martèle que Maurice est un lieux dangereux, tant dans la rue que dans la nature, c’est une vraie bouffée d’air frais. J’ADORE ME PERDRE, LAISSEZ MOI ME PERDRE BORDEL !
A côté, deux jeunes mauriciens sont assez angoissés pour la troupe de ch’ti et décident de les attendre pour leur montrer le chemin. En remontant, on sympathise avec les Mauriciens. En fait, ce sont des créoles qui finissent ici un long week-end de plage et de cuite. Avec Anna, on est sur le cul : oui, les mauriciens font des trucs quand ils ne travaillent pas ! Croulants sous nos questions, ils nous lâchent tout. Ils font des bivouacs, de la pêche, du VTT, du kayak et des barbec sur la plage. ENFIN !
En fait ça fait du bien de rencontrer ces gars parce qu’après plusieurs jours au contact des oncles et tantes d’Anna, mon image de Maurice commençait à se ternir un peu. Non pas qu’ils ne soient pas sympa, au contraire même : ils sont trop sympas. Trop attentionnés d’abord : « attention au caillou », « il faut pas sortir le soir », « il faut pas sortir quand il pleut » ou encore « ne marche surtout pas, je vais chercher la voiture ». Et ensuite trop généreux : les sorties au restaurant (par ailleurs de très bons restaurants), ont tendances à se transformer en gavage d’oie. Il faut parfois hausser le ton pour refuser un plat parce que si je dis « non » poliment, je suis quand même servi !
Bref, le courant est bien passé et on a échangé nos contacts. On devrait les revoir bientôt et découvrir un nouvel aspect de Maurice !
- Maurice #07 du nord au sud, de la mer à la rivière
Mercredi 3 novembre, on part pour quelques jours à Péreybère avec Anna. Péreybère c’est une plage tout au nord de l’île. C’est au centre d’un littoral très touristique et urbanisé. Et c’est pas pour rien : les plages et le lagon sont magnifiques la platitude du pays rend les constructions bien plus simples que dans le sud. Nous partons donc quelques jours dans l’appartement qu’une tante d’Anna a acheté à deux pas de la plage il y a quelques décennies. L’appartement n’a pas été utilisé depuis environ 2 ans. Il est un peu vieux et un peu sale, mais complètement fonctionnel donc ça va.
Du côté de la plage, il y a pas mal de monde mais on peut facilement se balader sur la plage ou faire du snorkeling en nageant une cinquantaine de mètres. L’eau est un peu trouble à cause de l’activité, mais on voit déjà une bonne quinzaine d’espèces de poissons et mollusques tropicaux dont un magnifique (et un peu dangereux) poisson-lion, un bénitier ou encore des cabots (des poissons qui vivent à moitié hors de l’eau).
La plage à Péreybère On profite de ce séjour dans le nord pour visiter le domaine de Labourdonnais, un ancien « château » colonial restauré et transformé en musée. On voit le luxe de la vie des colons et aussi leur volonté de faire comme en Europe. En visitant ça on pense bien sûr aux esclaves de l’île qui ont fait la richesse des grandes familles qui sont, aujourd’hui encore, les plus riches et les plus influentes de l’île. Les anciens colons planteurs sont devenus des patrons d’entreprise et la situation reste la même pour les autres. Mais d’un autre côté, cette aristocratie a sans doute beaucoup joué dans la stabilité et le développement de l’île (contrairement à Haïti par exemple). En fait je ne sais pas trop quoi en penser.
Boom, vla le château Cet article est aussi l’occasion de parler des trucs pas ouf de Maurice :
- Le bruit : surtout à Port-Louis, les chiens (errants ou pas), les bus antiques et la ville en générale est très bruyante. Et la chaleur écrasante de ce début d’été nous oblige à garder les fenêtres ouvertes.
- Les bestioles : les fourmis, les geckos et les cancrelats sont omniprésents partout sur l’île. Il faut toujours faire la vaisselle, ne jamais laisser traîner de la nourriture et sortir régulièrement les poubelles, sous peine de mauvaises surprises.
- Le piment : les deux premières semaines, j’ai pas mal fait le malin à bouffer super épicé, mais le feu intestinal m’a rendu humble.
Les cancrelats sont sans doute les animaux les plus détestés de l’île Maurice. Pourquoi tant de haine ? Dimanche 7 novembre, retour à Port-Louis et randonnée à Plaine Champagne avec Thierry et Nicolas, les deux Mauriciens rencontrés aux 7 cascades. La chaleur est étouffante mais la rando est sympa.
Détails ici La vue depuis Plaine Champagne 🥂 Travelers' Map is loading...
If you see this after your page is loaded completely, leafletJS files are missing. - Maurice #08 Avalon Trail
Samedi 13 novembre. Tout avait assez mal commencé. Tout d’abord, ce trail dont on nous avait parlé mais auquel j’ai oublié de m’inscrire. Puis l’annulation dudit trail l’avant-veille à cause des nouvelles restrictions du gouvernement suite à une reprise de l’épidémie. Enfin, 4 heures de galère en bus pour atteindre le point de départ du trail (ça vaut le coup de venir parce que le sentier est bien balisé).
C’est rose c’est joli Un paille-en-queue, oiseau symbole de l’île Maurice (ya aussi le dodo mais on en a pas encore croisé)
La rando est sympa mais la différence de rythme entre Anna et moi est sujette à tensions. C’est pas toujours simple la vie de couple !
Le topo est dispo ici. Mais comme le trail traverse des propriétés privées, le sentier est fermé par des clôtures en temps normal. Pendant la journée, on a rencontré Davinesh, un hindou mauricien qui est valet dans un hôtel sur la côte. Il est super sympa et aime beaucoup les touristes. Il nous dit qu’il fait pousser son propre tabac. C’est interdit mais ça fait de grosses économies. Il nous dit aussi qu’il aime bien « prendre une bière avec une 35 ». Kesako ? En fait, il y a un genre de langage codé utilisé par les hommes mauriciens pour évoquer différentes choses importantes de la vie :
Les miradors servent à la chasse au cerfs, très nombreux dans le sud - 35 = une jolie fille
- 40 = faire caca
- 29 = faire pipi
En fait yen a certainement bien plus que ça, mais faut connaitre. En bonus, voici quelques insultes pittoresques :
- Bouss to liki = bouge ton cul (très utile sur la route)
- Pilon = pd (très gênant au KFC)
Sur le retour, on croise Asmed qui se balade avec sa femme et son fils sur un modeste scooter électrique. La petite famille arrête son véhicule et on tape la bavette sur la nationale. Scandalisé par notre manque de culture culinaire islamo-mauricienne, Asmed nous laisse son numéro et nous invite à manger quand on veut dans la semaine un délicieux briani de boeuf. En gros, le briani c’est du riz avec une sauce aussi delicieuse qu’extrêment grasse, très populaire dans toute l’île.
- Maurice #09 : Du travail pour le peuple
Avec Anna on cherche mollement du travail depuis environ une semaine. On s’est dit qu’on pourrair louer l’appartement de Péreybère en airbnb, mais on s’est pris un gros stop de la tante d’Anna. Ensuite, Anna à postulé dans un magasin de tissu, mais elle s’est prise un gros stop de la proprio. Ensuite, on s’est fait une raison et on s’est dit que de toutes façon on s’ennuyait pas, il nous reste assez d’argent pour vivre un moment et puis nique le capitalisme qui veut faire de nous des machines à consommer (ouais on est des oufs).
Mais bon, j’ai quand même posté une petite pub pour faire du soutien scolaire collège/lycée auprès des expatriés. C’est un moyen facile de faire de l’argent et puis on sait jamais, sur un malentendu ça peut passer.
Bem, t’as pas envie de me refiler tes gosses quand tu vois cette affiche de rêve ? Lundi 15 novembre. Alors que mon post facebook était déjà enterré dans les publications d’un groupe d’entraide de parents Mauriciens, alors que tout espoir c’était évaporé dans la douce torpeur de ce début d’été austral, une maman m’a appelé.
Une philosophie de vie intéressante. L’après-midi du même jour, je prend le bus pour le nord de l’île où je fais mon premier rendez-vous d’embauche pour être prof particulier d’une ce2 et d’un 6e. Je me doute que ça va pas être un gros défi pour moi, mais c’est une bonne occasion de servir à quelque chose !
Le rendez-vous se passe bien et j’apprend que la famille vient de Chamonix. Décidément, les hauts-savoyards sont partout ! J’en viens à penser que si il y a un grand complot mondial, il sent certainement plus la cave à reblochon que les salons aseptisés des illuminatis ou des francs-maçons… La mère de famille me propose finalement de faire 500Rs (10€) de l’heure mais pour 3h/jours, ce qui me fait 30€/jours, soit ~600€/mois : j’accepte. C’est pas mal (3x le salaire minimum), surtout quand on voit la simplicité de la tâche à accomplir.
Il va sans dire qu’il n’y a ni contrat, ni permis de travail, ni déclarations d’impôts. C’est simple et efficace, j’aime bien. J’y reste jusqu’aux vacances de Noël, soit 3 semaines ouvrés.
- Maurice #10 à bicycletteuuuh
Ya une semaine j’ai acheté un VTT. Pourquoi ? D’abord parce que je n’ai encore fait aucune soirée à Maurice. C’est étrange et triste, mais c’est vrai : d’abord le cadre familial puis les nouvelles restrictions covid ont rendu la tâche compliquée. Il me fallait donc un autre moyen de me défouler. Ensuite, parce que l’île truffée de pistes, de champs et d’espaces que le VTT permet d’explorer magistralement.
Voilà voilà Avant de venir, on m’avait clairement dit que faire du vélo à Maurice c’était plutôt con. Ya pas de bas côté aux routes, les gens conduisent comme des connards, il faut conduire à gauche et il y a globalement beaucoup de trafic. Ca, c’est la théorie.
Mais en pratique, les gens conduisent pas si mal que ça, c’est juste qu’ils conduisent pas mal au klaxon et qu’ils ont une étonnante habitude de s’arrêter au milieu de la route sans prévenir (bon, le taux de mortalité sur la route est quand même 2,5x celui de la France). Conduire à gauche, on s’habitue vite et oui, il y a beaucoup de trafic sur les grands axes mais c’est facile à éviter. Du coup, le vélo à Maurice en fait c’est pas si terrible, surtout pour sortir des sentiers battus et découvrir d’autres facettes plus cachées de l’île.
Quelques trouvailles faites lors de balades à vélo Tout ça pour avoir des caries à la fin - Maurice #11 enn bon dité
Samedi 20 novembre. La semaine dernière, une famille de Bois Cheri nous a invités. Bois Cheri c’est la région du thé à Maurice, « dité » en Créole.
Du coup, on ne pouvait pas laisser filer une occasion pareille et on y est allé. L’hospitalité de la famille est assez impressionnante et non contents de nous nourrir et de nous loger gratuitement pour une nuit, ils nous offrent des vêtements. On essaie de refuser poliment, mais bien sûr ya pas moyen.
C’est une petite famille musulmane, avec le père, la mère, la grand-mère et un fils, qui vivent dans une petite maison. L’ambiance est très « traditionnelle » : l’homme donne les ordres et la femme exécute. Ça marche très bien ! Il faut que j’en parle avec Anna.
Rosida, la mère de famille, nous sert un délicieux thé local bien épais et mousseux. Je comprend plus tard pourquoi il est si bon : elle remplit la moitié d’une tasse de lait en poudre et de sucre, l’autre moitié de thé ultra concentré et mélange le tout au fouet.
Briani au menu Le soir venu, on mange du Briani, plat typique à base de riz, de viande, d’épices et de beaucoup de gras. On mange avec les mains, c’est génial. Mais les portions sont gargantuesques et on mange à en avoir mal au ventre.
Asmed, le père de famille, est un genre d’homme d’affaires : il achète des trucs pour les revendre après. Il réfléchit beaucoup, connaît tout le monde et a du flair pour les affaires. Il nous raconte notamment comment il s’est fait un max de blé en vendant des balais artisanaux dans le nord de l’île. Actuellement, il rachète plein de terrains dans son village parce qu’un supermarché devrait y voir le jour dans les années à venir, ce qui devrait faire exploser les prix actuellement très bas.
Notre hôte a une autre particularité : il a une famille immense (environ 160 cousins germains selon lui et plus de 1000 personnes si on compte les femmes et les familles). Il nous dit que la grande famille est globalement très solidaire et que c’est leur force.
Le quartier musulman de Bois Cheri ressemble à beaucoup de quartiers populaires mauriciens. Dimanche 21 novembre. Le matin, Anna à un peu mal au ventre, j’ai un peu la chiasse. On a bien dormi mais le piment et sans doute l’eau du robinet nous mettent à rude épreuve. Cependant, bon an mal an, on assiste à la fabrication des farata pour le petit déjeuner. Les farata c’est des galettes de blé : la rencontre orientale entre du pain et des crêpes. C’est très chouette. Pour le petit dej, on les enduit de beurre, de cheddar australien et de confiture à l’ananas et on mange ça quand elles sont encore chaudes. C’est délicieux et très gras, on commence à avoir l’habitude.
On est super contents de cette expérience, c’est très différent des autres familles Mauriciennes qu’on connaît. A part le créole et la cuisine, on penserait même être dans un autre pays, c’est impressionnant !
Un bon bull bien jaune - Maurice #12 : cap sur le grand nord !
Lundi 22 novembre : arrivée de mes parents à l’île Maurice pour une semaine. C’est l’occasion de se bouger les fesses et de faire des trucs de touristes qu’on avait pas trop osé faire jusque là.
Mardi 23 novembre : pour commencer, le bateau. Le bateau c’est génial. Ca permet d’aller sur l’eau sans couler d’abord. Si on creuse un peu plus, ça permet de découvrir des continents, de transporter des trucs lourd ou de faire des marées noires : fantastique !
Les embarcations Blague à part, j’y connais rien en bateau mais je trouve ça méga stylé. D’ailleurs, j’aimerais bien en faire sérieusement ou même travailler sur un bateau un jour. Mais bon, il faut bien commencer quelque part, et là on s’est attaqué au problème de façon très touristique. Une attraction vraiment stylée et populaire au nord de l’île Maurice, c’est d’embarquer pour une journée sur un catamaran et d’aller voir les îlots au large de la côte. Côté organisation, il y a environ 30 personnes sur le bateau, boisson à volonté et repas bien copieux à base de grillades. Le tout pour 1200 Rs/personne, soit 24€ : korek !
Oklm Pendant la journée de bateau, déjà on navigue sur une eau magnifique tantôt turquoise lagon, tantôt bleu marine très profond, limite hypnotisant. Ensuite, on arrive dans un lagon entre l’île Plate et l’îlot Gabriel. Là, l’eau est extrêmement limpide, et grouillante de poissons tropicaux magnifiques. La fréquentation relativement faible des environs (bah oui faut faire 1h30 de bateau pour y aller) rend la plongée au masque/tuba vraiment géniale. On se balade aussi un peu sur l’île où on croise des pailles-en-queue et des dizaines de crabes.
Turquoise lagon ou bleu marine ? Au retour, on s’arrête dans la petite baie d’une autre île, le Coin de Mire. Là, c’est une autre échelle et les poissons sont bien plus gros.
Si vous n’avez pas assez d’imagination, cette vidéo illustre bien le bousin. Bilan de la journée : le rouge vif de mes coups de soleil m’évoque les champs emplis de coquelicots, où des milliers de petites abeilles butinent et tentent, totalement défoncées au glyphosate, de retrouver leur ruche.
- Maurice #13 : Ode à la banalité
J’ai un peu le cul entre deux chaises quand je dis que j’habite à Maurice pour plusieurs mois. D’un côté, je peux mettre en avant le côté vacances, cocotiers, vie paradisiaque dans les îles. D’un autre côté, je peux juste admettre que c’est une vie quotidienne comme les autres, remplie de journées plutôt banales et où l’aventure n’a que très rarement sa place. D’ailleurs, Maurice est un pays qui se prête assez peu à l’aventure : avec une densité de population digne du benelux et une surface (très) limitée, l’île ne réserve pas beaucoup de péripéties à ses visiteurs de passage, du moins à celui qui n’a pas de bateau.
Mais aventure à part, ce qui m’embête c’est l’image que je me sens obliger de renvoyer de mon voyage, à savoir que je passe ma vie à chiller en hamac sur des plages paradisiaques. Pour moi, ça reprend un peu la culture instagram et cette envie malsaine de toujours se montrer content, à son avantage. Alors aujourd’hui, je m’y oppose et je consacre cet article à tout ce qu’il y a de plus banal dans notre vie à Maurice.
Un banal papayer, croisé pendant un banale ballade à vélo. Les questions
Déjà, la chose qu’on fait le plus souvent avec Anna, c’est se poser des questions. Ben oui, on a pas grand chose à faire, on ne sait pas ce qu’on veut faire et on passe beaucoup de temps ensemble. C’est donc naturel de se poser des tas de questions. Les sujets sont variés :
- Qu’est-ce qu’on fait demain ?
- Qu’est-ce qu’on fait à Maurice ?
- Qu’est-ce qu’on fait en rentrant de Maurice ?
- Qu’est-ce qu’on fait plus tard, dans plusieurs années ?
- Quand est-ce qu’on mange ?
Mais le problème c’est que c’est un peu con de se poser toutes ces question, parce que quoi qu’on décide, on fera certainement un truc qui n’a rien à voir. Toutefois, j’en tire quelques idées que je me permet de vous partager.
Premièrement, je n’ai pas envie de travailler dans l’informatique (sauf épisodiquement pour remplir le porte-monnaie). En effet, l’informatique c’est passionnant mais passer 40h par semaine à se griller les yeux pour le bonheur du grand capital, ça ne m’enchante pas beaucoup. En fait, plus le temps passe plus je me rend compte que l’informatique c’est super cool, mais que c’est presque tout le temps futile. Par exemple : pourquoi vouloir démocratiser les maisons connectées alors que tout le monde sait que ça pose autant de problèmes que ça en resoud ? Pourquoi travailler pour les reseaux sociaux sont de plus en plus puissants alors qu’on sait tous que c’est de la merde pour notre santé mentale ? Du coup, je préfère passer mon temps sur des projets personnels, souvent dénués de sens et inutiles (ce blog par exemple) de manière totalement assumée, mais sans contraintes et sans impacter négativement la société pour un enrichissement personnel. J’ai le luxe de pouvoir choisir mon travail et il est hors de question que je m’en prive.
Deuxièmenent, la sobriété. Anna et moi, on a la chance de se contenter de peu. Tout l’argent qui ne nous sert pas à vivre est superflux et je n’aspire pas du tout à devenir riche. Bon, forcément, je suis pas mongole, je sais que l’argent c’est utile et que c’est vachement bien d’en avoir un peu de côté.
Toisièmement, refuser la peur. Pour moi, être guidé par sa peur, c’est ne pas aller vers les autres, ne pas se lancer par peur de l’échec, ne pas faire confiance, etc. Bref, c’est s’accorder à soit-même une bonne vie de merde. Mais le problème, c’est que c’est super facile de se laisser guider par sa peur et du coup j’essaie de cultiver une certaine spontanéité et de jeter les objections et les conseils bienveillants type « reste à la maison le soir, c’est dangereux dehors ».
Enfin maintenant Anna et moi on a un travail. Moi je fais du soutien scolaire et Anna est vendeuse chez Decathlon. Du coup, moins de temps, moins de questions, plus d’argent. Tout ce qui restera seront les enseignements que j’ai listé plus haut, j’espère les garder en tête aussi longtemps que possible.
Le plombier
Dans l’appartement de Péreybère, on a un problème de type fuite d’eau. En fait, l’appartement a été construit il y a une trentaine d’année avec des matériaux de mauvaise qualité. Résultat : aujourd’hui, toute la tuyauterie de l’appartement est tellement corrodée qu’elle devient inutilisable. Pour remédier à tout ça, on nous a donné de contact d’un plombier local. Le mec à l’air de savoir ce qu’il fait, mais il est… traditionnel.
Un tuyau gonflé par la rouille à fait exploser le carrelage. 😅 Après m’avoir posé un lapin parce qu’il avait la colique (il avait trop mangé la veille apparement), notre bonhomme arrive ce matin dans une petite voiture défoncée. Il est petit, ses vêtements sont tâchés d’enduit et il porte un jean beaucoup trop grand et des tongs (des tongs de chantier je suppose). Il inspecte l’appartement, on discute un peu, puis il donne son verdict : il faut reprendre toute la tuyauterie. A partir de là, toujours très professionnel, il dresse une liste du matériel à acheter, me la pose sur la table et s’apprête à partir. En fait, il semble qu’ici, c’est au client d’acheter le matériel et le plombier vient poser ce matériel quand il a le temps. N’étant pas véhiculé, je lui demande si il peut aller acheter le matériel lui-même. C’est son boulot après tout, non ? Je vois que quelque chose bloque. Quand je lui parle, il semble regarder dans le vide. Il ne refuse pas catégoriquement, il reste très calme, il n’a juste plus aucune réaction, il est un peu inerte, ça fait presque peur. Heureusement, j’avais été un peu briffé sur les coutumes locales, et je lui propose d’avancer l’argent pour l’achat du matériel. Tout d’un coup, son visage se réallume et toujours calmement et d’une nonchalance déconcertante, il prend l’argent et file faire les emplettes.
Il revient 1h plus tard avec tout le matériel sous le bras, il viendra installer tout ça dans quelques jours…
- Maurice #14 : le chat et la souris
Le chat et la souris, c’est une super rando à l’est de l’île. Elle s’appelle comme ça parce qu’au sommet de la montagne, il y a deux grands rochers qui ressemblent de loin à un chat prêt à bondir sur une souris. La rando se trouve dans une region peu urbanisée, qui a donc un aspect campagne très sympa et qui change beaucoup des villes de l’ouest. L’ambiance est plus « village » et les gens sont super sympas et souriants.
Le chat et la souris, c’est les 2 petits cailloux en haut de la montagne de gauche Cette rando est très connue à Maurice, mais pas pour de bonnes raisons. En 2019, un randonneur a glissé et s’est tué sur le rocher du chat, c’est moche. Le problème c’est que la presse Mauricienne, complètement accro aux faits divers sordides, à sorti des dizaines d’articles alarmistes du style « une randonnée grisante mais extrêmement engagée » ou « une montagne pittoresque mais dangereuse »… Et comme les Mauriciens sont friands de ces torchons infâmes, on nous a clairement pris pour des inconscients à aller seulement à deux sur le terrible sentier du chat et la souris.
Topo ici Mais la réalité est bien différente bien sûr. C’est moins de 400m de dénivelé, le chemin est assez bien tracé et le topo disponible partout sur internet. Enfin, l’escalade du rocher finale, qui est certe assez impressionnante, n’est pas obligatoire pour faire une bonne randonnée, donc rien d’exceptionnel…
Vue sur la montagne Bambou depuis la tête du Chat Bref, ça m’enerve un peu mais on a passé une super journée et on s’est même fait offrir de la pastèque par en descendant de la montagne.
- Maurice #15 : premier bivouac !
Ça me paraît ridicule, mais j’ai enfin fait mon premier bivouac après presque deux mois à Maurice.
Un joli flamboyant En fait, tout à commencé sur couchsurfing. En Arrivant ya 2 mois, j’ai essayé de rencontrer du monde via cs… Ça n’a pas bien marché. Je ne suis pas un expert mais j’ai déjà fais un peu de couchsurfing et franchement là le taux de réponse était très bas (genre 10%) et dans la majorité des cas, les gens n’étaient pas trop chauds pour faire des trucs au final. Bon, j’ai quand même rencontré Léa, une française en stage sur l’île. Elle avait l’air super sympa mais on avait jamais eu l’occasion de se voir. Et justement, cette semaine quand elle m’a proposé de faire un petit bivouac sur le Pouce, j’ai accepté tout de suite ! La rando devait commencer vers 18/19h. Je vais retracer ici la chronologie de cette soirée.
16h: je finis la séance de cours particuliers. Je rentre en vitesse à l’appartement à Péreybère part pour une bonne heure de transports pour aller à Port-Louis.
18h: toujours en vitesse, je prépare mon sac et suis sur le point de partir. Je pars à pied de la maison de Port Louis. Je pars pour une petite rando de 8km pour 800m d+.
19h: je marche dans la forêt, la nuit tombe très vite. Je continue à la frontale. J’ai vraiment hâte d’arriver en haut et de boire des bières avec Léa et ses potes, je monte très vite. C’est agréable de marcher la nuit ici : contre toute attente il n’y a pas de moustiques et il fait moins chaud que le jour.
19h45: j’arrive au point de rendez-vous. J’en informe Léa. Elle me répond qu’il sont pas encore partis, qu’ils attendent encore un potes à eux. Bon, pas grave : il fait super bon et j’en profite pour me baigner dans un ruisseau.
21h: en attendant la troupe, j’admire le panorama nocturne : le Pouce est entouré de villes. Je suis sur une grande masse sombre au milieu des éclairages public. La nuit est très claire, limite pas besoin de frontale. C’est alors que Léa m’appelle en vidéo. Elle est avec ses deux potes Mauriciens et ils veulent me voir en vidéo car ils ne me font pas confiance… Gné ? Je trouve ça assez humiliant mais je sais que les Mauriciens sont assez méfiants donc pourquoi pas. J’apprend par la même qu’ils n’ont toujours pas commencé à monter. Je reste calme mais ça commence à m’énerver.
La nightlife ma gueule 22h: après un petit allez-retour au sommet, je vois qu’ils ne sont toujours pas là. Je regarde mon tel et je vois que Léa m’a encore appelé pour me voir en vidéo, et qu’ils ne viendraient pas si je ne répond pas. Allez ça me fait chier, je lui dis en gros qu’ils sont ridicules et que j’en ai marre d’attendre. Non mais ho, j’ai pas besoin d’eux moi, rien à foutre, je monte mon camps dans un chouette endroit et je me fait des nouilles instantanées.
22h30: nouveau message. Finalement ils sont montés et on monté leur tente dans un autre endroit. C’est pas bien, mais je continue de penser que ce sont des merdes.
23h: je me decide à aller les voir. Après tout c’est pas la faute de Léa si ses potes sont débiles et en plus elle m’a promis de la bière. Quand je trouve leur camp, Léa m’accueil mais les 2 autres sont assez froids. C’est Kerry et Annabelle, deux collègues de Léa. En fait, ils ont pris beaucoup de temps parce que Kerry ne voulait pas venir et jouait la montre. Mais comme Léa voulait vraiment faire ce bivouac, elle à reussi à les pousser pour venir. Annabelle à amené une matraque pour se défendre, c’est n’importe quoi. Finalement, la soirée est assez étrange parce que Léa se retrouve à faire l’interface entre ses potes paranos et moi. J’arrive quand même à discuter un peu avec Kerry, mais je n’en tire pas grand chose : le bonhomme se vante beaucoup d’être tout le temps défoncé et nous coupe quand on a une discussion intéressante pour dire de la merde.
Je me couche quand même vers 2h du matin.
Un bilan mitigé donc, mais je sens de nouveau l’appel de l’aventure, de la nature et du camping sauvage suite à cette petite nuit dehors. Hâte d’y retourner !
- Maurice #16 : mo lavi
Lundi 13 décembre : on se lève vers 7h, comme d’hab. Après un ptit dej à base de beurre de cacahuète et de confiture, je pars pour la gare routière : je dois aller dans le nord pour ma semaine de « travail ». Le matin en semaine, la gare routière de Port-Louis est très impressionnante. Des dizaines de bus antiques manœuvrent en même temps dans une cacophonie de klaxon, de vieux diesels et de vendeurs de rue. C’est très chaotique, j’aime beaucoup. Moi je prends le bus express pour Grand-Baie puis un taxi informel entre Grand-Baie et Péreybère. Les taxis informels, c’est juste des mecs en voiture qui font le même trajet toute la journée et qui prennent un max de monde en route. Le prix est le même que le bus, c’est-à-dire pas cher du tout.
J’arrive un peu avant midi, j’achète 2 rôtis à un vieux qui les vend derrière sa mobilette. Les rôtis, c’est des galettes de blé enroulées avec de la sauce épicée dedans pour donner du goût. Après les avoir goulûment avalé, j’enfourche mon vélo direction travail. Mon travail, c’est d’aider des enfants avec leurs devoirs, de 13h à 16h tous les jours de la semaine. C’est facile, les enfants sont sympas et en plus j’ai l’impression de servir à quelque chose. Je fais 8km en vtt pour y aller. Ça prend 20 minutes, mais le soleil est terrible. J’arrive toujours trempé de sueur. À 16h, retour. Le soleil est moins fort et je peux aller me baigner à la plage pour profiter de la fin de journée. Le temps de me faire un peu à manger et la nuit tombe vers 19h. Après je passe souvent ma soirée à travailler sur mon pc. J’ai plusieurs projets de podcasts en ce moment et ça demande beaucoup de temps.
Des fois, pas besoin de nuage pour se prendre une averse Mardi 14 décembre : à peu près comme lundi. Je profite de mes journées courtes et me complais dans la torpeur assomante de l’été Mauricien.
Mercredi 15 décembre : dernier jour de travail, la famille qui m’emploi part en vacances en avance. Je reçois ma paie d’environ 450€. Ça fait une bonne liasse de billets de 1000Rs, je me sens riche.
Jeudi 16 décembre : le matin je rentre à Port-Louis. Anna a un jour de congé et on veut faire une rando. À midi on est toujours pas parti : on a la vie devant nous après tout, pourquoi se presser ? Enfin on part et on s’arrête à 20 mètres, au Naffy snack, pour manger. La devise de l’établissement est « le goût et la quantité à vous couper le souffle ». Ils servent surtout du Briani. On a le choix entre une demi portion ou une portion complère. La demi portion permet de beaucoup trop manger. La portion complète permet de nourrir l’Afrique pendant une semaine.
« Le goût et la quantité à vous couper le souffle »
Naffy SnackJe suis fier de moi, j’ai réussi à finir ma demi portion. C’est comme si on faisait un câlin à mon estomac. Je suis si rempli, je me sens enfin complet.
Enfin, on commence à marcher vers 14h30. On fait une très belle rando qui fait tout le tour de la montagne Pieter Both. Au final, environ 20km et 1000m d+. Mais il fait chaud et humide aujourd’hui, et pas un brin de vent. Dans les montées, la sueur nous pique les yeux. J’observe ma peau pour voir si mes glandes sudoripares surentraînées peuvent faire jaillir des petits geysers de ma peau. En fait non.
On finit la journée en campant sur le pouce, après une grosse après midi de marche.
[ngg src= »galleries » ids= »1″ display= »basic_thumbnail » thumbnail_crop= »0″]Vendredi 17 décembre : je comate presque toute la journée. Il fait tellement chaud à Port-Louis. Si je ne suis pas dans l’axe d’un ventilateur, je suis trempé de sueur en 10 minutes. Je dois boire tout le temps mais l’eau a un goût dégueulasse. Heureusement que le thé existe. J’arrive quand même à bouger mon cul pour faire des courses et étendre le linge. Anna bosse 10h par jour, je dois au moins faire les courses.
Samedi 18 décembre : je me lève à 5h30. J’ai rendez-vous pour faire du vélo avec Thierry. C’est un pote créole qui fait des compétitions de VTT. C’est un vrai sportif, je me dis que je vais en chier.
11h30 : fin du tour (~70km). J’en ai bien chié. En plus d’avoir mal aux jambes, j’ai tellement chaud que ça me fout la gerbe. Mais c’était quand même un super tour et ça permet de découvrir des zones de l’île beaucoup moins fréquentées et magnifiques.
Le vélo à Maurice c’est chouette En rentrant, profitant d’un moment de faiblesse, je lance une partie de civ V. Grossière erreur du joueur français…
- Traverser l’île Maurice à pied
Eh ben voilà, lundi matin j’ai pris mes clics et mes clacs et je suis parti avec un sac à dos bien rempli pour traverser le pays à pied. Bon, heureusement que c’est pas un grand pays parce que j’ai les pieds plein d’ampoules après seulement deux jours de marche.
Si la carte ne s’affiche pas chez vous, vous pouvez la trouver ici.
Sinon, j’ai enregistré un petit journal audio de mon aventure. Et comme j’ai pas de vie, je l’ai monté et il se trouve ici :
Petit matin à la plage de Palmar Et soirée dans la campagne de Trou d’eau douce Pour profiter au maximum de l’expérience, vous pouvez écouter ce podcast sur podcast addict en suivant les instructions de cet article : https://bivouhack.fr/index.php/2021/09/17/comment-suivre-les-actualites-du-bivouhack-sans-effort/
- Maurice #18 : expédition du sud et théâtre en rénovation
Tout commence après un repas de nouvel an très copieux dans la famille d’Anna. Je vais pas m’étendre trop là dessus, mais c’était vraiment très copieux.
Des camarons au barbec. Anna ayant trois jours de congés, on a décidé de partir faire un petit tour pour bien commencer 2022.
Le passage du sud
En gros, on a longé la côté sud sur 35km. Je crois que c’est la plus grande portion de côte « sauvage » de l’île. Le petit chemin mal indiqué (comme d’hab) serpente sur les falaises de basalte entre la végétation épaisse et les nombreuses petites rivières. On y voit aussi beaucoup de vestiges de l’époque coloniale : grands murs en pierre, ponts, ruines diverses… La région avait l’air pas mal utilisée pour élever du bétail à l’époque.
Si la carte ne s’affiche pas, elle est disponible ici.
C’est pas magnifique ça ? (répond dans les com) La piscine Le théâtre de Port-Louis
En plus de ça, j’ai remarqué il y a quelques jours que l’ancien théâtre de Port-Louis est en rénovation et que « oh! la porte est ouverte ! ». Du coup je vous laisse aussi quelques photos de la visite. Je vous laisse aussi l’écriteau de la commune qui explique l’histoire du lieux.
Construit en 1822, le théâtre municipal de Port-Louis est l'un des plus anciens de l'hémisphère sud. Néanmoins, le premier théâtre de Port-Louis se trouvait à la place du présent cinéma Majestic à côté du jardin de la compagnie et fut détruit par le cyclone de 1818. La première pierre de l'édifice est posée le 27 septembre 1820, par le gouverneur Farquhar, à l'emplacement de l'ancien marché incendié en 1816. Le théâtre est dessiné par l'architecte français Pierre Poujade et décoré par l'artiste peintre Pierre Thuillier. Terminé le 11 juin 1822, le théâtre peut accueillir 600 spectateurs sur trois niveaux de balcons. En 1851, il est racheté par la Municipalité de Port-Louis. En 1854, la salle et le dôme sont décorés par l'artiste-peintre belge Théodore Henry Vandermeerch, qui devient plus tard conservateur du Théâtre. Dans les années 1850, le Théâtre municipal est au cœur de la vie artistique et sociale de la colonie. Des artistes locaux et européens jouent dans une salle illuminée à l'huile de noix de cocos jusqu'en 1891, date à laquelle l'électricité est introduite pour le première fois à Port-Louis.
- Maurice #19: Rastafariii
Vendredi 7 janvier. Demain matin très tôt, je dois trouver Thierry et d’autres gars à la plage du Morne, à l’extrême sud-ouest de l’île, pour assister à une partie de pêche matinale. Problème : je ne peux pas traverser l’île à 5h du matin. Solution : j’y vais la veille.
J’arrive au village du Morne à 18h. C’est la première fois que je viens dans ce coin de l’île. L’ambiance y est différente, j’ai l’impression que c’est plus pauvre et moins peuplé qu’ailleurs, les gens ont l’air plus tranquilles.
J’ai encore une petite heure de marche pour arriver à la plage où je veux camper. Tout de suite, je longe une mangrove et là surprise, il y a des crabes. Mais genre beaucoup, beaucoup de crabes.
Un excellent documentaire sur les crabes mauriciens ici En fait, les crabes font des trous pour se cacher dedans. Les plus gros trous font presque la taille de mon pied, donc les plus gros crabes aussi. A la tombée de la nuit, je tombe sur des chasseurs de crabes. Voici leurs specs.
Chasseur de crabe niveau 2 Arme : bâton, sab (machette) ou petite pelle Armure : bottes en caoutchouc et gant de soudeur en cuir Equipement : lampe torche Technique de chasse : marcher et attraper les crabes qui se sont éloignés de leur trou
J’essaie d’attraper des crabes mais c’est galère. J’arrive à en immobiliser un sous ma savate, mais quand je constate la force avec laquelle il essaie de sortir, je comprend que ce serait dommage de perdre un orteil pour si peu. Je continue ma route.
Vers 20h, dans la forêt, je vois du feu et j’entends des gens. Chouette ! Je m’approche, je demande si ils campent ici. J’ai ma réponse : « non, c’est une cérémonie Rastafari ».
WTF ? J’adore cette soirée, j’essaie de creuser. Mais le mec répond pas trop : il adopte la technique du plombier et n’ose pas dire non. Heureusement, un autre mec avec des dreads arrive et m’invite à les rejoindre. Bon, pas ultra probant tout ça. Mais en même temps, je comprends, vu la peur des Mauriciens vis-à-vis de la nuit.
STOOOOP ! Pour la suite de l’article, si tu peux, écoute cette nappe sonore en même temps. Bonne lecture !
J’arrive juste avant le début de la cérémonie. Il fait très sombre, il n’y a qu’un petit feu et une lampe un peu faiblarde. Quelques gens discutent mais l’ambiance est très calme. Il y a entre 20 et 30 rastas. Je distingue pas vraiment leur visage. La plupart ont des dreads et une grande barbe, mais pas tous. On voit clairement qu’il y a des habitués et des nouveaux. J’ai un peu de temps pour discuter. En fait, ils font ce genre de cérémonie tous les mois. Je suis un peu surpris parce que je n’ai pas vraiment de réponse à mes questions sur leur spiritualité ou leur façon de voir le monde. En fait, ils ne sont pas très bavards.
Un gars me tend un bang fait avec une bouteille de Yop. A Rome, fais comme les romains. C’est de l’herbe qu’ils font pousser eux même dans la forêt, c’est du bio.
La cérémonie commence par l’allumage d’un grand feu. Tout le monde se met debout devant le feu puis ils récitent des prières pendant plus d’une heure. Certains sont très impliqués mais je note un certain amateurisme (prêtre qui butte en lisant les psaumes ou téléphone qui sonne) qui fait un peu sortir de l’ambiance. Toutefois, ça a l’air sérieux et la plupart des gars sont à fond.
La prière autour du grand feu Après la prière, les rastas se dispersent, fument, discutent et font de la musique. Le rythme est donné par un gros tambour et plusieurs percussions (des Nyabinghi selon Wikipédia) se greffent dessus. Et puis ils chantent. L’ambiance est toujours très calme mais avec les chants ça prend une autre mesure, c’est vraiment sympa.
J’en apprend un peu plus en discutant avec certains rastas. Un est mécanicien, l’autre est ouvrier dans le BTP. Leur truc, c’est de se connecter à la nature pour être apaisé, pour se ressourcer. Je suis assez en phase avec ça, c’est sympa. Mais de toute évidence, c’est pas des prêcheurs hors paires, j’apprend pas grand chose sur leur religion. En fait, je me rend compte que les gars avec qui je discutent sont ici parce qu’ils ont eu des périodes d’errance (genre sombrer dans la drogue) et que la religion rasta les a sauvé. Ils vivent plutôt dans le sud de l’île, mais il y a d’autres associations de rastas ailleurs. Mais apparemment, c’est à Chamarel, dans le sud, qu’il y en a le plus. Logique, le sud est beaucoup plus sauvage que le nord de l’île.
J’arrive pas à aller beaucoup plus loin parce que l’herbe embrume un peu mon esprit et que je suis quand même pas mal intimidé par l’aspect rituel de la soirée. Du coup, ils m’offrent plus d’herbe et à bouffer. Ils me proposent de monter ma tente sur place, mais j’ai l’impression que le terrain est trop en pente. En fait, j’arrive pas à savoir si le terrain est vraiment en pente ou si c’est moi qui penche, c’est chiant.
Je quitte leur compagnie vers 1h30 et je marche sous la pluie comme un con. J’arrive trempé à la plage vers 2h et je me rend compte qu’il y a plein de pêcheurs sur la plage, marrant mais je suis trop fatigué pour creuser le sujet.
Le lendemain matin, mes potes pêcheurs ne sont pas venus parce qu’ils craignaient la pluie. Bon, je m’y attendait un peu, c’est pas la première fois que ça m’arrive. Mais au moins j’ai pas l’impression d’avoir fait le voyage pour rien.
- Maurice #20: Le Morne Brabant et quelques palabres
Dimanche 16 janvier, on a grimpé le Morne avec Anna et un de ses collègues de Décathlon. Le Morne, c’est la montagne la plus connue de l’île. C’est une belle montagne un peu carrée placée sur une presque-île qui s’avance dans un magnifique lagon, et c’est pour ça qu’on le retrouve en photo sur toutes les plaquettes touristiques.
La photo classique du Morne L’escalade du Morne a la réputation d’être assez aérienne sur la dernière partie. C’est en effet le cas, mais ça reste très accessible et la bonne fréquentation du lieu permet d’avoir un joli sentier bien marqué, ce qui est un grand luxe à Maurice.
On a mis à peu près 1h30 pour faire l’ascension à un rythme tranquille. Mais ce qui nous a fait mal, c’est le soleil. D’autant plus que le Morne est en basalte bien noir et donc bien brûlant. Une fois arrivés au sommet, la vue est magnifique mais petite déception cependant : ce n’est pas le sommet ! En fait, le sentier s’arrête sur un pic étroit attenant au Morne. Pour aller au sommet du Morne, il faut s’attaquer à de vraies falaises : impossible en randonnée.
Le Morne est également un symbole fort de Maurice parce qu’une légende raconte qu’un groupe de marrons (esclaves évadés) se fit poursuivre jusqu’au sommet, où ils choisirent de se suicider en sautant de la falaise plutôt que de se laisser prendre. En fait, même si cette histoire n’est pas prouvée, on est sûr que des marrons habitaient la région. Et ça se comprend : les montagnes, la forêt et les mangroves font qu’aujourd’hui encore, cette zone est assez isolée du reste de l’île et qu’il n’y a jamais eu de plantations dans ce coin.
Faut reconnaître que la vue est classe En bas du sentier du Morne, il y a un petit parcours très bien foutu qui explique la vie des habitants locaux jusque dans les années 60. En gros, ils vivaient presque en totale autonomie de petite agriculture, de chasse et surtout de pêche. En plus, ils travaillaient occasionnellement dans des salines ou vendaient du bois ou du charbon de bois pour tout le reste de l’île. Ben oui, parce que 90% de la forêt de l’île a été transformée en plantation, il fallait bien trouver du bois là où il y en a. Les villages étaient composés de cases construites en bois et en paille. A chaque cyclone, il fallait tout reconstruire, ce qui est emmerdant vous en conviendrez.
En plus de ça, le Sega, la musique traditionnelle mauricienne (et réunionnaise d’ailleurs), était particulièrement populaire dans ce coin. Apparemment, c’est notamment ici que s’est fait connaître la légende du Sega Ti Frer, à l’occasion de nuits particulièrement festives.
Ti Frer, le roi du Sega Brèves
Ca fait déjà trois mois qu’on est sur l’île ! En ce moment, en plus des cours particuliers, j’aide un restaurateur à faire un fichier d’inventaire correct. Je suis donc ingénieur Excel. C’est tranquille et puis ça permet de voir comment fonctionne un restaurant, ce qui est beaucoup plus compliqué que ce que je pensais.
Nous sommes maintenant au cœur de l’été et il fait tout le temps chaud. Dans mon lit j’ai chaud, quand je cuisine j’ai chaud, quand je marche j’ai chaud. Dans la douche, le soleil tape sur les tuyaux et chauffe l’eau. A l’heure où j’écris ces lignes, mon seul vœu est que mon ventilateur ne tombe jamais en panne.
C’est également la saison des cyclones ! J’ai regardé les prévisions météo et peut-être la semaine prochaine il y en a un qui pourrait se former et venir vers nous. Ca doit être une expérience intéressante, surtout si le toit de la maison à la bonne idée de rester où il est.
Il paraît que le gouvernement prévoit de rallonger la fermeture des écoles. Vu le manque d’équipement informatique de beaucoup de foyers, l’école publique se fait sur la télé nationale. Autant dire qu’énormément d’enfants sont juste déscolarisés depuis deux ans, c’est pas brillant.
Procession de Cavadee à Maurice Aujourd’hui, mardi 18 janvier, c’est férié pour la fête Hindou/Tamoul de Cavadee (Thaipusam en Inde). C’est une fête connue pour ses défilés, où les croyants se plantent des trucs pointus dans le corps et portent des trucs très lourds sur la tête pour se purifier. Malheureusement, à cause du Covid, les processions ont été interdites cette année, donc tout le monde s’est donné rendez-vous à la plage à la place.
Des vaches se promènent en liberté dans Pereybere, on se croirait en Inde. - Moris #21 : janvier continue
Service à la pagode
Le nouvel an chinois, c’est le 1er février cette année. Ya plein de croyances et de traditions autour de cet événement mais je connais assez mal le sujet. La famille d’Anna nous a invités mercredi dernier pour assister à un office à la pagode de la famille à Port-Louis autour du culte des ancêtres.
Alors pour commencer, quand je dis pagode de la famille, c’est pas juste pour la famille proche, mais pour tous les Chan de l’île, ce qui fait tout de suite plus de monde. Ceci dit, la pagode est belle et très bien entretenue, ce qui montre un vrai intérêt pour les dieux et le culte des ancêtres.
En passant à la boutique chinoise, on se rend compte du génie de cette médecine millénaire et dénigrée par Big Pharma Dans la pagode, on trouve plusieurs statues de dieux et un autel qui recueille les plaques funéraires des ancêtres.
Le service consiste à faire des offrandes de nourriture et d’argent et à brûler beaucoup de boi sandal (encens) et de bougies. Pour offrir de l’argent aux ancêtres, il faut acheter du papier monnaie dans une boutique spécialisée puis utiliser un protocole de communication spécialement conçu pour l’au-delà : tout cramer. Il est même possible d’acheter des iPhone ou des villas à bruler pour gâter les ancêtres ! En Chine, j’avais vu des gens brûler le papier monnaie dans la rue, mais ici on est civilisé et on utilise un genre de four prévu à cet effet. Il n’y a pas de clergé pour participer au service, nous sommes juste avec la famille proche d’Anna. Chaque famille prend un créneau différent pour faire la cérémonie.
Vu la quantité d’encens dans un endroit clos, on a vite mal aux yeux et à la gorge. Je crois que je n’ai jamais autant pleuré pendant une cérémonie religieuse.
A la fin, on partage les offrandes de nourriture et on repart à nos activités respectives, la vie continue !
Brèves
Encore du catamaran
Le mari de la cousine d’Anna nous a invité à faire du catamaran dans le Nord. C’est quelque chose qu’on avait déjà fait, mais c’était vraiment top alors pourquoi pas recommencer ? Bilan de la journée : coup de soleil intégral et gueule de bois à 18h : c’était génial.
Gecko
Peut-être poussés par l’humidité ambiante, les geckos verts de Madagascar sont de sortie pour le bonheur de mes mirettes. - Maurice #22 : la coule attitude
En fait, je crois que j’en ai jamais parlé ici, mais je me suis fait pote avec un gars du nord qui est bien branché bateau. Mais attention, pas branché bateau parce que « c’est cool le bateau, on peut aller faire un barbec avec Gilbert de la compta le samedi après-midi sur l’île ronde, les enfant adorent ahah ». Non : bateau, parce que le bateau ça flotte et ça permet de pêcher. Il va sur le lagon depuis qu’il est petit pour pêcher les poissons, les poulpes, les calmars et les homards. Il connait les courants et les récifs et preuve que c’est un homme de la mer : il m’assure préférer le poisson à la viande.
Aujourd’hui, le bonhomme est un skipper : il trimbale des touristes sur l’océan ou des plongeurs en bouteille jusqu’aux spots. J’ai passé mon week end avec lui. Je garde son anonymat parce que certaines des activité de la mer ne sont pas légales et que Maurice est un petit pays où tout le monde se connait.
La joie Samedi 29 janvier, mon frère et sa copine nous on rejoint à Péreybère. Ils sont arrivés d’Allemagne il y a quelques jours et ils sont très blancs et un peu rouge. On a rendez-vous à 9h avec le skipper sur la plage. Il nous a concocté un joli tour sur mesure juste pour nous quatre. On commence par une mangrove, avec ses palétuviers et ses poissons lunes. En plongeant, on remarques des coquillages qui poussent sur les racines des palétuviers, marrant ! On remonte dans le bateau direction l’île d’Ambre. Un parc national protège l’île. Un large sentier permet de traverser la forêt qui recouvre l’île facilement. Mais la forêt nous coupe également le vente de la mer : la chaleur est étouffante.
La mangrove Prochaine étape : l’île Bernache. Le bateau zigzag entre les récifs pour arrive sur une petite plage paradisiaque qui semble perdue au milieu de l’océan. Dommage, la petite île est en fait jonchée de détritus ! Bouteilles en plastiques, gobelets, cannettes… Des Mauriciens viennent pique niquer ici et laissent tout sur place. On a vu des campagnes de sensibilisation et de pénalisation contre ce genre de comportement, mais les gens s’en foutent et la mise en application est trop molle, rien ne change.
Bon, notre skipper et sont acolyte profitent de l’escale pour nous faire à manger. Poisson, poulet et saucisses marinées et grillées avec salade de chou et pain beure d’ail. C’est un régal.
Enfin, il nous emmène à un « aquarium », un spot pour plonger où la faune et la flore sous-marine sont particulièrement abondants et protégés. C’est un régale et on reste à faire des âneries dans l’eau jusqu’à 16h bien sonnées.
Dimanche 30 janvier, le skipper me propose de le rejoindre pour voir une séance de pêche au fusil. Génial ! Bon. Alors déjà, c’est un fusil mais plutôt un genre d’arbalète : un harpon est projeté grâce à deux gros élastiques. Ensuite, ladite pêche au fusil est interdite à Maurice. Pas pour une raison écologique, mais parce que le fusil marin est considéré comme une arbalète, que l’arbalète est considérée comme une arme et que la détention et l’usage d’armes sont interdits à Maurice. Il n’existe pas de permis pour faire de la pêche au fusil. Mais bon, des passionnés la pratique quand même depuis longtemps à Maurice, sans pour autant parler de tolérance, les pêcheurs font très attention à ne pas se faire choper avec les fusils.
7h du matin, rendez-vous à un petit embarcadère naturel perdu dans le nord. Nous embarquons à quatre dans un barque à moteur : deux pêcheurs, mon pote skipper et moi. On s’éloigne rapidement de la côte en traversant le lagon. Les pêcheurs font ça depuis 20 ans, c’est leur passion et aussi une bonne source de revenus. En tant normal, ils peuvent sortir 15 à 20 kg de poisson en 2 ou 3 heures à 200Rs le kilo (environ 4€). Au bout du lagon, on doit passer les récifs. La mer est très piégeuse ici et même en connaissant les passages à prendre, on passe très proche de « démons », des rochers qui arrivent juste en dessous de la surface plate du lagon. Enfin, la couleur de l’eau devient plus sombre et les vagues sont larges et plus grosses, on est en pleine mer. On coupe le moteur et les plongeurs commencent à s’équiper. Ils enfilent des combinaisons néoprènes usées jusqu’à l’os des grandes palmes, un masque soigneusement lavé au produit vaisselle pour éviter la buée, un tuba, une ceinture de plomb pour aider à la plongée, un gant en laine pour attraper les poissons sans se couper, un couteau. Ils utilisent aussi une cordelette d’une quinzaine de mètres avec un flotteur d’un côté et un pic en métal de l’autre. Ils jettent le flotteur à l’eau et passent le pic en métal dans leur ceinture. Quand ils tuent un poisson, ils passent le pic acéré dans leur gueule et le font ressortir par une ouïe pour enfiler le poisson sur la cordelette. Le résultat est une sorte de guirlande de poissons et permet d’en tuer plein avant de retourner au bateau. Enfin, ils prennent leurs fusils. Ils sont bricolés et en partie fabriqués sur place : l’importation de fusils marins est interdite.
Les plongeurs partent faire leur office et je reste à bord avec le skipper. Il m’offre de la papaye du jardin. Trop cool !
Mais la mer est agitée à cause du cyclone qui arrive. L’eau est trouble et les courants sont forts et apportent des méduses apparemment dangereuses. On rentre après 2h et seulement 5 kg de poisson, mais tout le monde est content et ils me promettent de me réinviter après le passage du cyclone.
- Maurice #23 : Six clowns s’y clonent
Le mardi 1er février, c’était l’anniversaire de l’abolition de l’esclavage et le nouvel an chinois. Bon, avec le Covid, la plupart des festivités sont annulées. Pas de tournée de pagodes ni de danse du loup Chinois dans le chinatown. On est quand même allé allumer quelques encens à la pagode de la famille, et on a sonné des pétards pour éloigné les mauvais esprits, pas un programme bien chargé.
Mais en fait, le 1er février, non content de bloquer 2 jours de congé, a décidé d’ajouter un cyclone à la fête. Et ainsi est venu Batsiraï. Batsiraï, c’est un nom malgache. En fait, les stations météo de l’océan indien nomment les cyclones les uns après les autres. Le premier cyclone de la saison, Ana, a été nommé par le Mozambique. Ca fait quelques jours que tout le monde parle du cyclone. Au début, on était pas sûr. Certe la houle montait, le vent se faisait un peu plus régulier et plus fort, mais les prévisions changeaient souvent. Jusqu’à la veille, on attendait confirmation, mais petit à petit, la course du cyclone s’est précisée, et elle passait pas Maurice. Mardi, les gens qui n’avaient pas anticipés ont fait leurs emplettes et tout le monde à commencé à se cloisonner.
Joli bébé quand même Mardi soir, le d’envoi était donné : le vent commençait à arracher les quelques branches aux arbres et à faire siffler les menuiseries des fenêtres. Le plus fort de la tempête devait arriver mercredi au petit matin, quand l’œil du cyclone serait le plus proche, à environ 200km au nord de l’île. En soirée, on est allé sur le toit de la maison. Le vent était assez fort, environ 80km, assez pour que la pluie fouette un peu le visage.
Mercredi matin, on apprend que finalement le cyclone a encore changé de trajectoire pour s’approcher de Maurice. Finalement, il sera au plus proche vers 16h, à environ 130 km. On monte encore sur le toit. Il ne pleut plus, mais les rafales sont vraiment puissantes et la cour en bas de chez nous est jonchée de branches arrachées. Au cours de la matinée, les rafales atteignent 130km/h.
Je profite de ce confinement pour m’occuper de mes affaires. Il faut que je prenne rendez-vous pour la 3e dose, que je règles des petits soucis ça et là. Mais ho putain ! je me suis fait hacker mon serveur ! Des petits connards de russes semblent s’être amusés à foutre un crypto miner sur ma machine, qui s’est faite désactivée par mon hébergeur. Putaaaain et en plus vers 8h30, une coupure d’électricité m’oblige à arrêter. Bon allez, je vais pas laisser un pauv pirate me gâcher mon cyclone.
Le soir venu, le cyclone ne semble pas vouloir partir. En fait, il stagne au nord ouest de Maurice. Il est donc plus proche et plus long que prévu. Finalement, jeudi, le bulletin de 4h du matin lève l’alerte. Avec Anna, nous sortons vers 7h pour aller travailler, mais le cyclone est toujours là. Entre les bourrasques et la pluie, je vois une dame tomber de son scooter. Je vais l’aider. C’est quand même chelou que les Mauriciens ont peur de sortir la nuit mais se baladent en scooter dans un cyclone.
Finalement, le cyclone s’éloigne au cours de la journée et le temps se calme sur l’île. Tout le monde reprend son poste, pas question d’arrêter le pays plus longtemps.
Bilan de Batsirai à Maurice :
- Deux victimes
- Premier cyclone de classe 4 depuis 15 ans
- Vent maximal enregistré : 155 km/h
Comment faire un cyclone chez vous ?
Les cyclones, c’est génial. Ca fait entre 300 et 1500 km de diamètre, 15km de haut avec des vents jusqu’à 300km/heure proche de l’œil. En Amérique, on les appelle des ouragans, en Asie des typhons et dans l’océan Indien, des cyclones.
Pour faire un bon cyclone, il vous faut une très grande étendue d’eau chauffée au dessus de 26°C sur plusieurs dizaines de mètres de profondeurs. A cette température, l’évaporation massive de l’eau provoque des zones dépressionnaires énormes et la formations de très gros nuages.
Ensuite, il faut être éloigné d’au moins 5° de latitude de l’équateur, pour avoir un effet de Coriolis suffisant. La force de Coriolis, permet de faire de jolis tourbillons.3 minutes pour comprendre l’effet Coriolis Enfin, il faut tenir votre cyclone éloigné des mers froides et des continents : si il n’est plus alimenté par l’évaporation massive de l’océan, il meurt.
- Maurice #24 : Juste quelques jolies photos
Mon frère a passé les 20 dernier jours à Maurice et il m’a filé des photos bien sympa. Cet humble article présente donc juste quelques photos du sud de l’île Maurice.
La baie de la Gaulette Plus photogénique, tu meurs Un bateau Coucher de soleil sur le Morne La Cambuse J’ai pas la flemme, c’est juste que je fais pas grand chose de nouveau en ce moment.
- Maurice #25 : Tropische Früchten
Un petit article pour parler de fruits que j’ai découvert en me baladant sur le marché. Bon, les fruits tropicaux, on connait quand même un peu : les bananes, les mangues, les ananas, les litchis et les noix de coco, tout le monde en a déjà mangé.
Après, il y a le niveau un peu au dessus : les fruits de la passion, les pitayas (fruits du dragon), la goyave, la papaye. C’est un peu plus rare, mais tout le monde en a déjà entendu parlé.
Mais les plus balèzes, c’est tout un tas de fruits qui ne poussent que sous les tropiques et qui ne s’exportent pas du tout. Et en voici un échantillon : les fruits de l’étouffant l’été Mauricien :
La jatte ou zatte ou pomme cannelle. Pour le manger, il suffit de le couper en deux et de l’attaquer à la petite cuillère. C’est très sucré, délicieux !
La Carambole, c’est pas vraiment bon mais c’est très joli…
Le longane, ça ressemble à un litchi avec un gout différent, plus fort. C’est totalement addictif.
Le jamalac, ou pomme de java (selon wikipedia). C’est très frais, pas très parfumé : ça me donne un peu l’impression de manger une fleur. D’ailleurs, en remettant mon masque après en avoir mangé, j’ai l’impression d’avoir meilleur haleine…
Le tamarin, c’est un genre de haricot, au moins aussi acide que du citron. Justement, c’est délicieux en jus dilué et sucré, un peu comme une citronnade justement.
Le Jaque, c’est un peu chelou. Quand c’est bien mur, on mange les trucs jaunes dedans et c’est vraiment très sucré et perso je trouve ça délicieux, mais ça peu être un peu écœurant. Mais à Maurice et à la Réunion, on utilise aussi le fruit pas mûr pour faire du cari (plat en sauce typique). Et franchement, c’est facile à faire et hautement délicieux.
Les Mauriciens mangent beaucoup de ces fruits avec du sel et du piment. J’ai testé, je trouve ça pas incroyable. Dans le mode dégueu, il parait que des gens mangent du Noni, un fruit très abondant en ce moment et qui se caractérise par une forte odeur de vomi.
Et en fait, c’est pas tout, il y a encore plein de légumes et de tubercules étonnants ici : les fruits à pain, les songes, les patates chinoises, les gombos, les pipengailles, les corrosol, les tamarillos, les bringelles angives, les chouchous, les brèdes, etc. Et avec ça, tout un tas de plats super bons qu’on ne trouve pas toujours dans les restaurants ni dans les snacks de rue.
- Maurice #26 : Février Magazine
Suite à l’éruption du volcan Hunga Tonga, pourtant vachement loin d’ici, en janvier dernier, on a eu des couchers de soleil totalement incroyables.
Crépuscule rouge à Pereybère… Le sang a du couler cette nuit. Dimanche 13 février, on a décidé de faire un tour à la forêt de Daruty, la seule forêt du nord de l’île, trônant fièrement au milieux des champs de canne. Sauf que… la forêt le paradis des fourmis, des termites et surtout des moustiques. Bref, on s’est fait défoncer. Les termites sont ultra voraces : toutes les branches tombées au sol sont en fait creuses, totalement nettoyées par les insectes.
Mercredi 16 février, on est allés campés sur le pouce avec des collègues d’Anna. Feu de camps, chamallows et saucisses, c’était vraiment cool. Le bémol, c’est que je suis monté en savattes, puis qu’il a plu pendant la nuit. Du coup, j’ai du redescendre pieds nus dans de la glaise humide ultra glissante, c’était chaud patate.
Emnati Samedi 19 février, nous avons eu la visite d’Emnati, le second cyclone de l’année ! Il était globalement moins fort et moins long que le premier. Et surtout, le premier avait déjà « purgé » l’île, donc pas de dégâts importants à ma connaissance. Néanmoins, c’est vraiment étonnant de voir que tout le pays s’arrête presque totalement et s’enferme pendant plus de 24h. C’est un peu comme le premier confinement, avec plus de pluie et de vent.
Rien à voir, mais j’ai remarqué la semaine dernière que la vidéo de mon article sur les souterrains de la Défense avait passé les 3k vues sur youtube. Aujourd’hui, elle a dépassé les 8k vues, ça fait plaiz, mais j’espère que la ratp ne m’en voudra pas.
- Maurice #27 Maha Shivaratri
Bon alors cet article parle religion, et plus particulièrement Hindouisme. Le problème c’est que je suis pas très calé en religion et encore moins en hindouisme. En fait, quand on commence à creuse un peu, l’hidouisme c’est carrément compliqué. C’est très vieux, ya plein de dieux, plein de branches, plein de clergés, plein de dogmes, plein de textes sacrés, chaque dieux a plein de noms, plein de réincarnations, plein de symboles et plein de significations, bref c’est compliqué.
C’est quoi Maha Shivaratri ?
Mais en gros, ya trois dieux majeurs dans l’hindouisme : Shiva, Vishnou et Brahma. Et Maha Shivaratri, c’est la grande nuit de Shiva. En fait, apparemment certaines branches de l’hindouisme considèrent Shiva comme un Dieu unique, et les autres dieux sont d’autres formes de Shiva. Et j’ai l’impression que cette branche est assez populaire dans le sud de l’Inde, d’où vient la majorité des hindous Mauriciens. Mais bon, c’est beaucoup de supposition là quand même.
Une vidéo de Maha Shvaratri à Grand Bassin avant le covid, pour voir l’ambiance. Maha Shivaratri est la fête religieuse la plus importante à Maurice parce qu’il y a beaucoup d’hindous et qu’ils font des trucs visibles/impressionnants. Le principe c’est de faire un pèlerinage à Grand Bassin, ou Ganga Talao, le lac sacré de Maurice, qui aurait la même eau sacrée que celle du Gange. Bon, Maurice c’est pas très grand alors chacun part de sa maison. Les plus courageux marchent dans les 70/80km aller puis retour. Mais comme c’est un peu simple, on ajoute les Kanwa, c’est des genre de char de Carnaval, mais portés par les pèlerins. Ils sont très colorés, c’est vraiment joli. On ajoute aussi de la musique, souvent des mantras remixés. Je vous met un exemple ici :
Un Mantra remixé à la Mauricienne. Il existe aussi des remix reggae, ou carrément techno hardcore Ces joyeuses musiques sont propulsées depuis des carbass surpuissants qui roulent au pas pour motiver les pèlerins. Et pas seulement à Grand Bassin, mais sur tous les grands axes routiers de l’île, puisque c’est un pèlerinage ! Et le tout, pendant les 2 semaine qui précèdent la grande nuit de Shiva (les pèlerinages sont étalés sur 2 semaines pour éviter les grand rassemblements, covid toussatoussa.
Des beaux kanwar de 2020 Mon pélerinage
Bon, c’était une bonne occasion de voir du pays, alors j’ai décidé de faire mon pèlerinage aussi. j’ai pris un kway, 4L d’eau, des barres de céréales et mes savates de marche et je suis partis à 18h de Moka pour un peu plus de 30km de marche. Les gens font plutôt le pèlerinage la nuit parce qu’il fait trop chaud le jour. Et puis bon, c’est quand même la nuit de Shiva.
Je suis parti deux jours avant la vraie grande nuit de Shiva, mais bon osef parce que comme je l’ai déjà dit, le pèlerinage est étalé sur deux semaine, on peut donc le faire quand on veut pendant ces deux semaine.
Je commence donc à marcher une heure avant le coucher du soleil. Il fait déjà moins chaud et je traverse les rivières entre Moka et Ébène. On est dans une zone très urbanisée, mais les rivières ont creusé des profondes gorges remplies de jungle, c’est très joli.
Difficile de croire qu’on est en ville, non ? S’ensuit la traversé de la grande aire urbaine de Quatre Bornes. La nuit tombe très vite ici, en 30 minutes on passe du jour à la nuit noire. Je passe de lotissements riches à quartiers pas vraiment riches à quartier carrément pauvre.
Et enfin, je sors de la ville et je commence à naviguer dans des chemins de champs de canne. J’aime beaucoup l’ambiance ultra calme des champs de canne la nuit et le beau ciel étoilé de l’hémisphère sud. Mais je commence aussi à me rendre compte que mon itinéraire, calculé par une appli de rando, ne me fera pas passé par les grands axes routiers, où sont tous les pèlerins. Pas grave, je suis bien ici.
Toutefois, je suis sur mes gardes, surtout quand je passe proche d’habitations isolées. Je n’ai toujours pas peur des gens, malgré les mises en garde des Mauriciens à mon égard, mais j’ai peur des chiens. Je me suis déjà fait mordre deux fois depuis le début du voyage. Rien de grave à chaque fois, mais le contact des canines de ces putes de clebs sur ma peau m’a laissé une forte impression. Je fais beaucoup plus attention maintenant. D’ailleurs, j’ai pris mon couteau Mora au cas où j’ai l’occasion de planter une de ces saloperies. En fait, les chiens errants sont très rarement un problème, surtout si ils sont seuls ou sur un lieu de passage. Le problème, c’est quand ils estiment qu’ils sont sur leur territoire, par exemple une maison sans clôture c’est un problème. Un autre problème, c’est quand les chiens errants forment une meute. Bref, c’est relou.
Après les champs de canne, le chemin arrive dans une forêt. Au début, j’aime bien puis la forêt devient très glauque. Il y a des ruines et des arbres crochus avec dedans des chauves-souris qui couinent et se déplacent de branche en branche, un peu comme des singes. Le chemin est très humide, j’ai les pieds pleins de boue. Je ne croise personne.
La forêt glauque. Si glloq, j’y vais en volant. Finalement, vers 00h30, j’arrive enfin sur la route et je vois les autres pèlerins. En fait, il y a pas mal de monde ! Les gens viennent en famille, entre amis et marchent toute la nuit pour faire l’aller-retour. C’est vraiment étonnant de voir tout ce monde dans la nuit quand on sait à quel point les Mauriciens ne sont pas nocturnes. Il y a pas mal de voitures décorées avec de la musique, qui passent doucement pour motiver tout le monde. Encore une chose, à cause du covid cette année, il est interdit de donner de la nourriture et de l’eau aux pèlerins, comme le veut la coutume. J’imagine que ça doit être beaucoup animé en tant normal.
Vers 2h du matin, j’arrive enfin à Grand Bassin. Sur le parking devant les statues géantes de Shiva et Durga, j’entends de la techno. Pourquoi pas ?
Dans le lac sacré et dans les temples, les pèlerins font des offrances, des abblutions et brulent de l’encens et du camphre. Il y a du vent, il fait frais et surtout très humide. En fait, malgré l’ambiance magique et hors du temps de l’endroit sacré, j’ai du mal à entrer dans l’ambiance. D’abord, ça pu. En fait, les offrandes de nourritures sont repechées dans le lacs et ramassées sur les autels par des éboueurs qui les stockent sur place dans ce grand sac poubelle jaune fluo. De la bouffe trempée dans un sac poubelle, et bien ça schlingue et plus d’être moche. De plus, les éboueurs n’ont accès à aucune infrastructure : ils somnolent, comme certains pèlerins, sur les bords trempés du lac sacré. D’ailleurs, le lac sacré est entourné de marches qui permettent de descendre un peu dans l’eau pour faire les ablutions et les offrandes, mais pour éviter les accidents, la police à mis des barrières moches et de la rubalise jaune fluo tout le long du lac pour pas que les gens aillent trop loin. C’est certainement pratique, mais extrêmement moche.
D’ailleurs, pour rester sur les aspects négatifs, je suis frappé par le manque d’infrastructures en général. Il n’y a pas d’eau potable, pas de nourriture, pas d’endroit où dormir et seulement quelques toilettes assez misérables. Bon, d’un autre côté, ça colle avec l’idée de dénuement du pèlerinage. D’autant plus que les pèlerins sont sensés veiller pendant leur nuit à Ganga Talao. Mais quand même, je vois des pèlerins dormir par terre, emmitouflés dans des couvertures et des imperméables, c’est à la dur.
Je vois également des processions de tambour et de Kanwa. Ca ajoute à l’aspect irréel de la nuit. C’est bizarre de voir tous ces gens actifs la nuit alors que d’habitude, la nuit Mauricienne est extrêmement calme. Les gens s’activent, passent de temple en temple, font sonner les cloches, mettent de la musique, mangent, fument, discutent, se reposent, se massent les pieds et les jambes endolories… Bref, chacun sait ce qu’il a à faire.
Quelques images de la nuit à Grand Bassin Finalement, je monte sur la colline au dessus du lac sacré. Ici, il n’y a pas grand monde et la vue est magique. Dans l’escalier pour descendre, je vois 2 pèlerins qui dormes sur les larges marches de pierre. Je suis crevé, je décide d’en faire autant. Je m’enroule comme je peux dans mon hamac et mon kway et je commence une nuit froide, dure et courte.
Au petit matin, je remonte au sommet de la colline pour admirer le lever de soleil. Au loin, on voit presque toute l’île : la grande agglomération Curepipe-Vacoa-4Bornes, les montagnes et les champs de canne et surtout la mer de chaque côté. De l’autre côté, on voit la forêt du parc national s’étaler sur plusieurs km. J’ai l’impression d’avoir le monde entier sous mes yeux. Un petit monde certes, mais un monde quand même.
Levé de soleil sur Grand Bassin Finalement, je marche encore 6km jusqu’à bois Chéri et je rentre dans la matinée à Port-Louis. J’ai mal aux jambes et je suis fatigué, mais content quand même d’avoir vu ça.
- Maurice #28 : Coup de boule dans les valseuses
Un soir, en discutant avec Rajeev et Sanju, des amis du nord, j’entend parler des films de kung fu des années 70. « Ca branle dans les bambous », « il faut battre le chinois pendant qu’il est chaud » ou « coup de boule dans les valseuses », « quand les jaunes voient rouges » ou « nous y’en a riz le bol » sont des titres authentiques. Et quelques uns de ces films sont disponibles sur youtube, ne me remerciez pas.
La bouffe
En me baladant sur les très nombreux marchés et bazars de Port-Louis et d’ailleurs (j’adore les marchés !), je découvre toujours de nouveaux fruits, de nouveau légumes, etc. Les vendeurs sont souvent sympas et acceptent de m’expliquer c’est quoi ces légumes bizarres et surtout me donnent quelques conseils sur leur cuisine. Comme ça, j’ai notamment acheté des brèdes songes. En fait, les brèdes c’est globalement des tiges ou des feuilles de légumes qui sont comestibles. Les brèdes songe, c’est les feuilles du songe, un tubercule étonnant par ailleurs (c’est le Taro au Japon). Le conseil est simple : il faut enlever les fibres, les faire cuire et ça fait comme des épinards. Ni une ni deux, je m’exécute et je commence la préparation. En fait, il faut voir qu’il y a des tiges et des feuilles. Je commence par préparer les tiges en enlevant les fibre, un peu chiant mais ça va. Puis je prend les feuilles, je les laves bien et je les coupe vite fait. Je remarque que mes mains me démangent pas mal, surtout entre les doigts, c’est relou. Mais bon, je vais pas me poser des questions pour si peu. Je met tout dans une casserole avec un peu d’eau et je lance la cuisson. Par curiosité, je veux toujours goûter les trucs que je connais pas, et pourquoi pas voir l’évolution de leur goût au fil de la cuisson. Je prend donc un morceau de feuille que j’enfourne goulument dans ma bouche. Et là, c’est le drame. J’ai l’impression d’avoir bouffé une poignée de poudre de verre bien aiguisés et trempés dans un truc bien acide, genre du jus de citron. J’ai mal à ma bouche. J’essaie de cracher, de rincer avec de l’eau froide, et de l’eau chaude. Nop, je suis niqué. En plus, je me rend compte qu’en me touchant l’oreille, elle se met à être irritée aussi. Ok.
Les fameuses brèdes songes J’apprend en faisant quelques recherches que la feuille de songe est en effet toxique crue à cause de cristaux microscopiques, les raphides. Finalement, je m’en sors bien parce que la gêne disparait le soir même alors que selon Wikipedia, les symptômes peuvent durer jusqu’à deux semaines.
Sinon, comme je le disais, je découvre plein de nouveau fruits et légumes, mais également des nouvelles façons de les cuisiner. Anna a récemment réussit à maîtriser parfaitement les rotis, des galettes de blé, bien souples, qui accompagnent beaucoup de plats ici ou sont servies dans la rue, garnies de sauce épicés. On commence aussi à bien faire les cari, une famille de plats très larges qui consiste à faire des trucs en sauce avec plein d’épices. On fait des merveilles avec le poisson salé, le tofu fumé et lentilles. On est des pros du riz frit, mines frites (=nouilles frites), du chop suey, des soupes de dholl (lentilles, poix cassés). On fait des trucs simples, mais on cuisine presque tous les jours et on progresse vraiment.
Si vous, mes millions de lecteurs, vous voulez quelques recettes faciles à reproduire en France, faites le moi savoir en commentaire 🙂
Le sabre
Récemment, je suis allé me balader dans le quartier des quincailleries pour acheter un sabre. Un sabre c’est une machette. C’est l’outil de base pour les agriculteurs, les bucherons, les élagueurs, les flics et les profs. C’est un gros morceau d’acier de la taille de mon avant-bras avec un manche en plastique moche et un tranchant moyen. Le tout pour 7€. Je suppose que c’est quand même de la bonne qualité, vu que ce genre de trucs est utilisé par tout le monde sur l’île et que c’est le seul modèle que le mec avait dans son magasin. On verra bien à l’usage ! Quel usage ? Eh bien la randonnée ! Vu que les sentiers sont mal entretenus et suite aux cyclones, il faut se démerder soit même pour passer à certains endroits.
Pour pouvoir trimballer l’outil sans éventrer mon sac, j’ai fais un fourreau avec un vieux paillasson et un cabat de courses. C’est objectivement vilain, mais ça marche très bien !
La question qui subsiste c’est : est-ce que ça passera à l’aéroport ?
Le sabre Le fourreau Les petits tracas du quotidiens
Il y a une dizaine de jours, je sors de la maison tranquilou pour aller au bazar, tel la fleur au fusil. Sauf que la guêpe qui avait fait sa maison au dessus de la porte, en avait décidé autrement. Elle ma piqué à l’oreille et je doit bien dire que ça fait un mal de chien.
La semaine dernière, Anna sort de la douche quand, oh surprise, elle se retrouve couverte de dizaines de fourmis. Apparemment, ça gratte, c’est désagréable et en plus, bordel, pourquoi la serviette est envahie de fourmis ? On ne trouve pas, mais il y en a beaucoup, ça c’est sûr. Du coup, on lave la serviette à la machine et on la secoue bien pour enlever les cadavres d’insecte. Puis, je la réutilise. Premier jour, ok, elle fait bien son taf de serviette. Deuxième jour : surprise ! Comme Anna, je me retrouve avec des dizaines de fourmis qui me mordent et m’aspergent copieusement d’acide. Ca reste des fourmis minuscules, mais avec le nombre, elles arrivent à faire mal. Je me gratte comme un con pendant au moins une heure avant que ça passe.
On ne sait toujours pas pourquoi les fourmis aiment autant notre serviette.
Baie du tombeau et Jin Fei
Samedi 5 mars, on est allé visité ce coin au nom attrayant. En fait, l’endroit s’appelle « Baie du Tombeau » comme ça parce que la baie est particulièrement dangereuse et a vu plusieurs naufrages, dont celui d’un gouverneur général des Indes orientales et amiral néerlandais, Pieter Both. Et ça c’est pas rien quand même. Le mec a même donné son nom à une montagne. Comme Michel Blanc et Jean-Paul Cervin.
Pieter Both Pieter Both Mais ce qui nous intriguait dans ce bled, c’est Jin Fei, la ville du futur de Maurice, gracieusement offerte par Xi Jinping. Si j’ai bien compris, Maurice fait les routes et les raccordements aux réseaux puis la Chine construit les bâtiments, puis des investisseurs les exploitent. La première pierre a été posée en 2009. Après, ça aurait pas mal trainé, mais finalement aujourd’hui, tous les chantiers sont bien lancés. Le but est de faire un quartier d’affaire pour booster l’économie, mais il y a tout un tas d’autres enjeux autour de ce projet, comme le rapprochement avec la Chine plutôt qu’avec l’Inde (le partenaire historique de Maurice).
Jin Fei devrait ressembler à ça une fois finie. Bon, une fois sur place, on a vu le Eden Garden, le gros bâtiment avec des pics alignés sur la tête. C’est classe, mais la poussière rouge du coin (l’endroit s’appelle aussi Terre Rouge) donne l’impression que tout est rouillé. Aussi, le bâtiment n’est quasiment pas exploité. Mais bon, ça peut se comprendre vu que c’est le seul bâtiment du quartier à exister. Faut quand même voir qu’on est au milieu des champs. Bon, donc finalement y’avait pas grand chose à voir alors on est allé chercher des coquillage à la plage d’à côté.
Voilà à quoi ça ressemble Sources :
- Un article de 2011 sur Jin Fei : https://www.cairn.info/revue-outre-terre1-2011-4-page-129.htm
- Le site vitrine du projet : http://www.jinfeismartcity.com/
- Un article plus récent sur la reprise du projet : https://ionnews.mu/jin-fei-fer-de-lance-de-la-reprise/
- RECETTE : Les rotis Mauriciens
Ingrédients
- 250g de farine
- 18 cl d’eau chaude
- Une cuillère à café de sel
- De l’huile blanche
Préparation
Mélanger la farine et le sel, puis ajouter une cuillère à soupe d’huile et continuer à mélanger.
Ajouter l’eau chaude et pétrir avec les petites mains, la pate doit rester bien molle.
Si vous avez que ça à faire, vous pouvez couvrir et laisser reposer 10 minutes.
Puis former des boules de la taille d’un poing d’un enfant d’environ 7 ans. Ou d’une petite mandarine. Ou entre une balle de golf et une balle de tennis.
Ensuite, se huiler les mains, mettre un peu de farine sur le plan de travail et étaler les boules jusqu’à obtenir des galettes bien fines.
Enfin, faire cuire la galette dans une poêle bien chaude, à feu moyen/fort. L’huile étant un met délicieux, ne pas hésiter à en rajouter sur le roti pendant la cuisson. miam miam !
Une fois les galettes cuites, c’est mieux de les poser dans un torchon ou du sopalin pour qu’elles conservent leur élasticité.
Et une petite vidéo pour mieux voir le truc Comment ça se mange ?
Le roti permet de remplacer le pain ou le riz quand on mange un cari (un plat en sauce). On peut aussi le manger au petit déj, bien chaud et copieusement tartiné de beurre, fromage ou confiture.
Dans la rue, les rotis sont également servis enroulés avec une sauce épicée au milieu, c’est vachement bon.
En bonus, un reportage de qualité sur un maître rotissier - RECETTE : Chop Suey de légumes
Le chop suey, c’est un peu comme la ratatouille asiatique. Les ingrédients sont tous interchangeables, mais il faut bien comprendre la philosophie du Chop Suey, qui se résume en 3 points : coupe fin, cuit fort, assaisonne bien.
Ingrédients
- 1 oignons
- des légumes qui trainent (carottes, champignons, poivrons, ananas, pouces soja, brocolis, celery, etc.)
- une cuillère à café de Maïzena ou une patate
- 2 gousses d’ail
- 1 petit morceau de gingembre
- Un bout de piment si on est chauds
- un peu de coriandre
- Sauce soja, sauce d’huitre, un peu de sucre
- un demi verre d’eau
Préparation
Il faut bien préparer tous les ingrédients avant de commencer la cuisson, parce que la cuisson est très rapide.
Couper tous les légumes finement, un peu en mode julienne.
Ecraser l’ail avec le gingembre et le piment.
Verser la cuillère de Maïzena dans le demi verre d’eau. Si vous avez une patate, vous pouvez la râper ou la couper très finement. L’apport en amidon donnera la bonne texture un peu gluante au plat final.
Dans un petit bol, préparer la sauce d’assaisonnement : trois cuillères à soupe de sauce soja, une cuillère à soupe de sauce d’huitre, une demi cuillère à soupe de sucre ou de miel, deux cuillères à soupe d’eau
Cuisson
Quand tout est prêt, il faut faire chauffer la poêle à fond avec de l’huile. Quand l’huile est très chaude, on balance les légumes et le gingembre et l’ail et on remue bien pour pas tout faire cramer.
Au bout de 2 minutes, quand tout est bien chaud mais encore croquant, on ajoute le bol de sauce, puis la maizena et on continue de bien remuer.
Et voilà, c’est prêt.
Et voilà un petite vidéo pour voir à quoi ça ressemble Variantes
Une fois qu’on a la base, on peut adapter le procédé et ajouter de la viande ou de l’omelette coupée finement. On peut aussi ajouter du riz et doubler la dose d’huile et pouf, ça fait du riz frit !
- RECETTE : cari coco ou caco rico ?
Le cari, c’est la base du monde, ce qui est bon et qui nourrit. La philosophie du carri, c’est :
- Tout ce qui traîne au frigo est le bienvenu
- La sauce est capitale
- Les épices gouvernent tout le reste
La base du carri, c’est la sauce. Elle peut être à base de lait de coco (comme cette recette), de tomate, d’eau ou de lait/crème. On peut aussi rajouter un yahourt ou un jus de citron à la fin pour rajouter de l’acidité.
Comptez 45 minutes pour la recette du cari coco aubergine.
Ingrédients
- 1 oignon
- 2 carottes, 1 patate (ou autre, mais en petite quantité. Consommer les légumes avec modération)
- 3 petites aubergines (les petites aubergines sont moins amer)
- Du poisson frais, du poulet ou du tofu ou des sardines en boites, ou des knackis si vous n’avez aucun respect.
- 1 boite de lait de coco
- 2 cuillères à soupe de poudre de curry (Massala)
- 3 gousses d’ail
- d’autres épices, si possible : j’aime bien mettre de la poudre de curcuma, quelques clous de girofle, du thym, du laurier sauce, un peu de poivre, du sel, du piment pour les vrais et surtout du gingembre.
- De l’eau chaude
- De l’huile de cuisson
Préparation
Éplucher et couper l’oignon, les carottes et la patate et petits dés. Couper les aubergines en gros dés sans les éplucher. Ecraser le gingembre, l’ail et le piment ensembles. Couper le poisson ou le poulet en dés aussi.
Dans une poêle solidement huilée, faire revenir le poisson ou le poulet de manière à ce qu’il soit juste cuit, puis retirer la viande de la poêle.
Dans la poêle chaude, faire revenir les oignons 3 minutes en remuant. Puis ajouter la bouillie d’ail/gingembre/piment, les carottes, la patates et les aubergines. Ajouter un bon verre d’eau chaude et couvrir pour que les légumes cuisent. Laisser couvert et à feu fort pendant environ 10 à 15 minutes. Veiller à ce qu’il y ai toujours de l’eau pour éviter de tout faire cramer.
Quand les aubergines sont cuites ajouter la poudre de curry et le lait de coco. Enfin, ajouter toutes les autres épices et laisser mijoter 5 minutes pour que les épices infusent bien, et c’est prêt !
C’est pas la même recette, mais ça ressemble. Et puis zot koz kreol ! Dégustation
Le cari s’accompagne traditionnellement de trois types de mets :
- un féculant (roti, riz ou pain)
- un grain sec (lentilles, pois cassés, gros pois)
- une salade (concombre, chou) et/ou des achards (je garde ça pour une prochaine recette !)
Pour les plus aventureux, c’est également délicieux en sandwich dans une baguette coupée en deux !
- Maurice #29 : Inondations et trucs pas cons
Les pluies torrentielles
Bon, commençons tout de suite avec le sensationnalisme : les inondations. Ce qui est cool avec les pluies torrentielles, c’est qu’elles viennent sans prévenir. Tu vas au supermarché, il commence à pleuvoir et pouf, 20 minutes plus tard il y a un mètre d’eau dans la rue. Bon, je raconte quand même le cas extrême là, mais ça arrive. Je laisse deux petites vidéos pour comprendre.
On a eu la bonne idée de faire une balade ce jour-là. Le même jour, dans la banlieue de Port-Louis Pour expliquer ces inondations également, la même histoire revient tout le temps : les français, à la fondation de Port-Louis, avaient prévus de larges drains (dont certains sont encore visibles tels quels aujourd’hui), mais avec l’évolution de l’île, ces cons d’anglais ont détruit les drains ou construit dessus.
Je pense quand même que l’histoire est un peu enjolivée pour faire plaisir à mon égo de français, mais ça marche.
Enfin, les articles de presse parlent pas mal du changement climatique et de ses conséquences néfastes sur ce genre d’événement. Je pense qu’on parlerait plus du 6e rapport du GIEC si ce genre de trucs arrivait en France.
L’esprit pratique Mauricien
J’ai observé quelques trucs vraiment pratiques ici, que j’ai l’ambition de ramener en France, pour rendre le monde meilleur.
Bon. Pour commencer, ya le créole. C’est vraiment fantastique : comme il n’y a aucune règle, tout le monde fait ce qu’il veut. En fait même, tous les mauriciens ne parlent pas le même créole, mais on s’en fout du moment qu’on se comprend. D’une manière plus pratique pour moi, j’utilise des abréviations du créole dans la prise de note. Ainsi, je peux utiliser :
- « ena » à la place de « il y a »
- « pena » à la place de « il n’y a pas »
- « kav » à la place de « capable » ou « possible »
Exemple : au lieu d’écrire « tu peux ajouter du sel », en créole ça donne « kav met disel ». Plus rapide, non ?
Un autre truc que je trouve fantastique, c’est les mesures de longueurs. Le but est tout simplement d’utiliser son index, sa main ou son avant-bras pour indiquer la longueur de ce qu’on est en train de décrire. Les plus audacieux utilisent même la jambe !
la taille d’un tout petit poisson la taille d’un plutôt petit poisson la taille d’un gros poisson, ou d’une grande chopine de bière Ce système est tellement poussé qu’on peut même faire comprendre à son interlocuteur qu’on parle d’alcool en donnant la longueur d’une chopine (bouteille en verre). Bien pratique dans les milieux où l’alcool est interdit !
- Maurice #30 : une douce balade à Port-Louis
Bon, rien d’exceptionnel, avec Anna on habite à Port-Louis. Ya plein de monde qui n’aime pas trop cette ville, mais moi j’aime bien. Et du coup, pour vous montrer pourquoi je vous propose de vous emmener avec moi au cœur de la tourmente, dans ma sortie presque quotidienne dans le centre-ville.
Port-Louis, ça ressemble à ça de dessus Lundi 14 mars. Aujourd’hui, il faut que j’aille acheter des œufs. Ca fait au moins une semaine que je dois le faire, mais j’oublie à chaque fois. Ce matin, Anna m’a réveillé à 7h en partant travailler. J’ai avalé un petit dej à base de pain, de beurre de cacahuète et de confiture de banane maison (et oui m’sieurs dames, de la confiture maison). Et enfin j’ai passé la matinée, dorloté par le ventilateur, à faire du montage pour un podcast fabuleux dont je parlerais peut être un jour ici.
Vers 13h, poussé par la faim et la chaleur de la journée, je lève enfin mes fesses de la chaise, attrape mes savates et c’est parti. J’ai mille roupies (20€) dans pour petit porte-monnaie « le routard ». Ca suffira amplement.
Port-Louis, ça ressemble à ça de dedans (source) Dehors, il fait chaud. Il suffit de marcher quelques minutes en plein soleil pour sentir quelques gouttes de sueur se frayer un chemin dans mon dos. Mais je ne fais plus attention, je suis habitué. De même pour le masque, qui m’étouffait pourtant au début du séjour. Il y a le bruit aussi. Le silence n’existe pas à Port-Louis. Il y a toujours des motos, des voitures, des klaxons, des bruits d’enfants dans le collège à côté de la maison. Quand je m’approche du centre, j’entend aussi les vendeurs, qui gueulent des promotions incompréhensibles en créole.
Je pensais trouver un vendeur de rotis dans la rue, mais j’arrive bredouille devant le bazar. Tant mieux, les rotis du bazar sont délicieux. En traversant ledit bazar, je repère un prix intéressant sur les fruits de la passion. Je repasserais après manger. Je prends deux rotis pour 30Rs et un verre d’alouda glacé (une boisson à base de lait) pour 30 Rs aussi. Top ! Je gobe ça en même pas une minute, je crois que j’ai mangé trop vite. C’est dommage de ne pas apprécier plus que ça, c’est vraiment bon. Tant pis, je prendrais plus de temps la prochaine fois.
Allez, tant que je suis là, je vais acheter deux trois trucs. Hop, je crois qu’on a plus trop d’oignons, je vais en prendre une livre pour 20Rs. Tiens, le vendeur vend aussi des avocats. Les avocats Mauriciens sont pas top, mais je pourrais faire une petite salade avec. Allez, trois avocats bien mûrs pour 100Rs. Tiens, juste à côté ils font le fruit à pain pour 40Rs, c’est pas cher, allez j’en prend un.
Une jolie photo du bazar de Port Louis Bon, mais ne nous égarons pas, je suis juste là pour acheter des oeufs moi. Le problème, c’est qu’y a pas d’oeufs au bazar, même pas au bazar viande. L’autre jour, j’ai pris mon courage à deux mains pour braver l’odeur infecte et le carrelage glissant de la partie « volaille » et le mec m’a assuré qu’il n’y avait pas d’oeufs ici. Maiiis je crois bien que je peux trouver des oeufs dans le quartier chinois. Tiens, j’ai qu’à passer au bazar de la gare, ya toujours des bonnes affaires là bas !
Sur la route, je dois passer par une petite rue dont j’ignore le nom. Je pense que c’est la rue la plus animée de la ville. Il y a tellement de marchands sur les trottoirs et la route que les voitures peuvent à peine circuler. Les crieurs y vont franco, je comprend rarement leurs annonces.
Pour arriver au bazar de la gare, je dois justement traverser la gare. C’est la grosse gare routière de Port-Louis depuis qu’ils ont pété l’autre pour mettre un tramway. Il y a des dizaines de bus antiques qui manœuvrent, et s’entremêlent, en évitant les piétons et les trottoirs de justesse et en klaxonnant au moindre doute. Je trouve ça incroyable comment un tel bordel semble ne jamais générer aucun accident. C’est presque organique : chacun fait ce qu’il a à faire et tout se passe bien comme dans un banc de poisson ou un troupeau d’oiseau (on peut dire troupeau d’oiseaux ?). Le long de la gare, ya aussi plein de vendeurs de trucs en tout genre : mort aux rats, piles, boites en plastiques, etc. Je ne suis pas leur meilleur client.
Enfin j’arrive au bazar de la gare. Tiens, je vois des légumes que je connais pas. Ca ressemble à un mélange entre une courge et un concombre. Une cliente me dit que c’est bon en fricassée avec de la viande et de l’oignon. J’en prend un peu pour essayer. Ya aussi les vendeurs de fruits. Je leur prend quelques mangues, certainement les dernières de la saison, et des jattes. Mon sac est bien rempli, mais pas mon ventre, j’ai un petit creu.
Ca tombe bien, ya un petit snack chinois de l’autre côté de la route. L’endroit est tenu par un vieux chinois à l’air constamment un peu perdu et avec un accent à couper au couteau. C’est étrange d’ailleurs, l’immigration chinoise est vieille, je n’ai jamais entendu un Mauricien parler avec un tel accent. Encore un fois, je comprends que dalle quand il parle. Je commande un bol de boulettes et une chopine de coca, pour la soif.
Des boulettes et une chopine de coca Les boulettes, c’est cool. Et en plus avec le bouillon, je m’hydrate un peu et évite le mal de crane. Le mal de crane arrive bien vite quand on oublie de boire ici.
Repus, je rentre satisfait à la maison et je range mon butin au frigo. Je m’assois lourdement pour boire un grand verre d’eau fraîche. Merde, j’ai encore oublié les œufs.
- Maurice #31 : juste un bon week end
Ce week end du 19-20 mars était consacré à la remise des diplômes de ma promo à Lyon. Alors que la plupart de mes potes se rassemblaient pour fêter la fin de l’école, j’ai décidé de ne pas me laisser abattre et de passer un bon week-end aussi.
La pêche
Vendredi 18 mars, j’ai acheté une boite de petits hameçons pour tenter la pêche à la mauricienne. Le soir même, j’étais à Anse-La-Raie, dans le nord, pour cette première expérimentation.
Les criques de Anse-La-Raie le soir, c’est magnifique Niveau matos, je pars avec une bobine de fil de pêche, mes hameçons et une bouteille en plastique vide. J’ai aussi des ciseaux et ma machette pour le fun.
figure scientifique Ensuite, dans le principe, cette technique de pêche est très simple. Comme le montre la figure scientifique ci-dessus, le fil est entouré autour de la bouteille. Au bout de la ligne, un bout de corail sert de plomb et l’hameçon est fixé sur un petit bout de fil, lui-même attaché à la ligne.
Photo du montage Comme on le voit sur la photo, après avoir lancé la ligne dans l’eau, je place la bouteille sur un bâton. Si un poisson mord, le fil se déroule. Je dois alors attraper le fil brutalement pour ferrer le poisson, puis tirer la ligne pour le remonter.
Comme appât, comme je n’avais rien prévu, j’ai simplement pris des genres de bigorneaux qui pullulent dans les rochers. Il suffit de les éclater avec une pierre et de mettre la petite bête sur la ligne.
Ma seule prise, un petit capitaine Pour apprendre cette technique, j’ai simplement observé et interrogé les nombreux pêcheurs qui la pratiquent sur les rochers et les plages le soir. Je n’ai fait qu’une petite prise, mais c’est déjà une belle réussite pour une première fois ! En fait, mon principal problème était que les poissons arrivaient presque tout le temps à bouffer l’appât sans mordre. D’ailleurs, c’est impressionnant comme l’endroit grouille de vie. Je sentais la ligne bouger seulement 2 ou 3 secondes après l’avoir lancé !
Mett la faya, pas gagn traca
J’avais vaguement vu passer sur un groupe whatsapp une affiche pour une « beach party » sur l’îlot Bernache, dans le nord-est de l’île. Anna ne pouvait pas venir à cause du travail. J’ai longuement hésité, mais quand j’ai appris que de vagues connaissances y allaient, je me suis décidé : ça fait trop longtemps que je n’ai pas fait la fête.
Le jour même, j’appelle vite fait l’organisateur. Il me dit que trajet en bateau est inclut dans le ticket (beh oui, c’est une île) et me donne le point d’embarcation.
Comme je suis en retard sur plein de trucs, je ne pars de Port-Louis qu’à 16h. Je m’embarque dans un périple de presque trois heures de bus en bus. Je ne suis pas sûr d’arriver à temps ou de trouver un transport pour aller jusqu’au point d’embarcation, je stresse un peu. J’arrive finalement à Grand Gaube, un charmant village assez proche du lieu d’embarcation. Je demande à un gars s’il y a un arrêt de taxi dans le coin. Il appelle un pote à lui qui semble pratiquer le métier et me parle presque directement de drogue. Deux mecs arrivent dans une caisse minable. Après pas mal de difficultés, ils comprennent finalement où je veux aller. Ils parlent aussi pas mal de drogue. D’ailleurs, je remarque qu’ils ont certains ongles très longs. J’ose pas leur demander, mais il paraît que c’est très utile pour sniffer des trucs. D’ailleurs, assez vite, le passager sort une poudre grise qu’il met dans un petit bout de papier alu. Il met le feu et inhale la fumée. Ils appellent ça « la drogue », ou « la frappe ». Ils me disent que c’est de l’héroïne et m’en proposent. C’est très sympa de leur part, mais je refuse poliment. Juste après, ils confessent qu’ici, il y a pas mal de drogue mais que c’est de la très mauvaise qualité, coupéz avec tout ce qu’on peut imaginer.
Le cocasse de la situation continue de grandir quand le chauffeur s’arrête au milieu de la route pour consommer à son tour. En fait, ils se préparent pour la soirée : ils m’expliquent que la frappe permet de bien baiser et du coup ils vont passer la soirée à baiser, ils semblent ravis mais tellement défoncés et le gars conduit même mieux que la plupart des taxis que j’ai pu fréquenter. On arrive finalement au point d’embarcation, qui est un endroit hautement paumé.
Enfin, je vois des traces de la fête. L’organisateur est là, il vérifie mon ticket. On est clairement pas sur de la grosse organisation, mais ça a l’air de bien marcher quand même. Un bateau de pêcheur vient nous chercher pour aller sur l’île : c’est parti !
Bon. Pour la suite, je n’ai aucune photo. Une beach party, c’est du sable et de l’eau salée, j’ai donc préféré tenir mon portable loin de tout ça.
Arrivé sur l’île, je préviens mes vagues connaissances de mon arrivée. Il s’agit d’une mexicaine, Leyla, et d’une polonaise, Aleksandra, que j’ai vaguement rencontré une fois. Il est 19h et elles sont déjà très entamées par l’alcool. Mais elles sont super cool et me mettent tout de suite dans l’ambiance. La musique est pas incroyable mais il y a facilement 150 personnes qui se trémoussent devant la petite scène posée à même la plage. Ambiance plage, tropiques, chemise à fleur et collé-serré, je vous fait pas un dessin.
On dance presque sans interruption jusqu’à 23h. C’est alors que les gens qui ont trop bu commencent à vomir. La soirée prend alors une tournure de biture de lycéens qui boivent pour la première fois. Je prête mon unique bouteille d’eau à une des victimes de l’alcool, qui se barre avec, me condamnant à une sérieuse gueule de bois.
Ayant été missionné par Leyla d’aller chercher Aleksandra qui semble avoir disparu, je sympathise avec des pêcheurs qui passent leur soirée tranquillement à 200m de la fête. Non seulement ils sont accueillants, mais en plus ils ont de la conversation, adorent le fait que je parle créole et me filent à manger. Ils sont là depuis 14h et ils ont pêché au moins 10kg de poissons dans l’après midi. Maintenant, ils font frire le fruit de leur pêche dans une caraille, sur un petit feu de camp. Le poisson est succulent, mais le top, le top of the top, c’est le poulpe. Le poulpe frais frit dans l’huile avec un peu de piment, c’est. trop. bon.
Bon, quand je retourne à la fête, je m’aperçois tristement que mes amies se sont barrées. A partir de minuit, de plus en plus de monde quitte l’île (le bateau continue de faire des rotations) et les gens semblent bien planifier de conduire bourrés jusqu’à chez eux. Moi, je m’en fous, j’ai mon hamac. Alors je retourne passer du bon temps avec les pêcheurs jusqu’à ce que je tende mon hamac pour une courte nuit.
Au final, je préfère ça à la remise de diplômes, au gala et aux discussions avec d’anciens amis devenus jeunes cadres dynamiques où on se ressasse nos premières années à l’INSA, blablabla c’était bien, blablabla tu fais quoi maintenant ?
- Maurice #32 : con confiné
Mercredi 23 mars au soir, Anna est rentrée du travail avec un virus que tout le monde connait et la promesse d’une semaine d’isolement. Youpi !
Le premier jour, jeudi, on a eu un peu mal à la gorge et on était trop content de passer la journée au lit, à lire et à dormir. Et même pas sur youtube : nous avons interdit l’usage du téléphone portable dans le lit et à table, sous peine de vaisselle.
Le deuxième jour, on a commencé à se faire chier. Alors comme on avait dormi toute la journée, on a passé une nuit blanche sur Minecraft et au petit matin, on est allé voir l’entrainement des chevaux, à l’hippodrome du champ de Mars, à deux pas de chez nous.
Le troisième jour, samedi, j’en avait marre de rien faire et j’ai repris mon travail : du montage audio pour un podcast connu internationalement (au moins Maurice et la France :P). Et puis quand j’en ai eu marre, je suis allé manger. Depuis le début de notre confinement, j’éprouve une attirance irrésistible pour tout ce qui est très gras et salé, c’est bizarre.
Avec Anna, on a pris nos billets pour la réunion du 12 au 23 avril. On en profite pour planifier un peu notre voyage. On prévoit de faire beaucoup de randonnées, à la dure. Ca nous manque un peu ici à Maurice et on a pas fait de vrai trek depuis notre voyage au pays de Galles en 2018. Mais comme on est pas entrainés, on s’est mis à faire des abdos et du gainage tous les jours pour les deux prochaines semaines. C’est indispensable pour pas se flinguer le dos avec le lourd sac qui nous attend.
Salut gros bâtard Dimanche, le quatrième jour, on a presque repris un rythme normal avec Anna. Anna dors beaucoup pour casser l’ennui et moi je fais du montage, du montage et encore du montage. Je commence à planifier le voyage en Bolivie de cet été d’ailleurs, ça promet.
Lundi, on a fait des crêpes.
Mardi, le confinement est presque fini ! et ça tombe bien parce qu’on avait réservé une voiture à partir de mercredi pour partir faire un road-trip dans le sud de l’île. Je prend le temps de faire des courses pour re-remplir le frigo, on préparer nos sacs et je vous promet que le prochain article sera plus intéressant !
- Maurice #33 : Le début du roadtrip pluvieux
Avec Anna, on était un peu frustrés de la difficulté d’explorer le sud et l’est de l’île. C’est pas si loin de chez nous, mais il faut entre 2 et 3 heures de bus pour s’y rendre et nous n’avons pas de logement sur place. Donc impossible d’y aller tôt le matin et impossible d’y rester le soir. Les bus tournent en gros entre 5h et 19h ici. Nous avons donc décidé de louer une voiture pour un long week end de 5 jours. Youpi !
Mercredi 30 mars. On arrive proche de ce qui semble être le lieux de rendez vous. En fait, c’est un peu flou. Les loueurs de voiture de Port-Louis n’avaient rien à me proposer alors j’ai trouver une petite annonce qui avait l’air honnête (notez le mot) sur facebook. J’ai eu le mec au tel, ça a l’air d’être à la rache mais rien de particulièrement louche jusque-là. Il nous a donné une adresse un peu floue, mais c’est assez précis pour qu’on s’y rende et je lui ai payé 2000 roupies d’avances (40€), la moitié du prix total. Sauf que. Le mec ne répond pas au tel. On se dit que c’est une feignasse et qu’il n’est pas réveillé, on attend 2h (ouais on apprend la patience dans les îles). Toujours rien : on s’est juste fait baisés. 10 jours plus tard, le mec ne répond toujours pas au téléphone, il est fort.
On est un peu dégoûté mais tant pis, on va pas se laisser prendre notre week end de rêve pour 40 balles. Alors le miracle se produit : je trouve un loueur de voiture sur maps dans la même ville et en 30 minutes on repart avec les clés de notre superbe toyota. La location ici c’est 20€ par jours pour des petites voitures comme celle-ci
Notre bolide. La pluie commence à tomber mais rien n’entame notre joie : nous sommes libres ! plus besoin de stresser pour prendre le dernier bus, plus besoin de subir les trajets interminables à 20km/h de moyenne dans le brouhaha et la fumée noir des bus antiques : on fait ce qu’on veut.
Et d’ailleurs, on commence par s’arrêter à Cascavel, un tout petit village, pour y manger un coup dans un bouiboui local. J’aime bien les petits villages comme ça, les gens sont toujours étonnés de voir des touristes s’intéresser à des endroits si banals (banaux ?) pour eux. On mange, on prend des bonbons et on va vers la cascade de Beau-Songes. Après quelques galères, on y arrive. Et ça crache pas mal ! En fait, la pluie qu’on vient de se prendre était quand même assez violente et le petit court d’eau déborde un peu de son lit. Ca glisse mais c’est chouette à voir.
Y’avait pas de crabes, mais au moins y’avait un petit panorama Après quelques pérégrinations, on décide de se tenir au plan et de passer la nuit au Morne Brabant. C’est une zone qu’on connait bien maintenant, mais j’aimerais y passer la nuit pour essayer de choper des gros crabes et de les bouffer, voire d’essayer de pêcher quelque chose avec ma ligne.
MAIS ! La pluie reprend et le vent est très fort. Les crabes restent bien au chaud dans leur trou. Le vent est tellement fort qu’on n’ose pas sortir la tente. Alors on s’endort dans la voiture.
J’ai pas passé une super nuit.
Jeudi matin, on reprend très tôt. C’est vraiment génial de voir le pays tôt le matin. On se rend à Chamarel. Pour moi, Chamarel c’est un peu comme les hauts à la Réunion, c’est un village d’où la mer n’est pas visible. Il y a juste de la forêt et des champs de canne dans les pentes, c’est magnifique. C’est une ville connue pour sa concentration de Rasta et c’est pas étonnant quand on voit l’importance de la forêt. En plus, avec la pluie de la veille, tout est trempé, ça fait bien forêt tropicale. On grimpe le Piton Canot, qui nous offre une super vue.
La vue depuis le sommet du Piton Canot On continue notre périple en passant à plaine Champagne. C’est le plateau le plus haut de l’île et le climat y est beaucoup plus frais et humide qu’ailleurs. En passant, on remarque des petites boules rouges sur les petits arbres qui bordent la route : ce sont des goyaves de Chine (en fait, ça vient d’Amérique du Sud. Marty t’en a déjà vu ?). On s’arrête pour en ramasser : c’est super bon ! Je dirais que ça a un goût acide et sucré, quelque part entre la fraise et la prune. On en mange jusqu’à en avoir mal aux dents. Vue la quantité et la qualité des fruits, ça me donne des idées évidentes de confitures.
Les fameuses goyaves de Chine On continue et on redescend du plateau pour arriver à Chamouny. Pas moyen de trouver en ligne une explication sur l’étymologie de la ville. Tant pis. Sinon, ya pas grand-chose à voir sur place, si ce n’est une cascade, encore une fois. Elle est toujours un peu gonflée par les pluies de la veille, mais sans plus. Par contre, les moustiques sont de sortie !
La jungle Chamouniarde Après ça, on est passé par Baie du cap. Ya rien d’intéressant à Baie du cap, si ce n’est le cap duquel on voit la rivière du même nom, la rivière du Cap, se jeter dans l’océan. Ca fait de jolies photos
Les eaux mettent un peu de temps à se mélanger l’embouchure de la rivière du Cap Enfin, on a rendez-vous avec une ancienne collègue d’Anna, Asheeta, qui veut nous amener à la cascade Rioux, une cascade beaucoup moins connue parce que difficile d’accès. Vous l’aurez compris, ici ya beauuucoup de cascades. Impossible de savoir vraiment combien, mais certaines sont très connues et très populaires. Mais ce ne sont pas forcément les plus impressionnantes qui sont les plus connues et l’île est pleine de cascades magnifiques qui sont seulement à la portée de quelques initiés.
On se fait balader dans les genres de champs plus ou moins abandonnés. Asheeta est passionnée de cascade et passe énormément de temps à faire des stories d’elle dans des cascades. L’avantage c’est que c’est elle qui a géré les photos ce soir là.
Comme des poissons dans l’eau Enfin, on est allé dormir à la Cambuse, une plage magnifique et bien aménagée mais dont l’accès étrange empêche la sur-fréquentation. Le rasta qui garde les chiottes la nuit est très sympa. Globalement depuis le début du voyage, on a pas beaucoup vu le soleil. La pluie est toujours proche et le vent est plutôt fort. Pour autant on profite bien de l’absence de chaleur infernale. Mais ça allait empirer…
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Vendredi 1er avril, on a trouvé un bateau qui a bien voulu nous emmener à la Réunion.
Poisson d’avril ! Si tu veux sortir de l’île Maurice, tu es obligé de prendre l’avion, toutes les lignes maritimes de voyageurs ont été fermées depuis le début du covid, je suis triste.
Blague à part, comme il pleuvait énormément, on a plié la tente et on est allé se réfugier au musée d’histoire nationale à Mahébourg. Comme les autres musées publics de Maurice, l’entrée est gratuite, mais l’absence de moyens saute aux yeux. On dirait qu’on a demandé à des collégiens de faire un musée avec les vieux trucs du grenier et une imprimante jet d’encre pour faire des écriteaux pleins de fautes. C’est dommage, l’histoire de Maurice est intéressante.
Comme la pluie continue, nous partons pour la biscuiterie Rault, l’autre truc touristique incontournable du coin. Et comme nous avons un digne représentant de l’illustre famille dans nos rangs, je vais simplement vous laisser avec ce documentaire de journalisme total sur cette institution Mauricienne.
Montez le son, on entend pas grand chose Impressionnant, n’est-ce pas ?
Après ça, il pleuvait toujours et on a longé la côte Est vers le Nord pour passer une nuit au sec dans l’appartement de Pereybère. Les distances sont vraiment petites à Maurice, mais le paysage et le climat changent très vite d’une région à l’autre. Du coup, pour bien profiter, on s’arrête très souvent. Avec la pluie et le vent, l’atmosphère s’est beaucoup rafraichie et on a plus l’impression d’être en Bretagne à Maurice. C’est pas désagréable, ça change un peu.
Samedi, j’avais un vieil objectif en tête : les lava tubes de Roche Noire. Dans les coulées de lave fluide, il arrive que l’extérieur de la coulée se solidifie au contact de l’air frais mais que la lave toujours chaude à l’intérieur continue de couler. Et dans certains cas, la lave à l’intérieur finit par complétement sortir laissant un joli tunnel bien lisse derrière elle. Les lava tubes de Roche Noire font au max une centaine de mètres de longueur. C’est loin d’être les plus impressionnants du monde, mais il y a déjà de quoi faire. D’ailleurs, il y a des lava tubes sur la lune et sur mars aussi d’après Wikipédia.
Je vous mets quelques photos de nos explorations.
Je comprends pas comment Anna a fait cette photo C jolii Détail d’un plafond très préservé Sortie du dedans Entrée du dehors Anna veut pas être sur les photos, donc c’est encore moi Ici, on ne parle pas de grottes ou de cavernes, mais de caves. Dans certaines cave, des petits oiseau nichent au plafond, dans l’obscurité totale. L’odeur de la fiente est assez forte. On tombe aussi sur ce qui ressemble à un cercle rituel. Il y a pas longtemps, on a découvert l’existence des longanistes à Maurice. En gros, c’est comme des sorciers vaudous ou des marabouts, mais ici on dit des longanistes. Je vais essayer de mener un peu l’enquête auprès des Mauriciens que je côtoie pour voir s’ils croient à ce genre truc. En tout cas, on peut trouver quelques articles là-dessus dans la presse locale, donc c’est sûr que ça existe.
Etrange et Inquiétant, n’est-ce pas ? Ces oiseaux aiment bien mettre leurs nids entre deux bouchons Ce que j’ai pas dis, c’est que samedi 2 avril 2022, il a putain de beaucoup plu sur Maurice. C’est pas prudent d’aller dans des grottes quand il y a un fort risque d’inondation ? Peut-être, mais finalement on était au sec dans nos cavernes.
Mais revenons à la pluie. Quand il pleut beaucoup, tout le monde ici se souvient du 30 mars 2013 où en 90 minutes, il a plu 15cm sur Port-Louis (c’est 3/4 des chutes annuelles moyennes), occasionnant des inondations énormes et la mort de 11 personnes. Vue que c’est rarissime et que presque tout le monde connait plus ou moins une victime de ces inondations, c’est resté gravé très fort et on nous met souvent en garde contre les grosses pluies.
Un petit docu sur le 30 mars 2013 Sur le chemin du retour, sous le déluge, on rencontre des pêcheurs d’anguille au barrage de la Nicolière. Quand il pleut beaucoup, l’eau sort du réservoir du barrage et des anguilles passent le trop plein. Les pêcheurs attendent là pendant des heures avec chacun un long bâton au bout duquel il y a un gros crochet, comme un hameçon géant.
Les pêcheurs d’anguilles Des ruisseaux traversent les routes, on croise un accident, on roule dans l’eau. C’est impressionnant, mais rien de dangereux, l’eau n’est pas assez haute pour noyer le moteur ou emporter la voiture.
Voilà une petite vidéo qui résume bien ce week end :
La pluie pé tomber, man ! Dimanche j’ai glandé et lundi enfin, on est allé cueillir quelques kilos de goyaves pour faire de la confiture et de la pâte de fruit. C’est une tuerie, c’est trop bon.
Avant Après Les fourmis ont bouffé un joint de couvercle J’ai fais trop de confiture, j’en donne si vous voulez lel Maintenant on a rendu la voiture mais on est en plein rush à cause de nos deux prochaines aventures : les élections présidentielles et surtout le trek à la Réunion !
J’aurais pas dit mieux - Maurice #35 : élections et petit départ
Dimanche 10 avril, c’était le grand jour. Avec Anna, on s’était portés volontaires pour aider dans l’organisation des élections présidentielles. On s’est retrouvés assesseurs et on est resté au bureau de vote de 7h à 00h30. Grosse journée !
Il y a environ 10 000 français inscrits sur la liste électorale de l’ambassade de France à Maurice. Pour les accueillir, l’ambassade à mis en place 6 bureaux de vote dans un lycée français qui est à peu près au centre de l’île, donc assez facile d’accès.
Le job est simple : accueillir les électeurs, les identifier et noter leur venue dans un registre puis leur donner l’enveloppe qui leur permet de voter. À la fin de la journée, on nettoie le bureau de vote et on compte les enveloppes pour s’assurer qu’on a autant d’enveloppes que de votants. Et enfin, on donne les enveloppes aux scrutateurs qui vont compter les voix. Et enfin, on attend très longtemps que le ministère confirme la bonne réception de nos résultats, on signe un truc et on se barre.
Rien de compliqué dans tout ça. Pendant la journée, il y a 4 personnes par bureau de vote : le président et le secrétaire sont des employés de l’ambassade et les 2 assesseurs sont des volontaires. Le problème c’est qu’on est pas tombé sur des giga flèches côté ambassade, entre leur stress inutile et leur goût pour le brassage d’air chaud, nos collègues de bureau m’ont un peu pris le chou. Mais bon, c’est ce qui fait le charme de l’administration française, non ?
La télé publique est passée nous voir ! Voici les résultats pour Maurice sur ce premier tour :
- Macron 40%
- Zemmour 18%
- Mélenchon 16%
- Le pen 10%
- Les autres pas beaucoup
Bon, ceci étant terminé avec Anna on s’est donné l’entre deux tours pour tenter le GR2, le sentier qui traverse la réunion du sud au nord. Comme on aura pas beaucoup internet sur place, je pense que j’écrirai des articles dessus à notre retour seulement.
Big up à la dame qui nous a vendu les meilleurs rôtis de Maurice à Plaine Magnien ce matin.
- La Réunion #1 : Marcher sous la pluie
Du 12 au 23 avril, on était à la Réunion avec Anna pour tenter le grr2, le sentier qui traverse l’île du nord au sud. Mais comme on est des fous, on l’a fait du sud au nord. Récit et photos en exclusivité pour le média Bivouhack Live.
Jour 0 : On arrive dans un petit avion à hélice de Air Mauritius. Il y a peut être 50 places mais on est 10. Tout est simple, on doit juste montrer un test antigénique négatif et notre passeport. Efficace. A Saint-Denis, il fait beau mais dans les hauts, on voit clairement qu’il pleut partout. Ca donne le ton des jours à venir.
On fonce dans un centre commercial pour acheter une bombonne de gaz vissable : impossible à trouver. On se rabat sur de la bouffe froide, tant pis. On part sur un régime basé sur des galettes Old El Paso et du fromage sous plastique. On verra plus tard pour la gastronomie Réunionnaise.
Enfin, on choppe le bus pour Basse Vallée à côté de Saint-Philippe, dans le sud au pied du volcan. On voit la mer du cap méchant, qui porte assez bien son nom et on va monter la tente pour une nuit chaude et humide (ne vous y méprenez pas, ça n’a rien d’agréable) dans la basse jungle et les plantations de vanille.
Thé départ La basse jungle avec les plants de vanille Jour 1 : levé 6h, départ 7h. Pluie à partir de 9h, jusqu’au soir presque sans interruption. Mon sac est très lourd, on n’est pas entrainés mais le mauvais temps et le froid nous empêchent de faire des pauses longues et surtout de planter la tente. Il fait chaud en bas, mais la température baisse vite avec l’altitude, la pluie et le vent. On marche 11h et presque 2500m de dénivelé positif pour arriver au gite du volcan. On arrive au gite vers 18h trempés jusqu’aux os et on hésite pas une seconde à payer les 100 balles pour avoir des draps sec et de la bouffe chaude.
Dans le gîte, il y a une bonne ambiance refuge, on fait de bonnes rencontres et on mange bien. C’est la première nuit en refuge pour Anna. D’ailleurs, elle m’a bluffé aujourd’hui, elle n’a pas bronché de la journée et semble plus en forme que moi. J’ai mal aux jambes et aux hanches mais surtout j’ai froid. Je met 3 heures à me réchauffer dans mes vêtements mouillés. Si ça va être comme ça tous les jours, les 10 jours de treks vont être longs, je suis un peu inquiet.
Un mec nous dit qu’il est possible d’acheter des bombonnes de gaz et louer du matériel de rando à une entreprise qui peut même l’amener directement à l’aéroport : Lokanoo. Dommage qu’on l’ai pas su plus tôt, ça nous aurait bien simplifié la vie !
Le volcan c’est joli Jour 2: départ 8h, bien dormi au sec et le ventre plein. Il ne pleut plus mais vu la brume et notre journée de la veille, on décide de ne pas faire le sommet du piton de la Fournaise et de juste continuer le GR. On marche 3h sur le volcan, dans la brume, c’est très joli voire carrément lunaire. Vers midi il y a même un peu de soleil, on est plein d’espoir, on voit une magnifique ravine (je crois qu’on dit une ravine mais en vrai c’est un méga canyon, voire juste une vallée).
Notre premier point de vue dégagé de la Réunion Mais la Réunion nous rappelle que c’est pas nous qui décidons et on passe l’après midi sous la pluie dans un sentier très boueux et plein de racines à la con. La progression est très compliquée. J’ai l’impression qu’Anna n’avance pas, du coup ça m’énerve, du coup ça l’énerve, du coup il faut mauvais et ya une ambiance de merde. On tombe sur un chien allongé au milieu du sentier, il nous suit. Quand on sort des biscuits il nous saute dessus, il a l’air d’avoir très faim. On aime pas les chiens, mais ça va il est sympa. On l’appelle Textor, du nom d’une montagne qu’on vient de passer. En fin d’aprem, on arrive dans la plaine des Caffres, il fait mauvais on a bien froid et il n’y a aucun spot pour mettre la tente. Finalement on trouve un petit carré de pelouse miraculeusement bien drainé au bord de la route pour passer la nuit. Textor est encore là.
C’est pas vraiment les tropiques chantants et colorés Verdun 1917 ya des vaches Bilan : on a fait que de la descente douce aujourd’hui mais on est quand même crevés et toujours trempés. Heureusement, on a emballé toutes nos affaires stratégiques dans des sacs poubelles, ce qui nous permet de passer une bonne nuit dans des duvets secs.
Jour 3 : on se lève et on plie la tente dans la brume épaisse qui n’a pas bougé depuis la veille, le soleil nous manque. Textor est encore là et on le nourrit à base de galettes et de biscuits. Départ à 7h10. On continue le sentier vers le Piton des Neiges et on croise quelques personnes. Comme le sentier n’est pas très fréquenté, on prend le temps de discuter avec tous les gens qu’on croise. Apparemment il fait beau en haut, on regagne de l’espoir. On croise même un mec qui nous assure n’avoir eu que du soleil depuis 4 jours : cette île est pleine de surprises.
On fait toujours plus que le temps prévu sur les panneaux. Par exemple : les chalets chépluquoi sont indiqué à 45 minutes, on marche 1h30 en galérant dans la boue et on arrive sur un panneau qui indique les chalets à 20 minutes. Relou ! Mais d’un autre côté, les sentiers sont très bien entretenus et il y en a beaucoup. A côté de Maurice, c’est clairement un paradis de la randonnée et du trail et les moyens mis en œuvre pour rendre ça possible sont impressionnants.
Textor le toutou On marche bien et on arrive au refuge vers 14h30. Effectivement, il fait plutôt beau et on a quelques superbes vues sur Cilaos, un superbe cirque entouré de remparts de 1000m de haut, c’est super. Les gardiens du refuge sont très sympas et on peut poser la tente sur un des rares terrains plats à côté. On passe l’aprèm à boire du thé et à discuter avec un couple de randonneurs, c’est top. Le soir, la pluie est de retour. Textor nous suit toujours et un mec nous file des croquettes pour lui. D’ailleurs, on apprend aussi qu’il y a beaucoup de chiens abandonnés à la Réunion et que c’est courant qu’ils suivent les randonneurs gentils en quête de bouffe.
Le refuge du Piton des Neiges, par beau temps (tout est relatif) Jour4 : levé et départ 4h du mat pour aller voir le levé de soleil au sommet du Piton des Neiges, sommet de l’océan Indien à 3100m d’altitude. On est samedi matin, il y a beaucoup de monde qui monte. On arrive dans les premiers au sommet et on peut admirer la longue guirlande des frontales des randonneurs qui viennent aussi tenter leur chance pour admirer ce super levé de soleil. Alors que les premières lueurs de l’aube arrivent sur une mer de nuage somptueuse à l’Est, on assite à un couche de lune à l’Ouest sur Cilaos. Alors que tout s’annonce pour être le levé de soleil du siècle, un violent vent d’est se lève et nous balance la mer de nuage à la gueule en quelques minutes. On est plongés dans le brouillard, la bruine glacée et un vent à décorner les bœufs : remballez tout ya rien à voir.
La guirlande de frontales Joli ! Juste avant le levé de soleil Juste avant le levé de soleil aussi. On redescend au refuge, on prend un thé et on plie la tente sous la bruine. On entame la longue descente vers Cilaos. Il y a énormément de trailistes qui nous doublent en courant : l’ambiance est radicalement différente par rapport à la première partie du GR (on a croisé que 8 randonneurs sur nos trois premiers jours de marche). Textor nous abandonne au profit d’un groupe qui lui a filé du saucisson et c’est tant mieux.
La descente vers Cilaos, la ville des lentilles et de la dentelle. A Cilaos, il fait beau, c’est notre premier vrai jour de beau temps depuis le début. On prend le temps, on profite un peu de la ville et des sentiers alentours. C’est une petite ville de montagne entourée par des remparts gigantesques, c’est impressionnant. On fait également des courses au leaderprice pour pouvoir bien bouffer pour la suite. Le soir on va dans un resto de cuisine traditionnelle réunionnaise à volonté. On se fait exploser le bide.
Le Piton des Neiges depuis Cilaos Au terme de ces 4 jours de marche, on a déjà un bon rythme : on se lève avec le soleil à 6h et on tombe de fatigue à 20h30 ou 21h. On commence à s’habituer aux sacs et à la marche, mais j’ai un genoux qui fait chier et on est pas encore à la moitié du périple. Mais à mesure que je m’habitue à la marche, Anna, elle, se fatigue. On a déjà fait plus de 4000m d+ et 70 bornes.
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La première partie du récit se trouve ici.
Jour 5 : levé 6h et départ 7h de Cilaos. Il fait beau c’est fantastique. On part direct vers le col de Taïbit qui nous ouvre les portes du cirque de Mafate, réputé le plus beau des cirques de la Réunion. On quitte Cilaos, on descend, on monte, on descend, on monte. Le relief du cirque est tellement découpé et vertigineux qu’on perd un peu la notion de l’espace et on se laisse juste porter par le sentier. On a aucune idée des distances et des dénivelés parcourus sur le moment. On est dimanche et dans la montée du col, il y a beaucoup de monde qui profite du beau week end de Pâques pour aller camper dans Mafate. L’ambiance est très « vacances ». On boit un verre à Marla, le premier îlet sous le col. Un îlet c’est juste un village paumé dans la montagne. Tous les îlets de Mafate sont accessibles uniquement à pied, puisqu’il n’y a pas de route. Le ravitaillement se fait en hélico.
Marla vue d’en haut, on dirait les Alpes Vue du haut de Mafate On marche encore un peu pour trouver un super spot de bivouac au dessus de la rivière des galets. On va se baigner dans la rivière des galets, c’est génial. Le soir, deux randonneuses viennent planter la tente à côté de la notre. On partage le repas et leur rhum arrangé, on est bien. On peut admirer la vallée sous la pleine lune la nuit.
Notre tente de compétition Vue sur la rivière des galets le soir La rivière des galets Jour 6 : levé 6h30, on prend le temps le matin, on profite du soleil. Départ 8h. On passe la magnifique cascade de 3 roches puis on mange à l’îlet de Pierre Plate. On perd 2h à visiter l’îlet, mais il n’y a rien à voir. En fait, les îlets sont des endroits très paisibles (on croise rarement des habitants) avec des maisons éparses et il n’y a pas grand chose à voir. Aussi, à cause de la géographie déchiquetées de Mafate, il n’y a que rarement des endroits un peu plats pour mettre la tente. Finalement, on prend la route de l’îlet des Orangers pour passer la nuit.
L’arête des Orangers Toujours Mafate L’église de Pierre Plate, toute en élégance Le gros problème de la journée c’est qu’on ne sait plus vraiment où aller. La suite du GRR2 est fermée selon la carte de l’ONF et on peut finir le sentier en seulement un jour. Mais on a pas envie, on est bien : il fait beau, il fait bon et on a un rythme qui nous plait. Le soir, ne trouvant pas de spot de bivouac, on paie un emplacement de « camping » à l’îlet des orangers. Il y a tout ce qu’il faut : un terrain plat, un tuyau d’arrosage pour se laver et boire, le tout au milieu d’une grande basse court qui nous offre un concerto cacophonique à 4h du mat. Le soir on se fait un peut plaisir et on achète des bières et une boîte de Pringles pour l’apéro. C’est cher. Le week end est fini, l’ambiance est très très calme à l’îlet des Orangers.
Jour 7 : départ 8h, il fait beau et chaud. Comme on savait toujours pas trop où aller, on a décidé de faire un tour des îlets, il y en a plein dans le coin. J’ai la méga pèche, je n’ai plus mal nul part et mon sac me parait beaucoup plus léger. On demande aux gens qu’on croise d’où ils viennent. Certains font le GR2 et confirment que même si le sentier est fermé, ça passe bien. Du coup c’est décidé, on reprend le GR2 direction St-Denis. À midi, on mange un gratiné bouchon dans un bouiboui. Le concept du gratiné bouchon, c’est de mettre des gros raviolis chinois dans une baguette coupée en 2 et de noyer le tout dans le fromage fondu. C’est très bon et très bourratif. Sinon, c’est agréable les îlets, c’est très calme parce qu’il n’y a pas de véhicules si ce n’est quelques hélicos le matin. On entend surtout les basses courts et quelques chiens. On croise rarement des habitants. J’ai l’impression qu’il y a une bonne proportion de rastas dans les habitant.
On est assez bas en altitude, il y a beaucoup d’arbres fruitiers : longan, jamblon, mangues, goyaves, goyaviers, papayes, mandarines et pamplemousses. C’est la saison des jamblons, des goyaves et des mandarines et on en profite pour prendre quelques vitamines en chemin. C’est cool d’avoir appris à reconnaitre tous ces bons fruits pendant l’été à Maurice !
Une Goyave, miam ! Piton Cabri Mafate, encore L’église d’îlet à Malheur L’après midi on s’arrête à l’îlet d’Aurère. On va au camping de l’îlet qui est moins cher que la veille et offre de vrais sanitaires et même une douche chaude ! Cette nuit là, la pleine lune met du temps à se lever et nous laisse 2 bonnes heures pour admirer les étoile. On admire le plus beau ciel depuis qu’on est dans l’hémisphère sud et on s’endort sous la voie lactée.
Jour 8 : aucun nuage ce matin, donc pas de pluie. C’est notre feu vert pour tenter la traversée de la rivière des galets, qui devrait être notre plus grosse difficulté cette section fermée du sentier. On descend la montagne et on arrive au premier gué en même temps qu’un local. Nickel, il suffit de le suivre. Les gars d’ici sont tout secs et gambadent sur les sentiers en savates et à la vitesse de la lumière, ils ne sont pas très locaces mais sont toujours sympas avec nous, les zoreils.
Dans la rivière, il y a pas mal d’eau et de courant mais on arrive bien à traverser les deux premiers gués. En revanche les troisièmes et quatrièmes sont bien chauds et il faut vraiment se concentrer pour pas se faire emporter. On se sent d’autant plus con quand on voit que le local ne les a pas emprunté parce qu’il y avait un autre chemin… M’enfin on en profite pour se baigner avant d’entamer la longue montée vers Dos d’ane, le dernier village qu’on doit traverser. Le chemin n’a pas été nettoyé depuis les cyclones de cet été et la progression est un peu plus difficile que d’habitude. Mais ça va, même à l’abandon ce sentier est bien meilleur que la plupart des sentier mauriciens !
Le bas de Mafate On arrive à Dos d’âne vers 13h. C’est un patelin miteux et humide sans grand intérêt. Les seuls habitants que nous croisons sont une bande de poivrots qui regardent les voitures passer devant la supérette du village. On se ravitaille, on mange et on continue. On se prend la pluie pour la première fois depuis 4 jours. Ca met le moral d’Anna dans ses chaussettes, elle en a marre de marcher. Mais le GR n’est pas fini, on continue. Le sentier est mal entretenu, on passe des passages délicats sous la pluie, c’est compliqué. Finalement on plante la tente dans la brume, sur un petit emplacement en pente. Je dors mal.
Une jolie grosse chenille La pluie, la pluie, la pluie Ce qu’on retiendras de Dos d’âne… Jour 9 : le réveil sonne à 2h30 du matin. Je regarde dehors, il n’y a pas beaucoup de nuages, c’est ok. Le but est d’arriver au sommet de la Roche Ecrite (notre dernier sommet) au petit jour, maximisant ainsi nos chances de ne pas se retrouver dans le brouillard comme des cons. C’est audacieux, mais ça se tente. On arrive à plier le camps et à partir pour 3h30. On arrive au sommet vers 7h30, c’est une réussite : aucun nuage sur l’île, on voit même le volcan, le départ de notre périple ! On profite de la vue et du soleil pendant 2 bonnes heures.
Mafate à droite et Salazié à gauche cirque de Salazié Le Piton des Neiges En haut de la Roche Ecrite, on voit une dernière fois les sommets de La Réunion. Enfin, on attaque la dernière longue descente jusqu’à Saint-Denis. Le sentier est très boueux et glissant, c’est un petit peu galère. Finalement on arrive au village du brûlé et on prend le bus, c’est officiellement finit. Pour finir en beauté le GR et comme on en a marre d’être tout le temps mouillés, on va à l’Hermitage, à l’ouest de l’île pour passer la nuit sur la plage, à côté d’un des seuls lagons de l’île.
Dans l'hémisphère sud, le vent dominant est de l'Est vers l'Ouest (c'est l'inverse dans l'hémisphère nord). Du coup, l'Est de la Réunion est très arrosé parce que les montagnes bloquent les nuages apportés de l'océan par le vent d'Est. Inversement, l'Est est très sec et c'est là qu'on trouve notamment les salines, qui ne peuvent fonctionner que si il pleut rarement. On retrouve la même chose à Maurice, dans une moindre mesure parce qu'il y a moins de montagnes.
Conclusion de ces 9 jours de GR :
Au final, on a marché environ 150km et fait 9000m de dénivelé. Si la carte ne s’affiche pas, vous pouvez la trouver ici.
Épilogue
On a profité de nos deux derniers jours sur place pour visiter Saint-Denis et un peut fortuitement pour faire la fête. La Réunion c’est quand même très différent de Maurice, un peu comme si c’était la même base mais avec un voile français qui assainit et stérilise tout sur son passage. Finalement on préfère les villes Mauriciennes avec leur chaos ambiant.
Mais quand même, à la Réunion on croise plus de jeunes et de femmes dans les rues, et les gens peuvent s’habiller comme ils veulent. Je réalise à quel point les Mauriciens sont conservateurs et paternalistes et je comprend mieux pourquoi beaucoup de jeunes Mauriciens quittent le pays.
Bref, c’est deux pays complètement différents mais avec la même base culturelle, c’est étonnant.
Finalement, on a croisé beaucoup plus de métropolitains que de réunionnais pendant ce voyage. En fait, beaucoup d’étudiants arrivent à trouver des stages à la Réunion et en profitent pour visiter. Il y a aussi des jeunes actifs qui viennent tenter leur chance ici. Il y a notamment beaucoup de médecins, d’avocats et d’infirmières qui viennent pour travailler et s’installer dans ce petit paradis. Le problème est que tout le monde a eu la même idée, donc le marché de l’emploi est bouché donc ils galèrent beaucoup pour trouver un taf et/ou ont des conditions de travail pas géniales géniales.
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If you see this after your page is loaded completely, leafletJS files are missing. - RECETTE : les dholls
Les dholls, c’est les légumineuses chez les hindous. C’est les grains chez les créoles. C’est les pois, pois cassés, lentilles et haricots de toutes sortes.
Comme d’hab, chez les indiens il y a beaucoup plus d’épices que chez les autres, et c’est ça qu’on aime.
Les dholls sont souvent cuisinés en soupe, accompagné de riz, de pain ou avec des rotis. La soupe de dholl, c’est le meilleur rapport goût/prix. La philosophie de ce plat, c’est restons tranquille, mijotons et faisons de la bouillie épicée.
Ingrédients
- Une tasse de dholls. Lentilles grosses, noires ou rouges, pois de toutes les formes, haricots, on s’en fout de la sorte. On peut les faire tremper pour gagner du temps de cuisson.
- Une tomate
- Un oignon (il faut toujours un oignon)
- Deux ou trois gousses d’ails (la vie sans ail est vide et triste)
- Un morceau de gingembre
- De l’huile
- De l’eau chaude
- Des épices :
- du massala ou du curry (c’est la même chose)
- du poivre
- du sel
- 2 feuilles de laurier (ici on utilise du karipoulé mais je pense pas que ça existe en France)
- du piment
Recette
Ecraser l’ail, le gingembre et le piment ensembles. Couper l’oignon et couper la tomate.
Le début, c’est toujours le même : on met un filet d’huile dans la casserole et on fait revenir à feu fort l’ail, le gingembre, le piment et l’oignon pendant une petite minute.
Balancer l’eau chaude dans la poêle et envoyer les dholls à bouillir. Vous pouvez alors ajouter la tomate coupée ainsi que les épices pour faire un succulent bouillon à votre goût.
Reste à faire cuire doucement pendant 30minutes à 1h pour bien faire cuire les dholls.
Déguster avec du riz, du pain ou des rotis.
Variantes
Il y a un nombre infini de variantes par exemple en ajoutant des aubergines, de la banane ou des patates. Il suffit de laisser agir notre imagination et les restes du frigos.
Si vous êtes audacieux, vous pouvez aussi laisser quelques piments entiers flotter dans la soupe.
- RECETTE : le sagoo
Comme j’ai pas envie de travailler aujourd’hui, je propose une super recette de dessert mauricien. Le sagoo, c’est un peu l’équivalent du riz au lait mais avec des perles de tapioca.
Les perles de tapioca, c’est un mot un peu joli et exotique pour parler de petites boules faites avec de l’amidon de manioc. Les perles de tapioca sont connues pour être utilisées dans les bubble tea, très populaires en Asie.
miam, c’est bon le bubble tea Je pense qu’on peut trouver facilement des perles de tapioca dans les épiceries orientales en France.
Allez, revenons au sagoo maintenant. La philosophie est simple : facile, sucré et crémeux.
Ingrédients
- 100g de perles de tapioca
- 80g de sucre
- 1 cuillère à café d’essence de vanille
- des raisins secs
- du rhum
- 50g de poudre de coco
- 50cl de lait
Mon sagoo Recette
Il faut commencer par faire tremper les perles de tapioca dans de l’eau chaude pendant au moins une heure.
En même temps, faire tremper les raisins secs dans le rhum.
Après une heure au moins, rincer les perles de tapioca pour enlever l’excédent d’amidon (on peut le laisser si on préfère une texture de bouillie).
Dans une casserole, mettre le lait, la vanille, la coco et le sucre et porter à ébullition.
Quand ça boue, ajouter les perles de tapioca et laisser cuire à feu doux pendant 10/15 minutes.
A la toute fin, ajouter les raisins au rhum.
Et voilà, c’est trop bon. Manger frais de préférence voire avec de la glace à la vanille, miam.
Variantes
Il existes des variantes avec du lait de coco, de la crème ou juste de l’eau, c’est comme vous voulez. Les raisins au rhum, c’est ma variante : j’ai jamais vu ça ici.
- Rodrigues #1 : Le commencement
Jour 0: on atterrit vers 18h30, il fait déjà nuit noir. Et oui, Rodrigues est à 600km à l’est de Maurice, donc la nuit tombe plus tôt, vers 17h30. Sitôt sortis, on fonce dans la petite boutique de duty free du minuscule aéroport de l’île. C’est la débâcle, presque tous les passagers de l’avions, essentiellement des rodriguais et des mauriciens, sont en train de dévaliser l’alcool de la boutique. Des dizaines de litres de whisky et de rhum passent dans les paniers. Certains sont même au téléphone pour prendre commande auprès de leurs amis. Et en fait, c’est la même chose pour nous : le tenancier du gîte nous a demander de lui acheter 4l de whisky, au moins de quoi tenir jusqu’aux prochains clients ahah !
Claudia, la cousine d’Anna, nous accueille à l’aéroport. Elle est super enthousiaste et nous offre une cargaison de bananes locales. Il y a 3 variété de bananes à Rodrigues et c’est la pleine saison. Il y en a tellement sur l’île que ça ne vaut presque rien. De notre côté, nous lui apportons des sacs et des chaussures Décathlon et de la confiture de Goyave, des trucs qu’on ne trouve pas ici. Tout le monde est content d’avoir ce qui lui manquait. Elle nous amène au gîte, il se trouve qu’elle connait nos hôtes ! Décidément, c’est petit Rodrigues…
On mange du cordonnier, un poisson du lagon, frit avec du riz et des haricots rouge et de la salade de papaye verte. C’est simple mais très bon. Et surtout ça nous change des plats très épicés de Maurice.
Rodrigues en gros c’est 36000 habitants sur un caillou vallonné de 18x8km. Le territoire appartient à la République de Maurice mais jouit d’une grande autonomie et d’ailleurs la culture et la population y sont assez différents. Typiquement, il n’y a pas d’indiens ici, presque uniquement des descendants d’esclaves, créoles catholiques. Si Maurice (l’île) est un confetti dans l’océan Indien, Rodrigues est un grain de sable tout au plus. Et si Maurice est un paradis, Rodrigues est un cran au dessus. Mais ça il va falloir lire la suite pour le comprendre (pfiou ce teasing !).
Merci le routard pour cette jolie carte Jour 1 : après le petit déj de nos hôtes (48€ la demi pension pour deux personnes), on file vers la mer pour une petite rando le long de la côte. Aujourd’hui c’est l’Aïd à Maurice et du coup c’est férié ici aussi même si il n’y a presque pas de musulmans. Il n’y a pas énormément de monde à la plage, mais quand même quelques pêcheurs à pied, dont les fameux piqueurs d’ourites (ourite=poulpe) et quelques gars qui discutent en sifflant une bouteille de rhum à 9h du matin. On discute un peu avec les pêcheurs à pieds, ils sont très sympas et nous expliquent leurs prises. Il y a notamment le crabe tortue qui ressemble totalement à un galet quand il est replié, un peu comme dans Pirate des Caraïbes 3, pour les boss qui ont la ref.
voilà, c’est joli quoi t’as compris Sur le chemin, en attendant Anna je sors un sac poubelle de mon sac et je le remplis de bouteilles plastiques qui trainent. Il est vite rempli.
À midi, on a mangé un plat typique Rodriguais dans un bouiboui fort sympathique. Il s’agit d’une bouillie de riz et de maïs avec des haricots rouges et surtout un cari d’ourites délicieux. J’adore le poulpe frais comme ça, c’est un peu caoutchouc mais ultra savoureux.
La bouillie de maïs/riz est vraiment typique de l’île parce que le maïs y pousse bien et nourrit bien son rodriguais (les assiettes sont gargantuesques). Pour préparer la bouillie, il faut 4 mesures de maïs, 1 de riz et 15 d’eau et laisser cuire doucement en remuant régulièrement pendant 2h. Sacré boulot ! Pour faire plus simple, on peut aussi le cuire au rice cooker maintenant.
L’ourite sauvage aime sécher tranquillement en admirant le paysage. Comme on nous l’avait dit, l’île est bien plus tranquille que Maurice. Il y a peu de voitures ce qui permet de marcher longtemps sur la route sans problème. Enfin, tout le monde se connait et la criminalité semble quasi inexistante malgré une importante consommation d’alcool. Les fruits sont très abondants en cette saison.
Jour 2 : après encore une bonne nuit au gîte, on fonce au marché de Port Mathurin. On a quelques commandes de produits locaux pour Maurice. Rodrigues est reconnue pour la qualité de ces produits, notamment son poisson salé, ses ourites sec et ses pots d’achards, de piments confits et de miel d’eucalyptus. Mais l’artisanat culinaire local offre aussi quelques gâteaux simples mais bien bons et des fruits confits. Au marché, on trouve aussi beaucoup de vannerie faite dans des ateliers locaux avec des feuilles de vacoas.
Les vacoas c’est ça avant d’être des paniers Après nos emplettes, on fonce (oui, nous sommes des gens très pressés) à gravier pour une partie de pêche en pirogue dans le lagon. Une pirogue ici c’est en fait une petite barque propulsée par un moteur ou avec une voile triangulaire. Je suis d’ailleurs très surpris par la forte utilisation de la voile par les pêcheurs locaux, alors qu’on en vois que rarement dans les lagons mauriciens.
Notre chambre Jour 3 : On se lève tranquillement avec une superbe vue sur la mer. Inspirés par le paysage, on plie la tente et on sort les masques et les tuba pour aller admirer le spectacle sous marin de la anse. Et on est pas déçus ! En s’approchant du récif tout proche, on voit des myriades de poissons de toutes les couleurs vaquer à leurs occupations. La vie sous marine est définitivement plus riche qu’à Maurice, surtout si près du rivage.
Anse Bouteille, en forme de bouteille t’as vu Le reste de la journée, on se ballade par si par là, on monte un peu sur les hauts. Dans l’après-midi, on décide finalement de revenir passer la nuit à Anse Bouteille. Pourquoi se priver d’un si beau spot ? Et puis comme il y a beaucoup de poisson, je me dis que c’est l’endroit idéal pour manger ce qu’on pêche. Avec ma petite ligne et grâce au sacrifice de quelques escargots de mer bien gras, j’arrive à attraper deux petits rougets. On les fait cuire en papillote dans des braises et on savoure les parties qui ne sont pas totalement cramées. Ben oui, c’est pas facile du premier coup.
Les petits poissons verts La gardienne du feu sacré Travelers' Map is loading...
If you see this after your page is loaded completely, leafletJS files are missing. - Rodrigues #2 : Le retour
Jour 4 : Ce soir, on a rendez-vous de l’autre côté de l’île avec Claudia, la cousine d’Anna, chez une amie à elle pour manger. Pour s’y rendre c’est facile, il suffit de marcher tout droit en suivant la côté. Le long de la route, il y a plein de petits étales qui vendent les mêmes produits locaux qu’au marché. Comme on est pas pressés, on passe un peu de temps à discuter avec les dames qui tiennent les étales et un pêcheur super fier de nous montrer sa pirogue. A midi, on s’arrête manger dans un des rares snacks. A côté, un mec ivre mort comate dans l’herbe en plein soleil. Tout le monde le connait, mais tout le monde est aussi d’accord que la meilleur chose à faire est de le laisser là en attendant qu’il désaoule tout seul comme un grand. Il y a aussi un rasta défoncé qui sourit bêtement et tape la discute aux passants. C’est jovial.
Le soir, on mange chez Karine. C’est une femme au foyer, mais en fait elle fait plein de trucs. Elle est maraichère et elle cuisine plein de trucs qu’elle vend aux boutiques de l’île. Elle vit avec ses trois enfants dans une minuscule maison avec deux pièces de 9m² : une cuisine et une chambre. La salle de bain est à moitié dehors et les toilettes sont au fond du jardin. Le repas est délicieux et ultra copieux. A part le riz, tout ce qui ne vient pas du jardin est le fruit de la pêche de son frère. Sa fille de 10 ans nous explique l’histoire de l’île en Créole, elle adore parler.
Pour faire court, les premiers colons étaient des français huguenots en exil qui voulaient fonder une utopie sur l’île en 1691. Le boss de l’expédition était François Leguat, qui est connu pour avoir décrit la faune et la flore de l’île dans un bouquin. A l’époque, il y avait surtout de la forêt et des tortues géantes sur l’île. C’est cool, du coup ils avaient à bouffer. Le problème c’est qu’ils étaient juste 7 mecs et qu’au bout de deux ans ils ont compris qu’ils avaient été abandonnés sur l’île. Et comme ils se faisaient sérieusement chier, François et ses potes ont construit une embarcation et ils ont rejoint l’île Maurice.
Après ça, ce sont les français qui sont venus s’installer 30 ans plus tard avec quelques esclaves. Globalement, ils étaient pas nombreux et occupaient juste l’île. Ils faisaient probablement pas grand chose à part survivre et exporter un max de tortues. Ils étaient efficaces puisqu’ils ont éradiqué totalement les tortues ainsi que la plupart des oiseaux de l’île. La forêt primaire est aussi passée à la trappe à cette époque là.
Finalement, ils se sont rendus aux anglais parce qu’ils n’avaient aucune chance et de toute façon ça n’a sans doute rien changé pour eux. Après l’abolition de l’esclavage, pas mal d’anciens esclaves sont venus s’installer sur l’île et voilà, c’est à peu près tout.
Le lagon au sud de l’île Avant, les gens n’étaient pas très éduqués mais entendaient des noms stylés à la radio ou à la télé. Ça a influencé les prénoms et maintenant on peut croiser à Rodrigues des Elvis Presley, des Clint Eastwood, des Taxi Stand, des Stay Away Joe ou plus simplement des Clitoris (on parle toujours de prénoms, hein).
L’ancienne carrière de calcaire de Plaine Corail Pour revenir à Karine et sa famille, ce qui me bluffe c’est aussi la gestion de l’eau. En fait, comme l’eau est très rare sur l’île, il n’y a pas d’eau courante. Enfin si, mais le robinet est ouvert environ 3h tous les mois. Alors il faut remplir la grosse cuve qu’ont toutes les familles et se rationner jusqu’à la prochaine livraison. Sauf que la pompe qui permet la livraison d’eau à cet endroit de l’île était en panne les 3 derniers mois. Du coup, quand la cuve est vide il faut faire comme avant, c’est à dire aller chercher l’eau au puit. D’ailleurs, les rodriguais sont connus à Maurice pour être plus costauds et plus débrouillards que les Mauriciens, tout s’explique maintenant.
Ya pas que des jolies plages à Rodrigues Les enfants ont des portables. Karine nous explique à quel point ça leur grille le cerveau. À l’entendre, c’est comparable à l’alcool en terme de perte d’argent, de débilisation et de dépendance. J’avais déjà observé ça à Maurice : avec un smartphone, tout le monde a maintenant accès à l’informatique et à la connaissance universelle. En trainant un peu sur la toile, tout le monde pourrait partager des recettes, proposer des activités pour les touristes ou apprendre des nouvelles techniques de culture en milieu aride par exemple. Mais non, un smartphone c’est surtout pour regarder des conneries sur Tiktok ou acheter des cryptos en espérant devenir millionnaire.
Dehors, il y a beaucoup de vent et ils nous proposent de dormir chez eux. On accepte et on dort dans la cuisine. La maison grouille de geckos et je les entends se battre dans les casseroles à 20cm de ma tête. Ca ne m’empêche pas de passer une excellente nuit, propre et sur un vrai matelas.
Jour 5 : Après un bon petit déj, Karine et sa fille nous font visiter le jardin. Ici, tout pousse très bien, enfin quand il y a de l’eau… Elles ont aussi quelques bêtes, comme beaucoup de familles ici. Si j’ai bien compris, les poulets sont plutôt pour la consommation locale alors que les moutons, les cabris et les vaches sont principalement pour l’export vers Maurice.
Les petits piments rodriguais Les jardins sont en terrasse Le reste de la matinée, on s’attelle aux activités touristiques classiques du coin. D’abord, la caverne patate. Vous savez que j’aime bien les souterrains et je retrouve enfin le calme et l’atmosphère des galeries calcaire. Faudrait que j’essaie de faire de la spéléo en rentrant. La deuxième attraction, c’est le parc François Leguat avec ses tortues géantes. Le but du parc est d’essayer de recréer un peu la forêt primaire de l’île avec les fameuses tortues. Celles-ci viennent des Seychelles, seul archipel de l’océan indiens où elles n’ont pas été totalement exterminées. On peut les toucher et leur donner à bouffer, c’est très marrant.
Qui a le plus de style ? agrouagrou ça aime les caresses dans le cou On passe la fin de la journée à marcher sur la côté ouest. C’est l’endroit le plus sauvage de l’île, il y a surtout du bétail et quelques villages éparpillés, c’est très tranquille. Le lagon est gigantesque, on aperçoit à peine la barrière de corail.
ohohoh L’ouest, vallonné et tranquille. Jour 6 : Ce matin, il pleut on est pas pressés de sortir de la tente. Dans ces cas là, on écoute le Floodcast, un podcast très porté sur le pipi/caca et ça, ça nous fait beaucoup rire. D’ailleurs le caca est un de nos sujets de conversation principaux quand on marche avec Anna. Et d’ailleurs on marche pas mal ce jour. On longe la côte ouest et nord. Ce côté de l’île est toujours très sauvage, on croise surtout des vaches. D’ailleurs, avec la pluie de la nuit, les bouses sont pleines de champignons magiques (enfin je crois, mais je vais pas faire de folies). On est dimanche et presque tout est fermé. Pour autant, contrairement à Maurice il y a du monde dehors, des hommes construisent leur maison, jouent aux cartes, squattent les parcs en buvant du rhum. Il y a globalement moins de femmes dehors.
A 16h, tout le monde attend le bus pour rentrer à la maison En fin d’après-midi, je monte dans les hauts à pied alors qu’Anna fait des courses avec sa cousine. Le paysage est différent avec une forêt tropicale beaucoup plus humide que tout ce qu’on a vu sur la côte. Il y a des habitations perdues dans la forêt, accessibles uniquement par d’étroits sentiers boueux. Le soir, on discute pas mal avec Claudia et sa maman. Elles ont un magasin à Petit Gabriel, dans les hauts de l’île. L’électricité est arrivée seulement dans les années 80 sur l’île. Dans la boutiques, ils vendaient tout au détail : farine, riz, sucre mais aussi l’huile et le pétrole pour l’éclairage. Tout le quartier vient ici pour acheter le nécessaire, il n’y a quasiment pas de supermarché sur l’île.
Les hauts de Rodrigues oh la belle rouge Le pont suspendu de Pistache Des comme ça, il y en a partout attention, ça pique encore des terrasses En vrac Jour 7 : On prend le petit avion à hélice qui nous ramène à la maison, c’est déjà fini. Je sais pas si quelqu’un d’autre que ma famille et mes amis vont lire ça, mais si vous pensez aller à Rodrigues pour barouder et sortir des sentiers battus, c’est vraiment l’endroit idéal. C’est facile d’aborder les gens, de dormir dans leur jardin ou n’importe où dans la nature, de discuter, d’aller pêcher avec les locaux, etc. Enfin beaucoup plus qu’à Maurice ou à la Réunion en tout cas.
On the tarmac - Maurice #36 : le Bivouhack s’engage pour la forêt mauricienne
Il y a un mois et demi, Anna a dégoté une toute petite ONG qui cherchait de l’aide pour planter des arbres sur une colline juste à côté de chez nous à Port-Louis. Comme on avait un peu de temps, on est allé voir de quoi il s’agissait.
Comme je l’avais déjà dit dans des articles précédents, la quasi totalité de la forêt mauricienne a été rasée au profit de la canne à sucre. Conclusion, beaucoup d’espèces endémiques ont disparu ou sont devenues rares. Mais il y a quelques initiatives de préservation qui visent notamment à reconstruire des écosystèmes endémiques de l’île.
Anna au coeur de l’action Ici à Port-Louis, le climat est plutôt sec et chaud et le sol rocailleux et en pente. À partir de ça, l’ong avec l’aide de l’herbier de Maurice a sélectionné quelques arbres qui ont pu faire partie de cette forêt avant qu’on la coupe.
Un bébé latanier, attention ça pique Un petit bois chandelle, cro meugnon Le fameux bois reinette, le roi de la forêt (pas du tout) L’ong s’appelle « friends of the environment » (wah ! original comme nom). Ils ont 2 jardiniers qui entretiennent la forêt déjà plantée et ils comptent sur des volontaires pour planter les nouveaux arbres. La plupart des volontaires viennent d’entreprises qui y voient l’occasion de faire du team building. Et puis il y a nous, qui venont de temps en temps pour planter aussi. Planter, c’est assez simple : un trou, du compost et une plante. On ajoute également une bouteille trouée au bas avec une aiguille pour arroser la plante en goutte à goutte et de l’hydrogel, une matière qui emprisonne un peu d’eau dans la terre et augmente les chances de survie de l’arbre.
La difficulté de la tâche, c’est essentiellement de supporter la chaleur et de pas se casser la gueule dans la pente. Enfin on constate surtout ça avec les volontaires : ce sont des gens habitués au travail de bureau et rarement sportifs. Il y en a pas mal qui n’osent même pas se mettre debout dans la pente et font leur matinée de travail assis par terre !
Pour en savoir plus sur le projet : https://foecitproject.wordpress.com/
Nos actus
Impressionnant non ? Sinon, nos jours sont comptés à Maurice puisqu’il ne nous reste que moins de 3 semaines. Des amies d’Anna passent 15 jours ici, on profite bien de la mer et de ce que l’île peut nous offrir.
- Maurice #37 : chantier de sentier
Il y a presque 3 mois, on a decouvert avec Anna un sentier qui montait sur une belle montagne au dessus de Port-Louis : le rocher de l’escargot. Parce qu’on dirait un escargot sous un certain angle.
Quelle montagne de beau gosse ! Bon voilà sauf qu’en y allant, on a aussi découvert que le sentier n’existait quasiment pas ou plus, je sais pas. Il y avait seulement quelques vieux marquages épars, des herbes hautes et des brousailles partout. Et comme je n’avais pas autre chose à faire, j’ai décidé de refaire le sentier. J’ai acheté une machette et j’ai posté un message sur un groupe de trailers. Tout le monde trouvait que c’était une bonne idée et j’ai même eu quelques conseils et des gens chauds pour aider.
Le trajet complet fait 6,5 km. Pour se rendre au départ du sentier qui n’existe pas, il faut commencer par marcher une grosse heure et gravir la montagne des signaux. Ensuite, je suis un chemin 4×4 sur une petite demi-heure. Enfin, je sors la machette et je commence à degager la longue crête qui mène à l’escargot.
Reportage exclusif Le premier problème, c’est la chaleur. Toute l’ascension se fait plein nord et est relativement abritée du vent, les pierres noires sont brûlantes et il faut prévoir vraiment beaucoup d’eau. D’ailleurs, il n’y a ni source, si cours d’eau sur cette montagne. Le second problème, c’est les hautes herbes. En janvier avec l’arrivée de la pluie elles commencent à pousser pour faire plus de 2m de haut en mars. Debut avril, elles produisent des nuages de pollen et début mai, des tonnes de graines qui accrochent les vêtements et percent la peau. Bref, j’ai bien choisi ma période. Fin mai, les herbes sèchent progressivement et la montagne va subir plusieurs feux en juin, juillet et août qui feront de la place pour la prochaine génération. Niveau végétation, l’aridité de la montagne est aussi propice aux plantes à épines comme les acacias. Bref, il faut un pantalon et de bonnes chaussures.
Et puis après ben c’est simple, il faut couper. Couper les petits arbres, quelques grosses branches et surtout toutes les aloès qui font chier.
Avant Après Un exemple de défrichage Finalement, j’ai seulement 1.5 ou 2 km de sentier à défricher, mais le volume de travail est énorme ! En cumulé, j’ai du passer une trentaine d’heures à couper des trucs là haut. Gros respect pour les gens qui font ça tout le temps, notamment à la Réunion où courent des centaines de km de sentiers, dont beaucoup en forêt.
Au cours du dernier mois, j’ai repéré de plus en plus de traces de groupes qui on fait le sommet. Ils laissent notamment des marquages qui m’aident beaucoup pour le defrichage : on travaille en équipe sans le savoir.
Finalement, j’ai atteint le sommet et ça me manque un peu de passer mes soirées sur la montagne, d’entendre les souris la nuit et de crier sur les chiens en rentrant dans Port-Louis. Mais au moins, j’ai réussis à faire le sentier.
Coucher de soleil au sommet Bonus : les montagnards mauriciens
C’est assez étonnant pour moi à quel point les sentiers sont mal aménagés et mal entretenus à Maurice. Mais en fait, ça va plus loin que ça : beaucoup de monde ne comprend pas l’intérêt de faire de la randonnée pour le plaisir et encore moins comprennent le camping. Un gars m’a raconté qu’un jour où il campait, des riverains on appelé la police et les pompiers en voyant les lampes sur la montagne, parce qu’ils croyaient qu’ils étaient perdus ou blessés au sommet !
Mais pour autant, il existe des gens qui connaissent très bien la montagne. Ceux à qui on pense en premier, ce sont les trailers. Il y a pas mal de locaux, mais aussi des sud africains, des réunionnais et d’autres, plutôt riches et qui ont une pratique sportive comme on l’entend chez nous.
Ensuite, il y a les gardiens et les gardes de chasse. On ne croise presque jamais ces gens là parce qu’ils gèrent des terrains privés. Les terrains privés et fermés sont nombreux et servent souvent pour la chasse. Parfois, des groupes obtiennent des autorisations pour des sorties spéciales, mais globalement il faut éviter d’aller faire les malins là dedans.
Enfin, les vrais experts de la montagne ici, ceux qui connaissent tous les recoins, ce sont les planteurs de cannabis. C’est un business qui dure depuis longtemps et qui marche bien ici, mais c’est aussi très risqué. Je n’ai jamais vu de plantation, notamment parce qu’elle sont très bien cachées. Certaines auraient des gardiens 24/7 qui campent sur place et même des systèmes d’irrigation assez perfectionnés. Globalement, il arrive aux randonneurs un peu aventureux de croiser une plantation, mais dans ce cas là, il est conseillé de tracer et de ne surtout rien voler, sous peine de passer un mauvais quart d’heure avec le planteur.
Bref, mais tout ça pour dire que si les gardiens des forêts et des montagnes sont des planteurs, c’est normal qu’ils fassent tout pour garder leurs secrets bien gardé et tenir tout le monde loin de leur business. Mais bien sûr, la vérité n’est pas si tranchée et certains planteurs sont également guides touristiques.
- Recette cari poisson
J’avais déjà proposé une recette de cari poulet coco ici. Mais la recette de cari que je vous propose ici est bien différente. D’abord parce qu’elle est plus authentique, puisque c’est Watee, notre voisine Hindoue, qui nous l’a enseignée. Ensuite parce qu’elle est délicieuse sans faire intervenir le lait de coco qui peut être perçu comme de la triche en matière de cari.
La philosophie de ce plat, c’est le feu toujours au max, beaucoup d’huile et beaucoup de poudre de Massala. En avant !
La préparation dure moins de 30 minutes.
Ingrédients
- 1 oignon
- 2 tomates
- ail et gingembre selon les stocks et l’envie
- D’autres légumes si on veut : aubergine ou mangue pas mûre sont des classiques, mais on peut globalement tout mettre dans un cari.
- quelques feuilles de Caripoulé (je pense qu’on peut remplacer ça par du laurier sauce en France)
- 500g de thon (c’est très bon et en plus ya pas d’arrêtes, ce qui est quand même plus sympa)
- 3 grosses cuillères à soupe de poudre de massala
- sel
- huile
- piment selon l’envie
- coriandre fraiche pour la fin
On va commencer par s’occuper du poisson. On coupe le thon en gros morceaux et on étale un peu de sel dessus. Moi j’aime bien ajouter du jus de citron aussi à cette étape, mais Anna aime pas.
Quand le poisson est légèrement salé, on prépare la casserole en y versant une belle mare d’huile (environ 1cm d’huile au fond de la gamelle) : on va frire le poisson ! On fait frire le poisson généreusement pendant quelques minutes (peut être 2/3 minutes, c’est quand même rapide) en attendant qu’il soit bien doré. Quand le poisson est frit, on le sort de l’huile et on passe aux légumes.
On coupe finement les légumes, on écrase l’ail et le gingembre. A côté, on mélange les 3 grosses cuillères de Massala dans un petit bol d’eau. Le but est d’obtenir une pâte à la texture assez liquide.
Voilà à quoi ça ressemble à cette étape de la recette On vide un peu d’huile de friture de la casserole, ça nous évite de boucher trop vite nos artères et ça servira pour une autre fois. Toutefois, ne soyez pas radin, il faut garder pas mal d’huile dans la sauteuse pour profiter pleinement du plaisir gustatif d’une sauce bien grasse.
Dans l’huile frémissante, on met les oignons puis les tomates, le caripoulé et les autres légumes et on les fait revenir 2 minutes, le temps que ça ramollisse un peu quoi. Ensuite, on ajoute notre bol de pate de massala avec éventuellement un peu d’eau pour faire plus de sauce. Et là, et bien il suffit de laisser chauffer bien fort pendant quelques minutes. La sauce bout bien fort, on dit qu’on la fait roussir.
Au bout de 5 minutes, on ajoute le poisson et on peut laisser mijoter encore 5 minutes pour que le poisson s’imprègne un peu du goût.
A la fin de la cuisson, le top est d’ajouter de la coriandre fraiche à notre cari. La coriandre c’est magique.
Le poisson frit Les légumes seuls les légumes avec le massala et enfin on ajoute le poisson et on laisse mijoter 5 minutes ! - Maurice #38 : Bilan !
Et voilà, après demain on prend l’avion avec Anna pour notre retour en France. Au total, on aura passé 7 mois et demi, soit 229 jours à Maurice.
Ces derniers jours, on essaie de dire convenablement au revoir à tout le monde. Vendredi 3, nous passions notre dernière nuit à Péreybère, l’occasion d’offrir du fromage français à mes amis hindous du nord, qui adorent le fromage un peu costaud (faut dire que quand tu manges indien, t’as pas peur du goût).
Samedi, nous étions sur un bateau du côté de l’île au Cerf avec des amis d’Anna de Décathlon. C’est des jeunes et surtout des nations (autre nom qu’on donne aux créoles). Ambiance sega, ravanne (tambour Mauricien), danse et plage, c’était top.
Il y a de l’activité du côté de la famille d’Anna aussi. D’abord, sa cousine a accouché il y a deux semaines, donc tout le monde porte beaucoup d’attention au nouvel arrivé. La semaine dernière, François et Jennifer nous ont emmené voir la vierge de Velankanni de l’église de Quartier Militaire. Je suis pas sûr, mais je crois que c’est pour nous bénir pour notre voyage et notre retour au pays.
D’ailleurs, niveau bénédiction, on est plutôt bien puisque Watee, la voisine, nous bénit presque tous les jours depuis notre arrivée et a notamment beaucoup prié pour qu’on trouve du travail et qu’on passe un bon moment sur l’île. Une vraie chance !
Bon, mais ceci à part, je voulais profiter de cet article pour revenir sur les différentes étapes de notre séjour.
A380 Emirates qui nous a amené à Maurice. Un joli bébé. L’arrivée
Pendant en gros le premier mois suivant notre arrivée à Maurice, on était en mode tourisme et rencontre de la famille. D’ailleurs, je me souviens que la famille d’Anna me gonflait un peu à ce moment là, parce qu’ils sont assez étouffants quand on les fréquente beaucoup.
C’était le moment de la découverte, surtout pour moi, mais il faut reconnaitre qu’on fait vite le tour de Maurice : un mois c’est un peu trop. D’autant plus que les trajets en bus et la chaleur étaient très fatiguants. A cette période, j’ai aussi essayé de faire du couchsurfing ou du wwoofing à Maurice sans succès. C’est à ce moment là que j’ai commencé à comprendre qu’ici la plupart des choses se font grâce aux contacts et que ça n’allait pas être si facile pour nous.
Chercher une situation
Après le séjour de mes parents à Maurice (coucou maman, coucou papa !), il fallait vraiment trouver du boulot faute de quoi le séjour allait être très long. Ca a clairement été la période la moins facile pour nous. On se sentait seuls et on ne savait pas vraiment par où commencer. J’ai postulé sans vraiment de conviction sur des postes de développeurs, Anna à regardé du côté des boutiques de Port-Louis. Je n’ai jamais reçu aucune réponse et Anna a essuyé des refus.
Notre salut est venu d’une visite à Décathlon où un gars du staff à conseillé à Anna d’envoyer son CV. De mon côté, on m’a conseillé d’aller chercher sur Facebook, qui est clairement l’outil « internet » le plus utilisé ici pour trouver un job, acheter ou vendre des trucs, etc. C’est comme ça que j’ai trouvé mon premier job d’aide aux devoirs dans le nord.
Au final, c’était galère, surtout pour le moral, parce qu’on se sentait seul, qu’on aurait fait n’importe quel boulot, mais qu’on savait pas comment aborder le problème. En plus, beaucoup de questions venaient animer nos discussions : combien de temps allait-on rester à Maurice ? Si on restait longtemps, qu’est-ce qu’on ferait si on ne trouve pas de boulot ? Qu’est-ce qu’on va faire en rentrant ?
Mais début décembre, tout était réglé. On a décalé nos billets de retour au 6 juin et on a commencé notre vie de Mauriciens.
Au cœur de l’action professionnelle lucrative La routine
Ca y est, on avait nos petits travail, on commençait à prendre nos marques, il suffisait de travailler et de vivre comme ça, tranquillement. Globalement à ce moment là, on vivait souvent séparé avec Anna, puisque j’avais trouvé mon job dans le nord et elle à côté de Port-Louis. De mon côté, j’ai passé pas mal de temps sur mon pc, à travailler sur des projets perso, à écrire et des trucs et à en coder d’autres.
La grande difficulté restait de s’insérer, de se faire des amis. On a passé Noël et Nouvel An avec la famille. Pendant les vacances de Noël, j’en ai profité pour passer un peu de temps à explorer l’île et aller de plus en plus loin (traversée de l’île à pied, sorties vélo, randos de l’autre côté de l’île, etc.). Je n’étais plus dans le mood touriste, mais plutôt exploration.
Puis en janvier, j’ai rencontré un peu plus de monde dans le nord, des touristes, des expatriés et des locaux avec qui je suis devenu ami.
A Port-Louis en revanche, je n’ai jamais sympathisé avec quiconque, je sais pas pourquoi.
On a passé le plus clair de l’été dans cette sorte de routine, malgré quelques événements exceptionnels parmi lesquels deux cyclones, la visite de mon frère ou encore le covid.
Et le retour progressif
au chômageà la libertéA partir de début mars, j’avais de moins en moins de travail et Anna est passée à mi-temps. On aurait pu retrouver la situation un peu chiante du début de séjour, mais pas mal de trucs avaient changé. D’abord, on avait des projets un peu plus lourds à organiser, comme le séjour à la Réunion et à Rodrigues. Ensuite, parce qu’on avait une vie sociale. Pas non plus une vie sociale bouillonnante, mais ça nous suffisait.
Je pense que c’est surtout dû au développement progressif de notre vie sociale, mais j’ai l’impression que plus le temps passait, plus j’appréciais la vie à Maurice. Ma vie à Maurice est tranquille mais bien remplie. C’est à ce moment là que j’ai décidé de défricher le sentier du rocher de l’Escargot et qu’on a commencé à planter des arbres à la citadelle avec Friends of the Environment. C’est aussi à ce moment là que j’ai commencé à pêcher le soir à la plage, à beaucoup cuisiner et qu’on m’a proposé une rémunération pour un podcast sur les métiers d’ingénieurs.
La citadelle, là où on a planté des arbres Les voyages
Le voyage à la Réunion a vraiment été une rupture. D’abord parce que c’était dur physiquement et qu’il faisait froid, deux choses qui nous semblaient alors assez éloignées. Mais aussi parce qu’à notre retour, Maurice c’était notre maison. C’est très étrange de rentrer de voyage et de réaliser qu’on se sent mieux et qu’on a plus de repères à Maurice qu’à la Réunion, qui est pourtant en France.
S’en est suivi de très près le voyage à Rodrigues, qui était peut être moins sportif mais qui m’a permis d’aller plus loin dans la culture mauricienne et de voir ce que c’est de vivre sur un petit cailloux au milieu de l’océan (l’île Maurice étant un gros cailloux disons).
La fin
Les trois dernières semaines consistaient en gros à finir ce qu’on avait commencé. Finir le sentier, finir de planter les arbres, dire au revoir aux gens. Finalement, on aura raté presuqe toutes les manifestations religieuses ou culturelles à cause des restrictions covid, qui restent encore maintenant très fortes à Maurice, malgré peu de cas.
Et voilà, je suis à la veille du départ et je ne réalise toujours pas que tout cela est fini. J’ai eu envie de rentrer à certains moments, parce que c’était dur de trouver nos repères, parce que les mauriciens font chier à tout faire à l’arrache ou à toujours être en retard. Pourtant, maintenant que je commence à avoir des repères justement, je me dis que j’aimerais bien rester assez longtemps pour me faire une place dans la société mauricienne, qui nous est si difficile d’accès.
Mais ça n’arrivera pas, on se fera une place ailleurs. Et c’est pas grave, ça me fera une bonne excuse pour me perdre dans mes pensées et imaginer ce qu’aurait été notre avenir à l’île Maurice, dans une autre réalité.
FIN
C’est la musique du générique de fin - Maurice #39 : Post Scriptum
Je veux juste profiter de ce petit article pour faire quelques précisions et revenir sur des trucs évoqués dans mes anciens articles. Pas sûr que ce soit très intéressant à lire, j’écris ça plutôt pour moi, pour me rappeler de quelques trucs en particulier.
Retrospective des articles
Un des premiers trucs qui m’a frappé ici, c’est le sentiment d’insécurité chronique des Mauriciens. Il est admis que c’est très risqué de se promener seul dans une zone peu fréquenté. Et si c’est la nuit, c’est qu’on est carrément inconscient ou suicidaire. Pourtant, d’après numbeo.com qui sort un indice de criminalité basé sur les statistiques officielles de chaque pays, Maurice est plus safe que la France. Il y a des vols et de la drogue certes, mais j’ai l’impression que les violences sont vraiment rares. De manière générale, je ne me suis jamais sentis en insécurité pendant les 7 mois et demi passés à Maurice.
Dans l’article 13, je parle du plombier qui devait refaire la tuyauterie de tout l’appartement. Il a bien finit les travaux, mais avec l’air marin et la qualité sans doute assez discutable des raccord utilisés, certaines pièces sont déjà en train de rouiller… Ca promet.
Dans ma traversée de Maurice à pied, j’insiste sur le fait que les chiens sont assez casse burne. Et ça n’a pas changé ! En fait, c’est surtout quand on marche ou qu’on fait du vélo dans des endroits où il n’y a pas beaucoup de passage, les chiens ne sont pas habitués et n’hésitent pas à défendre leur territoire, même si celui ci inclut la route… C’est très chiant, et je ne sais toujours pas vraiment comment réagir. Je gueule, je simule des coups, en général ça suffit à les faire fuir ou au moins les tenir un peu à distance.
Un gang de chien qui sème la terreur Dans l‘article sur le Morne, je parlais un peu des origines de la musique traditionnelle Mauricienne, le Sega. Ici, je vous propose une petite sélection des hits 100% mauriciens qui ont bercé notre séjour :
- Eliana, Jason Lejuste
- Mo solo, Blakkayo
- Laglwar, Prophecy
- Li tourner, Alain Ramanisum
- Alimé Difé, Carino
- Du pain grillé, Cassiya
- Dodo Baba, Sky To Be
- Chant l’amour, Kaya
- Ton Keny, 666Armada
- Sa Pa Zot Traka, Lin & Desire François
A noter que ces musiques sont très populaires, mais qu’il y a d’autres musiques très écoutées ici, de style plutôt afro (Rema, Joeboy par exemple), français, indien/Bollywood ou latino.
Début avril, j’ai découvert l’existence des longanistes. Il s’agit d’un genre de pratique vaudou locale. Bien sûr, c’est de l’arnaque et quand on en entend parler, c’est clairement dans ces cas là. Mais pourtant, au cours de nos balades dans l’île avec Anna, on a vu au moins 4 lieux présentant des restes évidents de cérémonie longaniste : bougies consumées, noix de coco, limons, encens, pièces de monnaie et autres fruits ou légumes coupés. Le tout dans des endroits improbables, au milieu des champs de canne ou dans des cavernes.
Et oui, c’est impressionnant la magie noire. Un clip marrant sur les longanistes et leurs arnaques Pour reprendre la revue des articles, je me souviens de la Beach Party sur l’îlot Bernache. C’était marrant, mais c’est le seul « concert » que j’ai eu l’occasion de faire et c’était franchement une anomalie à Maurice vu que les rassemblements de 50 personnes sont toujours interdits depuis le début de l’épidémie. Dommage, Maurice à l’air d’être un bon endroit pour faire la fête.
Bon allez, c’est vraiment finit les articles sur Maurice maintenant, promis.